Prendre la parole pour apprendre

Académie : Lyon

Département : Rhône

École : Saint Didier sous Riverie

Rédacteur(s) : Jean Luc Duret, Dominique Sénore

Accompagnement : Josselyne Annino

Sommaire

Présentation

Des activités qui donnent leur places aux élèves dans la classe

Le " moment philo "

Les rituels de l’accueil des élèves

Le " conseil de classe "

Les brevets de connaissances

Les relations entre l’école et les familles

Le journal de l’école

Une enquête auprès des familles

Un entretien avec les membres de l’équipe pédagogique

Les réponses des enseignants

S’il fallait conclure

Préambule

La monographie que nous présentons a été rédigée à partir d’observations des élèves en situation de classe, d’une enquête auprès des parents par questionnaire et d’un entretien conduit auprès des membres de l’équipe pédagogique. Nous avons souhaité rédigé la monographie d’une école et privilégier la présentation d’un mode d’organisation de celle-ci. Aussi, les pratiques spécifiques à chaque classe ne sont-elles pas toujours présentées avec autant de précision, au risque, pour les enseignants, de ne pas retrouver, comme ils auraient pu le souhaiter, si nous avions fait une monographie de chacune des classes, la spécificité de leurs pratiques.

Présentation

Le village de Saint Didier sous Riverie (69) dont la population s’élève à environ mille deux cents habitants comprend deux écoles ; l’une est privée sous contrat et accueille quatre vingt quatre élèves; l’autre école, publique, accueille quant à elle soixante six élèves cette année. Ils étaient cinquante il y a cinq ans.

Quatre enseignants, une aide maternelle (ATSEM) et une aide éducatrice à temps partiel (il y en a deux pour huit écoles du secteur géographique) travaillent dans l’école et composent l’équipe pédagogique.

Tous communiquent et échangent par le courrier électronique via internet ; c’est un outil très utilisé. Il se substitue souvent aux réunions jugées moins performantes et réservées à des travaux spécifiques comme, par exemple, la préparation d’un stage en équipe ou encore la rédaction d’articles du journal de l’école, "le p'tit crack " pour informer les familles de l’arrivée des remplaçants pendant toute la durée du stage.

Dans l’école, les élèves sont répartis dans les trois classes de l’école. La première classe comprend vingt élèves et accueille le cycle 1 sans la grande section de maternelle. La deuxième classe accueille les vingt élèves du cycle 2 (grande section, cours préparatoire et cours élémentaire première année) ; enfin, la troisième classe se compose des vingt-six élèves du cycle 3 (cours élémentaire deuxième année, cours moyen première année et cours moyen deuxième année).

Ce qui peut surprendre le visiteur, à son arrivée dans le village, c’est le peu d’indication signalant l’école publique. Il est vrai que dans les villages de cette zone géographique, on a d’ailleurs pris l’habitude de désigner l’école privée, lorsque l’on demande aux habitants le chemin de l’école. Ici, le petit panneau indicateur à l’entrée de la rue Jules FERRY est d’ailleurs "bombé" de peinture bleue, mais les parents qui ont inscrit leurs enfants ici l’ont choisi.

Les enseignants ont, au dire des parents et des autres adultes de l’école, la réputation de travailler en équipe : "les décisions concernant l’école sont prises ensemble, après discussion de tous . …/… Si un membre de l’équipe est confronté à un problème, il peut en parler et espérer une réflexion ou des réponses de la part de ses collègues". Chacun dit éprouver le sentiment d’être bien intégré au travail de l’équipe. Certains outils de la pédagogie de type institutionnelle sont utilisés et les élèves disposent d’éléments de travail et de réflexion qui, comme le préciseront les parents au cours de l’enquête que nous avons effectué les rendent plus autonomes en leur accordant un véritable statut d’élève.

C’est certainement cet ensemble qui a poussé l’équipe pédagogique de l’école à entrer dans la démarche proposée par la charte pour "Bâtir l’école du XXIè siècle" et à se porter volontaire pour participer à la recherche confiée à l’INRP. Le directeur dit d’ailleurs qu’il souhaite profiter de cette occasion pour rédiger, avec les enseignants, un nouveau projet pour les trois années à venir. Ce sont aussi ces questionnements qui ont guidé cette monographie.

Les points décrits et présentées dans cette monographie s’inscrivent dans la volonté affichée par l’équipe pédagogique de reconnaître chaque enfant comme un interlocuteur privilégié et de lui accorder un véritable statut d’élève. Cette volonté s’inscrit dans le projet pédagogique et éducatif qui met l’accent sur les relations et la communication à développer entre les élèves pour favoriser l’acquisition de connaissances et leur développement global.

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Des activités qui donnent leur places aux élèves dans la classe

1.1 Le "moment philo" et ses prolongements possibles, en fonction des cycles

Ce moment de parole est particulier. Pendant une dizaine de minutes, chaque semaine, les élèves se retrouvent confrontés à une énigme comme par exemple : "pourquoi certaines personnes ont-elles envie de se moquer ? Peut-il être utile de se mettre en colère ? Comment faut il faire pour être sûr de bien connaître quelqu’un ? Est ce que comprendre et apprendre c’est pareil ? Faut il toujours réussir la première fois ?", etc.

