La 6ème Biennale

Contribution recherchée

Atelier : Dispositifs et instrumentalisation des apprentissages. Quels bénéfices et quelles limites ?


  Voir la contribution longue


Titre : Fonctionnalités d'un cartable numérique et coût cognitif : obstacle à l'intégration des TIC ?
Auteurs : DINET Jérôme / MARQUET Pascal / NISSEN Elke

Texte :
Depuis dix mois, une classe de seconde d'un lycée d'enseignement général et professionnel du Bas-Rhin expérimente un nouveau type de cartable numérique. De manière générale, "un cartable numérique est un espace numérique personnel destiné à l'enseignant, à l'élève ainsi qu'à sa famille, qui met à disposition un ensemble de ressources et d'outils tels que des contenus pédagogiques, des logiciels, un espace de stockage, des outils de communication et de travail collectif" (Fing, 2001). Le cartable numérique dont il est question s'utilise dans les phases pré-active, active et post-active de l'enseignement. Ainsi, pour préparer ses cours, l'enseignant sélectionne les ressources numérisées qu'il juge pertinentes par rapport à ses objectifs et les organise comme il le souhaite. Pendant son cours, il fait appel aux ressources préalablement sélectionnées et peut les projeter à l'aide d'un vidéo projecteur qui peut être associé à un tableau interactif. Au terme de son cours, l'enseignant peut archiver des éléments du cours dans le cahier de texte des élèves, les mettant ainsi à leur disposition.
L'introduction des TIC dans le système éducatif se réalise en partie en oubliant que les pratiques pédagogiques et notamment celles de préparation de cours correspondent à des stratégies et des procédures déjà établies (Dessus, 2001). Nous avons étudié la façon dont des enseignants chevronnés exploitent ce cartable numérique dans leur pratique professionnelle, sous l'hypothèse que si son utilisation contraint trop fortement l'enseignant à modifier ses routines déjà existantes, alors cet outil ne sera pas "adopté", son utilisation étant cognitivement trop coûteuse (Hoc, 2000). Des préparations de cours et des séquences pédagogiques conduites avec et sans cartable numérique en langues vivantes, français et mathématiques ont été observées selon un protocole expérimental strictement contrôlé. Les résultats que nous présenterons en détail suggèrent que l'exploitation du système technique reste rudimentaire : si les échanges interpersonnels sont très proches, il apparaît que l'enchaînement des actions de bases composant les cours est légèrement modifié ; Par contre, les préparations ne révèlent pas de modifications de l'ordonnancement des sous-buts conduisant à la planification du cours.
La relative stabilité entre les séquences pédagogiques (avec versus sans le cartable numérique) soulève la question de la pertinence du cartable numérique dont les fonctionnalités ne découlent pas d'une analyse rigoureuse de l'activité cognitive de l'enseignant, mais d'une informatisation rationnelle des flux d'informations dans une communauté scolaire. Il reste que les enseignants l'utilisent mais sans pour autant redessiner leurs habiletés professionnelles. Cette utilisation s'apparente probablement au phénomène de scolarisation des TIC (Baron, 2001), selon lequel les systèmes techniques pénètrent les pratiques en surface sans les modifier vraiment. En cela, le cartable numérique est selon le point de vue adopté, soit inadapté aux besoins des enseignants en termes d'assistance à leurs différentes tâches, soit trop contraignant en termes d'adaptation des plans d'action.

Menu