Biennale 5
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Etude franco-canadienne des représentations de leur futur métier chez les élèves ingénieurs

Auteur(s) : FRAYSSE Bernard

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bull2.gif (117 octets)   Les systèmes des métiers et professions, l'organisation du travail, de la production évoluent et se transforment à un rythme soutenu. Les questions qui concernent la façon dont les apprenants se saisissent de ces mutations, comment ils se représentent leur avenir dans leur propre trajectoire de professionnalisation et quels sont les leviers qui sont en Oeuvre dans ces évolutions / transformations des représentations sont donc des questions essentielles si l'on veut proposer des modèles de formation qui soient en réelle adéquation avec la réalité du monde professionnel.
bull2.gif (117 octets)  Nous voudrions par notre contribution, fournir quelques pistes de réflexion relatives à la formation et aux représentations mises en Oeuvre dans les systèmes de formation aux professions.
bull2.gif (117 octets)  Notre approche est résolument ancrée dans la psychologie sociale et s'appuie sur le paradigme des représentations. Notre objectif est de décrire la représentation que les personnes en formation se font de leur futur métier et, ainsi, mieux cerner ce qui préside aux choix d'orientation et de métier et comprendre ce qui conditionne les investissements des apprenants dans les différents contextes de formation. Comment des trajectoires et des parcours de formation vont-ils interagir pour professionnaliser les acteurs ? Quels processus de professionnalisation transforment les représentations ?
bull2.gif (117 octets)  Nous voudrions tout d'abord affermir le terme de représentation en contexte de formation, nous spécifierons son rôle dans le processus de professionnalisation en l'expliquant et le qualifiant. Nous présenterons ensuite les résultats de nos travaux de recherche, sur le terrain des élèves-ingénieurs.
bull2.gif (117 octets)  Le concept de représentation socioprofessionnelle
bull2.gif (117 octets)  Les activités d'enseignement nous conduisent à nous interroger sur leurs effets par rapport aux représentations que les acteurs en formation se font de leur futur métier.
bull2.gif (117 octets)  En effet, n'y a-t-il pas là tout d'abord une spécificité de représentation et une dynamique représentationnelle mise en Oeuvre précisément par la transformation des savoirs visant à la professionnalisation. Comment cette représentation qualifiée par nous de socioprofessionnelle, intervient-elle dans les processus de professionnalisation ?
bull2.gif (117 octets)  Le concept de représentation socioprofessionnelle a été forgé pour rendre compte de ce processus selon lequel les acteurs mobilisent des représentations de leur futur métier, cette mobilisation conditionnant leur investissement en formation. A l'inverse, les nouveaux savoirs, les nouveaux types de formation vont transformer la représentation du futur métier.
bull2.gif (117 octets)  Il convient donc maintenant d'expliquer les mécanismes de cette représentation, pour ce faire nous partirons du schéma ci-dessous.
bull2.gif (117 octets)  REPRESENTATION SOCIO-PROFESSIONNELLE
bull2.gif (117 octets)  DE L'ELEVE-INGENIEUR
(Principes organisateurs)
bull2.gif (117 octets)  Un double engagement
bull2.gif (117 octets)  Dans le schéma ci-dessus nous mettons en avant deux formes d'engagement en référence aux savoirs identifiés plus haut. Nous nous appuyons pour cela sur les travaux de M. BATAILLE qui propose une clarification des concepts d'engagement et d'implication. Ce dernier terme, malgré son caractère polysémique, est mis en relation par l'auteur avec le "processus d'implicitation qui aboutit à la construction d'une forme de connaissance impliquée (implicitée), à savoir une représentation". C'est la voix pronominale du verbe impliquer (s'impliquer) qui nous intéresse plus particulièrement ici ; cette forme verbale est la plupart du temps confondue avec l'engagement.
bull2.gif (117 octets)  C'est la situation de communication qui par l'explicitation des points de vue, des malentendus, va permettre une mise à plat des représentations et " fabriquer " de l'implicite. Par l'explicitation (" explicare " : déployer / déplier) il s'agit de rendre intelligible ce qui est obscur en interprétant par la parole, des représentations et ainsi impliquer (lat. implicare, et plicare : plier par mouvement contraire) les acteurs leur permettant ainsi de s'impliquer.
bull2.gif (117 octets)  La question de l'implication dans les groupes est posée par rapport au système de valeurs, c'est la "différence optimale des valeurs" qui va amener les acteurs au conflit socio-cognitif. En effet, cette différence optimale de valeurs est déterminante : trop grande, elle génère de la discussion pour la discussion (" chacun se parle à soi-même pour ne pas se faire entendre ") et l'implication dans le débat ne se traduit pas en implication active dans la tâche de décision ; trop faible, elle réduit à presque rien le débat, et la complicité bloque ici l'implication. Or le débat fondé sur une différence optimale de valeurs conduit le groupe et ses membres, dans un processus de mise en conflit socio-cognitif, à substituer à une variété de représentations individuelles, une représentation sociale, collective, propre au groupe qui en a discuté, partagée par ses membres d'autant plus qu'ils se la sont appropriée en la forgeant ensemble, par l'échange communicationnel. Cette approche a été développée après K. LEWIN, par des auteurs comme S. MOSCOVICI et W. DOISEi .
