INTRODUCTION
  Pendant les dernières années, la préoccupation pour la qualité de l’enseignement s’est accrue d’une manière considérable. L’Université, en tant qu’institution au service de toute la société n'ai pas demeurer étrangère à cette inquiétude. D’ailleurs, une grande partie du professorat universitaire a manifesté à plusieurs occasions sa volonté d’instaurer des dispositifs d'enseignement plus efficaces et effectifs. Mais il ne faut pas oublier que l’enseignement universitaire génère un certain coût économique, aussi la société exige-t-elle des professionnels de l’enseignement hautement qualifiés.
  Globalement, on peut dire qu’il y a six éléments impliqués dans tout type de situations d’enseignement, chacun d’eux pouvant être désigné de différentes manières:
  La personne qui sait ce qui doit être appris, soit: le professeur, le tuteur, le conducteur, l’assesseur, l’orienteur,...
  La personne qui doit apprendre, soit: l’élève, l’apprenant, l’étudiant,...
  Ce qui doit être appris, soit: les cours, les matières, les contenus, l’aire de connaissances, thèmes,...
  Le système que l’on applique et par lequel est généré le processus d’enseignement/apprentissage, soit: la méthodologie d’enseignement, la stratégie didactique, le système d’enseignement, plan de formation,...
  Les outils didactiques que l’on utilise pour faciliter l’apprentissage, soit : le matériel, les techniques, les ressources didactiques,...
  L’organisation générale: l’engrenage administratif/gestion pour que tout l’ensemble soit mis en place, fonctionne,...
  Parmi ces six éléments impliqués dans notre enseignement universitaire, il y en a un particulièrement important, qui influe d'une manière considérable sur la qualité finale de l’enseignement. Cet élément est, sans nul doute, le professorat universitaire.
  Au fil des dernières années, on a beaucoup parlé des fonctions des enseignants d’université et de leur rôle en tant que formateur des futurs cadres des divers secteurs professionnels, mais ce n’est que récemment qu’on a réellement mis à débat le problème spécifique de leur formation et de leur identité professionnelle.
  Depuis toujours, dans le monde universitaire, le professeur apprend à enseigner par un processus de socialisation, en partie intuitive, en partie autodidacte, ou en imitant la routine des "plus expérimentés". En réalité, il y a relativement peu de préoccupation au niveau des organes de gouvernement universitaire (départements, ministères,...) pour le thème du développement professionnel et personnel des enseignants. Pourtant, on sait bien que la formation des enseignants universitaires répercute directement sur la qualité des centres où ils exercent leurs activités. Logiquement, la formation des enseignants ne peut être réalisée à l’hasard ou être obtenue d’une façon empirique, au contraire, elle doit répondre aux besoins de l’Université et au contexte social du moment. Elle doit donc être bien projetée et planifiée et de plus tenir compte des cinq autres éléments du système précédemment mentionnés, c’est à dire qu’elle doit répondre à des besoins réels, pouvant être assumés et qui ont été définis suite à une évaluation initiale réalisée également dans le but de déterminer objectivement les mesures d’action futures.
  D’un autre côté, le contexte de développement technologique dans lequel nous vivons actuellement a eu aussi son impact dans le monde universitaire. L’apparition de matériels didactiques sous format électronique a été l’élément clef qui a permis la genèse et l’organisation des processus nécessaires à l’innovation et à l’intégration des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans les centres universitaires.
  C’est ainsi que la Faculté de Pharmacie de l’université de Barcelone s’efforce à intégrer ces nouvelles technologie afin d’optimiser l’acquisition des connaissances, des habiletés et des attitudes nécessaires aux diverses modalités de l’exercice professionnel des pharmaciens. L’ensemble des enseignants de cette Faculté en est parfaitement conscient et depuis deux ans une équipe de professeurs réunis sous les sigles GDP (Groupe de Dynamisation Pédagogique) a formé un groupe de travail dont un des objectifs est de promouvoir et faciliter l’acquisition par le professorat des nouvelles technologies.
  Actuellement le GDP a pu mettre en œuvre, grâce au support du GAIU (Cabinet d’Evaluation et d’Innovation Universitaire) de l’Université de Barcelone, une série d’initiatives destinées à orienter et aider les professeurs intéressés par l’usage des outils et matériels multimédia.
  Une première expérience pilote a déjà été menée à la Faculté de Pharmacie de Barcelone avec plus de 50 enseignants qui se sont inscrits volontairement à un cours d’auto-apprentissage sur les nouveaux outils d’enseignement.
  Les résultats n’ont pas tardé à apparaître puisque déjà de nombreux cours donnés par ces professeurs font appel à un usage partiel ou absolu de ces nouveaux outils multimédia.
  EXPERIENCES DANS LE CADRE DE LA FORMATION DES ETUDIANTS
  Des points importants à valoriser au moment de concevoir une expérience multimédia dans le cadre de la formation des étudiants c’est que les contenus, la stratégie et la méthodologie d’enseignement ainsi que les procédés d’évaluation doivent tenir compte non seulement de l’acquisition des connaissances, mais aussi de l’acquisition d’habiletés et d’attitudes.

