Un des aspects primordiaux du concept de " pratiques sociales de référence " utilisé en didactique est que les activités concernées renvoient à l'ensemble d'un secteur social. Si la relation avec les activités didactiques n'est pas d'identité, l'utilisation effective du concept impose d'indiquer les critères qui permettent ou justifient les choix adoptés à partir de cette réalité sociale.
  Dans ce travail, il s'agit de sérier à travers l'analyse des pratiques socio-techniques concernées, ici celles relatives à la conception et à la réalisation de l'espace bâti et de son environnement dans la société kabyle traditionnelle, les éléments pertinents à discuter en vue de permettre leur transposition dans l'enseignement.
  Nous partons des résultats d'une analyse anthropo-juridique d'un corpus de coutumiers d'assemblées de villages kabyles (Algérie) recueillis à la fin du XIXe siècle que nous avons effectuée. Cette analyse qui découle de la visée à comprendre à partir de la culture juridique les prescriptions, les injonctions et les interdictions dont était l'objet l'espace bâti et son environnement, montre l'interrelation active entre les représentations symboliques, les dispositions juridiques permanentes et les modes concrets d'agir et de penser. Nous sommes alors renvoyés à des pratiques sociales qui sont aussi bien des pratiques techniques relatives à l'activité de construction et qu'accompagnent des pratiques rituelles et symboliques, qu'à des pratiques d'appropriation et d'exploitation de l'espace.
  Les conditions et les formes d'usage des divers médiateurs : outils (matériels ou symboliques), règles (normes explicites ou implicites, conventions et relations sociales au sein de la communauté), organisation du travail entrant dans la conception et la réalisation de l'espace bâti et de son environnement, apparaissent comme des critères pertinents aussi bien pour rendre compte de ces pratiques socio-techniques que pour discuter leur transposition dans l'enseignement.