Ma recherche fait partie du travail longitudinal du Groupe pragois d´ethnographie de l´école. Mon but est de rassembler le plus d´informations possibles sur la production textuelle des enfants entre 7 et 10 ans. Depuis 5 ans, je recueille les textes scolaires et extrascolaires comme les rédactions, les notes relevées des manuels scolaires et tous les textes extrascolaires.
  Les textes spontanés (extrascolaires) ont souvent les caractéristiques suivantes : d´habitude, ils ne sont pas tres longs, ils sont tres formalisés, d´une élaboration graphique poussée, le genre prédominant étant celui du tableau ou de la liste. Seulement rarement, nous pouvons trouver les textes continus (non découpés) qui soient longs, et encore plus rarement ceux à la vocation littéraire.
  Plusieurs enfants essaient d´écrire des récits ou des contes de feé ; ils commencent à écrire et ils finissent après deux, trois phrases. La minorité des enfants sont capables de mener leur travail jusqu´à un texte narratif accompli.
  La problématique de l´écriture chez les enfants nous pouvons la voir sous plusieurs angles. Dans cette communication, je veux en rappeler surtout deux.
1) Les enfants doivent apprendre aux cours des années beaucoup d´aspects de la culture écrite (entrer progressivement dans la culture écrite), p.e. des procédés divers du traitement des textes écrits.
  Ces procédés et ces connaissances, mieux ces pratiques d´écriture entrent dans les autres taches du développement (réagir aux demandes de l´école, reconnaître les règles dans la famille, penser à l´avenir). C’ est l’écriture qui permet de les exprimer et de réfléchir sur eux, de planifier et d´aborder des problèmes, etc.
2) La socialisation dans le domaine de l´écriture, c´est à dire acceptation des modèles déjà préparés dans la culture écrite, est liée à la construction d’ identité, à la possibilité de s´exprimer aussi dans le cadre de la culture écrite ( dans sa propre écriture).
  Je vais montrer ces deux points de vue dans une écriture, dans un texte littéraire : il s´agit d´un livre de contes de fée, écrit pro domo, a exemplaire unique, par un garçon de CE2 (Jacques).
  Jacques a 9 ans (exactement 9,6 ans quand il écrivait son livre). Son père est technicien, il a une maison d´industrie de constructions mécaniques ; sa maman travaille dans une bibliothèque publique. Jacques a encore deux freres - les jumeaux (4 ans). Toute la famille etait le modèle à plusieurs personnages sur la scène de contes de feé de Jacques.
  Jacques ne fait pas part des meilleurs élèves, il est moyen en mathématiques et en langue maternelle, même dans les rédactions. Son institutrice trouve son lexique bon, elle souligne qu´il a beaucoup lu. Par contre elle lui reproche des inconséquences dans les corrections des textes et une mauvaise forme des cahiers.
  En CM1 Jacques était malade tres longtemps et pendant cette période il écrivait un livre. Le manuscrit contient 22 contes de fées originaux. Jacques écrivait les contes successivement un a un, mais il ne perdait pas de vue le livre en sa totalité.

  Il maintient bien la forme du livre. Sur la couverture du livre (c´est un cahier) nous pouvons lire le titre CONTES DE FÉES et le nom d´auteur „Jaques Petit, CE2“. Sur la première page il y a le sommaire. Toutes les pages son numérotées.
  La forme et le contenu de ces contes de fées imitent plusieurs textes littéraires. Surtout les livres d´enfants des écrivains tchèques tres connus, auteurs de la première moitié du 20-e siècle (Karel Capek, Josef Lada, Onrej Sekora).
  Jacques trouve l´idée du genre textuel tres important ; il en va de même avec tous les enfants de cet âge. Les enfants reconnaissent le genre du texte souvent par les expressions marquées (p.e. par certaines formules dans les contes de fées), par le lexique spécifique ou par la construction syntactique, et ils les utilisent dans leurs propres textes narratifs (les journaux de lecture, les rédactions - les reproductions des contes de fée etc.), pour garder le style.
