Diapositive 4 sur 16
Commentaires:
Pour R. Sainsaulieu[1], lidentité professionnelle se définit comme la « façon dont les différents groupes au travail sidentifient aux pairs, aux chefs, aux autres groupes, lidentité au travail est fondée sur des représentations collectives distinctes ». Lidentité serait un processus relationnel dinvestissement de soi (investissement dans des relations durables, qui mettent en question la reconnaissance réciproque des partenaires ), sancrant dans « lexpérience relationnelle et sociale du pouvoir ».
Claude Dubar[2] généralise lanalyse de Renaud Sainsaulieu avec la notion didentité sociale. Il reconnaît avec lui que linvestissement dans un espace de reconnaissance identitaire dépend étroitement de la nature des relations de pouvoir dans cet espace et la place quy occupe lindividu et son groupe dappartenance. Le cadre théorique proposé par R. Sainsaulieu privilégie la constitution dune identité professionnelle par lexpérience des relations de pouvoir. Or les individus appartiennent à des espaces identitaires variés au sein desquels ils se considèrent comme suffisamment reconnus et valorisés : ces champs dinvestissement peuvent être le travail, mais aussi hors travail. Il se peut aussi quil nexiste pas pour un individu despaces identitaires dans lequel il se sente « reconnu et valorisé ». Pour Claude Dubar, lespace de reconnaissance de lidentité sociale dépend très étroitement de la reconnaissance ou de la non-reconnaissance des savoirs, des compétences et des images de soi, noyaux durs des identités par les institutions. La transaction entre dune part les individus porteurs de désirs didentification et de reconnaissance et dautre part les institutions offrant des statuts, des catégories et des formes diverses de reconnaissances peut être conflictuelle. Les partenaires de cette transaction peuvent être multiples : les collègues de travail, la hiérarchie de linstitution, les représentants syndicaux, lunivers de la formation, lunivers de la famille, etc.
La construction dune identité professionnelle est basée sur ce que Peter Berger et Thomas Luckmann[3] nomment la « socialisation secondaire » : lincorporation de savoirs spécialisés (savoirs professionnels). Ce sont des machineries conceptuelles comprenant un vocabulaire, des recettes (ou des formules, propositions, procédures), un programme et un véritable « univers symbolique » véhiculant une conception du monde mais qui, contrairement au savoir de base de la socialisation primaire, sont définis et construits en référence à un champ spécialisé dactivités. [1] R. Sainsaulieu, 1977, Lidentité au travail, 2ème édition 1985, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques.
[2] C. Dubar, 1998, La socialisation, Construction des identités sociales et professionnelles, Armand Colin.
[3] P.Berger, T. Luckmann, 1966, La construction sociale de la réalité, Paris, Méridiens Klincksieck, 1986.