En partant de l'hypothèse que les représentations, les stratégies et les pratiques de parents qui concernent la scolarisation et l'avenir professionnel de leurs enfants sont conditionnées, dans une grande mesure, par leur classe sociale d'appartenance, nous avons organisé une recherche empirique.
  D'un échantillon de trois cents élèves de la classe supérieure de l école primaire, répertoriés et classifiés selon la note moyenne de leurs résultats et l'avis de leur maître sur leur avenir scolaire, nous avons choisi les dix premiers et les dix derniers de la liste. Ayant observé ensuite les caractéristiques socio-culturelles de leurs parents nous avons constaté que les premiers (groupe A) appartenaient à la classe sociale supérieure et les derniers (groupe B) à la classe sociale défavorisée.
  Nous avons élaboré puis fait passer avec des parents vingt entretiens. Nous proposons pour les comparer deux tout petits échantillons de réponses de parents de deux groupes en guise d'exemple.
  Représentations: Groupe A: "J'attends qu'il réussisse ce que lui-même désire, qu'il soit heureux, nous serions contents moi et sa mère de le voir faire de études universitaires - Oui, oui, oui je voudrais qu'il fasse des études à l'Université, qu'il choisisse ce qu'il veut mais en tout cas, qu'il fasse des études scientifiques sérieuses". Groupe B: "Je vois son avenir comme difficile. Faire des études oui mais après cela quoi faire ? Le meilleur pour lui est d'avoir un emploi sûr. Qu'il fasse des études ne m'ennuie pas. - J'avais des rêves que l'un de mes enfants fasse des études c'est-à-dire qu'il devienne gendarme ou employé dans un port".
  On constate qu'il existe donc deux schémas différents de représentation, d'organisation et d'action qui résultent probablement de deux conditions sociales objectives différentes incorporées que nous appelons classes sociales.