Rappelons d'abord que, en matière professionnelle, l'objet ultime de la formation est toujours le meilleur service de l'usager ou client et de la société par une augmentation de la compétence individuelle et collective des membres d'une profession. Compréhension plus large et savoir-faire plus variés s'acquièrent au long de la vie, au fil des expériences réfléchies et des connaissances incorporées. Mais la validation de ces acquis, la reconnaissance sociale passent par des normes dans un système de cursus de formation, de qualifications labellisées, de diplômes hiérarchisés en niveaux.
  Pourquoi les professions sociales, comme les autres d'ailleurs, ont besoin de plus en plus des niveaux les plus élevés (Niveau I français, en particulier) et pourquoi dans un système qui conjugue savoirs généraux, classiques, disciplinaires et savoirs pour l'action, professionnels, praxéologiques ?
  - Une profession, pour s'autonomiser, se légitimer, s'identifier, doit produire elle-même ou contribuer à produire les savoirs dont elle a besoin, en particulier ceux de l'intervention qu'elle est seule à maîtriser. La recherche, ici comme partout, est vitale pour son adaptation, son développement. Et une proportion de chercheurs imprégnés de la culture professionnelle - qui n'est pas qu'un enfermement ! - désormais nécessaire. Praticiens-chercheurs à qui le système professionnel permet de se mouvoir et promouvoir sur des trajectoires de plus en plus ouvertes, dans des temporalités plus serrées (compression du temps de compétence) et des espaces plus larges (Europe, Monde).
  - Si le dialogue d'égal à égal entre les professions peut et doit s'effectuer à tous les niveaux pour la construction et le fonctionnement de partenariats, à plus forte raison dans les instances supérieures où se pensent les ensembles et les stratégies.
  - Si le système disciplinaire appuyé au paradigme positiviste a produit l'essor de la science que l'on sait, il a aussi, surtout en France, empêché le développement, délégitimé, les approches pluridisciplinaires et surtout trans-disciplinaires, la recherche "professionnelle", la recherche impliquée, la recherche praxéologique. Des pans entiers de la réalité ont ainsi été négligés qu'il est urgent d'explorer à l'aide d'un nouveau paradigme.
  Les enjeux du développement de la formation supérieure en Travail Social, les voilà, énormes pour chaque travailleur social, pour la profession et pour la collectivité toute entière.
  * Association française pour des formations niveau I en travail social