Biennale 5
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Formation et savoirs agricoles dans la région de " Rêo Segundo " Córdoba, Argentine.

Auteur(s) : CIVIDINI Mónica, TARDIF Maurice

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bull2.gif (117 octets)   Cette recherche s’intéresse aux processus de formation des agriculteurs. Plus spécifiquement elle étudie les savoirs des agriculteurs conçus comme éléments fondamentaux de tout processus de formation. Son but est de comprendre la nature de ces savoirs et d’étudier la place qu’ils occupent ou pourraient éventuellement occuper dans la formation agricole.
bull2.gif (117 octets)  Dans cette recherche, les objectifs poursuivis sont : connaître comment les producteurs agricoles ont appris leur travail d’agriculteurs, reconnaître la place qu’ils accordent aux différents programmes de formation dans le processus d'apprentissage du métier pour enfin construire une conceptualisation du savoir des producteurs agricoles.
bull2.gif (117 octets)  Ce que nous entendons par formation agricole ce sont les actions éducatives, non scolaires, conçues pour une population qui ne peut pas ou ne veut pas s’engager dans des études à temps plein. Il s’agit aussi d’une formation sur mesure afin de répondre à des besoins spécifiques d’une région ou d’un groupe de personnes. (Wallace, 1997 ; Hamel et Morisset, 1995). Son but est de fournir une aide aux agriculteurs pour faire face aux problèmes issus de leurs activités agricoles. Ces actions éducatives que nous regroupons ici sous le nom de formation agricole se retrouvent sous d’autres dénominations comme vulgarisation agricole, conseil agricole, cours d’information technique, recherche participative en milieu rural.
bull2.gif (117 octets)  Dunn (1991) postule qu’il y a aujourd’hui en vigueur deux approches dans la formation des agriculteurs qui reflètent chacune une vision différente du milieu agricole. D’une part, l’approche dominante qui propose comme modèle celui de transfert de technologies, appelé aussi le modèle de diffusion des innovations, et d’autre part, l’approche alternative où l’on retrouve plusieurs modèles qui ont en commun de procéder à une critique du modèle de diffusion des innovations, entre autres les modèles AKS et le farmer first. Il faut ajouter que depuis quelques années une nouvelle approche a vu le jour qui met de l’avant l’idée de l’agriculture durable. Elle est issue des critiques adressées aux deux premières approches mentionnées ci-dessus. Cependant, à l’intérieur de cette dernière approche se rencontrent aussi plusieurs perspectives.
bull2.gif (117 octets)  Les acteurs de notre recherche sont les producteurs agricoles de la région de Rêo Segundo, qui suivent ou ont suivi le programme de formation Cambio Rural. Ce programme a été conçu pour faire face à la crise qui est survenu suite à la détérioration continue des prix internationaux du blé, des grains pour fourrage et des grains oléagineux qu’exporte la province. Cette situation a eu un impact sur les petites et moyennes entreprises agricoles. L’analyse économique, effectuée par l’INTA, qui complète ce diagnostique, détermine que 60 % des établissements agricoles qui occupent plus du 20 % de la surface agricole se trouvent dans une situation critique. En fonction de la situation analysée on définit comme destinataires de ce programme les 20.497 unités productives qui ont plus de 50 ha. mais qui n’ont pas un revenu annuel brut plus haut que dix mil pesos. La finalité de ce programme est de reconvertir le 15 % des petites et moyennes entreprises agricoles en crise en systèmes de production productifs, rentables et durables, afin de dépasser la situation critique des unités de production agricole de la province de Córdoba.
bull2.gif (117 octets)  Méthodologie
bull2.gif (117 octets)  C’est l’approche qualitative, en sa perspective interprétative, que nous avons choisi pour rendre compte plus exhaustivement de notre objet de recherche. C’est une perspective qui permet de développer une connaissance à partir des significations que les personnes construisent dans leur milieu. De plus, cette approche de recherche se prête plus à l'étude du phénomène social qui nous intéresse. En ce sens, elle nous permet de saisir de plus près le concret de la réalité des producteurs agricoles. Nous avons interviewé dix-sept producteurs dont sept ont abandonné le programme après l’avoir suivi au moins un an et demi. Nous avons choisi l’entrevue semi-structurée qui a l'avantage de recueillir les perceptions, les expériences, les pratiques des acteurs, les conditions et les contextes qui entourent la formation des agriculteurs. Ce type d’entrevue a été choisi aussi, parce qu’il permet l’émergence de nouveaux indices et des aspects pertinents pour la recherche non soupçonnés au départ.
