Cette contribution présente les travaux d'une thèse de Doctorat en sciences de l'éducation, sous la direction de M. Altet (Nantes). Cette recherche établit que les enseignants se professionnalisent en construisant une éthique professionnelle, dont on explicite la structure à partir des théories contemporaines : éthiques de la discussion (Habermas), herméneutique (Gadamer), pragmatiste (Williams), conséquentialistes (Mc Intyre, Rorty, Tugendhat), anti-théorique (Mitchell). Leur examen établit une typologie qui les situe quant à leurs assertions (J. Vuillemin) et dégage les concepts nécessaires : savoir éthique, statut des normes, principes et valeurs, question de l'application et de l'interprétation, intuition morale, concept d'éthicité concrète. Ces éléments permettent d'ébaucher le cadre d'une Ethique Appliquée à l'Éducation, qui présente une structure analogue à celle que construisent K . Bayertz et O. Höffe, (bioéthique, éthique de l'environnement) quant à leur mode de problématisation.
L'analyse d'un recueil de données, (entretiens collectifs et individuels : Professeurs des Ecoles en formation, néo-titulaires, enseignants experts, formateurs terrain et IUFM, a mis en évidence que la construction éthique des enseignants part d'une éthique de la conviction, se heurte à l'expérience de la Vulnérabilité, et selon les étayages disponibles, s'oriente vers une éthique professionnelle communicationnelle, ou se retranche dans une éthique monologique refusant le problème de l'application-création de normes. Il en ressort l'importance d'un changement de paradigme pour la formation, (d'une formation éthique de la personne à une formation professionnelle par l'éthique), axée sur la problématisation éthique des situations professionnelles par la constitution de communautés communicationnelles organisées autour des principes de la Discussion (Apel, Habermas) ou du Dialogue (Gadamer).
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