Mots clefs: carrière, formation, enseignant universitaire, monde du travail, production du savoir
  Les premières questions
  Notre communication abordera les résultats d'une recherche qui est inscrite dans un cadre inter-institutionnelle depuis 1998 et intègre trois universités (UFSM; PUC -RS, UNICRUZ) à l'intérieur du pays dans le sud du Brésil. L'objectif de cette recherche est celui de réfléchir sur la pratique des enseignants universitaires et son rapport avec leur formation afin de voir plus clair les changements qui ont eu lieu dans le monde du travail et dans les rapports socio-professionnels en fin de siècle.
  Notre choix sur les enseignants universitaires responsables par la formation des étudiants en licence est dû au fait que d'une façon paradoxale ils sont formateurs mais au même temps sans aucune formation spécifique. Les questions que nous nous sommes posées dès le début sont : qui les forment ? Comment ils font pour s'en sortir ? Et comment ils construisent leurs représentations de ce savoir faire ?
  Nous partons du principe que prendre une position historique pour traiter la production du savoir fait en sorte que le processus de sa production et de ce qui en résulte constitue l'histoire d'une société et notre propre histoire. Donc connaître l'autre implique un retour sur soi-même en tant que formateur et enseignant universitaire.
  Les résultats auxquels nous sommes parvenues jusqu'à présent et que nous pouvons annoncer pour commencer à amorcer un dialogue pour cette Biennale, sont :
- l'université a pour but de transmettre le savoir hautement spécialisé et l'association entre enseignants et recherche est constitutive et alimentée par des résultats des recherches des professeurs et ainsi assurer la transmission de connaissances;
- les enseignants se forment dans des micro-disciplines sans avoir jamais fait des rapports entre elles et surtout avec leur pratique;
- cet "allant de soi" de l'acte d'apprendre et enseigner que l'enseignant est censé savoir tout au début de sa carrière à travers son stage pédagogique et après tout au long de celle-ci le rend incapable de réfléchir sur sa propre expérience aussi bien que celle de l'autre.
  Les premières ébauches
  Parmi les nombreux changements: politiques, sociaux, éducatifs, technologiques que nous sommes en train de subir dans l'évolution et la strucuturation dans la société brésilienne, ceux liés à l'émergence des changements dans les discours de formation retiennent notre attention.
  Ces changements dûs surtout à des facteurs économico-financiers nous obligent à réfléchir sur notre rôle (en tant qu'enseignants responsables de formation à l'intérieur de l'université) dans les nouvelles lois du marché du travail et de l'emploi. La formation - dans l'enseignement/apprentissage - bien que née de l'action, ne décrit, ni définit cette action-là, mais présente des rapports d'expériences en action ou recherche-actions en cours. Par le manque d'un schéma descriptif, la diversité d'expérience constitue ainsi, le seul dénominateur commun des actions et des pratiques.
  Comme nous le savons, la formation a quitté le domaine de l'école et de l'université pour devenir une valeur sociale de tous. Tout le monde en parle et tous ont le droit d'en parler. Elle est de plus en plus en hausse "à la bourse de valeurs" ; car elle est "la" préparation d'un métier à une fonction sociale, le sujet à travers elle prend sa place dans sa société. Notre objectif, à partir des résultats de notre recherche, est effectivement de tenter de sortir la formation d'un cadre purement d'actions et pratiques qui la caractérise pour proposer un cadre d'analyse.
  Afin de rendre plus clair où nous voulons arriver dans les discussions, pour cette Biennale, nous pouvons dès maintenant présenter une amorce de ces résultats pour donner un exemple de la situation en cours. En voici quelques uns :
profil du sujet : une grande partie (59%) a entre 36 et 50 ans; 55% ce sont des hommes dont 61% sont mariés;
formation: 70% ont juste un diplôme universitaire du type, une licence réalisée dans l'université où ils leur poste et 26% à peine ont un doctorat mais nous avons pu aussi constaté que le changement a eu lieu dans la durée du temps de formation puisqu' il devient de plus en plus court, les quatre dernières années (de 1996/1999) et à notre avis cela est dû aux politiques du Ministère qui depuis 1994 a obligé toutes les universités à avoir un plan de carrière;
parcours professionnel: 45% sont à la fin de leur carrière universitaire en tant que poste de travail, et que 42% viennent de l'enseignement secondaires;
production: la plupart d'enseignants participe à des congrès avec des communications et un nombre bien réduits (29%) publie des articles dans des revues spécialisée.
