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La 6ème Biennale

Contribution recherchée

Atelier : Comment analyser et comprendre, les situations pédagogiques et didactiques ?

Titre :	A quoi sert le cahier d'expériences dans un dispositif "La main à la pâte" ? : analyse de son utilisation dans une classe de cycle 3
Auteurs :	BRUGUIERE Catherine / LACOTTE Jacqueline

Texte :
Le cahier d'expériences, préconisé par le dispositif "La Main à la Pâte", rompt avec un usage académique de l'écrit scientifique habituellement pratiqué par l'enseignant dans sa classe. Certes, le recours quasi systématique à ce cahier, le fait que les écrits consignés ne soient pas évalués et puissent ne pas être très élaborés, lèvent les principaux obstacles dans le passage à l'écriture pour les élèves, mais quel rôle jouent les écrits produits dans la construction de connaissances scientifiques par rapport à celui de la médiation enseignante ? Dans le cadre d'une séquence traitant de la fossilisation en CM1, organisée selon une démarche expérimentale classique, nous avons étudié d'une part, la façon dont le cahier d'expériences s'inscrit dans une "chaîne d'écrits" réalisés en classe et d'autre part, selon quel jeu écrit-oral l'enseignant aboutit à la construction d'un texte scientifique. L'analyse didactique d'une vingtaine de cahiers d'expériences, en référence aux conditions dans lesquelles les textes qu'ils contiennent sont produits, nous a permis d'identifier le statut et les fonctions de ce cahier dans le cas étudié. Il s'avère qu'il a surtout pour fonction de conserver la trace du cheminement collectif et de servir de support à l'expression orale individuelle lors des discussions en classe, mais qu'il joue un faible rôle dans la construction cognitive individuelle. Non seulement, il n'est pas le reflet du seul cheminement individuel, mais encore il consigne des écrits qui conservent ont peu de références scientifiques. En revanche, l'analyse linguistique des interactions verbales maître-élèves montre que le travail collectif oral fortement piloté par le maître, en fin de séquence, va permettre l'élaboration d'un autre type d'écrit consigné dans le cahier de sciences qui soit acceptable du point de vue scientifique et qui exprime les progrès cognitifs de la classe. Par conséquent, dans la classe observée, le cahier d'expériences a pour fonction de conférer aux écrits qui y figurent un statut provisoire. Il sert tant qu'on cherche. A partir du moment où un travail collectif a abouti à la validation d'un énoncé, on n'utilise plus le cahier d'expériences mais le cahier de sciences qui est le support des écrits "expositifs" sans qu'il y ait forcément un lien entre les deux. Paradoxalement, l'écrit individuel très présent dans le cahier d'expériences ne joue pas un rôle important dans l'élaboration de connaissances scientifiques, à la différence du travail collectif oral. Cela s'explique, ici, par l'absence d'un travail de réécriture de la part des élèves qui n'utilisent pas assez leurs productions individuelles pour améliorer leur formulation ou opérer une activité métacognitive.

Texte :

Le cahier d'expériences, préconisé par le dispositif "La Main à la Pâte", rompt avec un usage académique de l'écrit scientifique habituellement pratiqué par l'enseignant dans sa classe. Certes, le recours quasi systématique à ce cahier, le fait que les écrits consignés ne soient pas évalués et puissent ne pas être très élaborés, lèvent les principaux obstacles dans le passage à l'écriture pour les élèves, mais quel rôle jouent les écrits produits dans la construction de connaissances scientifiques par rapport à celui de la médiation enseignante ?
Dans le cadre d'une séquence traitant de la fossilisation en CM1, organisée selon une démarche expérimentale classique, nous avons étudié d'une part, la façon dont le cahier d'expériences s'inscrit dans une "chaîne d'écrits" réalisés en classe et d'autre part, selon quel jeu écrit-oral l'enseignant aboutit à la construction d'un texte scientifique.
L'analyse didactique d'une vingtaine de cahiers d'expériences, en référence aux conditions dans lesquelles les textes qu'ils contiennent sont produits, nous a permis d'identifier le statut et les fonctions de ce cahier dans le cas étudié. Il s'avère qu'il a surtout pour fonction de conserver la trace du cheminement collectif et de servir de support à l'expression orale individuelle lors des discussions en classe, mais qu'il joue un faible rôle dans la construction cognitive individuelle. Non seulement, il n'est pas le reflet du seul cheminement individuel, mais encore il consigne des écrits qui conservent ont peu de références scientifiques.
En revanche, l'analyse linguistique des interactions verbales maître-élèves montre que le travail collectif oral fortement piloté par le maître, en fin de séquence, va permettre l'élaboration d'un autre type d'écrit consigné dans le cahier de sciences qui soit acceptable du point de vue scientifique et qui exprime les progrès cognitifs de la classe.
Par conséquent, dans la classe observée, le cahier d'expériences a pour fonction de conférer aux écrits qui y figurent un statut provisoire. Il sert tant qu'on cherche. A partir du moment où un travail collectif a abouti à la validation d'un énoncé, on n'utilise plus le cahier d'expériences mais le cahier de sciences qui est le support des écrits "expositifs" sans qu'il y ait forcément un lien entre les deux. Paradoxalement, l'écrit individuel très présent dans le cahier d'expériences ne joue pas un rôle important dans l'élaboration de connaissances scientifiques, à la différence du travail collectif oral. Cela s'explique, ici, par l'absence d'un travail de réécriture de la part des élèves qui n'utilisent pas assez leurs productions individuelles pour améliorer leur formulation ou opérer une activité métacognitive.