La littérature de jeunesse a acquis ses lettres de noblesse en entrant à l'école québécoise par la grande porte. En effet, grâce aux nouveaux programmes de français du Québec, tant au primaire qu'au secondaire, l'apprentissage de la lecture passe dorénavant par celui de la lecture littéraire. La fréquentation des œuvres littéraires permettrait de développer, dés le plus jeune âge, la lecture littéraire comme habitus et de construire un prototype du littéraire, favorisant entre autres, dans le paradigme actuel de polysémie et de lecture plurielle, le plaisir du texte et l'appréciation esthétique des œuvres.
  Notre réflexion s'inscrit en sciences de l'éducation, au cœur d'une discipline en émergence, la didactique de la littérature, qui tente de délimiter son objet, soit l'étude de l'enseignement et l'apprentissage de la lecture littéraire en contexte scolaire. Nous poursuivons une réflexion épistémologique sur la construction des savoirs littéraires. Toutefois, s'interroger sur la didactique de la littérature peut difficilement se concevoir sans mettre en perspective la lecture littéraire et ses buts, c'est-à-dire une lecture qui commande à la fois des savoirs d'ordre affectif et socioculturel, voire esthétique, et des savoirs d'ordre cognitif liés au travail sur le fonctionnement du texte littéraire. Ces derniers sont associés, entre autres, à une analyse narrative et discursive du texte à lire. Ceci suppose que l'enseignant du primaire soit rôdé à un certain nombre de pratiques propres à ce travail d'analyse. L'acquisition d'un langage explicatif et rigoureux (ou métalangage) minimal et plus ou moins théorisé pour nommer et expliciter les modes d'organisation du texte se révèle alors fondamentale. La formation des enseignants à ce savoir littéraire permettra l'élaboration d'interventions pédagogiques qui multiplieront les expériences de la littérature et favoriseront la lecture littéraire chez leurs élèves.