Biennale 5 |
Apprendre dans l’action, un enjeu pour le collège. Auteur(s) : CAZENAVE Georges |
retour au résumé Les principes de la COPRET qui ont guidé l’instauration de la technologie comme discipline au collège à partir de 1985 se fondent sur une démarche de conception/production d’un objet technique. Au sein de cette démarche pratique, l’élève peut apprendre à connaître et à maîtriser son environnement technique, à analyser les usages et les principes fondamentaux qui le déterminent.
Nous distinguons trois groupes de réponses. a) Groupe des pièces identifiables par un utilisateur non averti [pièces 1, 12, 2 et 11] Les pièces qui sont le mieux identifiées sont principalement la pile et le "scratch", puis le bouton poussoir et le boîtier. Ces pièces sont aussi les plus facilement reconnues par des utilisateurs non avertis. Nous pouvons dès à présent questionner cette ambiguïté, qui provient d’une analyse fonctionnelle simplificatrice : les situations d'apprentissage ne conduisent-elles pas à donner de la fonction une explication qui, pour en faciliter la compréhension, s'appuie essentiellement sur l'évidence de l'expérience quotidienne de l'utilité directe ? b) Groupe des pièces liées à une situation particulière d'apprentissage pratique. [pièces 3, 4, 7 et 9} Nous observons un second groupe de pièces ayant une fonction technique interne dont l'identification et la représentation de la fonction correspondante est correcte : ce sont les trois résistances et la diode zener. Nous avons observé que, lors de l'apprentissage de l'implantation des composants sur le circuit gravé et percé, ces quatre composants ont été placés en premier. Dès lors, nous interprétons la reconnaissance forte de ces pièces comme significative de ces apprentissages, dont l'organisation est une transcription du schéma structurel (les composants ne sont pas implantés dans l'ordre du circuit, mais par fonction, ici, "régulation"). c) Résultats obtenus pour les cinq autres pièces. [ pièces 13, 5, 6, 8 et 10] L'inégale représentation des cinq autres pièces confirme l'incidence des pratiques des situations d'apprentissage et la représentation simplificatrice de la notion de fonction. Le circuit imprimé, qui a fait l'objet de pratiques importantes (sensibilisation, révélation, gravure, perçage), est mieux identifié que le "circuit intégré" qui est la pièce centrale, et dont la fonction n’est pas précisément reconnue. Le haut-parleur est assez bien identifié comme pièce, mais associé à une représentation superficielle erronée. Le commutateur est mal repéré sur le circuit. Le transistor, dont la fonction est usuelle en électronique, est le composant le moins bien défini. 2 - c - Conclusions : Les erreurs principales sont facilement repérables. Il s'agit surtout de l'attribution de fonctions contraintes (milieux extérieurs) à des composants techniques accomplissant des fonctions internes. Les incertitudes sont plus significatives. Le "taux de certitude" que nous avons établi pour les réponses correctes est particulièrement faible pour certaines pièces : le circuit intégré, ainsi que le transistor et le commutateur. En revanche, ce qui nous apparaît le plus important du point de vue pédagogique, c'est l'apprentissage de l'implantation des trois résistances et de la diode zener en même temps pour en souligner la fonction régulation : cette incidence des pratiques est, en effet, particulièrement révélatrice puisque, non seulement les quatre pièces correspondantes sont relativement bien classées, mais surtout la dispersion (effet des erreurs de classement) entre les autres pièces est moindre, ce qui signifie une meilleure représentation de la fonction. Les autres fonctions techniques représentent à l'inverse une très faible compréhension du schéma structurel. On peut conclure que les apprentissages ont permis de "fixer" des repères permettant aux élèves de mieux restituer l’analyse fonctionnelle lorsque ces repères sont une transcription du schéma structurel (implantation sélective des résistances). 3 - Conséquences pour l’évaluation des savoirs dans l’action La question centrale qui émerge de nos observations peut se formuler ainsi : Comment l’évaluation des savoirs peut-elle s’appuyer sur les repères de l’action et à quelles conditions ? C’est de la validité des relations dans les processus mis en oeuvre pour transformer la matière ou l’information que dépend, finalement, la pertinence du plan d’action. L’exemple particulier de l’apprentissage de la soudure des composants similaires accomplissant la même fonction en différents points du circuit imprimé est révélateur à cet égard : ayant été implantés de façon sélective, ces composants simples ont été caractérisés par leur fonction de protection des autres composants, c’est-à-dire la fonction de régulation. Du même coup, la fonction de régulation a été identifiée par rapport à la notion de circuit. Cette construction du savoir n’implique donc pas une opposition entre le savoir théorique et les opérations pratiques. A travers l’analyse des pièces de l’objet technique, et de leur emplacement, nous dégageons plusieurs niveaux de la notion de fonction : - une fonction simple de liaison opératoire : le composant est relié au circuit par une soudure ; - une fonction complexe de relation avec les autres composants : le composant résistance est placé en position relative aux autres composants pour assurer une protection, qui est une régulation du circuit ; - une fonction planificatrice qui implique un certain ordre dans la sélection de la pièce et dans son implantation, dans les opérations qui doivent être préalablement achevées et dans celles qui ne pourront avoir lieu qu’ensuite. Ce sont donc trois types différents de savoirs qui s’enchevêtrent dans l’objet technique : des savoirs opératoires, des savoirs procéduraux et des savoirs organisationnels. C’est à partir d’eux que peut s’opérer l’évaluation dans le projet technique : - les savoirs opératoires sont évalués par des tests de fonctionnement, qui relèvent des règles de l’art, de l’habileté des gestes, - les savoirs théoriques, qui rendent compte des procédures, de la pertinence des choix de telle ou telle technologie, sont évalués par des contrôles d’exécution de l’opération, choisis à partir de connaissances spécifiques, - les savoirs organisationnels, qui font appel à des règles complexes, en particulier du point de vue de la temporalité, ou des moyens mobilisés, sont validées comme anticipation pertinente du plan d’action. Cette analyse nous conduit à nous interroger, en particulier pour les publics en difficulté, de façon plus globale : n’assiste-t-on pas au collège, au-delà de la discipline qu’est la technologie, à un développement de la logique de l’action à travers les technologies de l’information et de la communication ? Ne va-t-on pas rencontrer des glissements au sein des situations d’apprentissage, conduisant à considérer ce qui apparaît sur un écran comme réponse pertinente, alors que différents registres sont impliqués : opératoires (déplacement sur l’écran), organisationnels (mise en mémoire, sélection d’information, navigation,...), théoriques (recherche d’information, analyse de la question, critique des sources, ...) ? Mots-clés : - collège - rapport au savoir - pédagogie de l’action - plan d’action - problématisation note : Le projet technique dans le premier cycle de l’enseignement du second degré : critique des notions de culture technique et de compétence dans un nouvel itinéraire d’initiation, Thèse de Doctorat en sciences de l’éducation, Université Paris VIII, décembre 1997. Le dossier pédagogique a été édité depuis par une équipe de quatre enseignants en 1995 : C. Glomeron, D. Nibart, X. Perreau et C. Taddei, DOSSIER PEDAGOGIQUE SIRENE DE VELO, Technologie au collège, Techno Didac, Jeulin, Evreux France, 1995. Nous renvoyons au chapitre 8 de l’ouvrage déjà cité (note 1) pour les modalités de traitement des réponses des sujets. Nombre de réponses identifiant correctement la pièce et sa fonction / Nombre de réponses désignant correctement la pièce Pour le circuit imprimé, ce taux n’est pas significatif. |