Pendant ces dix minutes, l’enseignant n’intervient pas. Cela ne signifie pas pour autant que sa présence n’est pas forte et importante, au contraire. Il doit faciliter la communication entre les élèves, permettre aux échanges d’avoir lieu et ainsi à la pensée collective et individuelle de se construire.

Ce moment est enregistré ou filmé et les élèves ont la possibilité de se réentendre ou de visionner la cassette soit immédiatement après la séance, soit à tout moment libre. Une fois, l’énigme a semblé insurmontable, trop complexe aux élèves du cycle 3 alors Qu’il leur était proposé d’échanger à partir de la question suivante : "qu’est ce que la beauté ?". Un sursis d’une semaine a été demandé au maître de la classe. La séance fut interrompue et reprise la semaine suivante ; les échanges furent alors plus riches et plus nombreux. Une autre fois, les élèves se sont plaints car les énigmes présentées leur semblaient trop difficiles. La question fut débattue en conseil et une décision votée : les élèves choisiraient les trois prochaines énigmes pour les trois prochaines séances. Après réflexion, les trois énigmes suivantes furent retenues :

  • Pourquoi y a-t-il des gens racistes ?
  • L’univers a-t-il une fin ?
  • Qui est apparu le premier, de l’œuf ou de la poule ?

Jacques Lévine a travaillé avec l’équipe des enseignants de Saint Didier sous Riverie. Il a visionné des enregistrements. A partir de ses observations, il a pu mettre en évidence le fait que les élèves du cycle 1 échangent surtout à partir de ce qui fait référence à ce qu’ils connaissent et qui fait sens pour eux, sans liens apparents avec ce qui est dit par les autres élèves mais en s’opposant ; ils utilisent beaucoup : "je suis pas d’accord". Les tautologies sont abondantes ("mon nounours est beau parce qu’il est joli"). Ensuite, au cycle 2, les élèves prennent appui sur les différences et les oppositions pour s’exprimer. Au cycle 3, les prises de parole se font en tentant de prendre appui sur ce qui rassemble les élèves, comme s’ils craignaient qu’une opposition les séparent.

Nous présentons maintenant, à titre d’illustration, des extraits de la retranscription de deux moments au cycle deux.

Peut-il être utile de se mettre en colère ?

"Oui c’est possible de se mettre en colère quand des enfants assez grands font des bêtises, les parents se mettent en colère.
C’est presque comme Paul, oui c’est possible car si les enfants font des choses pas bien, les gens peuvent se mettre en colère.
Eh ben si une voiture rentre dans l’autre, et si la voiture blanche est la plus cabossée, la dame pourrait se mettre en colère.
J’suis d’accord avec toi Paul, Morgane, l’autre jour disait toujours c’est quoi çà et Nadia s’est mise en colère car c’est quand même embêtant que quelqu’un répète toujours la même chose, quand on se concentre, on pourrait écrire n’importe quoi.
C’est utile parce que si sur le mur d’une maison, on écrit avec des truc de guerre, ça met en colère.
Si quelqu’un me dit de faire du calcul qu’est ce que ça fait 10+10 et qu’on écrit un autre nombre, ça peut fâcher…
C’est pas des bombes de guerre, c’est comme ce qu’utilise la maman dans les toilettes".

Comment faut il faire pour être sûr de bien connaître quelqu’un ?

"Il faut surtout bien savoir comment il s’appelle, lui avoir déjà parlé, l’avoir vu…
Eh ben il faut le connaître, l’avoir vu ou à sa naissance, des fois on connaît très bien.
Il faut l’inviter parfois, lui montrer notre chambre.
… Tout simplement, on a pas besoin de regarder que les lunettes, il faut tout regarder, bien regarder les cheveux.
Que quand je suis arrivé dans cette école je connaissais que Mourad et après Pierre est devenu mon copain, je sais pas comment, par miracle peut-être.
Moi je sais pas reconnaître des jumelles.
Ben Michel, c’est facile de répondre à ta question si y’en à une qui a pas de lunettes et l’autre qui en a, c’est facile de les reconnaître.
Eh ben faut demander à sa maman.
Quand on va dans une nouvelle école et qu’on n’a rien, c’est sûr qu’on connaît pas.
Si y’a deux sœurs jumelles carrément pareilles, on sait pas les repérer.
C’est dur de reconnaître quelqu’un si on l’a pas vu avant.
J’ai rien compris".

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Pendant l’année scolaire dernière, les élèves du cycle 3 ont demandé s’ils n’existaient pas des expériences dans d’autres écoles ou entre adultes ; ils auraient aimé visionner des cassettes pour savoir ce que pensaient d’autres personnes. Ceux du cycle 2 ont demandé à inventer des énigmes et ont défini celles qui pouvaient "être philosophiques" : "les questions philo sont celles où on ne peut pas répondre par oui ou par non".

