Biennale 5
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Education familiale et développement local

Auteur(s) : LECOUVET Catherine

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bull2.gif (117 octets)   Depuis novembre 1998, sont créées dans 9 communes wallonnes des Cellules d’Education Familiale (CEF), grâce à une initiative du Ministère des Affaires intérieures et de la fonction publique de la Région Wallonne, avec le soutien et l’accompagnement du C.E.R.I.S. - Centre de Recherche et d’Innovation en Sociopédagogie familiale et scolaire, dirigé par le professeur J.-P. Pourtois de l’Université de Mons-Hainaut - sous la forme d’une formation continuée dispensée auprès de l’agent communal désigné pour l’intervention.
bull2.gif (117 octets)  Les Cellules d’Education Familiale sont “ des espaces de réflexion, de discussions, de production, d’échanges d’expériences et de paroles pour les parents ”. Ces lieux de formation sont implantés en accord avec les projets développés dans le cadre des Plans Sociaux Intégrés.
bull2.gif (117 octets)  L’objectif poursuivi se situe dans une perspective socio-pédagogique et consiste à faire prendre conscience aux parents de leur rôle et de leur potentiel éducatif en les sensibilisant au fait que certaines conditions de développement et d’apprentissage sont plus favorables que d’autres.
bull2.gif (117 octets)  Le support méthodologique est composé d’une mallette pédagogique d’éducation parentale, outil élaboré par le CERIS, à partir d’un référent théorique : le paradigme des douze besoins psychopédagogiques. Ce modèle offre un cadre permettant d’expliquer, de comprendre le développement de l’enfant, et plus généralement celui de l’homme.
bull2.gif (117 octets)  Au niveau de l’approche, l’intervenant auprès des familles est amené à agir dans un certain contexte : pour reprendre les termes de Bouchard, il ne se positionne pas en tant qu’expert étant seul détenteur d’un savoir - relation qui aurait pour conséquence de favoriser une dépendance des familles envers un service - mais comme un guide (interdépendance) voire comme un partenaire (indépendance des familles).
bull2.gif (117 octets)  Le postulat de base de ces interventions socio-éducatives à l’intention des familles est que l’environnement familial constitue la première influence que subit le jeune enfant : quelle que soit la forme de la famille, c’est d’abord en son sein que se jouent les premières interactions et les premiers apprentissages. En ce sens, l’environnement familial - et plus particulièrement les pratiques éducatives des parents - influence le développement de l’enfant, sa trajectoire scolaire et son intégration sociale.
bull2.gif (117 octets)  Modalités de développement du projet dans le cadre communal
bull2.gif (117 octets)  Modalités politiques
bull2.gif (117 octets)  Depuis 1991, l’Administration Communale d’Estinnes mène une vaste politique de prévention par la participation citoyenne. Ce fonctionnement participatif est un véritable leitmotiv : il dirige toute action communale et a permis au fil du temps la constitution de structures dénommées Collectifs, réunissant administrés et administrateurs autour de problématiques ou thématiques communes d’intérêt général, partant ou pas d’une demande citoyenne.
bull2.gif (117 octets)  Le Collectif Education familiale
bull2.gif (117 octets)  En mars 1999, dans un souci de cohérence par rapport à cette logique participative et afin de renforcer les activités communales existantes, la commune a constitué un Collectif d’Education Familiale, au départ de l’opportunité offerte par la Région Wallonne, en invitant les acteurs locaux à y participer. Ce groupe de réflexion est composé de citoyens bénévoles ou professionnels gravitant autour de la petite enfance ainsi que d’agents d’intervention communaux. Ensemble, les différents membres sont amenés à débattre publiquement des besoins et demandes locales en matière de politique familiale.
bull2.gif (117 octets)  De façon générale, la structure collective donne aux citoyens l’opportunité de participer à la gestion publique : chaque membre est ainsi invité à dépasser son intérêt individuel et à s’intéresser à l’intérêt collectif, ici plus particulièrement en matière d’éducation familiale.