  En effet, puisqu`il s'agit d'une tentative de formalisation, nous adopterons pour cette communication, la démarche qui consiste à dévoiler petit à petit ce cadre de références et d'expériences bien précis qui est celui d'une réalité fort hétérogène, à savoir la production du savoir à l'intérieur de l'université.
  A présent, l'objet est à la fois dans et hors du discours de formation. D'une part, parce que nous prendrons appui sur des faits de notre expérience de formateur et aussi sur des situations vécus où la présence de l'autre a été fondamentale pour créer des situations de vie en formation.
  Il ne s'agit pas uniquement de présenter une somme d'observations mais de construire un discours fondé sur une investigation de nature épistémologique et pédagogique, basé sur les principes d'une théorie de l'action où le sujet se trouve comme élément essentiel, pas comme moyen mais comme fin dans une relation dialogique interdiscursive avec l'histoire à laquelle il a affaire. Parce que nous pensons comme Paulo Freire quand il disait qu' "aucun éducateur ne peut vivre son époque, son espace impunément. Bien au contraire, les idées qu'il combat et celles qu'il défend représentent de véritables défis sur son parcours. Il se contredit, s'affirme, vieillit ou se renouvelle sans arrêt" (Freire, 1989).
  Dans cette perspective, vu le caractère fondamental de notre recherche, si nous voulons éviter le stade descriptif, il s'avère nécessaire de dépasser les limites de l'expérience proprement dite et arriver au stade du scientifique, en élaborant des démarches des formations pour ce public spécifique qui peuvent servir de révélateur de l'appropriation du savoir pour qu'il devienne objet et donc objet de science pour enfin " faire bouger le monde" (Freire, 1989) de la formation universitaire.
  Les premières approches de cette ébauche:
  Voici les approches que nous souhaiterions développer, discuter et échanger avec notre groupe thématique pour cette V BIENNALE:
- La formation est un parcours de sens et nous devons tenir compte que le langage n'est pas transparent et que l'identité des sujets et des sens est un mouvement sans cesse dans l'histoire des hommes et de nos sociétés.
- La formation d'enseignants en tant que pratique universitaire implique un jeu discursif différent entre formateur et le futur formé, entre le formateur et le sujet en formation. Le formateur est obligé de porter un autre regard sur son groupe. Nous pourrions ajouter aussi que dans ce cadre-là, nous sommes obligé de nous interroger sur le fonctionnement du système et des politiques éducatives en général mais et surtout universitaires.
- La formation, dans cette pratique-là, nous oblige plus que toute autre pratique, à nous interroger sur ce que signifie apprendre /enseigner. En particulier, elle nous pose des questions du type: comment j'apprends, que signifie apprendre à enseigner, que signifie enseigner à apprendre, quand j'apprends et où j'apprends, que signifie former, se former pour une pratique universitaire? Tout cela dans un processus de signification où les rapports de sens et les rapports de forces coexistent avec des glissements, des déplacements dans un processus de transfert de connaissances sans point fixe d'origine.
- Cette formation, c'est aussi une interrogation sur notre manière d'enseigner. C'est dire que la formation donnera l'occasion d'une rétroaction, indispensable pour que le système discursif des références fonctionne bien et fonde une configuration de places et de positions-sujet car elle assurera la fonction d'articulation entre formé/langage/monde, par le jeu de la différence, de la répétition, de la simulation, dont l'action en retour tiendra à éliminer les difficultés du futur formé liées aux procédures d'origine.