Biennale 5
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Deux communautés locales du groupe d´immigration - deux attitudes differents envers l´instruction

Auteur(s) : BITTNEROVA Dana

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bull2.gif (117 octets)   Les questions de l´intégration de groupes d´immigrés peuvent être analysées en fonction des différents aspects de la vie du groupe. C´est dans les changements intervenant dans l´attitude du groupe d´immigrés vis-à-vis de l´instruction qu´on peut relever avec le plus de netteté les processus d´adaptation et d´intégration. Leur volonté de changer l´échelle des valeurs face à l´instruction et la rapidité de ces changements dépendent non seulement des caractéristiques initiales du groupe et du contexte socioculturel créé par la communauté majoritaire d´accueil ( c´est-à-dire l´Etat dans la plupart des cas). Non moins importantes sont aussi les conditions sociales et économiques concrètes de telle ou telle commune dans lesquelles le groupe d´immigré se retrouve après son arrivée et dans les années qui suivent.
bull2.gif (117 octets)  Dans ma contribution, je voudrais focaliser mon attention sur la question suivante: quel était l´impact des conditions sociales et économiques concrètes sur l´attitude de deux communautés appartenant au même groupe d´immigrés vis-à-vis de l´enseignement? Comment expliquer la divergence dans leurs attitudes envers l´instruction publique comme moyen pour trouver leur place dans la hiérarchie sociale d´une commune et d´une région? Je vais essayer de répondre à cette question en m´appuyant sur l´exemple d´un groupe de Slovaques réémigrés de Roumanie qui se sont installés après la Seconde guerre mondiale (dans les années 1946-49) dans des communes frontalières tchèques et qui ont vécu là sans interruption pendant 45 ans.
bull2.gif (117 octets)  La vie des Slovaques en Roumanie était, avant leur arrivée en Tchécoslovaquie, très proche de celle de nombreux autres groupes ethniques qui avaient, au XVIIIe et dans la première moitié du XIXe siècle, participé au mouvement de repeuplement du Sud-Est de l´Europe. Au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, un certain nombre de familles slovaques ont répondu à l´appel des autorités et quitté leur pays pour aller tenter la chance d´une vie meilleure dans un autre endroit. C´est ainsi que les Monts Métallifères roumains ont vu l´apparition de villages ethniquement homogènes dans lesquels les nouveaux colons ont renoué avec leur mode de vie traditionnel. Au cours des 150 ans, le caractère rustique du peuplement et la vie économique en Roumanie n´ont guère changé. Jusqu´au moment de leur exode vers la Tchécoslovaquie, les Slovaques de Roumanie ont conservé leur langue, leur foklore et leur mode de vie dérivé et dépendant du rythme de l´année agricole. Dans cette structure, l´instruction n´occupait pas, tant s´en faut, une place privilégiée. Les personnes instruites qu´ils rencontraient en Roumanie - curés, fonctionnaires ou employeurs pour des travaux saisonniers - n´appartenaient pas à leur groupe social. Ils considéraient le statut exceptionnel de ces derniers comme un invariant social, ils ne pouvaient donc pas voir dans l´instruction un "laissez-passer" pour accéder à des couches sociales supérieures. Tout cela fait qu´ils sous-estimaient l´instruction et n´en faisaient même aucun cas. En arrivant en Tchécoslovaquie, ils étaient dans la plupart des cas analphabètes sans aucune qualification.
bull2.gif (117 octets)  Par contre, l´évolution de l´instruction et de l´enseignement dans les pays tchèques des années 1946-1948 était en phase avec les grandes tendances de l´|Europe centrale et occidentale. Les habitants autochtones des pays tchèques considéraient l´instruction élémentaire, au moment de l´arrivée de leurs nouveaux concitoyens, comme une évidence. L´enseignement secondaire et supérieur représentait à leurs yeux une valeur hautement appréciée, une condition sine qua non d´une réussite professionnelle et, dans la foulée, de l´ascension sociale.
