La 6ème Biennale

Contribution recherchée

Atelier : Nouvelles compétences et nouveaux apprentissages ? dont le sous-groupe 'philo'


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Titre : Faut-il une formation initiale spécifique pour enseigner en zone rurale?
Auteurs : ZAREMBA Jean-Luc

Texte :
Contrairement à leurs aînés instituteurs, les professeurs des écoles ne sont plus majoritairement issus du milieu rural. Les données sociologiques, économiques, tout comme nos paysages ont depuis plus d'un demi-siècle révélé l'exode et le dessèchement de la vie dans les campagnes françaises. Au sein d'une école autrefois pensée pour éradiquer les particularismes, il peut sembler paradoxal de s'interroger relativement à la nécessité de préparer les nouveaux enseignants à la spécificité de certaines de leurs missions à la lueur d'expériences d'enseignants ruraux et d'actions formatrices, nous souhaiterions pointer quelques-uns des points d'achoppement révélés dans les premières années d'exercice et susceptibles d'appeler à des aménagements en formation initiale. C'est déjà orienter les débats, oublier rapidement que les maîtres ont toujours su s'adapter notamment à renfort de dispositifs éducatifs et de ruses. Les classes-promenade illustrent bien cette faculté. Célestin Freinet et Lucien Gachon, non sans livrer bataille, ont su interpréter le projet éducatif républicain en s'inspirant des réalités de vie des petites communautés paysannes. Au-delà de l'exemplarité, l'intérêt du parcours de ces pédagogues tient davantage dans le questionnement des conditions d'émergence et des finalités de leur oeuvre. Nous aborderons notre problématique avec le parti pris d'une approche à dimension philosophique, par le choix de reprendre l'idée que l'enseignant est un passeur dans les apprentissages culturels. Ainsi, le point commun de Lucien Gachon découvrant Les noces paysannes de l'écrivain paysan Emile Guillaumin avec les jeunes d'une ZEP lisant Le Gone du Chaâba d'Azouz Begag, se trouve dans le sentiment partagé d'accéder à l'intelligence de l'écriture et d'une culture. Cet indispensable préalable nous conduira à croiser visées pédagogiques et réalités sociologiques rurales. La compréhension d'une multitude de micro-cultures s'appuie sur la mise en évidence de règles, d'histoires, par l'acquisition d'outils d'observation. Depuis Les petites patries, les instituteurs n'ont jamais agi dans l'ignorance des réalités locales. Il appartient aux professeurs des écoles, non pas de valoriser les particularismes mais d'en faire les leviers de l'altérité. Enfin, notre proposition de réflexion relative à la spécificité de l'école en zone rurale passe encore par la mise en valeur de l'hétérogénéité des classes caractéristique des petites structures. Cette prise en compte ne nous conduira pas à reprendre des théories d'apprentissage largement évoquées dans le cadre d'une formation commune mais à favoriser l'émergence d'un véritable projet d'enseigner. La révolution tranquille des campagnes, pressentie dans la presse et confirmée par les statistiques du dernier recensement, ne manquera pas de confirmer les petites structures éducatives dans leur rôle de laboratoires pédagogiques. Le professeur des écoles doit être en mesure d'accompagner ce mouvement et, peut-être, de faire plus encore.

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