bull2.gif (117 octets)  Les membres du Collectif, sur base de leurs concertations, sont amenés à faire des propositions d’actions aux élus notamment sur base des opportunités présentes sur le terrain. Une fois examinées, celles-ci peuvent alors devenir des décisions et être mises en œuvre par les intervenants de terrain. Le rôle du Collectif consiste en outre à prendre connaissance des actions menées sur le terrain.
bull2.gif (117 octets)  L’examen de la faisabilité du projet proposé par la Région Wallonne et les diverses concertations ont permis de déboucher sur deux types de concrétisations :
bull2.gif (117 octets)  D’une part, deux partenariats ont pu être créés via deux structures existantes :
bull2.gif (117 octets)  L’ONE (Office de la Naissance et de l’Enfance), avec la collaboration de deux TMS.
bull2.gif (117 octets)  Une école maternelle de l’entité, avec la collaboration de deux institutrices maternelles.
bull2.gif (117 octets)  D’autre part, une école des devoirs verra le jour prochainement. Celle-ci fournira de nouvelles possibilités de rencontres pour les enfants et les parents, tout en poursuivant une action destinée aux populations les plus défavorisées.
bull2.gif (117 octets)  Les partenariats avec la commune
bull2.gif (117 octets)  Comme signalé plus haut, la structure collective est un espace de débat entre professionnels, bénévoles et agents communaux. Suite aux concertations organisées, certains d’entre eux ont souhaité se mobiliser au-delà de l’aspect réflexion qu’offre le Collectif : du statut de membre, ils sont devenus de véritables partenaires en s’engageant dans des actions concrètes afin d’implanter les CEF.
bull2.gif (117 octets)  Des conventions partenariales ont été rédigées afin de formaliser les engagements de chacun et établir la relation qui lie les partenaires et l’agent d’intervention communal, sachant, comme le signale Bouchard , que toute structure partenariale implique que les différentes parties partagent à la fois leurs savoirs, leurs savoirs-faire et les décisions à prendre. Le rapport qui les unit est un rapport d’égalité caractérisé par une reconnaissance réciproque des compétences de chacun. Pratiquement, cela commence la reconnaissance de l’existence du passé de la structure dans laquelle le projet s’insère : l’agent communal n’arrive pas sur un terrain vierge, dans le sens où des actions ont déjà été menées précédemment et poursuivaient des objectifs qui allaient dans le même sens que ceux développés dans les CEF (prise en compte d’un contexte porteur) . C’est d’ailleurs l’existence de ce passé qui peut expliquer la motivation, la mobilisation et l’intérêt des partenaires.
bull2.gif (117 octets)  La concertation entre les parties, qu’elle soit formelle ou informelle est une des modalités importantes du partenariat. Les réunions de concertation ont débuté en avril 1999 et avaient pour but de :
bull2.gif (117 octets)  Définir et négocier des activités socio-éducatives, afin qu’elles rencontrent les demandes des parents tout en s’inscrivant dans le contexte de la structure partenariale ;
bull2.gif (117 octets)  Définir et négocier les rôles de chacun dans les interventions socio-éducatives ;
bull2.gif (117 octets)  Evaluer les actions et tracer de nouvelles perspectives.
bull2.gif (117 octets)  De façon générale, le fonctionnement participatif et partenarial tel que décrit facilite le décloisonnement entre les professionnels et les services. Il permet une cohérence dans le soutien offert aux familles. Dans ce cadre, le rôle de l’agent communal intervenant sur le terrain de l’école et de l’ONE se définit dans un espace de médiation. Il remplit une fonction-relais :
bull2.gif (117 octets)  Un rôle de relais-éducatif, l’objectif principal du projet étant de soutenir les parents dans leur fonction éducative ;
bull2.gif (117 octets)  Un rôle de relais-social, les contacts avec les parents mettant parfois en évidence des problématiques familiales plus complexes. Le rôle des partenaires - TMS et institutrices maternelles - et de l’agent communal étant, à ce niveau, d’offrir un soutien, un accompagnement lors de la réorientation de la famille vers les services compétents.
