Nous proposons un nouveau paradigme concernant la difficulté d'apprentissage d'enfants d'intelligence normale, devant contenir une définition scientifique des difficultés d'apprentissage, une méthode d'approche des contextes d'apparition et des perspectives de formation des maîtres spécialisés. La recherche empirique porte sur la rééducation d'enfants de trois à huit ans, entre 1978 et 1999, son analyse contextuelle et son évaluation. Il s'agit d'une démarche exploratoire à partir de l'étude clinique, de chacun, des cas mise en confrontation à l'analyse statistique des résultats obtenus.
  L'enfant est habituellement traité comme porteur d'un trouble et on oriente la rééducation relatio-fonctionnelle sur la recherche de tendance interne à l'individu. Mais, si l'on considère qu'il dévoile un dysfonctionnement entre partenaires éducatifs, des distorsions entre attentes mutuelles, une crise au carrefour d'injonctions, alors, le symptôme scolaire serait une réponse adaptée et nous proposons une rééducation pluridimensionnelle.
  En déplaçant le lieu de la difficulté de l'élève au contexte scolaire, nous avons élaboré une typologie familiale au regard des relations famille-école et dégagé la notion de bien-être scolaire comme condition préalable à la réussite, en référence aux travaux de G. Bateson sur les frontières familiales où se jouent les processus d'intégration psycho-sociale ; de Ph. Ariès sur la privatisation de la famille ; de C. Dubar sur l'interdépendance des individus dans leur structuration ; et de Garfinkel comme raisonnement sociologique pratique permettant une production scientifique. Un choix de posture praxéologique modifie la pratique ré-éducative et le système d'éducation partenarial. La conséquence sur la formation du ré-éducateur est l'introduction d'une rupture conceptuelle dans la définition de la difficulté d'apprentissage, l'approche de la complexité, la recherche-action comme mode d'appréhension du réel et fondement d'une praxis citoyenne.