Biennale 5
logo INRP (3488 octets)

L'éducation et le partenairat au Québec

Auteur(s) : SAINT-PIERRE Marjolaine

Lobi89.gif (730 octets)

retour au résumé


bull2.gif (117 octets)   A l’ère de la mondialisation technologique et de la globalisation des marchés, l’éducation à tous les niveaux, du préscolaire à l'universitaire, acquiert une importance des plus justifiées et des plus reconnues par la majorité des pays (OCDE, 1997). Tous les efforts se conjuguent afin de parvenir à des réformes scolaires tant administratives que pédagogiques. Visant la décentralisation des pouvoirs décisionnels et la participation de tous les agents sociaux à l’éducation afin de contrer la lourdeur des administrations publiques, les déficits budgétaires énormes, l’essor des nouvelles technologies, la hausse du taux de chômage et la pauvreté croissante (Leclerc, 1996), les sociétés contemporaines appellent à la participation de tous à la gestion du système éducatif. Ainsi apparaît un nouveau modèle de gestion non plus organique ou mécanique mais plutôt holographique, inscrit dans un esprit de pluralisme politique et de libéralisme social. Plus encore, en matière de gestion, les nouveaux courants précisent l'apport de la co-gestion (Heenan, Bennis, 1999) en tant qu'élément créateur d'une nouvelle culture. On assiste donc à une convergence d'éléments d’où émergent de nouveaux paradigmes organisationnels (Drucker, 1999: 3-39) où la prise de décision en partenariat prend tout son sens.
bull2.gif (117 octets)  Faisant appel au concept de maillage, fréquemment employé dans l'univers informatique, ce type de gestion participative s’inscrit dans un processus d’institutionnalisation national (Crowson, Boyd, Mawhinney ; 1995). Il est de plus soutenu par les organismes internationaux (OCDE : 1997) et porté par un courant international de démocratisation de l’éducation et de solidarité mondiale. Face à l’ampleur de ces mouvements, les gouvernements de la quasi -totalité des pays développés ont dû réviser leurs modes de gestion pour s’orienter vers un modèle centré sur la collaboration, le partenariat et la concertation avec tous les membres de la société. En amorçant un processus de décentralisation des pouvoirs vers les instances locales et régionales, ils misent sur la responsabilisation des acteurs de tous les secteurs d’activités et favorisent un redéploiement des ressources humaines, matérielles et financières vers ces divers niveaux (Bédard-Hô, 1996).
bull2.gif (117 octets)  Inscrit dans ce contexte mondial, l'étude en cours s’inscrit en tant que contribution à la connaissance d'un nouveau mode de gestion axée sur la participation et le concept de co-leadership (Heenan, Bennis,1999)en éducation. Son intérêt réside dans la dimension très contemporaine du processus de partenariat vécu au niveau de l'établissement scolaire. Elle tend donc à enrichir un champ de connaissances encore timide pour tout ce qui touche au concept de partenariat décisionnel en éducation.
bull2.gif (117 octets)  Le Canada souscrit à ce courant de décentralisation et de partenariat; il reconnaît l’incidence qu’a le partage des pouvoirs et des responsabilités sur la résolution de certains problèmes de gestion et de formation que rencontre le système éducatif canadien (OCDE, 1997). Les gouvernements provinciaux, à leur tour reconnaissent une nécessité de clarifier les rôles et les responsabilités des acteurs impliqués dans le domaine scolaire et insèrent le concept d'’imputabilité à tous les niveaux du système scolaire (Bédard-Hô, 1996).,
bull2.gif (117 octets)  Le Québec, inspiré par de multiples courants tant idéologiques que politiques a vécu des transformations majeures principalement au niveau du système éducatif (St-Pierre, 1999). Antérieurement orientée par une pensée cléricale centralisatrice, l'éducation est maintenant mue, et ce depuis 1960, par des mouvements de décentralisation tant au point de vue pédagogiques qu'administratives. Un de ces mouvements, visant la prise en charge de l'établissement scolaire par ses propres acteurs a favorisé en 1997 l'adoption d'une législation (Loi 180) instituant les conseils d'établissement et redéfinissant, de ce fait, les pouvoirs scolaires en les orientant davantage vers la prise de décision locale. L'établissement scolaire assiste donc à une redéfinition de son mode de gestion en terme de partenariat décisionnel scolaire. L'institutionnalisation de ce changement organisationnel en éducation confirme l'émergence du nouveau mode en gestion scolaire au Québec.
bull2.gif (117 octets)  Nouvellement établi dans les écoles québécoises, le conseil d'établissement est une structure administrative décisionnelle locale qui mise sur l'implication scolaire et sur la prise de décision communautaire en éducation (MEQ,1997) dans le respect des savoirs et des expertises de chacun, nécessitant une attitude de dialogue où sur le concept d’empowerment (Blanchard, Carlos, Randolph, 1999) prend tout sons sens. Cette instance a été mise en place à la suite de la réforme scolaire et de l’adoption de la loi 180, laquelle modifiait la loi de l’Instruction publique. Elle établit que les parents, les enseignants, les professionnels de l'éducation, les étudiants, les directions et les membres de la communauté participeront à la gestion de l'établissement scolaire. En reconnaissant et valorisant les compétences de chacun, cette loi favorise fortement un partenariat entre l’équipe-école, la famille-école et l’école-milieu (CSE, 1993, 1998). Ce type de gestion participative est soutenu par les organismes internationaux (OCDE : 1997) ; il est engendré par un courant international de démocratisation de l’éducation. Toutefois, disposant de pouvoirs accrus, les nouvelles instances décisionnelles vivent actuellement certaines tensions quant à l'appropriation de ces nouveaux pouvoirs, une déstabilisation au niveau des rôles antérieurement dévolus aux différents acteurs scolaires et une confusion quant la prise de décision
bull2.gif (117 octets)  Dans ce contexte, que signifie le partenariat décisionnel et en quoi consiste-t-il? La prise de décision en partenariat est un phénomène peu étudié en éducation (recension de 200 articles publiés de 1990 à 1999). Selon Acker et al. (1995), la création du concept de partenariat est liée au rationalisme scientifique et au constructivisme social où la construction de la réalité sociale a lieu par la participation des groupes à l'innovation sociale (Leclerc, 1998). Il se définit en terme de relation entre au moins deux éléments pour l'exécution d'un travail commun selon une vision harmonisée et un partage des risques et des résultats. Il implique chez les partenaires un changement paradigmatique au niveau de la conception du travail d'équipe, du partage du leadership et de la concertation des efforts. Orienté vers l''uniformisation de la mission sur les valeurs communes et de la résolution des conflits tant internes qu'externes, ce nouveau type de gestion permet de considérer des problématiques complexes, d'accroître leur influence politique et de mettre à profit les connaissances et les compétences individuelles tant professionnelles que personnelles. Il nécessite toutefois une vision partagée, la détermination d'une mission propre, la définition des rôles et des responsabilités de chacun et la mise en commun des ressources disponibles. Le partenariat permet, de plus, l'utilisation de la créativité au niveau des solutions proposées par l'accroissement de la communication et la participation d'individus antérieurement moins impliqués socialement.
