L’enseignement à distance se développe dans le monde, de par ses caractéristiques, il permet de répondre à la croissance de la demande d’éducation tout en maintenant ou en abaissant les coûts liés à cette croissance. Ainsi du fait de son ouverture (c’est notamment le cas des Open University), de sa flexibilité en termes de temps, de place, de méthode d’apprentissage, l’enseignement à distance attire une population assez hétérogène dans les pays développés. Les centres de télé-enseignement universitaire attirent un public assez large, qui va du simple consommateur (désireux de perfectionner sa culture générale) à celui de l’investisseur en capital humain. L’article étudie les déterminants de la réussite dans les CTU. Il s’agira d’étudier qui sont les étudiants qui réussissent en enseignement à distance et notamment quelles sont les variables qui déterminent la réussite en enseignement à distance supérieur. Une étude a été effectuée auprès de 4 centres de télé-enseignement universitaire. A partir des caractéristiques socio-démographiques et des relations entretenues par les étudiants avec leur CTU respectif, un certain nombre de modèle nous éclairons sur les variables déterminants la réussite.
  A travers une enquête auprès des centres de télé-enseignement universitaire il s’agira pour nous d’identifier la population qui s’inscrit en enseignement à distance supérieur et à partir de là définir les variables déterminantes la réussite des individus en enseignement supérieur.
  Les individus qui s’inscrivent dans les CTU :
  La proportion de femmes est très élevée puisqu’elles représentent près de 71% de la population enquêté. L’âge moyen est de 31 ans, la majorité des individus sont célibataire et sans enfant. L’âge moyen au bac est de 19 ans ce qui ne dénote pas de différence avec les étudiants dits traditionnels. La majorité des étudiants sont des bacheliers littéraires (33%). Les scientifiques sont relégués à la seconde place puisqu’ils ne représentent que 22.9% de la population. Près de 7 étudiants sur 10 font partie de la population active. 65% des salariés font partie de la fonction publique. On notera qu’uniquement 8.6% de la population a un financement de son employeur, ce dernier variant de 30 à 100%
  La majorité des étudiants indiquent que ce sont des contraintes essentiellement personnelles qui les incitent à s’inscrire dans un centre de télé-enseignement universitaire. Dans cette population on distinguera deux types d’étudiants. Les étudiants “ investisseurs ” en éducation qui sont en majorité (66%) et ceux qui sont plutôt “ consommateur ” (34%).
  Les variables qui déterminent la réussite :
  Avant de déterminer quelles sont les variables de la réussite en enseignement à distance, il nous faudra d’abord définir cette notion de réussite dans un premier temps et le choix méthodologique dans un second temps.
  Une définition de la réussite :
  La notion de réussite est multiforme. On imagine qu’un étudiant est en situation de réussite si il parvient à valider une année universitaire (ou scolaire) ou une année sanctionnant un diplôme. La plus part du temps cela signifie que l’étudiant a obtenu au moins 10/20 durant son année d’étude. Cependant pour un étudiant qui passe le concours de médecine le fait d’obtenir au moins 10/20 ne permet pas la réussite, puisque n’auront réussi que les étudiants qui seront dans les 80 premiers et ceci quelque soit la moyenne obtenue. De même dans certains cas les étudiants n’ont pas besoin de valider entièrement leur année (c’est à dire obtenir 10/20 sur l’ensemble de l’année) pour pouvoir accéder en année supérieure. Il suffit que l’étudiant valide un certain nombre de modules pour qu’il puisse accéder à l’année supérieure. Dans ce cas l’étudiant est en situation de réussite (puisqu’il passe en année supérieure) ou en situation d’échec (puisqu’il n’a pas validé entièrement son année et devra passer l’année suivante les modules restants).
  Du fait de la particularité du public des centres de télé-enseignement universitaire par rapport à celui de l’enseignement traditionnel et de la difficulté de donner une définition à cette notion de réussite nous avons décidé de donner la définition suivante de la réussite en enseignement à distance.
  Le choix méthodologique
  La réussite en enseignement à distance a été déterminée de la manière suivante :
- Dans le premier modèle nous analyserons les variables qui influent sur la réussite d'au moins un module
- Dans le second modèle nous analyserons les variables qui influent sur la réussite d'au moins deux modules
- Dans le troisième modèle nous analyserons les variables qui influent sur la réussite d'au moins trois modules
- Dans le quatrième modèle nous analyserons les variables qui influent sur la réussite d'au moins quatre modules
- Dans le cinquième modèle nous analyserons les variables qui influent sur la réussite d'au moins cinq modules
- Dans le sixième modèle nous analyserons les variables qui influent sur la réussite de l'année
  On notera que le choix de cette notion de réussite a été aussi motivée par le fait qu’il nous a pas été possible de contrôler l’ancienneté des étudiants dans le dispositif.
