L'expression " intégration des matières " est devenue une notion quasi incontournable dans le langage en vogue en éducation. À ce titre, elle est appliquée depuis quelques années dans le milieu scolaire au primaire et un certain nombre de matériels didactiques du genre " teacher proof curriculum " circulent dans les écoles et jouent le rôle de guides-maîtres pour l'application de cette approche. Cependant, une véritable intégration des matières exige de l'enseignant une connaissance raisonnablement approfondie du réseau conceptuel ou des structures disciplinaires à intégrer ainsi que du processus propre à chaque discipline dans la démarche utilisée pour la construction et l'élaboration des différents savoirs.
  Aussi, après quelques années de pratique, de nombreuses questions demeurent en suspens. Quel est le véritable sens donné à l'intégration des matières par les principaux intervenants dans le milieu scolaire ? La nature et la spécificité des didactiques disciplinaires elles-mêmes sont-elles prises en compte ? L'orientation prise dans les différents matériels didactiques et qui sert de fil conducteur à l'application de l'intégration des matières dans le milieu scolaire est-elle représentative d'une conception réfléchie ou obéit-elle simplement à un modèle de planification du genre " mélange et collage de contenus " ? En définitive, sommes-nous en train de vivre une autre panacée en éducation où les fondements théoriques ne sont pas assez réfléchis pour permettre l'expérimentation d'approches représentatives des postulats théoriques sous-jacents ?
  L'intégration des matières doit faire l'objet d'une analyse rigoureuse et réfléchie autant des divergences que des complémentarités des différents savoirs, contenus, démarches et structures curriculaires propres à chaque discipline de façon à mieux comprendre ce qui caractérise véritablement cette approche pédagogique. C'est seulement de cette façon qu'il sera possible de préciser les interrelations entre les besoins des élèves et les acquisitions visées dans le cadre des différents programmes scolaires et d'établir le bien-fondé de l'expérience et l'optimisation des pratiques de l'intégration des matières. Aussi, des démarches de formation à l'intégration de certaines disciplines (Laurier et Lacasse, 1998) ou encore de formation à des pratiques interdisciplinaires (Larose et Lenoir, 1998) dans le cadre de la formation initiale et continue des enseignants se sont penchées sur la compréhension des liens antre les différents niveaux curriculaire, didactique et pédagogique de cette approche. C'est sur l'ensemble de ces aspects que cette communication nous convie entre autres de réfléchir.