Biennale 5
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Le statut socioéconomique des étudiants utilisant de la drogue

Auteur(s) : GEORGIEVSKI Petre, STOJANOVSKI Nelko

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bull2.gif (117 octets)   1. Introduction: La période de transformation sociale qui est toujours en cours en République de Macédoine a provoqué une modification radicale de la stratification sociale accompagnée également de différents genres de déviations sociales parmi lesquelles la propagation et la consommation de drogue. Pour certains groupes sociaux, ce phénomène devient un moyen d'enrichissement, tandis pour d'autres un moyen de fuire la réalité.
bull2.gif (117 octets)  Cela débouche à une crise d'identité de la personnalité. Le phénomène de la narcomanie en République de Macédoine existe déjà depuis une dizaine d'années et dernièrement prend des dimensions épidémiques, surtout parmi la jeunesse (étudiants et élèves). Il est devenu un problème sérieux qui se trouve au centre même de l'intérêt de l'opinion macédonienne. La question de l'enquête est la suivante: est-ce que les étudiants au statut socioéconomique plus élevé sont plus souvent exposés à ce genre de déviation ou ceux au statut moins élevé ? La question de l'enquête est reformulée dans l'hypothèse suivante: plus le statut socioéconomique (SSE) de la famille de l'étudiant est élevé, plus le risque de consommation de drogue est important.
bull2.gif (117 octets)  A partir de cette présupposition, les auteurs de la présente communication ont réalisé au mois de mai 1999 une enquête par questionnaire parmi la jeunesse estudiantine de l'Université "Sts. Cyrille et Méthode" de Skopje. L'échantillon est réalisé sur la base d'un choix au hasard avec une participation proportionnelle des étudiants des différentes facultés et années universitaires. Le cadre de la population parmi lequel est déterminé l'échantillon compte 22.432 étudiants. L'échantillon comprend 5,3% du nombre total des étudiants ou 1.200 étudiants. L'interprétation des données est faite par l'intermédiaire d'une analyse des index de représentation des couches sociales distinctes dans la population estudiantine et dans la population consommatrice de drogue. Cependant, pour pouvoir comprendre ce phénomène, nous avons utilisé une interview non structurée (non directive)
avec cinq étudiants plus typiques consommateurs de drogue. Le statut socioéconomique parmi les couches sociales élevée et inférieures est significativement consistant, tandis que parmi la classe moyenne, il est beaucoup moins consistant.
bull2.gif (117 octets)  Sur la base des données de l'enquête par questionnaire, la présente communication tend à souligner les principales directions d'une stratégie plus complexe de prévention contre la propagation et la consommation de drogue parmi la jeunesse. La stratégie prend en compte trois niveaux: globalement, au niveau du système social, institutionnellement (écoles et facultés) et au micro niveau (la famille, le groupe de même âge et l'individu).
2. Analyse des données: Les résultats de l'enquête ont démontré que parmi 1.200 étudiants questionnés, 190 ou 15,8 % d'entre eux ont répondu avoir essayé ou être déjà dépendants d'un stupéfiant quelconque. La majorité d'entre eux, c'est-à-dire 73,6 % déclarent avoir commencé à utiliser de la drogue aux écoles secondaires, 23,7 % à la faculté et 3,7 % à l'école primaire. Prenant en compte l'importance de la consommation de drogues parmi la jeunesse estudiantine des 1.200 personnes enquêtées, 51,3 % considèrent que la propagation est importante, 24,2 % moyenne, 6 % pas importante et 18,5 % ne savent pas. Les réponses sur les motifs de consommation de drogues par les étudiants ayant déjà essayé ou étant dépendants (190) sont significatives. La curiosité vient en première position (63,7 %), ensuite le divertissement le plus souvent en discothèque au café, locaux ouverts presque toute la nuit pour les jeunes, cas unique en Europe (14,7 %) , 7,9 % ont répondu utiliser de la drogue par ennui, tristesse, dépression, déception, 7,4 % en raison des problèmes rencontrés dans la vie et autre. La jouissance commune dans la consommation de la drogue est le motif le plus fréquent permettant de s'unir au groupe qui est plus représenté parmi les étudiants de sexe masculin, tandis que le motif d'être accepté dans le groupe est plus représenté parmi les étudiants de sexe féminin. Parmi les substances toxiques les plus utilisées sont les cigarettes dont 49,7 %, quelque fois et souvent, ensuite vient l'alcool avec 29,8 % et finalement les substances narcotiques (marijuana, l'héroïne, cocaïne, crack, extasy, etc.) avec 15,8 %
