(cadre théorique : analyse sociologique de l'usage des objets techniques et des pratiques d'enseignement)
  Il existe une fascination, vis-à-vis des nouvelles technologies, partagée par les enseignants et les étudiants. Cette fascination se manifeste dans le pouvoir qu'auraient les objets techniques de faciliter la transmission et l'acquisition des connaissances. L'objet de cette contribution, à caractère sociologique, est de s'interroger sur les conditions d'un enseignement, celui de la sociologie du travail. La question initiale est : peut-on enseigner la sociologie sans être dans une salle de cours ?
  Pour répondre à cette question, nous nous appuierons sur l'observation et l'analyse d'une première expérience d'enseignement réalisée auprès d'une vingtaine d'étudiants inscrits en 1998/99 au Centre de télé-enseignement et d'innovation technologique (CTEIP) du CNAM du Centre régional associé des Pays de la Loire.
  L'observation a porté sur plusieurs domaines : la négociation de la mise en œuvre de l'enseignement entre le concepteur et les enseignants ; l'élaboration du dispositif ; le déroulement de l'enseignement (contribution des auditeurs, difficultés rencontrées, acquis évalués, contenus des travaux réalisés par les auditeurs, évaluation institutionnelle)
  Cette observation nous conduit à considérer que dispositif mis en place n'a pas atteint les objectifs escomptés. Plusieurs constats peuvent être faits : ainsi, un forum avait été imaginé comme espace de substitution à la salle de cours. Si de nombreuses contributions ont été envoyées, elles n'ont provoqué aucune interaction ; une " liste de diffusion " destinée à favoriser la connaissance réciproque des auditeurs à travers des présentations personnelles et professionnelles est restée désertée pendant un trimestre ; les travaux réalisés pour la validation rendent compte des inégalités sociales, accentuées par la maîtrise des nouvelles technologies ; se sont mises progressivement en place des stratégies individuelles, parallèles et échappant au dispositif, ayant pour finalité la validation de l'enseignement.
  Ce retour d'expérience et des limites apparues nous conduit à nous interroger sur les présupposés qui ont amené à la construction de ce cours. Est-ce que l'enseignement ne reposait pas finalement sur une illusion, à savoir sur le maintien de rapports de dépendance défavorables à l'appropriation des connaissances, alors qu'il aurait dû s'inscrire dans une fonction émancipatrice ?