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Quinze années de travail et de réflexions parallèles, en écho, qui peu à peu tissent un espace commun qui sert de support aux jeux de l’altérité et de matrice hypothétique en cours.
L’un devient Philosophe après avoir été organisateur de centres de vacances, enseignant de philosophie, chercheur en sciences de l’éducation, formateur d’enseignants et d’animateurs.
L’autre, concepteur de formations après avoir été organisateur de centres de vacances, enseignant d’éducation physique, chercheur en sciences de l’éducation, formateur d’enseignants et d’animateurs.
Ensemble ils proposent une “ notice pour la formation ”.
Peut-on concevoir la formation comme un espace-temps de passage, d’aventure qui permette de construire une nouvelle compétence et la conscience de celle-ci à partir d’un état initial repéré ?
Peut-on offrir aux formés une utopie en chantier, un non-lieu à bâtir tout en bâtissant son propre savoir de soi et du non-lieu ?
Saisir une occasion de former, de se former comme une réalité au-delà de l’espace pédagogique, de l’espace politique et de l’espace privé pour en faire autant de pôles du tout formation qui représentent ainsi la trace de secteurs indispensables, inoubliables, inconfortables de tout acte de formation. Soit trois éléments repères :
L’engagement issu du politique,
Le savoir issu du pédagogique,
La relation issue du privé.
De façon plus précise, des éléments constitutifs sont aujourd’hui nommables après avoir été accumulés, orientés, organisés au cours d’un nombre incalculable d’observations et d’expériences.
Cette notice est le résultat d’applications toujours en cours dans des classes terminales en philosophie au lycée H.Loritz de Nancy, dans la formation des maîtres spécialisés à l’IUFM de Lorraine, dans les formations des maîtres formateurs, d’animateurs socio-éducatifs, d’éducateurs sportifs et d’éducateurs spécialisés en Lorraine. Elle s’est appliquée aussi à des projets politiques de développement de ville.
Annonce , passeur , accompagnement bienveillant , clôture , reprise , distance de professionnalisé …
NOTICE POUR LA FORMATION
La publication sur le “ net ” en guise de “ reprise ” pour nous d’un objet de travail :
L’enseignement de la philosophie .
Le texte construit, disponible aux lecteurs comme “ tiers-lieu ” ; lui-même construit selon les méthodes de notre notice : des éléments épars à assembler, un guide chronologique d’assemblage ou d’élaboration, l’idée de la totalité nommée, des liens pour réaliser le montage avec efficacité et solidité.
Des textes en regard de notre pensée exposée.
Des textes d’auteurs confirmés
Des textes d’auteurs en cours de philosophie
Des textes rencontrés au hasard de nos travaux.
Ils nous serviront de “ fragments ” qui permettront de penser les “ liens ” pour nous et de les créer pour les lecteurs selon leur mode de lecture. Ce parcours reste ainsi à inventer pour chacun ; le nôtre peut servir de guide ou totalement s’effacer derrière la logique en marche du lecteur.
D’ABORD UN PREMIER COURS au cours duquel il est question d’“ annonce ” :
Quel va être notre objet
Quelle forme prendra notre travail
Comment s’effectuera l’évaluation, dans quel but ?
Ainsi l’enjeu se dessine et au-delà la mise en jeu de chacun selon sa volonté.
L’enseignant est celui qui instaure “ le moment ”, ses enjeux et les limites ; il “ décrète ” l’instant comme point d’origine à partir duquel seront mesurés les déports, les écarts entre ce qui se fera et l’épreuve à atteindre.
De la mise en pensée des jeunes adultes de terminale vers l’épreuve de philosophie du baccalauréat .
Le vin de Septembre :
*nécessite de laisser une place aux adolescents qu’ils sont ; sous les élèves qu’ils redeviennent ; en vue des sujets pensants qu’ils pourront revendiquer d’être en philosophie.
Il était une fois, un palais chevronné qui rendait aigris tous ses voisins.
Sitôt le breuvage en bouche, jamais il ne se trompait et précisait sans ambages le lieu, l’année, le cépage et le chai. De nombreux conciliabules avaient eu pour objectif de rendre le goûteur minable. De curieuses mises en scène avaient espéré le prendre en défaut. Son goût, son claquement de langue restaient infaillibles.
Alors, il avait été nécessaire de créer, de penser neuf. Quelques pieds de vigne hétéroclites aux ascendances douteuses ou inconnues furent alignés sur un lopin de terre quelconque. Vierge de vigne jusque là, il n’avait rien du coteau, de la côte, ni même de la montagne. Des tombereaux de pierres dites à fusils vinrent garnir les alignements déplacés.