bull2.gif (117 octets)  Les données de l'enquête par questionnaire montrent un rapport important entre le groupe socioprofessionnel du père de l'étudiant et la consommation de drogue (marijuana, héroïne, cocaïne, crack, extasy, etc.). Ainsi, selon l'index de représentation, les étudiants appartenant à la couche des hommes d'affaires ou à la couche des nouveaux riches se trouvent en tête (index 170,9 %, couche qui participe dans la population totale avec 2,7 % et avec 8,6 % à l'Université). Ensuite vient l'index de représentation des étudiants venant des cadres supérieurs et spécialisés (index de représentation 121,4 %, couche proportionnellement la plus représentée à l'université (30,8 %), mais dans la population totale cinq fois moins importante (5,75%) et finalement les cadres à éducation secondaire (avec un index de représentation de 88,0% et avec une participation de 20,9 % à l'université et 18,4 % dans la consommation d'une des drogues citées. Les étudiants venant de la couche des cadres participent à 17,8 % dans la population estudiantine, tandis que dans la consommation de drogue, ils participent avec 11 % ou avec un index de représentation de 65,1 %. Les couches sociales inférieures comme par exemple les travailleurs et les agriculteurs qui sont très représentés dans la population totale (travailleurs avec 24,6 % et agriculteurs avec 8,7 %) sont tout de même encore assez présentes à l'université - les premiers avec 8,8 % et les seconds avec 1,2 % , nous pouvons également constater une participation moins importante des étudiants de ces couches sociales dans l'utilisation de la drogue ˆ les étudiants venant d'un milieu ouvrier sont représentés 5,2 % ou avec un index de représentation de 59,1 et les étudiants venant d'un milieu agricole avec 1,6 %.
bull2.gif (117 octets)  Cette tendance qui montre que plus l'étudiant provient d'un groupe socio-professionnel élevé, plus la consommation de drogue est commune dans les deux dimensions de SSE ˆ le degré d'éducation de la mère et du père, ainsi que l'ensemble des revenus de la famille.
bull2.gif (117 octets)  Ainsi, les étudiants dont les pères possèdent un diplôme supérieur ou un DEUG utilisent le plus ouvent de la drogue ˆ 64,2 %. Ensuite viennent les étudiants dont les pères possèdent un diplôme secondaire, avec deux fois moins que la catégorie précédente ˆ32,1 % et finalement les étudiants dont les parents possèdent une éducation primaire ˆ 2,6 % ce qui représente presque deux fois moins par rapport à ceux qui n'en utilisent pas, mais ont une même origine (4,8 %). En ce qui concerne le revenu de la famille, il est possible de constater une tendance semblable: si l'on considère le partage des étudiants en ceux ayant répondu avoir utilisé ou utiliser de la drogue et ceux ayant répondu négativement, les rapports sont les suivants: les étudiants dont les revenus de la famille sont en dessous du seuil de pauvreté est de 60,1 % vis à vis de 78,5 % ; chez les moyennement riches le rapport est de 26,3 % vis à vis 16,3 % en faveur de ceux utilisant de la drogue. Chez les riches, cette différence est encore importante 13,7% vis à vis 5,1 %. Si l'on relie le degré d'éducation du père et le revenu de la famille, il est possible de constater une tendance d'augmentation du pourcentage des étudiants utilisant de la drogue avec l'augmentation des revenus dans le cadre du même degré d'éducation. (En ce qui concerne les étudiants dont les pères possèdent une éducation secondaire avec de faibles revenus, ceux-ci sont représentés par 12,2 %. Les étudiants utilisant de la drogue avec des revenus moyens sont de 25,9 % et avec des revenus relativement importants de 27,3 %. Ces mêmes rapports parmi les étudiants avec une éducation supérieure et avec des revenus suivants sont de : faibles revenus 13,3 %, revenus moyens 23,5% et revenus importants 34,8 %).
