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La 6ème Biennale

Contribution recherchée

Atelier : Comment les analyses de la pratique dans la formation renouvellent-elles les questions de l'identité et de la culture ?

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Titre :	Une approche de la pensée Mètis - la ruse -, et de l'intelligence du kairos - l'occasion, l'à propos -, chez le formateur qui agit en situation
Auteurs :	CAPARROS-MENCACCI Nicole

Texte :
Cette contribution propose une réflexion à propos des agissements d'un formateur de DESS qui, lors d'une séquence de début d'année, indique aux formés que leur trajet de formation passe par un travail de questionnement de leurs propres fondements identitaires. Face à cette exigence qui suscite une remise en question profonde chez les formés, il apparaît que le formateur ne se conduit pas comme un praticien rationnel qui déroule inexorablement le dispositif qu'il a auparavant préparé - de la même façon qu'on exécute un algorithme -, en étant sourd aux réactions des formés face à lui. Parce que le praticien est ici "sur un terrain mouvant, dans une situation incertaine et ambiguë" (Détienne et Vernant, 1974, p. 21), les compétences qu'il met en oeuvre font appel à "la prise d'initiative, à la prise de risque, où la prescription est "ouverte" [... et peuvent] être définies en terme de "savoir agir en situation" [...] il ne suffit plus seulement d'être capable d'exécuter le prescrit, mais d'aller au-delà du prescrit." (Le Boterf, 2002, p. 20). Or, "des manières de penser sont sous-jacentes à toute forme d'éducation et de formation [et] influencent la production des théories, des méthodes, des pratiques." (Maggi, 2000, p. VII). L'idée qui sera soutenue ici est que le cadre anthropologique de la pensée Mètis et de l'intelligence du Kairos, permet une intelligibilité de certaines pratiques de ce formateur qui "agit en situation". 2. La méthode de recherche Les données ont été recueillies par un enregistrement audio et vidéo. Un petit fragment a été transcrit. Il est à noter que le chercheur était présent lors de l'enregistrement de la séquence et qu'il est également formateur dans ce département universitaire. 3. Les résultats L'analyse de la séquence et de l'interview a posteriori du formateur montrent que, parce que le praticien "déchiffre, [...] lit, dans l'actualité de l'instant" (Schwartz, 2000, p. 35), la montée d'une charge émotionnelle chez les formés, il va se déplacer alternativement de sa posture de maître d'un contenu de formation, à celle de comique, de façon que par le rire, les formés puissent évacuer leur inquiétude et continuer d'entendre ce qu'il dit. Autrement dit, pour ce formateur, agir dans cette situation suppose que se prêtent mutuellement main forte : D'une part, l'intelligence du Kairos, qui s'étaye sur "un choix ciblé d'attention, de vigilance, de rapports préférentiels" (ibid. p. 44), aux formés, suppose "des habiletés mémorisées, des procédés, des abstractions" (ibid., p. 52), et implique un débat de soi avec des valeurs que Schwartz appelle une "dramatique d'usage de soi" (ibid.) et d'autre part, la pensée Mètis, qui se manifeste ici par la "duplicité" (Détienne et Vernant, 1974, p. 45) du formateur lequel, tour à tour, se "transforme en comique" et reprend son visage de maître d'un savoir.

Texte :

Cette contribution propose une réflexion à propos des agissements d'un formateur de DESS qui, lors d'une séquence de début d'année, indique aux formés que leur trajet de formation passe par un travail de questionnement de leurs propres fondements identitaires.
Face à cette exigence qui suscite une remise en question profonde chez les formés, il apparaît que le formateur ne se conduit pas comme un praticien rationnel qui déroule inexorablement le dispositif qu'il a auparavant préparé - de la même façon qu'on exécute un algorithme -, en étant sourd aux réactions des formés face à lui. Parce que le praticien est ici "sur un terrain mouvant, dans une situation incertaine et ambiguë" (Détienne et Vernant, 1974, p. 21), les compétences qu'il met en oeuvre font appel à "la prise d'initiative, à la prise de risque, où la prescription est "ouverte" [... et peuvent] être définies en terme de "savoir agir en situation" [...] il ne suffit plus seulement d'être capable d'exécuter le prescrit, mais d'aller au-delà du prescrit." (Le Boterf, 2002, p. 20).
Or, "des manières de penser sont sous-jacentes à toute forme d'éducation et de formation [et] influencent la production des théories, des méthodes, des pratiques." (Maggi, 2000, p. VII). L'idée qui sera soutenue ici est que le cadre anthropologique de la pensée Mètis et de l'intelligence du Kairos, permet une intelligibilité de certaines pratiques de ce formateur qui "agit en situation".
2. La méthode de recherche
Les données ont été recueillies par un enregistrement audio et vidéo. Un petit fragment a été transcrit. Il est à noter que le chercheur était présent lors de l'enregistrement de la séquence et qu'il est également formateur dans ce département universitaire.
3. Les résultats
L'analyse de la séquence et de l'interview a posteriori du formateur montrent que, parce que le praticien "déchiffre, [...] lit, dans l'actualité de l'instant" (Schwartz, 2000, p. 35), la montée d'une charge émotionnelle chez les formés, il va se déplacer alternativement de sa posture de maître d'un contenu de formation, à celle de comique, de façon que par le rire, les formés puissent évacuer leur inquiétude et continuer d'entendre ce qu'il dit. Autrement dit, pour ce formateur, agir dans cette situation suppose que se prêtent mutuellement main forte :
D'une part, l'intelligence du Kairos, qui s'étaye sur "un choix ciblé d'attention, de vigilance, de rapports préférentiels" (ibid. p. 44), aux formés, suppose "des habiletés mémorisées, des procédés, des abstractions" (ibid., p. 52), et implique un débat de soi avec des valeurs que Schwartz appelle une "dramatique d'usage de soi" (ibid.) et d'autre part, la pensée Mètis, qui se manifeste ici par la "duplicité" (Détienne et Vernant, 1974, p. 45) du formateur lequel, tour à tour, se "transforme en comique" et reprend son visage de maître d'un savoir.