bull2.gif (117 octets)  Modalités pratiques
bull2.gif (117 octets)  Dans les deux partenariats, la mise en pratique du projet des CEF a nécessité l’existence d’un processus de familiarisation entre parents, partenaires, intervenant local et structure. Ce moment s’est concrétisé par la présence systématique de l’intervenant local dans les lieux de présence des parents, au sein des deux structures, à savoir :
bull2.gif (117 octets)  Dans l’école maternelle, tous les matins durant l’accueil des parents et des enfants.
bull2.gif (117 octets)  Au sein des consultations de nourrissons, trois fois par mois, durant le temps d’attente des parents et des enfants.
bull2.gif (117 octets)  Outre le fait que ces moments ont été l’occasion de nombreux contacts avec les familles, ils ont également permis à l’intervenant d’observer le terrain et d’appréhender les demandes des familles couplées à celles des partenaires.
bull2.gif (117 octets)  Le partenariat ONE/Commune
bull2.gif (117 octets)  En ce qui concerne le partenariat ONE/Commune, les deux infirmières sociales de l’ONE étaient particulièrement intéressées par la poursuite, comme par le passé, d’actions socio-éducatives en direction des familles, prolongement de leur travail de terrain.
bull2.gif (117 octets)  La première démarche qu’elles ont souhaité entreprendre était l’amélioration, pour les enfants comme pour les parents, de l’accueil mais aussi du temps d’attente, en apportant une attention toute particulière aux jeunes mamans. La présence de l’intervenant communal auprès d’une des deux TMS en salle d’attente, ainsi que l’aménagement des locaux (remise à neuf et conception d’un coin jeu pour les enfants) ont permis d’offrir aux familles un accueil plus personnalisé, mais aussi plus authentique et plus convivial.
bull2.gif (117 octets)  La seconde démarche, dans le prolongement de la première, consistait à sensibiliser et informer les familles sur des thèmes en rapport avec l’éducation de leur enfant. Ces thèmes pouvaient provenir soit de questionnements entendus en salle d’attente (Est-ce normal qu’il ne s’intéresse pas à sa petite sœur qui vient de naître ? Il a 3 ans et se réveille toutes les nuits pour que je lui donne à boire, que puis-je faire ? Il obéit à son père mais pas à moi, que puis-je faire ? Etc.), soit des TMS elles-mêmes, parce qu’elles estimaient important d’informer les familles à ce sujet.
bull2.gif (117 octets)  Jusqu’à présent, différentes actions ont pu être entreprises :
bull2.gif (117 octets)  La rédaction de petits articles que les parents peuvent emporter chez eux, à partir des thèmes qui les préoccupent.
bull2.gif (117 octets)  L’affichage d’articles provenant de diverses revues.
bull2.gif (117 octets)  Des échanges individuels ou en petits groupes (maximum 4 personnes) entre parents et intervenant de terrain.
bull2.gif (117 octets)  Une animation thématique sur l’alimentation durant laquelle des échanges entre parents ont pu se formaliser, la difficulté principale étant de concevoir des supports déclencheurs d’échanges entre parents.
bull2.gif (117 octets)  Le partenariat Ecole/Commune
bull2.gif (117 octets)  En ce qui concerne le partenariat Ecole/Commune, les deux institutrices maternelles se sont montrées intéressées par le projet des CEF en y voyant la possibilité de concrétiser leur désir d’impliquer davantage les parents dans la scolarité de leurs enfants. Elles souhaitaient plus particulièrement :
bull2.gif (117 octets)  Du point de vue des relations entre l’école et les familles : trouver de nouveaux moyens pour favoriser le lien, la communication.
bull2.gif (117 octets)  D’un point de vue éducatif : sensibiliser les parents à l’importance des apprentissages que leur enfant réalise en classe maternelle.