bull2.gif (117 octets)  L'analyse des données menée dans la présente recherche est de type cyclique et interactif (Huberman et Miles,1991). Nous avons choisi, cette démarche car elle a l’avantage d’alterner un travail de réflexion, sur les données déjà collectées, et une mise au point de nouvelles stratégies pour en collecter d'autres. Mentionnons que le codage et l'analyse des entrevues ont été fait à l'aide du logiciel Nud.ist.
bull2.gif (117 octets)  L’analyse des entrevues a identifié quatre thèmes autour desquels s’organise notre recherche : La pratique du métier d’agriculteur ; la formation des agriculteurs ; l’apprentissage sur le tas et la nature du savoir.
bull2.gif (117 octets)  Premiers résultats
bull2.gif (117 octets)  Nous ne sommes pas encore arrivés au stade de produire des conclusions définitives, cependant nous avons déjà des pistes promettantes pour chacun des thèmes organisateurs de notre recherche que nous sommes en train d’explorer et approfondir.
bull2.gif (117 octets)  Par rapport à la pratique du métier d’agriculteur, il ne faudrait pas en conclure que cette recherche vise une étude exhaustive et approfondie du métier d’agriculteur. Elle se propose tout simplement mettre en évidence les représentations que les producteurs agricoles ont de leurs activités de tous les jours. Bref, nous avons étudié un micro contexte dans lequel les producteurs agricoles ont appris et continuent à apprendre leur métier d’agriculteur. L’analyse du discours montre l’importance attribuée par les agriculteurs de la région de Rêo Segundo à la pratique du métier. Cette pratique suppose, en définitive, une action très concrète, celle de travailler, par laquelle ils définissent leur métier. En plus, les producteurs agricoles travaillent avec des objets matériels, mais comme nous croyons comprendre à partir de leurs dires, il ne s’agit pas d’un travail passif et mécanique, il est plutôt créatif et imaginatif où le producteur s’engage en tant qu’être humain au complet.
bull2.gif (117 octets)  De ce qui est de la formation, tous les producteurs agricoles interviewés ont attribué une réelle importance aux programmes de formation. Cependant, il existe différentes perceptions selon qu’il s’agit de producteurs qui suivent le programme Cambio Rural ou de ceux qui l'ont abandonné. Les premiers considèrent que c'est l'utilisation et l'adaptation des savoirs véhiculés par la formation qui rendent possible la gestion de nouveaux enjeux que présentent les économies de marché. Par contre les producteurs qui ont abandonné le programme, même s’ils éprouvent le besoin de nouveaux savoirs, n’ont pas jugé efficace et utile le programme Cambio Rural.
bull2.gif (117 octets)  Pour ce qui est de la nature des savoirs qui sont à la base de l'apprentissage du métier d'agriculteur, ce sont des savoirs formels et des savoirs expérientiels. Ils sont, bien entendu, en relation étroite avec les différentes pratiques que les producteurs ont développé pour gérer leurs unités de production. Les savoirs formels ont plusieurs sources : les expériences de formation, les médias en général et ceux qui sont spécifiques du secteur agricole. Traditionnellement ce sont de savoirs de nature technique (nouvelles techniques de production, utilisation de pesticides, etc.) et depuis un certain temps s’ajoutent les savoirs de type économique et financier qui ont en commun le fait d’être produit en général à l’extérieur du milieu agricole. Les savoirs expérientiels s’alimentent de deux sources principales : la pratique quotidienne de leur métier et les échanges entre producteurs. Ce sont des savoirs spécifiques, pratiques et adaptés à la région. En plus, ils ne répondent pas toujours à d’explications logiques, ils réinterprètent quelquefois les savoirs technoscientifiques, mais ces savoirs s’avèrent toujours utiles et respectés par l’ensemble de producteurs.
bull2.gif (117 octets)  En conclusion, ces résultats préliminaires nous permettent de penser qu’au centre de la vie d’un producteur agricole se trouve la pratique du métier. Cette pratique s’avère la source et la dépositaire des savoirs et c’est sur elle qui devraient agir les programmes de formation.
ref :En réalité l’article original utilise le mot “ paradigme ”, “ mais, à notre avis, il est utilisé comme un synonyme d’approche ou perspective. Pour ne pas entrer dans une longue discussion épistémologique nous allons utiliser tout au long de notre texte la notion d’approche qui convient à nos propos.
bull2.gif (117 octets)  Mil dollars américains.
bull2.gif (117 octets)  Fait référence au concept de développement durable (soustanability)