Sans entrer dans le débat épistémologique sur ce qui définit une discipline spécificité d'un objet, le cinéma, la littérature... ou spécificité de la relation méthodologique à un objet la linguistique ou la sémiotique je rappellerai simplement, à propos de la transversalité ce que disait Armand Mattelart, à propos de sa discipline et qui me semble tout à fait valable pour les sciences de l'éducation÷
  "La transversalité de plus en plus inhérente aux recherches en communication que certains sont enclins à ne voir que comme un handicap, pour une reconnaissance disciplinaire à par entière, risque de se transformer alors en un atout pour une connaissance approfondie de la restructuration des sociétés humaines au seuil du 21e siècle"- c'était en 1982, et c'est de plus en plus vrai.
  L'intervention se déroulera en deux temps :
  1-Rappel de quelques repères indispensables à la réflexion sur les relations de l'école et des médias, à travers la référence à diverses recherches,
  -l'école et les médias, deux systèmes de socialisation en interaction constante
  Il y a là deux systèmes qui transmettent des informations, diffusent des savoirs, des valeurs, modèlent des comportements et constituent donc deux systèmes de socialisation : ils ont chacun leur logique et leur modalités propres (formel dans un cas, non formel dans l'autre). Or, autant dès les années 60-70, il y a eu un foisonnement d'études et de recherches critiques sur l'école et sa fonction de reproduction des valeurs et inégalités, autant il a manqué et manque encore d'observation critique et de recherches sur les médias comme instrument de socialisation - y compris dans sa dimension cognitive notamment en ce qui concerne ce public particulier que sont les jeunes citoyens dans leur statut d'enfants et d'élève. On fournira des exemples de recherches
  Qu'ils s'opposent ou se complètent, ces systèmes de socialisation sont en interaction constante. à condition de ne pas se livrer à ce que j'appelle une "violence culturelle" à l'école en niant l'un ou l'autre.
  -Les médias supports et ou objets d'enseignement ?
  Certes, il y a des différences et donc il est nécessaire de distinguer entre l'utilisation de la télévision (par exemple d'une émission grand public ou d'une émission éducative) pour apprendre l'histoire ou la littérature et un travail de production ou d'analyse d'un "Journal télévisé", pour mieux comprendre comment se met en scène l'information. Mais en même temps, comme j'ai été amenée à le souligner a plusieurs reprises il y a une fâcheuse tendance - du moins en France -. à voir se constituer deux catégories d'enseignants, ceux qui utilisent les médias en appui de leur enseignement et ceux qui interviennent en "éducation aux médias". Or ces deux dimensions sont intimement liées : utiliser une émission comme support à un contenu et l'analyser du seul point de vue référentiel, c'est occulter sa dimension langagière et entretenir une naïveté sur laquelle repose déjà toute une tradition de la pédagogie audiovisuelle. à savoir "qu'image = réalité". Or analyser les médias, c'est interroger sa relation au monde et la façon dont il le représente.
  -L'éducation aux médias en France et ailleurs
  Il est important de situer toute éducation aux médias dans un contexte socio-politique et culturel précis et explicité, en évitant toute conception mécaniste et simpliste, car le fonctionnement des sociétés ne l'est pas, et il faut en finir avec "la conception ancienne de l'éducation aux médias perçue comme un ensemble discret, original, facile à cerner, d'industries, de pratiques et de textes. De ce point de vue. à l'intérieur d'une même société, même scolaire, des différences socio-culturelles (voir les ZEP) entraînent des positionnements familiaux différents, par rapport aux médias, dont il faudrait tenir compte à l'école.
  2-Ce que je voudrais montrer, dans ce qui suivra, sur deux exemples précis, c'est comment le dialogue entre ces deux disciplines peut seul permettre d'avancer, dans un domaine ou sous prétexte de consensus mou, on risque de perdre, sinon son âme - du moins son exigence pédagogique. Ces deux exemples correspondent à des moments différents de l'acte pédagogique et s'appuyant sur des recherches récentes ou en cours.