bull2.gif (117 octets)  Pour reprendre le propos de M.BATAILLE concernant l'engagement et s'appuyant sur les travaux de Moscovici et Doise (1992), il est nécessaire d'insister sur le rapport étroit entre représentation et implication; la formation d'une représentation va se faire dans une forme de communication caractérisée par la confrontation des dissensions, ce qui fait dire à M. BATAILLE: "s'impliquer c'est s'expliquer" autrement dit " l'implicitation à l'Oeuvre dans la formation d'une représentation sociale s'opère dans un processus d'explicitation des points de vue de chacun. Le dépliage, la mise à plat des implications individuelles produit l'implicitation d'une représentation qui fonde l'engagement collectif et qui est fondé par lui. Ce modèle est -il valide pour la formation d'une représentation qui présente un caractère particulier par rapport au contexte, la formation à un métier, et à l'objet de la représentation, le métier lui même? L'objet de la représentation précisément, est spécifique en ce sens qu'il amène une projection dans l'avenir de la part de l'acteur ; se représenter son futur métier oblige un déplacement sur l'axe temporel et ce, dans le registre professionnel.
bull2.gif (117 octets)  Les représentations socioprofessionnelles seront définies spécifiquement à un contexte de formation professionnalisante, comme un ensemble organisé d'informations comportant des schèmes qui expriment des savoirs théoriques et d'action, constituant par là un double engagement se référant à un double idéal : professionnel et de métier. Elles se situent dans un processus dynamique d'interactions sociales qui précèdent l'action professionnelle et elles expriment les reconstructions que le sujet effectue à partir d'éléments connus au cours de la formation.
bull2.gif (117 octets)  Les représentations socio-professionnelles se constituent donc dans le cadre d'un double engagement :
- c'est, d'abord, un " engagement par le savoir ", ce terme étant pris dans son acception "scolaire", c'est-à-dire un engagement qui fait suite à un cursus scolaire centré sur des savoirs académiques. Ce premier type d'engagement est tourné vers un idéal professionnel ce qui positionne cet axe engagement par le savoir / idéal professionnel sur l'extériorité: réalités externes aux individus par les énoncés, les livres, constructions intellectuelles indexées d'une évaluation sociale positive .
- le deuxième type d'engagement est celui que nous nommons "engagement par le savoir faire" et qui fonctionne par rapport à un idéal de métier, c'est-à-dire des conditions "réelles" d'exercice du métier. En effet, le métier est pensé en terme d'ensemble d'activités et de compétences spécifiques; il est défini par son utilité dans la société, il a un caractère noble qu'il tire sur le degré de technicité exigé, c'est par exemple le tour de main de tel artisan. L'opposition profession / métier doit être associée à une distinction socialement structurante et reproduite jusqu'à aujourd'hui : "intellectuel / manuel". (Reste que ces deux termes participent du même modèle d'origine : les corporations.) L'ancrage de la représentation va ici s'opérer sur un groupe social référé à un savoir faire "manuel", à une pratique. Nous sommes là dans un contexte praxéologique où les situations de formation renvoient à des actes de travail : stages en entreprise, activités associatives où les acteurs vont développer des compétences relatives au métier. Cette "querelle entre praticiens et théoriciens" est coutumière dans les institutions de formation même si elle n'est pas toujours formulée ouvertement.
bull2.gif (117 octets)  C'est donc dans une dialectique entre ces deux engagements, ces deux formes d'implication, que va se construire et évoluer la représentation socioprofessionnelle, et, ce, par une dynamique de communication.
bull2.gif (117 octets)  DESCRIPTIF DE L'ECHANTILLON ETUDIE
bull2.gif (117 octets)  Notre échantillon porte sur 543 élèves ingénieurs entrant en formation professionnalisante, dont 454 (soit 83,6 %) en France et 89 (soit 16,4 %) au Canada. Sur ces 543 élèves, nous comptons 451 (soit 83 %) d'hommes et 92 (soit 17 %) de femmes. Ce travail n'est donc pas comparatif compte tenu de la disparité quantitative des populations, c'est donc en termes de tendances que nous raisonnerons.
bull2.gif (117 octets)  Ecoles étudiées :
bull2.gif (117 octets)  France :
INSA : Institut National des Sciences Appliquées (Toulouse)
ENSEEIHT : Ecole Nationale d'Electronique d'Electrotechnique et d'Informatique de Toulouse
SUPAREO : Ecole Nationale Supérieure d'Aéronautique (Toulouse)
INT : Institut National des Télécoms (Paris)
bull2.gif (117 octets)  Canada :
Ecole de Génie d'Ottawa (Province de l'Ontario)
Ecole de Génie de Moncton (Province du Nouveau Brunswick)
Ecole de Génie de Sherbrooke (Québec)
F insa 169 31.181%
F n7 169 31.181%
F supaero 86 15.867%
F int 30 5.535%
C ottawa 7 1.107%
C sherbrooke 40 7.38%
C moncton 42 7.749%