En fait, ce temps offert aux élèves déborde largement du cadre des dix minutes consacrées à cette activité. Les enseignants constatent que tous les élèves participent et que le "leadership" de quelques uns, constaté dans certaines classes, n’existe plus. Les enfants se reconnaissant comme ayant un profil de " bon élève " côtoient ceux qui ne se reconnaissent pas dans cette catégorie et échangent à égalité. En fait, pour les enseignants de l’école, "il n’y a pas de leadership, mais seulement des élèves qui sont très impliqués selon les activités. Ce qui les préoccupe, ce sont les rares cas d’enfants à partir de trois ans qui ne s’impliquent dans aucune activité". Les enseignants, quant à eux, ont une occasion supplémentaire d’écouter et d’observer leurs élèves. Cette attention particulière leur fournit une occasion supplémentaire pour chacun des élèves d’être considéré comme un interlocuteur valable aux yeux de l’ensemble de la communauté éducative. C’est une posture qui semble porter ses fruits ; ainsi nous avons pu constater qu’en mathématiques, par exemple, les élèves échangent, argumentent, réfléchissent et discutent pour aider l’un d’entre eux à comprendre le mécanisme d’une soustraction plutôt que de rester à un apprentissage mal maîtrisé.

1.2 Les rituels de l’accueil des élèves

Chaque cycle propose un rituel d’accueil des élèves ; ce moment d'échanges n'a rien à voir avec les entretiens prévus par les instructions officielles et pouvant servir de support à des leçons de vocabulaire ou d’instruction civique. Il ne s'agit pas, non plus, de parler sur commande. Les élèves du cycle 1 sont accueillis par une marotte à laquelle ils peuvent parler, les autres ont un temps commun. Nous présentons ici le "quoi de neuf" utilisé au cycle 3.

  • Le "quoi de neuf" est certainement, si l’on en juge par ce qu’en disent les parents et la participation des élèves, un moment important de la journée. C’est un temps nécessaire qui favorise la constitution d’un groupe d’élève en communauté dont les membres s’écoutent et respectent la parole des uns et des autres. Cet entretien a le pouvoir de permettre aux "paroles" d'émerger, il favorise les propos des enfants qui apportent ainsi en classe un peu de ce qui les passionnent, les intriguent ou les inquiètent à l’extérieur. Le fait de permettre cette expression participe, pour l’élève, à être reconnu comme interlocuteur valable par l’ensemble de la communauté . En pédagogie de type institutionnel, structuré et cadré, le "quoi de neuf" permet peu à peu d'apprendre à se situer dans et par rapport à un groupe (acquisition des notions de distance, de choix, d'effort sur soi-même, de don aux autres...), et comme pour "le conseil", à comprendre le fonctionnement de règles internes pour les suivre, les discuter et les améliorer. Un président assure un tour de parole, et permet l'écoute de chacun. L'adulte parle aussi, mais surtout écoute... Une loi peut venir en appui, pour garanti et protéger les échanges (elle est discutée au conseil et indiscutable en dehors) :

- On ne se moque pas,
- Ce qui se dit ici, ne sort pas de la classe.

1.3 le conseil pour organiser et structurer la vie de la classe et de l’école

De quoi s'agit-il ?

La correspondance quand elle existe, le journal de l’école (ici le "petit crack"), les brevets de connaissances sont autant d’événements qui, comme les autres activités proposées sont vécus par tous les élèves, de façon personnelle et distincte. Toute organisation nécessite d’être reprise, discutée et négociée, au besoin, remaniée, pour être mieux comprise et intégrée : c'est là le rôle essentiel du conseil de coopérative.

Pour les cycles 2 et 3, une fois par semaine et à un moment inscrit à l’emploi du temps, attendu par tous, le conseil se tient. Sa durée est définie en fonction de l’ordre du jour établi mais, par exemple, il n’excède pas quarante cinq minutes au cycle trois. Un président de séance assure l’animation qui permettra à chacun d'être entendu de tous. Un secrétaire de séance note les sujets abordés, et les décisions prises. Nous avons assisté à celui du cycle 3 et l’ordre du jour prévoyait l’élection du nouveau bureau, pour le prochain mois. L’actuel, présidé par le maître de la classe pour lancer l’année devait être renouvelé, comme cela est prévu par le règlement.

Très simplement, les enfants et le maître parlent de la vie scolaire quotidienne et s'efforcent de l'améliorer. C'est peut-être là l'important : prendre en charge leur propre administration, leur présent et leur avenir. Par exemple, ce jour là, deux élèves ont noté sur l’ordre du jour qu’ils voulaient aborder la question du changement de place dans la classe pour éviter les bavardages parasites. La discussion animée par le président aboutira à trois propositions qui seront étudiées, commentées et l’une d’entre elle sera retenue, après vote de l’ensemble des élèves.

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Quelles sont les fonctions du conseil ?

Le conseil est l’œil du groupe, véritable appareil de radioscopie de la classe

C’est pendant le conseil que sont évoqués et discutés le comportement des élèves, l'état d'avancement des travaux, des informations jusque-là ignorées et cependant nécessaires au bon fonctionnement de la vie en commun.

Le conseil est le cerveau du groupe

Les enseignants le considèrent comme un instrument d'analyse et de décisions collectives. Il permet de mieux gérer l’organisation, d’en détecter les défauts ; ainsi, la réponse aux incidents éventuels n'est pas un discours mais une organisation nouvelle.

