La 6ème Biennale

Contribution recherchée

Atelier : Les interventions sociales et les familles : injonction ou implication ?


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Titre : Éducation et évolution du regard sur le foetus et les parents
Auteurs : TILLARD-CASSAR Bernadette

Texte :
Anthropologue et médecin de santé publique, je m'interroge sur les répercussions du suivi médico-social sur les parents et sur l'éducation future de l'enfant.
Les résultats présentés ici sont issus d'une recherche ethnographique sur la naissance dans un quartier populaire de la ville de Lille. Les observations et les entretiens auprès de 75 familles (171 enfants) ont été menés au domicile et dans le cadre hospitalier. L'objectif était d'écrire comment les familles préparent la naissance durant la grossesse et comment elles intègrent le nouveau-né à la cellule familiale déjà existante. Le suivi médico-social de la naissance et de l'accouchement est alors considéré comme un élément parmi d'autres, participant à l'arrivée de l'enfant. Cette communication est l'occasion de rapprocher les principaux résultats du contexte plus général de la naissance et de ses évolutions :
L'évolution du suivi médico-social et des circonstances de la naissance est un exemple particulièrement criant des modifications des rôles paternels et maternels. Cette transformation est plus ou moins bien acceptée suivant les milieux sociaux. L'anticipation de l'identité de l'enfant à naître (dans laquelle l'échographie tient un rôle important) pose la question du statut du foetus dans sa future famille et dans notre société. Les paradoxes et les incertitudes liées à ces interrogations nouvelles sont soulignés par la question de l'attitude face aux handicaps.
En effet, en 1970, il était question d'éviter des handicaps dus aux conditions de la naissance. Depuis 1997, le dépistage des anomalies congénitales est proposé systématiquement aux parents. Certes les parents peuvent refuser ce dépistage mais cette proposition vient dès le premier trimestre de la grossesse les confronter assez brutalement à leurs responsabilités vis-à-vis de l'embryon que la même porte, avec, en cas de dépistage positif de certaines malformations ou anomalies congénitales, le droit de "vie" ou de "mort" à prononcer à l'égard du foetus.
Les événements de la phase prénatale semblent être plus que la préhistoire de l'enfant puisqu'ils sont inscrits dans plusieurs documents médicaux et familiaux par l'écriture et l'image. Cet investissement du temps biologique de la grossesse et de l'accouchement en un temps social contribue probablement à assigner un regard d'une différence encore accrue entre les parents biologiques et les parents adoptifs, ou les beaux-parents, c'est-à-dire entre ceux qui partagent la mémoire familiale de la grossesse et ceux qui pourront être tentés de la reconstituer.

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