  Jacques écrit ses récits aussi à l´aide des formules ou des phrases spécifiques pour le genre du conte de fée ; il utilise les formules connues, ou il produit les formules et les phrases originales, dérivées des modèles littéraires.
  Tous les titres sont égaux - le récit sur quelque chose -p.e. Sur la petite famille. Tous les contes commencent de la même manière - Il était une fois - p.e. Il eétait une fois, un papa et une maman. Les formules de la fin sont diverses : Jacques construit souvent les formules comme Alors , il faut être bon enfant maintenant , et nous arrêter la. Fin etc. pour terminer le texte . Il fait aussi les phrases d´ un autre type, p.e. Est- ce que nous n´avons pas oublié nos trois enfants ? Jean, Marie et Luc ? Il nous faut revenir sur eux. Donc, Luc est arrivé et.. celles - ci sont destinées à faire le lien entre des parties du texte diverses et àa renouer l´action d´un récit.
  Les contes de fés de Jacques sont les récits avec la présence de l´auteur marquée. La présence du conteur (narrateur) est forte et elle veut produire l’ illusion que le récit (une action) se passe actuellement, juste en ce moment.
  Le livre de Jacques se développe du premier conte au dernier.
  Le premier conte est presque sans action. Il naît du thème de la littérature, de la décision d´être un écrivain et des craintes du commencement. Le dernier récit, c´ est un conte de fée sérieux, pour de bon, et tres long, avec une multitude de personnages et avec une intrigue riche.
  Le développement progressif du livre je vais l´expliquer au moyen de deux aspects:
a) les personnages principaux
b) les thèmes de récits particuliers et leur développement
  Les personnes dans les contes
  La position de l´auteur - narrateur change. Les contes sont surtout racontés en 3. p. sg. (Il ne parla pas beaucoup.) Nous pouvons trouver aussi des parties racontées en 1.p.pl. (Regardons, mes enfants, à ce qu´il fait). Grâce à ces pratiques les lecteurs sont poussés dans l´action. Nous pouvons trouver aussi les récits dans Ich-forme. Le narrateur ajoute son commentaire, sa réflexion sur sa propre écriture, ou il arrive sur la scène comme un personnage - héros.
  Ces positions de narrateur permetent de faire la réflexion sur les méthodes de l´écriture, de penser l´action, de faire un plan, de signaler a soi-même des problèmes et de les résoudre.
  Dans les contes apparaissent aussi des personnes externes à l´action du récit: ce sont surtout les écrivains. P.e. l´écrivain tcheque, Karel Capek, est nommé dans un conte comme la personne qui est le modèle très important pour l´écriture de Jacques (voire le livre de contes de fée de cet auteur) , mais il est aussi introduit par lui comme le personnage - héros du même récit. La personne de l´écrivain dans la position du héros facilite la tâche d´écriture (pour Jaques) grâce à la situation ou l´écrivain obtient une tache dans le domaine ou il n´est plus le professionnel (Je voudrais voir Karel Capek comme il cherche des champignons dans le bois).
  Autres personnages : nous pouvons trouver dans les contes un père, une mère, un grand-père et une grand-mère, des enfants (des enfants dans une famille, des camarades d´école, des enfants formant un groupe, des enfants comme des lecteurs), des enseignants, des personnes de contes de fées (la princesse, un ondin), des personnes civiles (un président de la république, la police), des animaux (des chiens). Au début du livre, on peut rencontrer les personnes semblables aux personnes les plus importantes pour Jacques (maman, papa, les frères). Avec le temps, le nombre des personnages augmente qui ne sont plus liés aux individus réels du milieu de Jacques.
