Biennale 5
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L’action humanitaire comme vecteur de cohésion sociale, de cohérence éducative et de partage d’expériences

Auteur(s) : PREVIDENTE Jean-Paul

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bull2.gif (117 octets)   Lorsqu’un jeune est confronté à un problème d’orientation scolaire ou professionnelle, son interlocuteur, acteur du système éducatif français, lui propose très souvent une seule alternative qui se résume soit en une poursuite d’études, soit en une recherche de qualification professionnelle à court terme. La première proposition est suggérée à des scolaires dont le niveau de connaissances est satisfaisant, tandis que la seconde s’impose très souvent à des collégiens ou des lycéens en difficulté scolaire, de compréhension, de lecture, etc… L’approche même de la personne chargée de l’orientation est soumise à sa propre culture et il n’est pas rare que les pistes de recherche pour les élèves dont elle a la responsabilité correspondent à ses propres valeurs sociales établies selon le rapport études/réussite ou apprentissage/échec. On ne peut que regretter que de tels choix soient formulés si tôt dans l’existence des individus qui se trouvent face à une évolution toute tracée, sans même avoir pu émettre la moindre attention ou le moindre souhait personnel.
bull2.gif (117 octets)  Cette séparation culturelle est confortée par l’appartenance à deux mondes différents : celui “ douillet ” et parfois confortable du jeune en phase d’apprentissage intellectuel, et celui plus “ rude ” et plus agressif du salarié en formation empirique “ sur le tas ”.
bull2.gif (117 octets)  Forts de ces constats, des responsables de deux structures d’éducation et formation aussi différentes qu’un lycée classique et qu’un centre de formation d’apprentis du bâtiment se sont interrogés pour tenter de réduire, voire de supprimer la rupture observée et programmée entre ces deux mondes. Leur aspiration commune semblait d’autant plus évidente que chacun, de son côté, conduisait une action identique à celle de l’autre. Les lycéens, par le biais de leur propre association “ Tivoli sans frontières ” réalisaient depuis quelques années déjà des chantiers humanitaires des pays du tiers monde, durant leurs vacances scolaires, sous la conduite de leurs professeurs. Les apprentis, sous la conduite de leurs formateurs, participaient pour leur part à d’autres chantiers humanitaires, sur leur temps de formation en centre et sur leur temps de travail, après une négociation systématique entre le centre de formation et les entreprises. Si les premiers découvraient un univers professionnel qu’ils ne connaissaient pas, il était possible pour les seconds de mettre en œuvre des compétences et des responsabilités que leur tuteur d’entreprise ne les autorisait pas systématiquement à développer.
bull2.gif (117 octets)  L’idée d’assurer une formation aux lycéens par des apprentis a germé rapidement, pour contribuer ensuite à organiser des actions communes. Aussi, a-t-il été décidé d’organiser des séquences de formation aux métiers du bâtiment durant des samedis dans les locaux du centre de formation d’apprentis. Cette phase très pratique d’apprentissage entrait parfaitement dans la préparation des chantiers prévus en Afrique. D’autres moments de préparation ont été organisés chez les lycéens pour appréhender toutes les difficultés d’organisation et d’intendance liées aux projets à réaliser.
bull2.gif (117 octets)  Les deux missions déjà effectuées sur le terrain ont permis d’établir que la fusion des jeunes d’origine différente était complète et bien malines sont les personnes extérieures capables, à la seule observation, de déterminer qui appartient au groupe de lycéens ou à celui des apprentis. Cette osmose dépasse largement le cadre de la conduite de projets puisque, à chaque retour, et après l’euphorie du bilan, les relations nouées auparavant persistent et se renforcent.
bull2.gif (117 octets)  Les apprentis participent activement aux opérations menées par les lycéens, dans le cadre de leur institution. A l’inverse, ceux-ci se sentent concernés par tout ce qui se passe au centre de formation et dans l’entreprise de chaque apprenti. En outre, on assiste à un partage complet des loisirs de tous types (culturels, artistiques et/ou sorties). Les formateurs de CFA perçoivent nettement l’évolution des jeunes apprentis ayant participé au projet et leur ouverture d’esprit n’est pas sans susciter quelques commentaires.
bull2.gif (117 octets)  Sans doute sera-t-il judicieux d’attendre une troisième mission prévue en décembre 2000 ou en février 2001 pour asseoir définitivement cette nouvelle relation, par le biais d’une association inter-établissement gérée par les acteurs eux-mêmes.
bull2.gif (117 octets)  Une telle observation incite à la réflexion :
ne serait-il pas pertinent de tenter d’étudier la manière de décloisonner les systèmes éducatifs, pour éviter les phénomènes d’exclusion culturelle, professionnelle et sociale ?
n’est-il pas nécessaire, avant de répondre à cette première question, d’envisager le décloisonnement également des “ statuts ” de ceux qui ont en charge la formation et l’éducation de ces publics ? Trop de jeunes ne font que reproduire les schémas qui leur sont inculqués par les professeurs ou les formateurs.
bull2.gif (117 octets)  Quelles sont les actions possibles à mettre en œuvre au quotidien pour arriver à un résultat similaire à celui obtenu par le biais de l’action humanitaire ?
bull2.gif (117 octets)  L’ensemble de ces questions ne peut à notre sens trouver de réponse sans un échange important entre tous les acteurs du système éducatif. Nos propres réponses nous semblent bien trop réductrices pour être développées plus longtemps. Notre seul souci demeure l’enrichissement de la recherche sous réserve qu’elle nous conduise à une véritable action sur le terrain, car pour nous, réflexion et pragmatisme sont indissociables pour contribuer à la réussite des populations dont nous avons la charge.