  A partir de cette définition nous chercherons donc à définir les variables déterminant la réussite. Nous tenterons de voire si l’étudiant “ type ” qui réussit au moins un module est le même que celui qui en réussit au moins deux, au moins trois, au moins quatre, au moins cinq ou celui qui valide totalement son année.
  L’étude sur la réussite se fera sur un échantillon de 626 individus, pour lesquelles sont réunis un certain nombre de variables telles que les caractéristiques socio-démographiques, les conditions d'études, les caractéristiques scolaires ainsi que les résultats en fin d'année. (modèles 1,2,3,4,5,6).
  Ces études se feront à partir d’un modèle logistique où la variable observée “ réussite ” aux différents modules sera matérialisée par 1 si il y a réussite et par 0 en cas d’échec.
  Tableau 1 : Récapitulatif

Variable explicative	Modèle1	Modèle2	Modèle3	Modèle4	Modèle5	Modèle6	Variables significatives dans l’ensemble des modèles
Fille       marié   Avoir moins de 25 ans   Avoir entre 25 et 30 ans	(-)       (-)     (-)     (-)	(-)       (-)     ns     ns	(-)       (-)     ns     ns	(-)       (-)     ns     ns	(-)       (-)     ns     ns	(-)       (-)     ns     ns	(-)       (-)     ns     ns
Avoir 18 ans au bac   Bac économique   Bac scientifique   Avoir fait des études supérieures	(+)       (+)     (+)   (+)	ns       (+)     (+)   ns	ns       (+)     (+)   ns	(+)       (+)     (+)   ns	ns       (+)     (+)   ns	(+)       (+)     (+)   ns	ns       (+)     (+)   ns
Objectif personnel	(-)	ns	(-)	ns	(-)	(-)	ns
Raison liée à l’université	(+)	(+)	(+)	(+)	(+)	(+)	(+)

*: variable significative
ns : variable non significative
  Conclusion sur cette étude sur la réussite :
  Les variables qui déterminent la réussite sont les variables qui sont significatives dans les 6 modèles. On retrouve donc la variable sexe, statut matrimonial, les raisons de l’inscription à l’université et la série du baccalauréat.
  Les filles ont d’après les modèles une probabilité moindre de réussir que les garçons
  Le fait d’être marié diminue la probabilité de réussir
  Le fait de s’être inscrit pour cause de contraintes universitaires (coût de l’université, pas de place à l’université) augmentent la probabilité de réussir par rapport aux étudiants invoquant des raisons plus personnel (professionnelles ou familiales).
  Le fait d’avoir un bac scientifique ou économique est déterminant pour la réussite au CTU
  On notera cependant que certaines variables ne sont significatives que dans certains modèles et pas dans d’autres. C’est notamment le cas de la variable “ objectif de l’inscription ” qui est significative dans le modèle 1,3,5 et 6. Ce que l’on peut dire c’est que cette variable est tout de même déterminante pour la réussite. Elle est présente dans les modèles 5 et 6 là où la réussite a été définit de façon plus restrictive. Ainsi un individu qui a un objectif personnel a une probabilité toutes choses égales par ailleurs de -7.4% (dans le modèles 5) de réussir par rapport à l’étudiant qui a un objectif professionnel et une probabilité de -7.7% de réussir par rapport à l’autre étudiant sans objectif personnel (dans le modèle 6).
  La variable avoir eu son bac à 18 ans (ne pas avoir redoublé jusqu’au bac) est significative dans 3 modèles et notamment dans les modèles 1,4 et 6. Cette variable influe sur la réussite de manière non stable, mais il semblerait que plus la notion de réussite est restrictive plus cette variable est significative. On notera que la variable âge n’est significative que dans le premier modèle. Moins on est âgé plus la probabilité de réussir au moins un module est faible. Cette variable joue plus dans les autres modèles. Le fait d’avoir un diplôme du supérieur n’influe la réussite que dans le premier modèle et ne joue plus dans les autres modèles.
  Les variables déterminant la réussite sont d’autant plus intéressantes qu’elles nous incitent à penser que ce sont à la fois les individus qui sont motivés par des objectifs professionnels mais aussi ceux qui ont le plus souvent un profil d’étudiant classique qui réussissent le mieux.