bull2.gif (117 octets)  La rencontre de ces deux attitudes face à l´instruction et à l´enseignement allait, en dernière analyse, dans le sens du conflit inter-ethnique et inter-groupe opposant les Slovaques de Roumanie aux habitants tchèques de ces communes. Les Slovaques se sont retrouvés d´emblée au plus bas niveau de l´instruction et donc au bas de l´échelle sociale. Le système ouvert d´enseignement de l´Etat tchécoslovaque représentait pour les Slovaques de Roumanie un défi les invitant à changer leur statut économique et social qui leur était réservé au sein de la commune et de la société en général.
bull2.gif (117 octets)  Cette même possibilité s´était aussi offerte aux Slovaques de Roumanie dans les deux communes - Ho__ka et P_imda - qui ont fait l´objet de notre étude. Les deux se trouvent dans l´Ouest de la Bohême (district de Tachov) et sont reliées l´une à l´autre au niveau cadastral. Pourtant, leur situation économique et sociale était diamétralement opposée.
bull2.gif (117 octets)  L´analyse est fondée sur les données relevées lors des recensements de 1950, 1970 et 1980. (Les documents pour le recensement de 1960 ont été par malheur jetés au rebut, les données primaires du recensement de 1991 n´ont pas été rendues accessibles, pas même aux chercheurs, du fait d´un changement de stratégie intervenu dans le traitement des données personnelles). Une autre source de données étaient les registres d´état civil - listes des nouveaux-nés et des mariages religieux et civils des années 1946 - 1990. Un troisième type de données est le résultat des recherches sur le terrain réalisées dans les deux communes dans les années 1988 - 1990.
bull2.gif (117 octets)  La première des deux communes, Ho__ka, a toujours été et est encore aujourd´hui, sur le plan des communications, coupée du monde. En plus, cet isolement géographique allait de pair avec l´isolement social. Son caractère peu attrayant a fait qu´au moment du repeuplement des régions frontalières, les Slovaques de Roumanie ont été précisément les seuls à s´installer définitivement là, formant presque 80% de la population. Ce sont eux qui déterminaient la vie économique de la commune orientée vers des exploitations agricoles et forestières de montagne. La majorité qu´ils détenaient leur assurait du coup une position dominante dans la vie sociale de la commune. Bien que les Slovaques de Roumanie aient été, au moment de leur arrivée dans la commune, illettrés et, dans la plupart des cas, non qualifiés, leur supériorité numérique et le caractère des emplois qui leur étaient disponibles faisaient disparaître le sentiment que leur niveau d´instruction serait, dans le contexte de la communauté d´accueil, inapproprié.
bull2.gif (117 octets)  La situation dans la commune voisine de P_imda était tout-à-fait différente. Ayant appartenu à l´un des centres administratifs de la région, cette commune bénéficiait d´une position avantageuse sur un axe stratégique en direction d´un point de passage frontalier. Sa structure économique, mais aussi les motivations des gens pour venir s´installer là, étaient en phase avec cette situation de fait. Les colons tchèques représentaient la majorité de 60%, les Slovaques de Roumanie ne faisant que 36% de la population. Du point de vue du niveau d´instruction, les Tchèques disposaient de toute la gamme de diplômes (universitaires, baccalauréat, CAP, certificat d´instruction primaire) qui leur permettaient de profiter de l´offre très variée d´emplois dans la commune. Les Slovaques de Roumanie ont été relégués, du fait de l´insuffisance de leur formation, au bas de l´échelle économique et sociale. Du point de vue des Tchèques, ils étaient non seulement culturellement différents, mais ne savaient rien faire (ils étaient sans qualification).
bull2.gif (117 octets)  Alors que les Slovaques de Ho__ka n´ont pas ressenti pleinement l´anathème social jeté sur leur culture - leur différence - donc aussi sur leur illéttrisme et absence de toute qualification, leurs compatriotes de P_imda ont dû faire face à l´accueil négatif de la part de leurs nouveaux voisins. Cette différence initiale dans le regard des Tchèques sur l´insuffisance de formation des Slovaques de Roumanie a enclenché dans les deux groupes concernés une évolution divergente dans la structure des niveaux d´instruction et de leur attitude vis-à-vis de l´enseignement.