Il plut, il fit soleil, il plut encore. Quelques brouillards givrants vinrent glacer les membres tordus des pieds alignés. Le soleil revint, il fit claquer les pierres en des blancs, des ocres, voire des roux de carrière. Le temps fit son ouvrage et plusieurs octobre plus tard les premières vendanges permirent le jus.
La bouteille, le bouchon et un soir le verdict. Prise d’air, choc dans le verre mais pas trop, valse en pleine lumière, repos, déséquilibre, bouillonnement en bouche, en langue, en palais, puis distraitement disparition. La traîne subtile des fumets, l’acidité douce des papilles et le nez qui s’encotonne de flagrances insaisissables.
L’homme ferme les yeux, la tête légèrement inclinée et attend. L’auditoire goguenard espère que le piège fonctionne et croit tenir sa revanche. Silencieux, il attend.
Le verre reposé sur la table, la bouteille tremble un peu.
Le regard de l’homme se fait incroyablement perçant, ses mains se lissent mutuellement, sa moue annonce la fin du breuvage, le début de la sentence. Il attend.
“ Ce vin n’existe pas ! ” déclare-t-il avec tendresse et assurance.
Et pourtant, ils purent en boire jusqu’au bout de la nuit. FIN
De la dissertation comme objet en perspective et cependant à inventer : “ La pensée naît dans un espace de frustration ”.
De la dissertation comme objet institutionnel de la philosophie en terminale.
ETAPE 2 : “ L’ouverture de la classe par la narration ”
“ Je me rends compte que la tâche première n’est pas dans l’usage de concepts à expliciter, mais dans le pouvoir évocateur de notions imagées qui permettent la narration. Soit une histoire qui avance au gré des accroches que je peux trouver dans tous les espaces disponibles. C’est en quelque sorte la propagation, par l’effet d’annonce ou d’organisation d’un nuage d’aimantation au devant collectif, soit une position de classe ouverte, par la narration, et pour une position commune de lecture. Laquelle précède l’écriture, comme processus d’acquisition de la lecture volontaire. ”
L’usage des concepts aux forceps ou l’utilisation de notions imagées qui permettent la narration.
La propagation s’effectue par annonce et organisation.
[Je remarque à ce point de mon analyse que quelque soit le point de départ en philo, on arrive toujours à croiser une autre idée, un autre sujet comme ici le silence coupe et recoupe le sujet dernièrement étudié qui est les sensations et les sentiments.]
ETAPE 3 : “ Construire un destinataire potentiel ”
Texte 1 : Le sujet en relation avec lui-même.
“ La pensée naît dans un espace de frustration.
Pour être un homme, que dois-je chercher ?
visible et invisible
Transgression. ”
“ Il faudra qu’il y ait perception d’une urgence. Et réintroduction d’une clôture de fin.”
“ Il n’y a qu’une seule chose qui m’échappe (en regard de l’ensemble articulé), c’est la maintenance de l’espace privé de l’écriture de fin de séance. Je conçois bien l’usage. Et écrivant cela, la phrase précédente peut être interrompue car le visage transparaît par chacun et pour chacun. Il est la forme auto-référentielle du sujet à ses propres yeux et non à ceux de la communauté auto-constituée. Il n’est pas le commun, il est incommensurable. ”
Un temps d’écriture en fin de séance au milieu des autres qui écrivent ou qui n’écriront rien.
Un retour sur les instants, les émotions, les pensées traversés le temps du cours de philosophie, afin d’alimenter le moment pédagogique imposé comme tel.
Un texte sans réponse, c’est quoi ?
Il permet de travailler l’idée du secret, du partage. L’état brut d’un texte, d’une pensée exposée ne permet pas d’accéder au sens. En creux, au secret de chacun, le texte doit permettre de construire le sens privé, en écho ou en déport du sens collectif s’élaborant.
Texte 2 : l’identification du destinataire.
Chacun peut identifier le / la destinataire soit au moment de l’écriture :
“ J’écris à untel pour lui dire … ” ; soit au moment du don “ j’ai écrit cela … tiens je le dédie et / ou le donne à untel.”
“ Tout cela est la philosophie du jeu, du don, de l’offrande. Aux risques minimes, mais sait-on jamais, du refus de l’autre.”
“ On joue au jeu de la lettre, de son échange. Merci JM ”
[ Les phrases ont plusieurs sens ; donc ce que je dis est philosophique.]
[ La nature humaine est un reflet. Nous sommes les miroirs. Tous les reflets sont différents, pourtant les hommes sont les mêmes.]
Texte 3 : destinataire identifié repéré avant l’écrit :
A partir du mois d’octobre, les textes individuels vont devenir aussi des ébauches de dissertation.
