La réforme de la Santé en France décidée par les politiques depuis 1991 et accentuée en 19% par les ordonnances entraîne une modification des structures, des organisations et des pratiques professionnelles. Cette transformation favorise le passage d'un projet thérapeutique à un projet de Santé et répond en même temps à des contraintes économiques et aux attentes des personnes malades. Le nouveau rapport du jeu des acteurs tend à modifier la relation traditionnelle unilatérale médecin-malade au profit d'interactions entre le malade, les soignants et la société. Le rapport singulier qui présidait à la relation thérapeutique cède le pas à une équipe multidisciplinaire fonctionnant en réseau ville-hôpital. L'aspect thérapeutique et a fortiori sa dimension technique ne peuvent se concevoir qu'à la façon d'éléments indissociables d'un tout comportant entre autres des aspects économiques et juridiques.
  Ainsi la notion de qualité des soins qui était traditionnellement associée aux diplômes détenus par les praticiens, repose-t-elle actuellement sur un ensemble de paramètres débordant largement l'aspect médical.
  Cette réforme ne peut aboutir sans un changement culturel profond des praticiens et surtout des futurs professionnels. Or, la formation des enseignants reste à dispenser des contenus identiques à ceux qui existaient avant la réforme, ce qui revient à dire que l'on continue de former des techniciens disposant de compétences propres à leur technique mais ignorants des effets à distance, des coûts et peu soucieux des interactions possibles avec leurs collègues. Par ailleurs beaucoup de directeurs d'hôpitaux et d'instituts de formation recrutent leurs cadres sur un niveau de compétence technique accentuant aussi la résistance au changement Ainsi la formation des enseignants amène-t-elle la question suivante : l'expertise qui était en cohérence avec une organisation segmentée de la Santé, permet-elle de répondre à une approche complexe?
  Cette contribution se propose d'analyser des données pédagogiques et professionnelles et de les confronter à des modèles théoriques afin de construire des propositions d'évolution de la formation des enseignants en cohérence avec la nouvelle ligne politique de la Santé.