Les décisions prises sont votées, enregistrées et consignées dans le cahier de compte rendu.

Le conseil est le rein du groupe

Les élèves ne considèrent nullement le conseil comme un tribunal, et la recherche de la vérité importe moins que l'élimination des conflits perturbateurs. L'essentiel est peut-être moins ce qui est dit que le fait que cela puisse être dit et entendu.

Ainsi, les élèves parviennent-ils à critiquer le comportement d’un des leurs, voir leur propre comportement, comme ce fut le cas, par exemple, au cours du conseil qui aboutit à des changements de places d’élèves dans une classe. La discussion remplace très favorablement les coups de pied. Le souci permanent étant d’améliorer les comportements et le fonctionnement de la classe.

Le conseil est le cœur du groupe

Quand le groupe a pris conscience que l'agité, le traînard, l’opposant, étaient véritablement des gêneurs, quand chacun est convaincu que le gêneur, puisqu'il ne peut être éliminé, doit être "guéri", que les punitions ne résolvent rien, on enregistre des prises en charge réfléchies et proposée par la communauté des élèves.

Elles se révèlent être, par les échanges qu'elles favorisent, parfois extrêmement efficaces. Par le fait d’avoir parlé (pas n'importe comment), pris des décisions, a situé l'importance des choses, ou bien parce que quelque chose dont on n'est pas forcément conscient, s'est dit ou s'est passé, chacun se sent plus fort, plein d'un nouveau dynamisme "ça devrait mieux gazer".

1.4 Les brevets de connaissances

Chacun des brevets consiste en une tâche à réaliser, une action à conduire, en suivant un mode d’emploi préparé, sous forme d’une fiche, par un ou plusieurs élèves. Les brevets retenus et validés seront présentés au moment du marché des connaissances. Il y a donc plusieurs phases pour un brevet : cette activité permet aux élèves du cycle 3 de présenter des brevets qui alimenteront, plus tard, l’arbre des connaissances de l’école. Les parents ont aussi la possibilité d’en présenter, en suivant la même procédure.

  • Proposer une idée de brevet et la faire accepter par l’enseignant, en fonction de l’intérêt suscité par la tache à réaliser et l’aide qu’elle peut apporter aux élèves,
  • Remplir la fiche technique à compléter par les candidats qui déposent le brevet,
  • La présentation de la fiche devant la classe réunie en jury pour validation ,
  • Le passage du brevet au moment du marché des connaissances

Une fiche technique est fournie aux candidats et guide leur travail. Elle comprend le titre du brevet, sa fonction, le domaine d’activité, la validation retenue pour réussir, le matériel nécessaire pour passer l’épreuve. Ensuite, la fiche définit ce qu’il convient de faire (tu dois) et propose différentes possibilités pour y parvenir (tu peux). Les deux brevets présentés ce lundi matin s’intitulent : "savoir téléphoner" et "trouver cinq mots dans le dictionnaire". Préparés chaque fois par deux élèves, les brevets, au moment de leur présentation sont discutés et critiqués par l’ensemble des élèves du cycle. Par exemple, les élèves découvrent très rapidement que le premier brevet a été insuffisamment préparé et qu’il ne peut être accepté en l’état. Les deux candidats devront retravailler, seuls ou en demandant de l’aide à l’un des élèves volontaires. Pour le second, la consigne "il faut trouver cinq mots en dix minutes" est passé au crible de la critique et des propositions apparaissent : "trouver cinq mots ne suffit pas", dit Jean ; "sinon je les ai les cinq mots : maman, papa, je, tu , nous". Les candidats proposent alors : "tu dois trouver cinq mots que nous te dictons en dix minutes". Tous sont d’accord pour ne pas retenir la critique de Sébastien et qui concerne le temps imparti à la recherche. Il est inutile de préciser que c’est dix minutes en tout. La fonction de ce brevet est "se distraire", le domaine : "le français", c’est une épreuve "enfant" et il convient d’avoir un dictionnaire. Enfin, il faut connaître l’alphabet. Le brevet est accepté à l’unanimité. Jean Paul profite de l’information sur la suite des présentation pour annoncer que sa mère propose un brevet, le premier venant de parent d’élève : "construire un gobelet en papier". Il sera présenté et sa validation sera étudiée lors de la prochaine séance de présentation.

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2. Les relations entre l’école et les familles

2.1 Le journal de l’école : "le p’tit crack" : un outil au service de l’information des familles :

Initialement, "le p’tit crack" était le bulletin de liaison du cycle trois. Ce n’est que trois ans après sa création qu’il est devenu, en 1993, le journal de l’école. Cet aménagement a été opéré avec le double souci "d’informer les familles" et de " motiver les enfants pour écrire". Les élèves du cycle 3 volontaires ont la possibilité de s’engager dans un tutorat, pour aider les élèves des autres cycles à écrire des textes, pendant le temps de décloisonnement quotidien réservé aux cycles 2 et 3, de 13 heures 30 à 14 heures.