  Les thèmes dans les contes de fées
  La problématique dans les récits nous montre un rapport entre l’identité et l’écriture chez Jacques. Les contenus de ses contes de fées ont un caractère biographique, mais leur formulation change. Les thèmes vitaux en général sont progressivement succédés par une problématique importante seulement pour Jacques, et finalement par des sujets plutôt intéressants. En liaison avec le contenu change un peu aussi la forme littéraire.
  Les thèmes nous pouvons les classer en trois groupes.
  La première moitié du livre réagit à l´expérience familial de Jacques très fortement. Les textes dans le premier groupe représentent les personnes de la famille. Ils décrivent la structure et l´organisation de la famille ressemblant a la famille de Jacques, et des évènements essentiels (p.e. la naissance de jumeaux ).
  Les textes sont souvent courts et descriptifs, l´action des récits est pauvre (maman fait la cuisine, papa travaille beaucoup, maman attend papa avec joie, papa attend maman avec joie, les enfants peuvent voir papa les soirs seulement).
  Dans le deuxième groupe, il y a des contes avec la problématique de la famille, de l´école, de la société. La relation avec la biographie de Jacques reste, mais n´est pas assez forte et directe comme dans le groupe précédent. Des personnes importantes nous passons aux problèmes importants - l´avenir, le rapport aux parents, les règles dans les institutions, les enfants „méchants“, la responsabilité envers les parents. P.e. le récit „sur un garçon qui a cassé la voiture à papa“.
  Pour la première fois l´école apparaît. Tout d´abord, l´école est présentée comme l´institution ou il faut aller et apprendre en toute circonstance (voila le parallèle avec le récit sur la famille dans le sens de l´institution néccesaire). Dans le récit sur l´école qui était triste un garçon met feu à son école, mais les pompiers éteignent le feu , et ce garçon doit continuer aller à l´école.
  Les contes suivants amènent la problématique des enseignants, des taches scolaires difficiles, du programme scolaire etc. P.e. dans le conte sur un garçon qui ne sait pas lire pas des notes musicales, Jacques présente son expérience (Est-ce que vous souvenez ou vous avez appris les notes? De papa? De maman? Ah, à l´école de musique. Moi aussi. Mais nous avons oublié Jean. Jean qui ne sait pas lire les notes. Mais laissons a coté Jacques, papa et maman Peut être, Jean l´aura appris parfaitement au bout de la semaine).
  Par contre un autre conte Sur les lettres fachées finit autrement . Ici, il faut rappeler des problèmes de Jacques avec sa „mauvaise discipline dans les cahiers“. Jacques écrit sur un garçon qui veut écrire la lettre a monsieur le président et sa lettre est tres laide (Puis ..Luc l´a écrite tres bien, comme moi, peut être mieux que moi. Je ne sais pas. Peut être mieux, peut être pis. Nous n´avons pas beaucoup de temps pour cette chose. Il nous faut revenir sur Luc qui écrivait mal. Mais ce garçon au lieu d´écrire, regardait le football, le hockey sur glace, la compétition de ski etc. Pour qu´il ne soit pas obligé à s´entraîner sur les lettres mauvaises. Fin.)
  La problématique intéressante pour Jacques est tres bien adapté à l´action de récit. Les actions de contes sont souvent complètes (sans des lacunes) et bien développées, une intrigue est nette.
  Les contes de fées du troisième groupe sont plus éloignés de l´expérience biographique de Jacques. Les relations avec sa vie ne sont pas assez claires. Le contenu je le trouve plutôt fantastique, et il porte fortement le caractère de conte de fée, ces personnages aussi. Les textes sont assez longs, plus longs que les récits de début. Il y a plusieurs personnages principaux, il y a des renversements des événements, beaucoup de détails. Les intrigues sont élaborées.
  A mon avis le livre de contes de fées de Jacques nous donne la possibilité de comprendre mieux ce qui sont les enfants de cet age (9 ans) et quelle est leur vie, non seulement leur écriture.