bull2.gif (117 octets)  Avant la mise en place des CEF, des contacts école/famille s’étaient déjà concrétisés :
bull2.gif (117 octets)  Organisation de l’accueil du matin de façon à être présentes à tour de rôle durant une demi-heure.
bull2.gif (117 octets)  Conception d’un cahier de liaison.
bull2.gif (117 octets)  La création des CEF a permis, jusqu’à présent, la mise en place de deux réunions des parents dans l’école, à la fin de chaque trimestre depuis le début du projet (Juin 1999 et Décembre 1999).
bull2.gif (117 octets)  Partant du constat qu’il n’était pas aisé de faire venir les parents dans l’école, parce que chaque parent a son propre vécu scolaire et son propre mode d’approche de l’école, il a semblé important d’organiser ces rencontres de manière souple, c’est-à-dire en laissant aux familles la possibilité de participer à des niveaux différents, mais aussi de manière différente. C’est la raison pour laquelle, chaque rencontre était caractérisée par une même succession de plusieurs moments-clés :
bull2.gif (117 octets)  Premièrement, de façon collective, les parents avaient l’occasion de découvrir l’un ou l’autre aspect de la vie de la classe (organisation, méthodologie, apprentissages, etc.) à partir de supports différents :
bull2.gif (117 octets)  Un film vidéo sur le thème “ Ma journée en maternelle ” montrant les enfants à travers différentes activités qui rythment leur journée
bull2.gif (117 octets)  Une exposition sur le thème des collations composée de panneaux regroupant des travaux d’enfants et de panneaux illustrant, à partir de photos, les apprentissages - en terme de savoir, savoir-faire et savoir-être - que réalise l’enfant en préparant lui-même les collations à l’école.
bull2.gif (117 octets)  Deuxièmement, un échange pouvait avoir lieu entre les parents quant à ce qu’ils venaient de découvrir.
bull2.gif (117 octets)  Troisièmement, individuellement, les parents qui le souhaitaient avaient la possibilité de rencontrer les institutrices maternelles pour aborder plus particulièrement l’évolution de leur enfant.
bull2.gif (117 octets)  L’impact du projet
bull2.gif (117 octets)  Bien qu’une évaluation des CEF ne soit pas encore systématisée, mais envisagée et ce, aux différents niveaux de son fonctionnement (politique et pratique), nous pouvons néanmoins réaliser les constats suivants :
bull2.gif (117 octets)  Dans le cadre de l’école, il semble que le projet, toutes articulations comprises, soit de nature non seulement à diversifier les contacts école/famille, mais également à les faciliter et les approfondir. Il aide les parents à mieux connaître l’école - sa vie, son fonctionnement - et à développer une attitude coopérative vis-à-vis d’elle. Il les amène à réfléchir sur leur rôle et sur celui de l’école dans la transmission des savoirs.
bull2.gif (117 octets)  Durant les différents moments de présence des familles dans l’école ou aux consultations des nourrissons, les parents ont la possibilité de s’exprimer sur divers sujets. Grâce à l’écoute et à l’accueil (au sens large) qui leur sont offerts - qu’ils viennent d’autres parents, des partenaires ou encore de l’agent communal - ils peuvent se sentir entendus et reconnus dans leurs spécificités, avec tout l’individualisme et le particularisme que cela comporte. Une fois acquis ce sentiment d’être entendus, ils peuvent alors prendre du recul et éventuellement avoir un regard critique, positif ou négatif, sur leurs pratiques éducatives et anticiper leurs pratiques futures.
bull2.gif (117 octets)  La difficulté principale étant de mobiliser les parents, il s’agit de déployer toute une série de moyens de nature à motiver une démarche de leur part.
bull2.gif (117 octets)  Comme signalé précédemment, l’articulation des intervenants ainsi que la prise en compte et la reconnaissance de leurs démarches socio-éducatives envers les familles, sont deux éléments essentiels garantissant, au niveau relationnel, le respect mutuel des compétences de chacun, condition nécessaire mais non suffisante du fonctionnement du partenarial.