| En 1959, la Grèce adhère, après trois décennies de tergiversations, au modèle du système éducatif à double réseau scolaire et une branche à vocation professionnelle se crée par simple recyclage d'établissements ou de formations préexistantes positionnés le plus souvent, jusqu'alors, à distance de la forme scolaire traditionnelle. Malgré les efforts de normalisation, la scolarisation des apprentissages professionnels restera problématique : formés de longue date au sein des milieux souvent protégés (les "professions") et subordonnés à des systèmes normatifs historiquement déterminés, se voient contestés par un système de transmission de savoir-faire antagonique. Notre recherche, à travers l'analyse de ce cas paradigmatique, se donne pour objectif la compréhension de ce processus de métamorphose et de mise en forme des savoirs techniques en voie de scolarisation et de ses effets individuants sur les identités professionnelles. La méthodologie adoptée basée sur une axiomatique relationnelle cherche à rendre lisible la tension entre signification social et sens subjectif - source de metastabilité sémantique - par le croisement des données qualitativement diversifiés : des entretiens biographiques d'enseignants et d'anciens élèves, des documents d'archives et des analyses d'action en situation s'articulent pour produire une multitude de variations possibles. Le remontage des ces infimes déplacements et des délocalisations sémantiques parfois paradoxales nous offre finalement une image moins réductive que les oppositions binaires entre activité scolaire et professionnelle, monde du travail et école ne nous laissent entendre la mobilisation subjective des élèves et des enseignants - souvent masquée par les effets structuraux d'un système éducatif dualiste - serait à l'origine des nouveaux genres d'activité opérationnelle, "mixtes", à mi-chemin entre efficience escompté et réflexivité normative élargie.
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