Biennale 5
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J’aimerai vous parler d’un travail dont je m’occupe dans une école de Natal, au Nord-Est du Brésil, comme psychanalyste. Il s’agissait d’un travail avec des adolescents âgés de seize à dix-huit ans, élèves d’une école privée, et aussi d’un accompagnement périodique des professeurs et de quelques rencontres avec les parents.

Auteur(s) : BRITTO Andreia

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bull2.gif (117 octets)   Pour situer le contexte de cette étude on a considéré que nous étions dans le champ de la psychanalyse en ses extensions ou dans ses possibilités de connection. On a été invité par cette école par le fait que ses élèves démontraient un manque d’intérêt total sur un thème qui devrait leur être cher, à savoir leur option professionnelle et être reçu au baccalauréat, ce qui leur garantirait l’accès à l’université. Sauf rares exceptions, l’équipe technique de l’école pourrait défini en un mot l’attitude ou l’état de ces élèves : apathie.
bull2.gif (117 octets)  Selon la définition donnée par Buarque de Hollanda, apathie signifie un état d’insensibilité, impassibilité, indifférence, manque d’énergie et indolence. Un jeune orientateur bien intentionné m’a dit, au premier contact, qu’il se sent ‘impuissant’ que ‘l’école est désespérée’. “ Les enfants ne se soucient de leur réussite au baccalauréat, se trouve en dehors de leurs expectatives. Nous l'avons appelé, parce que vraiment nous ne savons plus quoi faire. Nous avons même invité une personne pour faire un exposé sur la meilleure manière de s'alimenter dans le sens d'obtenir un bon rendement intellectuel. Il n’y a rien eu à faire. Nous sommes en train d'affronter de sérieuses difficultés. Nous savons que le non du lycée est en jeu. ”
bull2.gif (117 octets)  Du côté des élèves, une indifférente initiale prend suite un discours, commun a la plupart d’entre eux, d’où ressort la difficulté de se dédier aux études. Additionné à cela, quelques uns se plaignaient de devoir se priver d’outres choses qui faisaient partie de leurs intérêts, comme sortir avec leurs copains, pratiquer des sports, aller aux fêtes, flirter... cela en fonction de comprendre que ce temps devrait être dédié aux études et non à autres choses.
bull2.gif (117 octets)  En autres mots : ils n’arrivaient pas à bien étudier ni même se sentaient libres pour vivre d’autres expériences qui font partie de la jeunesse. C’est alors que devant tel paradoxe surgissait la paralysie, l’apathie.
bull2.gif (117 octets)  Notre travail se divise en trois branches, une ligne de contact avec les élèves, une autre avec les professeurs, et une troisième avec les parents.
bull2.gif (117 octets)  On a considéré que quand on traite de l’adolescence il y a de nombreuses questions d’ordre psychique qui sont en jeu et qui ont besoin d’être considérées. Les spécificités de la psychologie adolescente, les ‘deuils’ à être réalisés en fonction de la sortie d’un univers enfantin et la rentrée dans un monde adulte, la nécessité de nouvelles identifications, l’option sexuelle dans toutes les questions qui parlent de l’opération psychique du fait devenir adolescent ont été longtemps pensé et élaboré auprès des professeurs.
bull2.gif (117 octets)  Avec les parentes on a ouvert un espace pour qu’ils nous parlent de leur anxiété de protection sur leurs fils et leur difficultés de considérer la croissance et de surmonter la nécessité de tutelle de leurs enfants.
bull2.gif (117 octets)  Dans la branche de travail avec les adolescents on cherche offrir un espace pour la parole, ce qui leur manquait radicalement, en considérant que cette offre soit de fondamentale importance pour n’importe quel changement de position.
bull2.gif (117 octets)  Selon Buarque de Holanda, devenir adolescent signifie attendre une période dans laquelle quelque chose va commencer, arriver a un début sans toutefois en avoir atteint tout la vigueur, évoluer, devenir jeune. Du latin, adolescere, signifie naître, grandir, se fortifier, dépasser l’âge de la tutelle, devenir majeur (Cretella Jr. 1956). Ces significations parlent justement des questions intimement liées à ceux qui expérimentent ce moment de la vie.
bull2.gif (117 octets)  Dans notre façon de comprendre les adolescents recherchent un espace et une manière de pouvoir être et, dans cette recherche, en vérité, ils ne demandent pas d’être compris vu que, probablement, ils devront accepter des négociations et accommodations. En pensant ainsi, nous ne devons pas être tentés de résoudre leurs crises mais de les accompagner. Nous comprenons que c’est dans ceci que réside notre tâche, savoir faire face. Je cite Mannoni ( 1997, pg.5) : “ La société doit s'abstenir de procurer à remédier cette période. Cela ne doit pas se combattre, ni diminuer, ni guérir la crise de l'adolescence, mais de l'accompagner. ”.
bull2.gif (117 octets)  Beaucoup de fois les manifestations de la psychopathologie adolescente pourraient être évitées si l’adolescent se sentait emparé dans sa condition de sujet désirant. Nous ne devons pas oublier les solutions de sortie pour les productions artistiques, fréquentes dans l’adolescence, et qui ne sont rien d’autre que la libération des forces créatives résultants des pulsions décongelées. Notre compréhension s’achemine dans le sens qui se fait nécessaire pour que les adolescents puissent respirer la liberté qui n’est pas l’abandon, mais respect pour leur recherche en vue de réponses et de solutions à leurs questions, bien que sachant par notre propre expérience vie, qu’il s’agit toujours d’amour, du sexe, du travail, de la paternité, de la vie et de la mort.