  Un autre point tout aussi important et qui a trait aux principes pédagogiques reliés à ce type d’expériences, c’est qu’il faut tenir compte des théories constructivistes : les étudiants ne sont pas de simples récepteurs passifs de l’informations, au contraire, ils acquièrent les connaissances et les habiletés d’une manière active, par un processus d’échange avec son entourage et de structuration mentale à partir des différents blocs d’informations assimilés. Aussi d’un point de vue didactique, les matériels fournis pour leur apprentissage doivent permettre un éventail de possibilités d’utilisation.
  Dans notre cas, le système multimédia fourni aux étudiants est basé sur l’usage de protocoles standards d’Internet. Pour son application on peut utiliser n’importe quel serveur www disponible et de distribution gratuite. Le langage HTML (combiné avec les protocoles CGI et le langage JAVA permettant l’interactivité) a été utilisé comme outil de travail pour l’élaboration du matériel multimédia.
  De cette manière on peut éviter tous les problèmes liés aux "outils personnels" et garantir les propriétés suivantes :
  Rapide compréhension du fonctionnement pour les professeurs qui vont ce matériel.
  Facilité d’usage pour les étudiants
  Possibilité de mise á jour
  Variété et facilité de distribution (CD-Rom, Internet).
  Coût très bas.
  Aucun problème du point de vu légal en ce qui concerne les droits d’auteur.
  Comme exemple, nous pouvons citer quelques expériences d’usage d’outils télématiques dans diverses matières dispensées par l’Unité de Botanique de la Faculté de Pharmacie de Barcelone. L’outil didactique élaboré présente une structure sous forme de modules, hiérarchisé et adaptable aux besoins concrets de chacun des cycles des études pharmaceutiques, ce qui, à notre avis, permet de profiter au maximum et d’optimiser les ressources disponibles.
  Le côté interactif asynchrone professeur/étudiant se doit à la possibilité d’échange par courrier électronique (e-mail).
  Actuellement, l’outil que nous avons développé contient environ 8000 fichiers sous format HTML à la disposition des étudiants, mais d’accès restreint.
  Au cours des trois années d’utilisation de ce matériel, des modifications ont été introduites au niveau de son contenu et de sa structure. Ce matériel peut être à présent considéré comme un outil "workspace" soit un "espace de travail" pour une matière définie (dans notre cas la Botanique). En ce moment, cet "espace de travail" comprend un chapitre institutionnel concernant l’Unité de Botanique, trois matières théoriques (un pour chacun des cycles), une matière pratique et deux grands blocs complémentaires qui correspondent à des archives d’images (par exemple celui des plantes supérieures) qui réunissent environ 2000 photographies digitalisées, d’une grande qualité, que l’on peut utiliser en guise de glossaire illustré dans d’autres modules ou durant les travaux pratiques de laboratoire en première année de Pharmacie ou bien encore pendant les cours théoriques de la matière optative de second cycle "Plantes

  En ce qui concerne les matières inclues dans le premier cycle, il faut différencier deux grandes parties, en fonction du but recherché :
¬ Partie pour l’information :
Banque de données ou d’images.
Livre électronique.
Bibliothèque de connexion
­ Partie pour la formation :
"Tutorials ".
Programme d’exercices.
Résolution de problèmes.
Système d’entraînement.
  L’organisation de chaque matière peut varier énormément selon le cycle où est placée celle-ci, cependant on y trouve toujours les cinq blocs suivants :
  Informations statiques: informations sur les cours, le programme de la matière, le calendrier à suivre, les copies d’examens des années antérieures,...
  Informations dynamiques : des exercices, des blocs de notes, des épreuves d’auto-évaluation et des "hot-links".
  Espace de collaboration ouverte qui permet de profiter les ressources gérées par les étudiants eux-mêmes mais sous le contrôle absolu du professeur.
  Aire de communication asynchrone avec le ou les enseignants (par courrier électronique).
  EXPERIENCES DANS LE CADRE DE LA FORMATION DU PROFESSORAT
  L’incorporation et la postérieure intégration par le professorat des systèmes multimédia comme nouveau outil de communication dépendent sans nul doute de deux facteurs: l’attitude favorable et positive des professeurs face à l’utilisation de ces nouveaux outils et une aptitude suffisante pour leur maniement.
  Pour cela, le professeur doit nécessairement connaître les ressources disponibles (appareils), de savoir comment intégrer les nouvelles technologies de la communication dans le centre où il exerce, mais aussi d’expliquer le pourquoi de l’utilisation de celles-ci. Ceci est étroitement lié au changement des fonctions du professorat universitaire et donc à son identité professionnelle.

  La fonction du professeur a été traditionnellement liée à la transmission et structuration de l’information. A présent, plus que jamais le professeur est en mesure de développer des activités innovantes et intéressantes telles que : concevoir des situations réelles d’apprentissage, favoriser l’analyse, la déduction, l’esprit critique, l’abstraction et la créativité, planifier le diagnostic des habiletés requises et les besoins des étudiants et, en tant qu’instructeur, aider à reformuler et adapter les projets d’innovation dans l’enseignement.