bull2.gif (117 octets)  L´isolement de Ho__ka s´est avéré déterminant. L´absence de patrons culturels concurrentiels et, partant, une certaine autarcie sociale et économique de la commune dans les années cinquante n´ont pas modifié l´attitude des Slovaques de Roumanie envers l´instruction. Les métiers qu´ils exerçaient n´exigeaient pas directement une quelconque formation scolaire. Dans certains cas, du fait de la spécificité de la commune due au manque de main-d´oeuvre et à la stratification sociale, on survalorisait, devant une formation insuffisante, l´expérience individuelle (par exemple le chef d´un établissement de restauration exerçait sa profession avec un seul diplôme d´un cours d´alphabétisation pour adultes, une fonctionnaire tchèque s´occupait des dossiers à la place du maire).
bull2.gif (117 octets)  Or le choc est venu de l´extérieur. D´abord la scolarité obligatoire pour tous les enfants de 6 à 15 ans a peu à peu augmenté le niveau d´instruction dans la commune. D´un côté l´enseignement scolaire ouvrait la possibilité d´entrevoir la réalité cachée "derrière le rideau" de son propre groupe et, de l´autre côté, les jeunes Slovaques n´étaient pas capables de mettre à profit leur formation dans la vie économique et la structure hiérarchique de leur commune.
bull2.gif (117 octets)  Ils n´ont commencé en effet à rectifier leur attitude vis-à-vis de l´instruction qu´au moment où l´Etat a impulsé sa politique d´accroissement continu du niveau de la qualification professionnelle, notamment dans les métiers ouvriers. Dès la fin des années cinquante, les jeunes Slovaques, les garçons aussi bien que les filles, entraient obligatoirement dans des centres d´apprentissage. Cet accroissement intentionnel du niveau de qualification amenait d´abord les garçons à s´inscrire dans des options professionnelles utilisables dans la vie économique de la commune, les filles allaient dans des cours d´apprentissage dans l´usine la plus proche. Le critère social devenait pour eux tout aussi important que l´aspect économique. Les jeunes Slovaques choisissaient en effet les établissements d´apprentissage collectivement, tenant compte de leurs voisins et proches parents (les garçons entraient en apprentissage dans des entreprises spécialisées dans la production agricole, les filles dans une usine textile).
bull2.gif (117 octets)  L´accroissement du niveau d´instruction des Slovauqes de Roumanie ne s´est pas traduit sensiblement à l´époque dans leurs prises de position. Au cours du premier et second tiers de la décennie 1960-1970, la majorité des jeunes gens revenaient, après avoir obtenu leur CAP, dans leur village où ils occupaient les mêmes postes que leurs compatriotes illettrés plus âgés, les jeunes femmes renonçaient complètement à leur profession après la naissance de leur premier enfant et se faisaient embaucher comme ouvrières non-qualifiées. Leur comportement montre que la qualification ne représentait pas encore pour eux une valeur reconnue, même s´ils étaient désormais conscients de l´avantage qu´était le salaire supérieur que touchaient les travailleurs qualifiés.
bull2.gif (117 octets)  Le processus d´ouverture sociale face à la communauté tchèque de la région, concomitant de l´évolution du groupe des Slovaques de Ho__ka depuis la fin des années soixante, s´est traduit aussi au niveau de l´instruction. Désormais, les jeunes ont commencé à chercher une spécialisation selon leurs voeux formés sur la base de l´expérience acquise par leurs frères et soeurs aînés. Leur choix s´orientait cependant toujours vers diverses filières d´apprentissage et leur rêve était de devenir ouvriers qualifiés dans un domaine intéressant. Ils n´envisageaient donc plus leur carrière de formation professionnelle exclusivement en fonction des modèles qui avaient été suivis par leurs parents et leurs voisins. La gamme des filières d´apprentissage s´est ainsi élargie, même si les filières orientées vers l´agriculture, l´exploitation forestière, le bâtiment et l´industrie textile restaient dominantes (en choisissant une filière "non-traditionnelle" de formation ouvrière, certains ont pu s´émanciper définitivement de leur communauté). Relâcher les liens de dépendance vis-à-vis de la communauté d´origine, c´est ce que voulaient aussi ceux qui sont restés. C´est pour cela qu´ils ont décidé de travailler désormais uniquement dans leur spécialisation professionnelle. Ce choix a eu surtout un impact sur l´attitude des filles qui, dans la plupart des cas, ne pouvaient exercer leur métier qu´en dehors de leur commune. Elles étaient en fait les premières à devenir membres d´une communauté autre que la leur. Dans un nouveau milieu, elles découvraient d´autres possibilités de carrière professionnelle garanties par le système d´enseignement.