Sa parution se fait de manière "irrégulière mais le plus souvent possible". Le journal est disponible uniquement sur abonnement, adressé à tous les élèves et depuis octobre 1999 une version en ligne existe ; elle est adressée aux abonnés qui le souhaitent. Quatre vingt trois numéros ont été publiés. Un numéro devait paraître en octobre, juste avant le stage de formation continue effectué par l’ensemble des enseignants de l’école dans le but d’informer les familles sur l’organisation retenue pendant cette période avec l’équipe des remplaçants.

2.2 Une enquête auprès des familles pour mieux connaître leurs représentations par rapport à l’école et l’équipe pédagogique

Une étude sous forme de questionnaires adressés aux quarante et une familles des élèves scolarisés à l’école a été réalisée entre le 22 et le 28 octobre 1999. Six questions étaient posées aux parents :

    1. Les enfants ont tous, à l’extérieur de l’école, des activités qui les passionnent ou les attirent plus que les autres, dans lesquelles ils réussissent.
    2. Avez vous le sentiment que les enfants peuvent dire ce qu’ils font à l’extérieur de l’école et qu’ils sont entendus par les enseignants ?
    3. Avez vous le sentiment que ce qu’ils apprennent à l’extérieur les aide à réussir à l’école ?
    4. Avez vous le sentiment que l’accueil qui vous est réservé dans l’école par l’équipe des enseignants vous permet d’aider vos enfants dans leurs apprentissages scolaires ?
    5. Avez vous eu connaissance des "moments philo" pratiqués dans l’école ? Si oui, qui vous en a parlé ?
    6. Si vous deviez conseiller cette école à des parents d’élèves, vous avanceriez les trois arguments suivants :
    7. Si vous deviez déconseiller cette école à des parents d’élèves, vous avanceriez les trois arguments suivants :

Vingt trois questionnaires ont été renseignés et ont pu être traités sur les quarante cinq familles représentées dans l’école ; soit un score important de plus de 51% de retour.

Nous présentons sous forme de tableau les résultats des quatre premières questions

 

Oui

Non

partiellement
Question 1

87%

0%

13%
Question 2

73%

4%

13%
Question 3

87%

4%

9%
Question 4

91%

0%

9%

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Pour chacune des trois premières questions, nous avions demandé de donner un exemple si les parents répondaient oui. Nous avons retenu :

Première question :

Les enfants ont tous, à l’extérieur de l’école, des activités qui les passionnent ou les attirent plus que les autres, dans lesquelles ils réussissent. Avez vous le sentiment que les enfants peuvent dire ce qu’ils font à l’extérieur de l’école et qu’ils sont entendus par les enseignants ?

Le journal de l’école accueille tous les sujets ; le quoi de neuf est un temps de parole et les enfants savent qu’ils peuvent raconter ou apporter  ce qu’ils ont fait, découvert, vu, etc. en dehors de l’école ; le cahier de vie (en cycle 1) les aide à exprimer ce qu’ils font à l’extérieur de l’école, les parents peuvent raconter un fait marquant ;

Deuxième question :

Avez vous le sentiment que ce qu’ils apprennent à l’extérieur les aide à réussir à l’école ?

L’apprentissage de la pratique d’un instrument de musique ; les visites en famille de sites culturelles pendant les vacances ; lorsqu’ils lisent ou regardent la télévision et en discutent avec les parents ; un sport collectif pour mieux intégrer les règles et à sentir mieux dans son corps et dans sa tête, le sport inculque le respect de l’autre, c’est un complément avec ce qui se pratique à l’école ; tout apprentissage à l’école ou en dehors sert à la réussite de l’enfant dans sa vie ; dans la famille, ils apprennent à se situer et à respecter l’autre, c’est la base de toute éducation ; toutes les connaissances acquises à l’extérieur de l’école peuvent être exprimées à l’école et contribuer à développer des compétences. Les jeux éducatifs permettant la réflexion et le développement de certaines disciplines en sont un exemple. Les règles de vie sont les mêmes à l’extérieur qu’à l’école ; l’autonomie est certainement plus respectée à l’école car à la maison les parents ont tendance à trop materner les enfants ;

Troisième question

Avez vous le sentiment que l’accueil qui vous est réservé dans l’école par l’équipe des enseignants vous permet d’aider vos enfants dans leurs apprentissages scolaires ?

Les enseignants sont à l’écoute des parents comme des enfants ; l’accueil est toujours agréable et nous donne envie d’aider nos enfants ; les enseignants passent un contrat avec l’enfant quand il y a un problème ; les entretiens réguliers permettent de mieux comprendre la démarche pédagogique ; nous avions rencontré un important problème avec notre enfant l’an dernier et la maître a cherché à le résoudre, avec nous et notre enfant ; quand je suis en difficulté avec mon fils, je peux en discuter facilement avec l’enseignant ; le partenariat et les contrats nous ont beaucoup aidés et rassurés, les dialogues, échanges et réunions nous ont redonné confiance en notre enfant ; il nous est toujours possible de rencontrer l’enseignant de notre enfant ; la bonne ambiance et le travail d’équipe des enseignants permet un suivi évident et l’enfant s’en rend compte ; les enseignants nous informent objectivement des capacités et des faiblesses de nos enfants ; les enseignants sont à notre disposition si l’on veut une explication sur un sujet particulier pour aider nos enfants.

Quatrième question

Avez vous eu connaissance des "moments philo" pratiqués dans l’école ?