Nous remarquons alors une tension entre les textes d’avant et la dissertation du bac qui s’annonce.
C’est aussi l’occasion d’une reprise au sujet de l’évaluation dont il avait été question en septembre.
C’est pour toutes ces raisons que nous pensons que ce moment est un moment critique, à haut risque .
L’incertitude et l’incommensurabilité sont les deux tonalités dominantes pour tous les protagonistes :
{en date du 17 /12/99 du proviseur à l’enseignant de philosophie :
Objet : Manquements à vos obligations professionnelles.
Monsieur,
…. … … D’autre part, je vous confirme notre entretien oral au sujet de l’évaluation de vos élèves. Je vous demande de ne plus poursuivre à l’avenir votre expérimentation d’auto-évaluation, à moins de le faire labelliser par l’Inspection Générale.
Par conséquent, vous fonderez normalement votre évaluation sur la base de notes attribuées en fonction des productions écrites et orales de vos élèves.
Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de mes sentiments dévoués.
Le Proviseur.}
Réponse :
“ Pour ce qui concerne notre entretien oral, je ne peux que suivre la formulation qui est la vôtre en ce qu’elle résume exactement notre entretien ainsi que vos propositions .
Je vous joins quelque exemplaires des textes d’élèves du 1° trimestre, prises non parmi les meilleures. ”
ETAPE 4 : Le passage.
Il y aurait une difficulté, signe d’un vrai travail de passage, à extraire du privé (écrit, mémorisé, enfoui, incorporé …) les fragments nécessaires à l’élaboration d’un texte à visée publique.
L’évaluation de celui-ci posant l’incommensurable comme élément à perdre au profit de l’inédit. Le texte devient alors un “ tiers-lieu ” entre écrivain et lecteur.
Le travail de l’écrivain consistant à capter ses propres intuitions, émotions, pensées et à les rendre perceptibles puis concevables et enfin commensurables pour le lecteur.
L’idée de “ pré-texte ”,( cf mon travail sur l’accompagnement) nous permet de considérer la phase d’auto-évaluation des textes par les élèves eux-mêmes comme un prétexte au passage de l’incommensurable à l’inédit.
[ Les élèves prennent la place du prof. La vérité, les enfants et la neige.
Le pion s’est encore planté de porte.
On ne sait pas ce que l’on dit, on joue avec les mots.
L’homme est un caméléon, il change de couleur quand il se sent coupable et quand les autres vont le voir. La vérité est ailleurs, on termine : c’est pas logique.]
ETAPE 5 : Production de textes publics
[ Pour la première fois, on nous demande de construire nous même le cours . Les élèves recherchent un point de départ mais cette activité est troublée par l’arrivée de la neige. De plus, nous avons rêvé. Mais toutes les bonnes choses ont une fin : la cloche retentit.]
ETAPE 6 : Ouverture de la chose pédagogique : du pédagogique au politique.
“ On a retourné la notation. On va retourner la charge de la preuve en fabriquant collectivement l’objet de notre savoir. C’est l’importation de la démocratie dans la pédagogie. Et cela, comme un boomerang, se retourne dans tout ce qui n’a pas à être pédagogique. Et le politique ne peut plus vivre de son infantilisme institutionnalisé. Mais ces expressions ne me conviennent pas assez.”
Le fondement de la démocratie, c’est l’altérité. La démocratie se constitue par contagion et non par représentation ; ce qui questionne le rapport au savoir.
Lorsque le “ novice ” acquiert du savoir ; il n’en dépossède pas le “ passeur ” puisque celui-ci a décrété (de façon non démocratique) la mise en jeu et de lui- même et du savoir.
ETAPE 7 : Reprise du savoir et réflexion :
Par eux-mêmes, les élèves apprécient leur propre parcours, ce qui leur arrive et ce qu’ils ont à en dire, à en écrire.
Leurs initiatives ont un écho social comme ce vin en Janvier qui rappelle à chacun qu’en septembre, grâce au vin, il fut question de sensations et d’émotions au singulier.
ETAPE 8 : la copie de philosophie :
C’est pour chacun la certitude de pouvoir s’adresser à un destinataire absolu c’est à dire, inconnu et divers.
Dans le cadre de l’épreuve du baccalauréat, le correcteur sera aussi lecteur et évaluateur.
Il faudra encore questionner l’incommensurable et l’évaluation :
accepter la non mesure c’est affirmer la nuance entre la mesure privée non publiée et la mesure publique affectant le privé jusqu’à le priver de la pensée et de la démesure de l’in-su, de l’innovation.
NB : les caractères et les écrivains :
“ J Caillaux ”
[ les élèves de terminale]
{ le proviseur}
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