bull2.gif (117 octets)  La brève analyse des données des trois dimensions de SSE des étudiants utilisant une drogue quelconque a confirmé l'hypothèse de l'introduction. Plus le SSE des familles des étudiants est important, plus la consommation de drogue quelconque est importante. Ces résultats ne sont que partiellement en conformité avec des recherches semblables dans d'autres pays. Ainsi, le statut socioécononique n'influence pas de la même manière lors de la consommation de marijuana parmi les adolescents (Kandel, Coombs et coll.)
bull2.gif (117 octets)  Les données reçues à la suite de l'interview non directive sur la vie de cinq étudiants ayant utilisé de la drogue ˆ héroïne nous donnent des indications sur trois phases du processus de dépendance de la drogue: la première phase concerne l'expérience première qui comme motif utilise la curiosité ou la déception à la suite d'un événement de la vie pour la découverte de la dépendance psychique et physique marqué par des crises; la seconde phase de dépendance aboutit à certaines modifications dans l'organisme cause du besoin de consommer de la drogue, de la "faim" de la drogue sans avoir l'intention de se soigner et la troisième phase qui se termine par une hospitalisation ou par des soins médicaux quotidiens. La seconde et la troisième phase impliquent un comportement impoli, indigne accompagné de crimes et de vols. Deux personnes racontant leur vie ont déclaré ouvertement être les auteurs de vols de différents objets, de radios automobiles, de sacs à mains qu'ils vendaient à un prix en dessous de leur valeur pour acheter de la drogue. Les étudiants et les écoliers du secondaire utilisant de la drogue se referment sur eux-mêmes et détruisent les relations familiales. Le groupe de même âge a une grande influence sur eux. Dans la société de transformation macédonienne, le foyer perd beaucoup de ses fonctions traditionnelles comme par exemple la moralité, le respect des parents et des plus âgés, etc. D'autre part, l'école et la faculté en tant qu'institutions de socialisation à part la famille ont provoqué un extrême affaiblissement des fonctions éducatives, mais aussi des fonctions culturelle, sportive et de divertissement, devenant ainsi marginalisées et laissant ses fonctions à la discothèque et aux cafés, centres de la musique techno et de la subculture des adolescents, mais aussi milieu de consommation de drogues. Dans ce lieux, la jeunesse commence sa vie et crée son monde de 23h à 5h du matin. Pendant la journée, ils dorment. Il s'agit là d'une protestation évidente de la jeunesse contre le chômage (en République de Macédoine le taux de chômage s'élève à 36% de la population), protestation contre la corruption de l'administration et "la fragilité morale" et juridique de plus en plus marquée, pour utiliser un terme de Durkheim réaffirmé par Z. Bauman.
3. Stratégie de prévention: En raison des conséquences et des causes complexes de la propagation de la consommation de drogue parmi la jeunesse de l'enseignement secondaire, il est nécessaire d'établir une stratégie plus complète pour prévenir et arrêter la forme épidémique de la narcomanie. Cette stratégie doit prendre en compte tous les niveaux d'organisation sociale par l'intermédiaire de mesures complémentaires et simultanées: il faut commencer avec la législation, le contrôle social et de l'état pour la lutte contre la drogue, dissolution des réseaux des dealers, introduction de tous les genres de traitements et de soins des personnes dépendantes de drogues, interdire le fonctionnement des discothèques et des cafés après 23h, revitalisation des écoles et des facultés en des centres d'apprentissage, introduction d'activités libres, culturelles et de divertissement, d'activités sportives, d'un programme éducatif dans toutes les écoles et les facultés sur la prévention de la drogue selon les curriculum très structuré de prévention contre la drogue des USA intitulée Programme DARE. Ce programme devrait également prendre en compte les groupe de même âge, les parents et les petites communautés locales.