Les enseignants en ont parlé au cours de réunions ; les enfants nous l’ont dit ; dans le "p’tit crack".

Cinquième question

Si vous deviez conseiller cette école à des parents d’élèves, vous avanceriez les trois arguments suivants :

23 questionnaires ont été traités et 65 arguments avancés sur 69 possibilités. Nous ne les reprendrons pas tous. S’il fallait n’en retenir que trois, nous pourrions écrire :

  • Les enfants trouvent une motivation et la possibilité d’apprendre à leur rythme grâce à un suivi personnalisé
  • Les enseignants, toujours en recherche, sont très disponibles pour écouter et conseiller les parents
  • Les méthodes pédagogiques facilitent les apprentissages et un comportement citoyen et solidaire tous les élèves.

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Sixième question

Si vous deviez déconseiller cette école à des parents d’élèves, vous avanceriez les trois arguments suivants :

23 questionnaires ont été traités et 39 arguments avancés sur 51 possibilités. Nous ne les reprendrons pas tous. S’il fallait n’en retenir que trois, nous pourrions écrire :

  • Ne compter pas sur cette école si vous voulez que votre enfant vous obéisse sans discuter et apprennent à seulement lire, écrire et compter
  • Ce n’est pas une école de tout repos, elle nécessite une mobilisation constante de chacun et il faut une grande disponibilité familiale
  • Le manque d’harmonie avec les méthodes utilisées, ensuite, au collège et la difficulté des les parents pour repérer les résultats scolaires de leurs enfants.

3. Un entretien avec l’ensemble des membres de l’équipe pédagogique pour faire le point sur leur travail dans l’école

Les questions

  1. Quel est votre devise en tant qu’enseignant?
  2. Qu’est-ce qui vous réunit ? Quelles volontés communes vous engagent ensemble dans l’action ?
  3. Qu’est-ce qui, de votre point de vue, caractérise un élève en situation de réussite scolaire ?
  4. Que diriez-vous des qualités dont il fait preuve ?
  5. Qu’est-ce qui, de votre point de vue , caractérise un élève en difficulté ?
  6. Que pouvez-vous dire de ses besoins spécifiques ?
  7. Que faîtes-vous pour répondre à ces besoins ?
  8. Quels dispositifs mettez-vous en place pour évaluer les progrès des élèves ?
  9. Qu’est-ce qui, pour vous, est le plus facile quand vous êtes en classe ?
  10. Qu’est-ce qui, au contraire, vous semble le plus difficile ?
  11. Qu’est-ce qui, pour vous, facilite le travail en équipe ?
  12. Qu’est-ce qui, au contraire, fait obstacle au travail d’équipe ?
  13. Quels sont vos principaux objets de satisfaction :

    - avec les élèves ?
    - avec vos collègues ?
    - avec les familles ?
    - personnelle ?

  14. En quoi votre situation professionnelle est-elle différente aujourd’hui de ce qu’elle était il y a 3 ans ?
  15. Comment procédez-vous lorsque vous constatez que quelque chose ne va pas ? De quels moyens de régulation disposez-vous ? Quelles sont vos ressources ?
  16. Combien de temps consacrez-vous aux diverses réunions de travail ?
  17. Citez une chose que vous aimeriez changer dans l’école ?
  18. Citez une chose que vous souhaiteriez améliorer ?
  19. Quelle est votre intime conviction en ce qui concerne l’avenir de votre école ?

Les réponses des enseignants

Quel est votre devise en tant qu’enseignant ?

  • Chaque enfant est un individu à part entière.
  • Chaque enfant peut progresser et faire sa place dans la classe.
  • Chaque enfant est capable d’apprendre.
  • Chaque élève sera un travailleur et un citoyen.

Qu’est-ce qui vous réunit ?

Quelles volontés communes vous engagent ensemble dans l’action ?

  • Notre participation commune à un groupe d’analyse de la pratique.
  • Les marchés de connaissances (cycles 2 et3)et les ateliers de décloisonnement de l’après-midi (cycles 1 et 2).
  • La publication de " P’tit Crack " , le journal d’école.
  • Les moments de philosophie.
  • La volonté de permettre aux enfants de grandir à l’école dans un certain bonheur.
  • La volonté de les conduire à leur niveau d’excellence.

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Qu’est-ce qui, de votre point de vue, caractérise un élève en situation de réussite scolaire ?

  • C’est un élève :

- sociable.

- entreprenant.

- créatif.

- joyeux.

- que l’on voit grandir.

- qui fait sa place.

- qui est autonome.

- qui est en train d’apprendre et qui sait faire quelque chose de plus.

- qui achève ce qu’il a entrepris.

- qui s’adapte aux situations.

- qui sait quand il réussit ou non.

- qui sait où il en est dans sa relation au monde, dans ses relations avec les autres.

- qui prend des initiatives.

Que diriez-vous des qualités dont il fait preuve ?

  • C’est un élève qui fait preuve de persévérance, de solidarité avec les autres, de curiosité, d’ouverture d’esprit.
  • C’est un élève qui a un certaine conscience de soi, des autres et de ce qu’il fait.