bull2.gif (117 octets)  Voilà ce qui explique peut-être pourquoi les filles ont été, au milieu des années soixante-dix, les premières à faires leurs études dans l´enseignement secondaire. Les garçons ont fini par les rejoindre à la fin de cette même décennie. Alors que les filles recherchaient des spécialisations qui leur garantissent un statut de prestige dans la société (infirmière, institutrice-éducactrice), les garçons ont, une fois de plus, opté pour l´enseignement agricole afin de pouvoir continuer à travailler dans leur commune. La "découverte" de l´enseignement secondaire est restée le maximum dans la formation professionnelle des descendants des Slovaques de Roumanie même dans les années quatre-vingt. Leurs pères et mères qui n´avaient aucune qualification ou qui avaient acquis une formation "pro forma" dans les années soixante, n´appréciaient pas l´instruction à sa juste valeur. Ils prisaient les professions d´ouvriers qualifiés, mais ils ne créaient pas un environnement familial qui motiverait suffisamment leurs enfants à s´inscrire à l´université. De la même manière, la plupart des jeunes Slovaques vivant dans la commune ne parvenaient pas à s´orienter dans le système d´enseignement et à le mettre à profit pour une ascension sociale. Leur ambition se limitait à bien choisir une spécialisation professionnelle ou un type d´enseignement secondaire qui leur permette finalement de rester dans leur commune.
bull2.gif (117 octets)  Le moteur de tout accroissement du niveau de qualification à Ho__ka, c´était la volonté des jeunes de parvenir à une meilleure position professionnelle et sociale qui leur faisait découvrir leur propre potentiel aussi bien que les possibilités que leur offrait le système d´enseignement. Cette attitude n´était pas déclenchée par leur désir de voir un accroissement ostensible de leur prestige social qui serait dû à un conflit culturel.
bull2.gif (117 octets)  L´attitude des Slovaques de Roumanie, installés dans la commune voisine de P_imda, vis-à-vis de l´instruction évoluait en partie en fonction du conflit culturel qui les opposait à leurs voisins trchèques. Le fait qu´ils ont établi presque immédiatement des liens de parenté avec de jeunes Tchèques qui résidaient provisoirement dans la région (les militaires) y était pour quelque chose. Les contradictions que soulevaient les attitudes positives des uns et les attitudes de refus des autres motivaient les jeunes Slovaques, dès la première moitié des années cinquante, à rattraper une formation. Leur volonté de convaincre les Tchèques de leurs propres aptitudes et les idées sur la hiérarchisation sociale des spécialisations professionnelles canalisées par leurs proches parents Tchèques ont aidé les Slovaques de Roumanie à s´orienter rapidement dans la situation et à rechercher des spécialisations socialement attrayantes et bien rémunérées. Or leur formation du moment ne leur permettait choisir qu´un métier ouvrier. L´offre variée d´emplois dans leur commune aussi bien que les possibilités relativement favorables de transports publics allaient dans le sens de leurs aspirations. A la différence de ce qui se passait à Ho__ka, ils se cherchaient un chemin à titre individuel.
bull2.gif (117 octets)  Très tôt, dès la seconde moitié des années cinquante, les jeunes Slovaques de Roumanie ont découvert qu´à travers leur spécialisation, ils étaient à même de s´émanciper de leur groupe. Ils ont pu vérifier que dans un nouveau milieu, c´est précisément la formation professionnelle, quoique pour le moment dans un métier ouvrier, qui leur permettait de vivre non seulement en dehors de leur communauté, mais aussi de bénéficier dans ce nouveau milieu d´un prestige social. Ils optaient donc pour une formation ouvrière dispensée loin de leur commune et qui était souvent aussi éloignée de sa vie économique.
