Depuis quelques années les travaux de la psychologie du développement offrent la possibilité de composer différemment les situations d'apprentissage. Les recherches de E. Rosch et de K. Nelson sur la construction des catégories chez le jeune enfant, plus récemment celles de E. Thelen sur la dynamique cognitive et celles de O. Houdé sur le fonctionnement cognitif et l'inhibition fournissent un potentiel employable dans les constructions de savoirs. Plus ou moins directement ces auteurs ont également posé la question du statut des objets de connaissance dans les environnements et les rapports qu'ils entretiennent avec les sujets.
  Dans un environnement scolaire qui a pour intention de transformer les connaissances, nous nous intéressons au rapport que l'école entretient avec le fonctionnement naturel des sujets-apprenants, quelles sont les continuités qu'elle assure, quelles sont les ruptures qu'elle accomplit.
  Cela implique de se préoccuper des formes que les savoirs peuvent prendre dans une situation d'apprentissage scolaire (par forme nous entendons des organisations manifestes ou actualisées et le cas échéant virtuelles, d'éléments concrets ou abstraits en lien avec les savoirs, qui peuvent jouer un rôle dans l'apprentissage), dans un renouvellement du concept d'objet on se réfèrera aux travaux de G. Simondon, R. Thom, F. Dagognet, G. Chazal,.
  Cela implique également de se préoccuper du rapport entre la cognition " écologique " (lorsque la construction de savoir s'effectue dans un environnement non commandé par une intention transformatrice) et la cognition orientée.
  Ces deux préoccupations principales nous conduisent à nous focaliser sur :
  - l'articulation des savoirs de référence et les formes (objets) censés les manifester ou les représenter (validité, décalage, interférences). Nature de la forme et rapport entre forme et contenu (relations et effets entre structure de surface et structure profonde ; monosémie et polysémie). Pertinence et validité des formes par rapport aux savoirs en jeu. Rapports entre le concret et l'abstrait ;
  - l'insertion des formes dans l'apprentissage : activité, dynamique de transformation des conceptions, dynamique de transformation des objets ;
  - l'activité des élèves en rapport avec les formes, et les savoirs qu'ils construisent ;
  - le travail spécifique de l'enseignant dans la double dynamique formes, sujets.
  La recherche consiste à observer et à analyser les conceptions, le fonctionnement cognitif d'enfants d'école primaire (maternelle, cours élémentaire, cours moyen). Les situations de construction de savoirs élaborées et réalisées en collaboration avec les institutrices sont construites sur le thème de la " lecture de paysage " qui a pour avantage de se rattacher à des expériences extra-scolaires sur des environnements variés, dont ceux de l'expérience quotidienne. Ce thème a aussi comme avantages, dans les constructions de savoirs, de pouvoir être traité par plusieurs formes (paysage réel, photographies, dessins, discours, cartographies) et par voie de conséquence de se prêter à des activités et constructions variées.