  Qu’est-ce qui, de votre point de vue , caractérise un élève qui a des difficultés? Que pouvez-vous dire de ses besoins spécifiques ?

Au cycle1
C’est par exemple, un enfant qui manque de repères spatio-temporels. En classe, il a besoin de construire un cadre pour savoir où il est et pourquoi.

 

En parler au groupe Balint.

- Parler avec l’enfant.

- Mettre en place un travail en classe sur les repères, par exemple pour qu’ils sachent dans quelle activité on est, qu’on la nomme et savoir quand on change.

Au cycle 2
C’est par exemple, un enfant qui a besoin de se reconstruire une identité de personne en "bon état". Il a besoin d’avoir une autre image de soi.

 

En encourageant verbalement l’enfant.

En lui parlant de ses progrès.

En lui donnant un travail personnel approprié et en différenciant les activités.

En ayant plus de disponibilité pour lui que pour les autres.

En instaurant une relation personnelle avec lui.

Au cycle 3

C’est par exemple, un enfant qui a besoin d’avoir confiance en lui, d’avoir une meilleure estime de soi, d’être rassuré.

 

 

En faisant usage d’autorité afin d’exiger qu’il respecte du cadre de travail défini.

En lui permettant d’avoir des modalités de travail différentes au sein de la classe pour qu’il ne s’expose pas inutilement devant les autres.

En négociant un contrat avec lui et sa famille.

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Quels dispositifs mettez-vous en place pour évaluer les progrès des élèves ?

Au cycle 1

  • Il s’agit avant tout de co-évaluation entre élèves. Ce qui est important c’est que les élèves connaissent les critères de réussite avant de s’engager dans un travail et qu’il soit capable, à la fin, de dire s'ils ont réussi ou non.
  • Le but, c’est qu’ils apprennent à mieux se connaître et qu’ils sachent ce qu’ils sont capables de faire.

Au cycle 2

  • L’évaluation permet aux élèves de se situer à un moment donné par rapport à un apprentissage.
  • L’évaluation doit leur permet de faire le lien entre le travail qu’il effectue au quotidien et les résultats de ce travail, ce qu’il leur permet de réussir.
  • Il s’agit, à travers le choix et la passation d’épreuves, de nommer, mesurer et codifier ce que l’on sait faire.
  • Au début, les compétences citées pour chacune des épreuves ne signifient rien pour les enfants. C’est beaucoup trop abstrait pour eux. Ils doivent d’abord faire l’expérience des épreuves, pouvoir demander des explications, s’entraîner et chercher à comprendre avant de pouvoir les réussir seul.
  • Le but des épreuves est de les aider à passer de l’envie de savoir à la volonté d’apprendre.

Au cycle 3

  • On utilise le système des ceintures. Les élèves passent des épreuves pour savoir où ils en sont dans leurs apprentissages.
  • Les ceintures permettent aux élèves de se mettre en projet d’apprentissage.
  • Le travail avec les arbres de connaissances, les amène également à passer où à déposer des brevets. Les élèves effectuent là aussi un important travail sur l’identification des critères de réussite.

Qu’est-ce qui, pour vous, est le plus facile quand vous êtes en classe ?

  • Tout !

Silence, on cherche…

  • Quand je me mets en retrait, que les élèves travaillent en autonomie et que je les observe.
  • Quand je me suis bien préparé mentalement, que toute l’organisation est prête, je peux alors anticiper sur les problèmes et mieux gérer les imprévus.
  • Quand on fait les marchés de connaissances.
  • Au moment de l’accueil, pendant les rituels, quand je suis Petit Pitchou !

Qu’est-ce qui, au contraire, vous semble le plus difficile ?

  • L’Anglais : les élèves ne travaillent en groupe autonome.
  • Le moment où il faut lancer des activités différentes en simultané avec plusieurs groupe d’élèves.
  • Le travail sur les fichiers d’opérations.
  • Réussir à aider les enfants sans leur donner la réponse et sans les décourager dans leurs recherches de solutions.
  • De donner de bonnes consignes en sport.
  • Faire acquérir certaines compétences grammaticales à des élèves de cycle 2.
  • Le sport en général, à cause des mauvaises conditions matérielles dans lesquelles nous travaillons.
  • Être vraiment disponible pour un groupe d’élève et que les autres travaillent en autonomie.
  • La musique, c’est difficile car je ne suis pas à l’aise.
  • De devoir (en tant que remplaçante de maître formateur) s’adapter à un système complexe que je n’ai pas élaboré.

Qu’est-ce qui, pour vous, facilite le travail en équipe ?

  • Dès le départ on partageait les mêmes idées.
  • Les échanges sur internet. Cela fait gagner du temps et de l’énergie.
  • Le fait que nous soyons tous motivés.
  • Nous sommes une petite équipe : l’information circule plus vite, le consensus est plus facile à obtenir, les prises de décisions sont plus aisées, on est plus efficace.
  • La bonne volonté de chacun.
  • La générosité de mes collègues pour partager, par exemple, les tâches de direction.
  • Le sérieux de chacun.
  • La capacité de travail.
  • Le fait que chacun tienne ses engagements et aille jusqu’au bout des tâches qu’il doit effectuer. On n’a pas à répéter plusieurs fois la même chose. On peut avoir confiance.
  • Quand on voit le résultat du travail : on sait que l’on a été efficace
  • La capacité du directeur à déléguer les responsabilités.
  • On a le sentiment de grandir ensemble.