bull2.gif (117 octets)  Ces jeunes ont par la suite transmis à leurs parents - la génération des ouvriers le plus souvent non-qualifiés - leur expérience selon laquelle l´instruction était le moyen pour acquérir le prestige social. Ces derniers ressentaient l´amertume d´avoir été rejetés socialement par leurs voisins tchèques et avaient la volonté de les convaincre de leur propre valeur. C´est pour cela que dès les années soixante, les parents et les frères aînés incitaient les jeunes Slovaques de Roumanie à faire des études secondaires. Avoir des enfants faisant leurs études dans le secondaire était pour la génération des parents une question de prestige social non seulement vis-à-vis des Tchèques, mais aussi au sein de leur propre communauté. L´attitude des jeunes Slovaques envers l´instruction s´est formée par la suite précisément dans cet esprit. Il n´est pas sans intérêt de noter que le choix d´une école secondaire se rapprochait désormais des réalités de la vie économique de la commune. Les jeunes optaient pour les spécialisations qu´ils connaissaient. Cette attitude a fini par entraîner un changement dans la manière dont ils concevaient l´instruction. En effet, l´aspect du prestige social se voyait doublé peu à peu de la vision de l´instruction comme une stratégie souhaitable et nécessaire à l´acquisition d´une spécialisation professionnelle dans un domaine donné.
bull2.gif (117 octets)  La pénétration et la mise à profit rapides du système d´enseignement a donné à la communauté, dans la seconde moitié des années soixante-dix, ses premiers diplômés d´enseignement supérieur issues d´abord des descendants des mariages mixtes (dans lesquels le conjoint tchèque avait tout au plus le baccalauréat). Beaucoup d´entre eux ont opté pour une carrière professionnelle en fonction de l´idée qu´ils se faisaient de leur vie professionnelle future. Il y avait aussi ceux qui, s´identifiant à leurs parents, s´en tenaient aux aspirations sociales de ces derniers.
bull2.gif (117 octets)  Les années quatre-vingt ont vu cette tendance se poursuivre. La communauté des Slovaques de Roumanie et de leurs descendants profitait du système d´enseignement de l´Etat selon les intérêts et les aptitudes de ses membres. Il était de plus en plus évident que les jeunes qui avaient grandi dans la commune recherchaient une telle carrière professionnelle qui leur permette de rester dans cette commune, en renonçant de ce fait à toute possibilité d´insertion dans les structures académiques de la société. Ils manquaient de modèle auquel ils puissent se référer. L´enseignement supérieur n´était pas encore à l´époque orienté vers ses applications dans la pratique agricole, forestière ou industrielle ou dans l´enseignement primaire.
bull2.gif (117 octets)  Dans les deux communes, l´attitude des gens vis-à-vis de l´instruction était fortement influencée par la situatzion sociale. A Ho__ka, le changement intervenu à l´égard de l´instruction avait été provoqué de l´extérieur, du fait de l´initiative de l´Etat de faire accroître le niveau d´instruction de la population. Les jeunes ne trouvaient par conséquent aucun soutien de la part de leurs parents et ils étaient obligés de se chercher eux-mêmes une voie à suivre en fonction des bouleversements de la structure sociale au sein de leur propre communauté. L´instruction est devenu avant tout un moyen pour accéder à une carrière professionnelle. A P_imda, c´est par contre la volonté d´acquérir un certain niveau d´instruction comme une réponse à l´attitude dédaigneuse des voisins tchèques qui l´a emporté. Une rapide orientation dans les possibilités offertes par le système d´enseignement a permis aux deux générations de Slovaques - celles des premiers arrivants et celle de leurs enfants - de consolider leur propre prestige social. C´est au moment où ils ont accédé à des diplômes universitaires que les descendants des Slovaques de Roumanie ont abandonné leur conception de l´instruction comme moyen de hiérarchisation sociale. Ils ont fini par accepter l´instruction comme une question de leur professionalisation personnelle.