bull2.gif (117 octets)  On retrouve à la base du partenariat décisionnel le concept de concertation en tant que processus formel de gestion et de coordination partagée par les membres impliqués dans sa poursuite. Dans ce contexte, la concertation engendre une répartition équitable des responsabilités et des mandats entre les partenaires; elle crée un climat organisationnel d'ouverture et d'échange et favorise l'implication active des membres dans le processus de gestion dont la prise de décision, la préparation de l’action et la réalisation d’opérations concertées en constituent les phases essentielles.
bull2.gif (117 octets)  Dans ce courant de décentralisation, le Québec favorise, de fait, l'émergence de la participation parentale et l'institutionnalise de concert avec celle des divers agents scolaires afin de revaloriser la participation communautaire à l'éducation. Parallèlement à la création gouvernementale d'une structure participative communautaire, on assiste à un accroissement de l'implication volontaire des parents à la vie scolaire. Cette proposition est d'ailleurs démontrée par les études décrivant le lien étroit entre la participation parentale à l'école et la réussite scolaire de leurs enfants (Drury, 1999; Riley, 1994; Bajer,1998; Onikama, Hamond, Kobi, 1998). Les parents sont donc dorénavant appelés et légitimés à se prononcer sur le fonctionnement de l'établissement scolaire tant au niveau du projet éducatif que des services éducatifs.
bull2.gif (117 octets)  Ce virage dans la gestion des écoles conduit à une nouvelle répartition des pouvoirs entre les acteurs scolaires où la prise de décision en partenariat impose la collaboration comme mode de gestion des conflits par la volonté de résoudre les problèmes, de confronter les différents et de concevoir les problèmes et les désaccords comme des défis à relever. (Thomas, 1976 cité dans Morgan,1999). Bien que la prise de décision en groupe favorise la créativité individuelle et collective, certaines difficultés sont prévisibles et peuvent être attribuables à des difficultés perceptuelles, culturelles, émotionnelles et intellectuelles (Bergeron, 1995).
bull2.gif (117 octets)  Conclusion
bull2.gif (117 octets)  Le partenariat décisionnel en éducation constitue un mode de gestion en essor au Québec. Il s'insère dans une philosophie de gestion partagée par de nombreux pays préconisant la décentralisation comme étant un processus global et dynamique. Dans le respect des particularités socio-démographiques, le partenariat décisionnel permet de relever les défis particuliers du milieu en offrant à la communauté le pouvoir de décider de leur développement éducatif local. Axé sur la mise en commun des expertises et des savoirs individuels et collectifs, le partenariat décisionnel favorise le consensus dans un univers pluraliste. Ainsi dans un esprit de pluralisme politique et de libéralisme social, l'établissement scolaire assiste à une modification importante de son mode de gestion. En ce sens, les conseils d'établissement représentent le modèle type de ce nouveau paradigme de gestion. Ils permettent en effet aux parents et aux membres de la communauté d'influencer le fonctionnement des établissements scolaires en permettant l'implication sociale et la responsabilisation de tous au développement scolaire et à la réussite éducative. Toutefois disposant de pouvoirs accrus, ces nouvelles instances décisionnelles vivent actuellement certaines tensions quant à l'appropriation de ces nouveaux pouvoirs, une déstabilisation au niveau des rôles antérieurement dévolus aux différents acteurs scolaires et une confusion quant à la prise de décision.
bull2.gif (117 octets)  Bibliographie
bull2.gif (117 octets)  Acker-Hocevar, M. , et al. (1995). Developing an Educational Quality Benchmark System (EQBM):A Partnership in restructuring. Paper presented at the Annual Meeting of the American Educational Research in San Francisco. April 18-22,1995.
bull2.gif (117 octets)  ASSEMBLÉE NATIONALE DU QUÉBEC (1998). Loi sur l’instruction publique (Loi 180). Éditeur officiel du Québec.
bull2.gif (117 octets)  ASSEMBLÉE NATIONALE DU QUÉBEC (1997). Projet de Loi n°180. Loi modifiant la Loi sur l’instruction publique et diverses dispositions législatives. Éditeur officiel du Québec.
bull2.gif (117 octets)  Bergeron, P.C. (1995). La gestion dynamique: concepts, méthodes et applications. Montréal : Gaëtan Morin.
bull2.gif (117 octets)  Blanchard, K., Carlos,J.P., Randolph,A. (1999). The 3 Keys to empowerment. San Francisco :Berret-Koehler Publishers,Inc.
bull2.gif (117 octets)  Boyd ,W.L., Crowson, R.L., Manhinney, H.B. (1996). The Politics of Education and the New Institutionalism. Washington: Falmer Press.
bull2.gif (117 octets)  Comeau, J., Salomon, A., (1994). La participation à l'école : une recherche de sens pour les intervenants. Agence d'Arc, Laval (Québec)
bull2.gif (117 octets)  Commission des États Généraux sur l'Éducation (1996). Partage des pouvoirs et des responsabilités. Éléments de comparaison internationale et canadienne. (Études et analyses; doc. préparé par Francine Bédard-Hô, juin 1996).
bull2.gif (117 octets)  Conseil Supérieur de l'éducation (1993). La gestion de l'éducation : nécessité d'un autre modèle. Rapport annuel 1991-1992 sur l'état et les besoins de l'éducation. Québec.
bull2.gif (117 octets)  Drucker, P. (1999). Management Challenges for the 21th Century. New York: HarperCollins.
bull2.gif (117 octets)  Fédération des comités de parents de la province de Québec (1996). Rapport d'étude sur l'exercice des mandats du comité d'école et du conseil d'orientation. Bibliothèque nationale, QC.
bull2.gif (117 octets)  Fédération des comités de parents de la province de Québec (1997). Progression ou régression de la participation parentale? Résumé du mémoire sur l'avant projet de loi présenté à la commission de l'éducation. Septembre.
bull2.gif (117 octets)  Heenan, D.A., Bennis,W. (1999). Co-Leaders: the Power of great partnerships.New York: John Wiley & Sons, Inc.
bull2.gif (117 octets)  Leclerc, C.(1998). “ Quatre visions du pouvoir dans les groupes restreints ”. Dans Savoie, A.(dir.). Leadership et pouvoir ; équipes et groupes. Collection : Gestion des paradoxes dans les organisations. Tome 4, (p.75-87). Québec : Presses Inter Universitaires; Lausanne, Suisse :Lena Éditions et diffusion.

