Au cours de la dernière décennie, de nombreux efforts ont été déployés par l’État québécois pour initier des liens et favoriser un rapprochement entre l’éducation et la culture, plus particulièrement entre les instituions scolaires et muséales. L’État positionne le système d’éducation au cœur de sa mission culturelle (Audet & Saint-Pierre, 1997). D’ailleurs, le premier ministre Bouchard l’a bien indiqué dès son entrée en poste lorsqu’il a présenté l’éducation et la culture comme “ un couple indissociable à mettre au centre de l’activité gouvernementale. ”
  Cette volonté de créer un contexte favorable d’échanges entre le domaine de l’éducation et de la culture ne s’était pas manifestée aussi clairement depuis l’adoption de la politique culturelle de 1992 qui faisait de l’école la voie privilégiée d’accès à la culture.
  Le contexte est donc propice à des changements touchant cette question. [Le rapprochement entre l’école et la culture, notamment les musées] Cependant, il invite en même temps à une réflexion plus approfondie, réflexion à laquelle les acteurs concernés et les milieux intellectuels ont intérêt à participer. [Ce sont les auteurs de ce présent rapport qui place le texte en caractère gras] Car, si l’idée de rendre l’école plus culturelle semble rallier beaucoup d’interlocuteurs, il y a eu jusqu’ici peu d’occasions de véritable débat sur ce sujet. En outre, bien des questions sur le lien entre l’éducation et la culture persistent et demandent d’être examinés de plus près. (Audet & Saint-Pierre, 1997)
  Conjuguant la volonté politique et la nécessité de réfléchir par quel(s) moyen(s) il faut créer et maintenir des liens entre l’école et le musée, le Groupe de recherche sur l’éducation et les musées (GREM) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) avec l’appui du ministère de la Culture et des Communications a proposé à la Famille de l’éducation de l’UQAM un projet école-musée qui s’inscrit dans la formation des futurs enseignants. Le projet cherche des voies novatrices pour inciter les enseignants à inscrire la visite au musée comme une opportunité pour les élèves d’accéder à la culture.
  Le projet école-musée s'inscrit dans un stage de formation qui veut amener l'étudiant, rappelons-le : " [...] à consolider ses acquis, à expérimenter une démarche de prise en charge de la classe et à poursuivre son cheminement de formation". Le présent projet, à cette occasion, vise plus spécifiquement à initier les futurs maîtres à la problématique de l'éducation muséale c'est-à-dire à l'utilisation de la visite au musée considérée comme faisant partie d'une démarche pédagogique. Cet objectif a été atteint. Les stagiaires ont vécu une expérience qui leur a permis de prendre en charge une activité muséo-scolaire et de se rendre compte que le musée peut s'intégrer à la vie de la classe à la fois comme lieu et comme stratégie d'apprentissage. À cet égard, il importe de référer à un modèle didactique qui permet de planifier l'action pédagogique. Armé d'un tel bagage, les stagiaires ont, en plus de parfaire leur formation, contribué à la formation continue des enseignants en poste. Voilà, à notre avis, une façon de procéder qui permet aux écoles de profiter de la venue parmi eux de stagiaires. Dans cette perspective, l'école et l'université s'entraident. Les stagiaires deviennent des intermédiaires qui peuvent disséminer dans le milieu le fruit de travaux de recherche qui autrement demeurerait lettre morte ou du moins prendrait beaucoup plus de temps à rejoindre le milieu scolaire. Voilà, l'une des conséquences directes de ce projet.
  Le projet école-musée éclaire aussi sur les conditions que doit remplir un programme éducatif préparé par un musée. En plus de rejoindre les objectifs des programmes d'études, il doit proposer des activités de préparation, solliciter tous les sens des enfants, favoriser leur activité et surtout ne pas se limiter aux pratiques pédagogiques de la salle de classe. Enfin, la visite au musée doit être considérée comme un moyen de déclencher une activité. À cet égard, il est important de suggérer des activités de prolongement qui favorisent à l'école la poursuite du processus d'apprentissage enclenché au musée. Voilà, une approche que les musées doivent mettre en œuvre s'ils veulent continuer à attirer ou, encore augmenter leur clientèle scolaire.
  On peut s'interroger sur le fait qu'aucune stagiaire, en accord sans doute avec les titulaires de classe, n'aie choisi de réaliser sa visite dans un musée d'art. Cette situation devrait susciter quelques interrogations d'autant que les plus récentes statistiques sur la fréquentation des musées par des groupes scolaires dévoilent que les musées d'art sont en perte de vitesse. Comment expliquer cette situation? Il faudrait, à notre avis, pousser plus avant l'investigation. Il apparaît que, trop souvent, bon nombre de musées d'art se limitent encore à une visite de style magistral et guidé, inspirée de la visite proposée aux adultes. La visite au musée ne correspond alors ni par son contenu, ni par les moyens mis en œuvre, aux attentes et aux besoins d'une clientèle scolaire.
À la décharge des musées, il convient de souligner aussi que les arts occupent une portion de plus en plus congrue du tableau horaire des écoles. L'importance accordée aux matières dites de base (ou primaires) semblent se réaliser aux dépens des autres, dites secondaires, dont les arts. Dans cette perspective, il faudrait élaborer des programmes éducatifs intégrant la visite aux musées d'art avec les autres matières inscrites au curriculum. Une stagiaire a bien expliqué comment la visite au musée peut contribuer à l'intégration des matières (n°7 p. 12). À notre avis, ces pistes mériteraient d'être explorées plus avant.
  Le projet école-musée, en plus de contribuer à la formation de futures enseignantes, a permis de mieux cerner comment la collaboration entre les écoles et les musées peut se réaliser. Il permet aussi de dégager les conditions à respecter pour s'assurer que le partenariat soit profitable à l'un et à l'autre. En définitive, ce projet apparaît comme un exemple de collaboration entre les écoles, les musées et l'université.

ref : rapport statistique du Ministère de la Culture et des Communications La clientèle scolaire dans les musées subventionnés de 1993-1994 à 1995-1996 indique que “ Les musées d’art et les musées pluridisciplinaires reçoivent en moyenne moins de visiteurs, au total et provenant du milieu scolaire, que les autres genres d’institution [sic]. ”