Parmi les défis qu'affronte l'université, il en est deux qui tendent à se rejoindre en France : la professionnalisation des formations et " l'harmonisation européenne ". Des diplômes nouveaux sont en cours de création : la licence professionnelle et le master qui instituent une formation universitaire entièrement professionnelle d'un nouveau type. Dans le champ de l'éducation appliquée à la santé, ces mesures ne posent pas moins une question de fonds qu'une question pratique. Qu'est-ce qui fait la spécificité d'une formation universitaire par rapport à celles, nombreuses, des autres formations en éducation à ou pour la santé ? Comment développer ces formations universitaires nouvelles en tenant de la carte régionale des formations? Sur quels référentiels de compétences et de validation des acquis professionnels construire ces formations? Quels cadres conceptuels et méthodologiques de l'éducation et de la santé favoriser ?
  Parallèlement, une conjoncture nouvelle est peut-être entrain d'apparaître dans les lieux des pratiques d'intervention de l'éducation à la santé, de la formation et de la recherche. avec un double mouvement :
  d'une part, un mouvement des acteurs de l'éducation à la santé vers la recherche d'un partenariat avec l'université pour construire des modèles explicatifs de l'éducation et santé qui aurait pour tâche de favoriser des réflexions sur le plan épistémologique, conceptuel et méthodologique.
  D'autre part, un mouvement vers un engagement dans la réflexion sur la pratique des acteurs concernés favorisant une valorisation sociale de l'expérience professionnelle dans le champ de l'éducation appliquée à la santé, et corrélativement la création de référentiel de compétences pour le développement et la gestion des ressources humaines du champ.
  Sur le plan de la recherche, ces évolutions s'accompagnent d'une pression plus forte, même si elle peut apparaître contradictoire, à intégrer des aspects auparavant disjoints : articulation des sciences de la vie et des sciences du vivant, articulation des méthodologies quantitatives de la santé publique et des méthodologies qualitatives de l'éducation, rapport entre santé et apprentissages, rapport entre santé, perceptions subjectives et représentations sociales, rapport entre l'estime de soi et santé, étude de l'image de soi dans des activités d'éducation à la santé, articulation entre le cognitif et le conatif...
  Ces configurations conceptuelles nouvelles se reconstruisent autour de questions à statut clairement pluridisciplinaire où la complexité des champs disciplinaires des sciences de l'éducation est sollicitée pour prendre la mesure du sujet, sans pour autant il n'ait d'autre ambition que de présenter un ensemble de questions laissant à chacun un large éventail d'orientation de la pratique, de recherche et la possibilité d'apprécier les paradigmes utilisés.