Dans de nombreux cursus de formation d'enseignants et de travailleurs sociaux, l'épreuve du mémoire tient une place importante. Dans l'année de formation, elle occupe et préoccupe stagiaires et formateurs. Elle sollicite de multiples compétences : organisationnelles, communicationnelles, textuelles et discursives (problématisation, rédaction d'un texte explicatif, enquêtes et analyses de textes officiels et de pratiques, soutenance, etc.). Elle est occasion d'élaboration de savoirs mais aussi espace d'un processus d'identification professionnelle et personnelle dans lequel se constitue et s'élucide un nouveau rapport au métier, à l'institution, à l'autre, à soi-même. Dans l'articulation de ses différents dispositifs interlocutifs (séminaire de mémoire, enquête et stage sur les terrains, écriture, soutenance) cette épreuve constitue une praxis discursive d'émergence de la personne. C'est-à-dire d'une subjectivité qui intègre d'une manière nouvelle le " souci de soi, de l'autre et de l'institution juste " (Paul Ricœur " Soi-même comme un autre " Seuil PUF 1994).
  Je prendrai l'exemple du mémoire de directeur d'établissement d'éducation adaptée et spécialisée. À partir d'un corpus de mémoires et de questionnaires auprès de stagiaires comme d'une expérience personnelle de plus de 12 années d'animation de séminaires de mémoires de directeurs, je développerai un questionnement sur la manière dont les différentes phases du mémoire et les dispositifs de suivi contribuent à la dynamique de formation professionnelle et personnelle. Le but de l'étude est l'amélioration de la formation.
  Je m'appuierai sur les outils et démarches de l'analyse personnaliste des pratiques discursives (RICŒUR, JACQUES, NIARTINEZ, etc.), ainsi que sur différentes approches de la notion de " rapport au savoir " en sciences de l'éducation (BEILLEROT, CHARLOT, etc.). L'exposé sera accompagné de polycopiés.