L'imaginaire, que ce soit dans le champ de la formation ou de la recherche, attire et fait peur à la fois. Tout ce passe comme si la difficulté à le saisir, le maîtriser et à, finalement le posséder (si tant est qu'il soit possible de le posséder) nous le rendait désirable et inquiétant à la fois. J'ai entamé un programme de recherche sur les significations que donnent, à leurs actes professionnels, les enseignants et les formateurs. Aux plans théorique et méthodologique, j'essaye de croiser plusieurs approches, sémantique, sémiotique, anthropologique et linguistique, notamment dans le cadre théorique d'une approche ethno-archéologique d'analyse des pratiques. En 1999 j'ai présenté au congrès de l'AERA à Montréal et au congrès de l'AECSE à Bordeaux une première étude qui s'appuie sur un dispositif de formation, le "Photo-langage" et que je pratique dans le cadre d'une problématique de formation, publiée par ailleurs. Il s'agit d'une étude comparée des choix de photos et des jugements discursifs, écrits et argumentatifs, portés rationnellement sur ces choix, à propos de l'acte de " former " auprès de 21 conseillers pédagogiques chevronnés et 21 étudiants se destinant au métier de l'enseignement en EPS. Je me suis intéressé, non pas tant aux représentations mentales qu'instituent les choix de ces photos qu'aux discours et aux jugements argumentatifs implicites, explicites, énonciatifs et symboliques que celles-ci provoquent. Les premiers résultats ont conduit à proposer le concept de "Référent Symbolique Imaginaire" comme élément central organisateur d'un "perçu", d'un "penser", d'un "agir" et d'un "vivre" de nos actes professionnels dans une histoire individuelle et collective, donnée et située. Ils ont quantitativement et qualitativement mis en évidence des éléments sémiotiques, sémantiques et symboliques de convergences (vie - re-naissance) ou de rupture (conflit, sexualité) entre les deux populations d'enseignant experts ou de futurs enseignants d'EPS.
  Les questions qui se posent maintenant sont les suivantes :
  La caractéristique disciplinaire est-elle une variable significative et retrouve-t-on les mêmes résultats pour des professions différentes comme enseignant de mathématique ou enseignant d'histoire et de géographie. Nous sommes ici dans une approche comparative au sein d'une même culture et d'une même langue.
  Les caractéristiques culturelles et la langue sont elles des variables significatives. Nous sommes aussi dans une approche comparative mais résolument ethnologique et interculturelle.
  C'est dans ces deux directions que s'oriente actuellement notre programme de recherche. Le travail que nous présentons s'intéresse, pour l'instant, à la première question et tente d'identifier quelques problèmes théoriques et méthodologiques que posent une approche croisée et multiréférentielle (sémiotique, sémantique et symbolique) en matière de recherche en analyse des pratiques et d'utilisation de l'image.