  Finalement, n’oublions pas l’une des tâche tout aussi fondamentale et qui n’est pas toujours mise en valeur dans les résultats des étudiants (notes), même si tout le monde reconnaît son importance: stimuler et motiver les étudiants dans l’étude de chacune des matières de la carrière.
  En réalité, on sait bien que chaque professeur a des besoins particuliers, des objectifs personnels, un style cognositif défini. Chacun utilise les stratégies d’apprentissage qui lui conviennent le mieux et a son propre rythme de transmission des informations ou des connaissances. A ceci, il convient d’ajouter d’autres éléments comme la disponibilité horaire, les charges ou les responsabilités que les professeurs assument.
  En tenant compte de ce contexte-là, la stratégie utilisée pour mettre en place les activités d’auto-formation des professeurs de la Faculté de Pharmacie de Barcelone, jusqu’à présent organisées par le GDP (Groupe de Dynamisation Pédagogique), consiste à former 2 à 3 groupes de 4-6 professeurs provenant des différentes aires de connaissance (mais possédant à peu près le même niveau de connaissance en informatique) et tous disposés à participer activement dans le projet d’innovation (intégration des nouvelles technologies) et à dédier un certain temps et effort à son auto-formation dans le domaine en question, c'est à dire :
  Suivre un petit cours classique de formation (le minimum indispensable vu le contexte d’auto-formation).
  Utiliser le matériel d’auto-formation (tel que manuels, livres électroniques, WEB, etc,) antérieurement préparé par le responsable du projet .
  Effectuer des échanges avec le tuteur ou l’assesseur d’auto-formation (celui chargé de répondre aux éventuels doutes ou problèmes qui peuvent surgir).
  Pendant l’année académique 1998-1999, le GDP a organisé, dans le cadre du projet GAIU de l’Université de Barcelone, une première série d’ateliers d’auto-formation regroupé sous le titre générique de "Création d’un espace d’auto-formation pour l’intégration du nouveau matériel didactique de la Faculté de Pharmacie de Barcelone", bénéficiant également du support du Décanat et du Conseil d’Etudes de la Faculté de Pharmacie. Dans ces ateliers de petits groupes d’enseignant apprennent à utiliser les nouveaux outils technologiques dans une ambiance détendue et informelle, qui selon notre opinion est la façon la plus adéquate pour mener à bien ce genre d’activités. Le premier atelier d’auto-formation, soit "L’usage des nouvelles technologies de l’information", a eu lieu de Novembre 98 à Mars 99. Il a été ainsi organisé, pour chaque groupe de professeurs :
  Première réunion générale.
  Petit cours classique de formation
  Remise du matériel de travail et tutorat au moyen du courrier électronique.
  Actuellement les ateliers proposés pour cette année sont :
  La WEB comme outil didactique.
  Les possibilités didactique des présentations.
  Les documents électroniques et leur préparation.
  L’utilisation pour l’enseignement des ressources bibliographiques on-line.
  Le but de chacun de ces ateliers est de donner support à la préparation des matériels d’enseignement destinés à être utilisés en cours ou bien à être mis sur réseau. A ce propos, la bibliothèque de l’Université de Barcelone a mis en place un espace d’échange de tout type d’information et/ou contenu d’enseignement. La bibliothèque de la Faculté de Pharmacie de Barcelone a aussi collaboré dans ce projet d’auto-formation en conseillant les professeurs et en leur donnant un support technique.
  Actuellement, l’atelier en cours de réalisation est "La WEB comme outil didactique". L’objectif principal de cet atelier est d’enseigner les concepts et procédés fondamentaux pour que les professeurs puissent élaborer eux-mêmes des sites WEB qui servent de support et de complément à l’enseignement classique.
  CONCLUSIONS
  La question que l’on pourrait finalement se poser, à l’heure actuelle, est: la formation virtuelle au moyen d’outil télématiques multimédia affectera-t-elle l'identité professionnelle du professeur dans la société?
  A notre avis, la place du professeur est tout à fait assurée puisque ce type d’enseignement/apprentissage requiert plus que jamais la présence de l'enseignant pour expliquer, orienter, promouvoir, dynamiser, corriger et en définitive aider à l’acquisition des connaissances.
  La formation virtuelle, c’est à dire le travail actif et participatif de l’apprenant à partir des matériels hypermédia remis est une des formules qui doit être sérieusement envisagée dans l’avenir.
  C’est uniquement à partir du troisième cycle que le professeur peut perdre un peu de son rôle d'acteur principal face au travail personnel de l’étudiant. C’est à ce moment-là que l’on peut vraiment offrir aux étudiants des cours on-line avec pratiquement la totalité du thème à développé sous format électronique et, par conséquent, réellement virtuel.
  Les systèmes multimédia sont sans aucun doute le futur de l’enseignement. Cependant, nous ne pouvons pas oublier que la formation et l’innovation ne doivent jamais dépendre exclusivement de l’utilisation d’outils multimédia didactiques mais de toute une stratégie éducative qui doit répondre aux questions suivantes: que voulons-nous enseigner, quel doit être le rôle de l'enseignant universitaire, comment voulons-nous que participent nos étudiants ?