Le maître, autrefois, dans les écoles québécoises, détenait une autorité ferme et indiscutable sur sa classe et ses élèves. Son statut politique ne pouvait, sous aucune condition, être objet de critiques de la part des élèves. Depuis quelques décennies, la position autoritaire du maître a été bouleversée. Les nouveaux idéaux pédagogiques l'obligent dorénavant à se rapprocher des élèves, à être attentif à leur vécu, à leurs carences affectives, à leur univers psychologique et social intime. Des stratégies de séduction, autrefois marginales, semblent dorénavant incontournables pour accomplir la tâche enseignante (Lafon, 1992). À cet égard, l'enseignement n'échappe pas à la séduction (Gauthier, Jeffrey, 1999). Cela ne signifie pourtant pas que le maître doit se faire séducteur. La séduction n'est pas non plus le signe d'une démission vis-à-vis les règles disciplinaires. Le maître qui utilise des stratégies de séduction n'a pas démissionné. Il use plutôt de mises en scène pédagogiques et de certains effets théâtraux pour, notamment, faciliter les apprentissages, captiver les élèves, soutenir leur attention, les intéresser à de nouveaux savoirs, etc. (Simard, 1999). La séduction, dans la relation pédagogique, est bien précieuse pour éveiller l'esprit et donner le goût d'apprendre. Nous proposons, dans cette conférence, de rendre compte des règles éthiques qui délimitent les jeux de séduction dans la classe. Pour établir les règles dans les jeux de la séduction, nous avons croisé les travaux de Goffman sur la mise en scène dans la vie quotidienne avec le questionnement kantien portant sur la liberté morale. Cette recherche fondamentale tente de montrer que les différentes figures de séduction (prostitution, pornographie, fascination religieuse, etc.) doivent être limitées par des principes axiologiques et sociaux pour en assurer la fonctionnalité et la fécondité.