L'histoire de la notion de formation et des pratiques qu'elle désigne est d'une grande complexité. La formation n'apparaît pas d'un seul tenant, ni même par approximations successives. Analyser son émergence consiste à repérer la pluralité de ses expériences fondatrices mais aussi le dédale de ses replis et de ses contradictions.
  Nous allons présenter une partie de notre recherche actuelle sur les origines contemporaines de la formation. Le point de départ de cette étude est situé en 1904 : création d'un bulletin trimestriel intitulé " La Formation Professionnelle ". Or, à cette époque, il n'y a point de pratique à corréler avec cette dénomination. Son point d'arrivée est 1946 : date à laquelle se réfèrent de nombreux auteurs pour marquer le début de la formation professionnelle en France. Or, l'aventure de la formation a commencé depuis la crise de 1929.
  Pour tisser cette nouvelle vision de l'histoire de la formation nous avons utilisé deux types de sources : d'une part des traces historiques, d'autre part des textes littéraires ou philosophiques. La construction des faits s'accompagnera ainsi d'une contextualisation réalisée à partir des horizons intellectuels de cette première moitié du siècle.
  Toutes les formes - que nous appelons par commodité des " noèmes " - de la formation n'apparaissent pas au cours de cette période, seulement trois sur cinq. Mais s'établit un premier socle conceptuel qui perdure encore aujourd'hui, avec ses combinaisons possibles et ses enchevêtrements.
  L'objectif de cette présentation de résultats est, plus largement, de montrer comment la notion de formation, dont l'ampleur sémantique est très vaste, a réussi à intégrer un demi-siècle de bouleversements tant sur le plan des idées que sur celui des pratiques.