bull2.gif (117 octets)  MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION DU QUÉBEC (1999). Les conseils d'établissements. Regard sur une première année de fonctionnement. Québec : Gouvernement du Québec.
bull2.gif (117 octets)  MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION DU QUÉBEC (1996). Les États généraux de l’éducation 1995 - 1996: Rénover notre système d'éducation : dix chantiers prioritaires. Rapport final de la Commission de États Généraux sur l'Éducation. Québec : gouvernement du Québec.
bull2.gif (117 octets)  Ministère de l'Éducation DU QUÉBEC (1997). Prendre le virage du succès : plan d’action ministériel pour la réforme de l’éducation. Québec : Gouvernement du Québec.
bull2.gif (117 octets)  MORGAN, G.(1999). Images de l'organisation. Québec : Les Presses de l'Université Laval.
bull2.gif (117 octets)  Onikama, D.-L., Hammond, O.-W., Kobi,S. (1998). Family Involvement in Education: A Synthesis of Reasearch for Pacific Educators. Honolulu : Pacific Resources for Education and Learning.
bull2.gif (117 octets)  Organisation de Coopération et de Développement ÉCONOMIQUE (OCDE), 1997. Les parents partenaires de l'école. Paris : Centre pour la recherche et l'innovation dans l'enseignement.
bull2.gif (117 octets)  Riley, A. (1994) . Parents empowerment : An Idea for the Nineties? Canada: Education-Canada, vol. 34 p.14-20, Fall 1994
bull2.gif (117 octets)  St-Pierre, M. (1999). L'influence des groupes d'intérêt sur le processus d'élaboration de la Loi de l'instruction publique. (thèse de doctorat). Montréal: Université de Montréal.