bull2.gif (117 octets)  Compte tenu des contraintes d'espace, nous publions seulement les grands profils par pays
 

FONCTIONNEL

(Activités)

CONTEXTE

IDEAL

CANADA

Gestion

Communication

Recherche

Travail complexe

Enseignement

Spécialisé

 

Avenir optimiste

Participation associations

Bonne protection chômage

Bonne formation

Charisme

Autonomie dans le travail

Pouvoir

Diriger

Statut élevé

Situation stable

FRANCE

Commercial

Production

Encadrement

Travail simple et individuel

généraliste

Avenir pessimiste

Non protection chômage

Pas bonne formation

Non participation associations

Pas d’autonomie dans le travail

Pas de pouvoir

Pas de situation stable

Métier intéressant



bull2.gif (117 octets)  LEGENDE :
bull2.gif (117 octets)  Les mots écrits en capitale correspondent aux valeurs des chi2 > 50
bull2.gif (117 octets)  Les mots écrits en gras correspondent aux valeurs des chi2 compris entre 10 et 50
bull2.gif (117 octets)  Les mots standards correspondent aux valeurs des chi2 ( 10.
bull2.gif (117 octets)  Analyse des résultats
bull2.gif (117 octets)  Nous proposons à la discussion la grille d'analyse présentée dans le tableau suivant.
bull2.gif (117 octets)  La représentation socioprofessionnelle se construirait selon deux lignes de force : la formation et l'emploi. Un type de représentation de le formation associé à un type de représentation de l'emploi amène les profils représentationnels de l'ingénieur de la part des élèves ingénieurs de l'échantillon étudié. Ces profils de représentation sont inscrits ci-dessous.

 

 

FORMATION

Stabilité de carrière

Flexibilité de carrière

EMPLOI

Savoir faire

Savoirs d’action

Commercial

Apprentissage par l’action, primat du métier

Supaéro (marché porteur des avions)

10,5% de la population

Intérêt pour le métier

Prise de risques, primat du sujet

Engagement personnel " j’applique "

Insa (sciences appliquées)

27,3% de la population

Idéal de métier

Savoir

Connaissances

Production

Recherche

Enseeiht

Canada (volonté de valoriser l’ingénieur de par le formé)

53,5% de la population

Management

Encadrement

Travail en équipe

INT

8,7% de la population

Idéal professionnel