bull2.gif (117 octets)  Nous avons conduit notre travail ayant comme paramètre ces conceptions de l’adolescence, de leur relation envers le monde adulte, avec les parents et les professeurs, dans un décor contemporain. Il n’y a pas comment prévoir les résultats d’un travail de cet ordre. Il n’existe pas non plus une recette de comment le faire. Ce que nous recherchons c’est le questionnement sur les points où s’installera la paralysie. Finalement poser des questions c’est : sans le moindre doute mettre en marche le désir, rétablir le mouvement. Ceci est l’opposé de l’apathie.
bull2.gif (117 octets)  Comme il était supposé de l’espérer, ce travail a aussi suscité en nous diverses questions que nous aimerions partager avec vous. La première, d’entre elles, se rapporte sur le quoi penser au sujet du baccalauréat. Si on considère les sociétés tribales on voit qu’elles nous offrent divers rituels qui constituent des cérémonies symboliques où les adolescents se soumettent à des épreuves. Ces épreuves, une fois supportées, garantissent leur passage à l’univers des adultes.
bull2.gif (117 octets)  Peut-être pourrait-on penser au baccalauréat comme un rituel de passage dans notre société. Il arrive que dans les sociétés tribales ce qui va garantir le passage de l’adolescent au monde adulte et leur capacité de supporter les épreuves et de s’en sortir. Il n’y a pas dans ce cas, limite de dix, quinze ou même cent places. On supporte ou on ne supporte pas les épreuves. C’est cela qui décide. Pour le baccalauréat, la volonté, ou, si on préfère, le désir peut et est une partie de l’histoire. Mais ce n’est pas tout.
bull2.gif (117 octets)  On a beaucoup d’exemples d’adolescents qui investissent et dévouent une bonne partie de leur temps pour garantir cette réussite et n’obtiennent pas de succès. Alors, quelle position peuvent-ils assumer devant cette défaite ?
bull2.gif (117 octets)  La deuxième question qui s’est delinée au long de notre travail passe par le concept de l’école au Brésil et ce que nous en comprenons être son rôle. Nous vivons dans un monde capitaliste qui fonctionne, pourtant, dans une logique capitaliste, qui est avant tout, la logique du gain. Si les écoles se disent encore aujourd’hui institutions éducatives elles sont aussi et probablement avant tout, entreprises.
bull2.gif (117 octets)  Comment réagit une entreprise qui travaille sous le paradigme de la qualité totale quand, justement, ce qu’elle recherche, soit l’approbation de ses élèves au baccalauréat, devient un objectif chaque fois plus difficile d’atteindre ? Peut-on parler en qualité totale quand nous, humains que nous sommes, prédestinés à l’incomplétude qui nous concerne ? Le but des éducateurs d’adolescents peut-il se restreindre aux estimatifs d’approbations au baccalauréat ? Peut-il se faire que, quand le brit est le gain financier en dépit de tout, de tout autre aspect, n’est ce pas précisément ce gain qui est menacé, c’est justement là où le désir est déraciné qu’il crie et surgit avec force encore que cela soit pour menacer la viabilité de l’entreprise ?
bull2.gif (117 octets)  Quand les résultats finaux constituent le but par excellence, on risque de tomber dans la maxime de Maquiavel qui est la suivante : la fin justifie les moyens. Il n’y a pas d’espace ni de temps pour que l’on se questionne sur le désir. De cette manière on ne réussit pas à voir ce qui peut-être derrière ce manque d’intérêt, d’apathie, d’indifférence, d’indolence. Dans son propos de donner une fin, à une telle situation l’école donne des cartes de classe : sépare les élèves amis pour éviter des conversations parallèles ; fait venir une nutritionniste pour parler de diètes qui stimulent la production intellectuelle et, finalement, demande à une psychanalyste de les aider à motiver les élèves et leur faire comprendre qu’ils doivent s’engager pour réussir leur baccalauréat.
bull2.gif (117 octets)  Mission dangereuse, à l’imminence de fonctionner de mode pervers, cette demande à un psychanalyste. La psychanalyse pourrait-elle marcher à côte de l'adaptation ? Ce n’est pas bien à cela que nous nous disposons. Il n’y a rien de plus anti-psychanalyste que cela. Offrir aux adolescents des moments durant lesquels ils puissent parler sur des questions qui les touchent et les inviter à réfléchir sur ce que signifie le bac dans leur projet de vie. Voilà ce que nous avons tenté.
bull2.gif (117 octets)  Cela sans aucun doute, les amène à penser sur le désir qui les meut et apporte comme résultat être complètement dispensable l’utilisation des cartes de classes et bien d’autres méthodes de contrôle. Avec la psychanalyse, il nous suffit toujours de nous questionner sur le désir et alors, en conséquence, nous avons l’implication de chacun et la responsabilité de son destin.
bull2.gif (117 octets)  Du côté des professeurs les faire penser sur les spécificités de l’adolescence et aussi sur la dynamique qui s’établit et régit les relations professeur-élève du point de vue psychanalytique, les oblige à repenser leurs technique de contrôle, leurs objectifs en relation à leur immense soif de résultats. Nous trouvons qu’il est fondamental de rehausser l’importance d’occuper leur place de transmettre un savoir, éducateurs qu’ils sont, avant toute chose.
bull2.gif (117 octets)  On a terminé en questionnant : quelles autres possibilités pourraient-elles encore avoir pour des adolescents devant une situation comme celle qui s’est installée, oú les questions sur le désir n’étaient pas abordées et dont le but s’ancrait sur le succès scolaire, à n’importe quel prix ? Quoi, au-delà de l’apathie, ils pourraient offrir ?