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Qu’est-ce qui, au contraire, fait obstacle au travail d’équipe ?

  • Je ne vois pas trop…
  • Je cherche… On a atteint notre niveau d’excellence pour le travail d’équipe !
  • Le manque de temps .
  • Mais on a Internet pour y pallier.
  • Ce qui serait décourageant, ce serait de ne pas mesurer les effets de notre travail en commun.

Quels sont vos principaux objets de satisfaction :

- avec les élèves ?

  • Les élèves semblent heureux à l’école.
  • Ils sont fiers de leur école. Ils en parlent à la maison.
  • Ils connaissent le cadre qu’ils ont co-élaboré. Même au cycle 1, ils revendiquent ce cadre et le défendent. Le cadre existe au sein de chaque classe mais aussi au niveau de l’école.
  • Tout le monde connaît la loi de la classe. Les parents aussi sont avec nous. les enfants sentent cette cohérence entre les adultes.
  • Ils s’expriment beaucoup et facilement à l’école. Tous osent prendre la parole.
  • Leur parole est libre. Ils osent la critique et sont bienveillants dans leurs remarques.
  • Ils sont à l’aise, autonomes, "grands". Par exemple, en voyage, il n’y a jamais aucun problème de discipline. Ils sont calmes, détendus, attentifs et bien attentionnés les uns envers les autres. Ils savent partager et sont capables d’autorégulation.
  • Il existe un sentiment de solidarité, une complicité entre les élèves.
  • On a du plaisir à travailler avec eux.
  • J’ai l’impression que je n’ai que des satisfactions avec eux : ils sont exactement ce que je voudrais qu’ils soient.

- avec vos collègues ?

  • C’est difficile de faire une école qui soit satisfaisante, de lutter contre le système. Ici, j’ai le sentiment d’appartenir à un groupe de combat contre la résignation et la routine, qui me rend plus fort.
  • Moi, je n’ai pas du tout le sentiment d’appartenir à un groupe de combat. Ce qui me satisfait c’est de voir des effets concrets de notre travail, d’avoir le sentiment d’innover.
  • Moi, j’ai le sentiment d’avoir enfin trouver mon école, une école comme celle où j’étais quand j’étais petite. je ne l’ai jamais trouvée ailleurs.

Pour tous :

  • Le sentiment d’appartenir à un collectif, une équipe.
  • Jacques Lévine a accepté de travailler avec nous. Pour moi cela signifie que nous sommes reconnus en tant que groupe.
  • Le fait de pouvoir parler sans réserve, en toute franchise, sans crainte de s’exposer.

- avec les familles ?

  • Elles nous font confiance.
  • Les parents sont impliqués dans l’école. Quand on fait appel à eux, il y a toujours des volontaires. Ils se rendent disponibles pour l’école.
  • Ils entrent spontanément dans l’école.
  • Au cycle 1, les parents n’hésite pas à venir regarder un livre avec les enfants au moment de l’accueil.
  • P’tit crack est devenu une référence pour les familles. Les parents lisent le journal, nous font des retours sur les articles ou en discutent entre eux. Ils publient également des articles.

- personnelle ?

  • J’ai le sentiment de vivre quelque chose d’extraordinaire.
  • Nous partageons le sentiment d’apprendre, d’évoluer, d’avoir changé de pratique.
  • J’ai le sentiment de faire le mieux possible, de n’avoir rien à me reprocher.
  • J’ai le sentiment de m’être humanisé, d’être plus bienveillant.

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En quoi votre situation professionnelle est-elle différente aujourd’hui de ce qu’elle était il y a 3 ans ?

  • On n’est plus chacun dans notre classe, on travaille en équipe.
  • On a le sentiment de faire quelque chose de nouveau.
  • On a acquis une culture commune. C’est ce qui nous permet de progresser, on sait que l’on va dans le même sens.
  • Moi, je suis passé d’une classe différente, à une école différente.
  • Avec les familles on est passé à un climat de confiance.
  • Parents et enseignants tiennent le même discours face aux enfants. On a gagné en cohérence.
  • L’école est reconnue dans le village.

Au niveau des élèves,

  • Au cycle 1, Les enfants savent choisir l’activité qui leur permettra de réussir.
  • Au cycle 2, quand les élèves ne savent pas faire quelque chose, ils n’attendent plus sans chercher de solution. Ils demandent à leur voisin. Ils savent ce qu’ils peuvent faire pour réussir.
  • Au cycle 3, maintenant, il y a plus d’échanges de point de vue entre les élèves. Ils prennent plus facilement la parole pour s’exprimer. Ils connaissent les critères de réussite, aussi bien pour les autres que pour eux- mêmes. ils travaillent plus, et de plus en plus volontiers.

Personnellement,

  • Je suis moins inquiet quant à ’avenir des élèves. Je sais que je ne suis pas celui qui doit avoir réponse à tout. maintenant, je suis convaincu que l’essentiel est de croire à la réussite de chaque enfant et de lui laisser le temps de grandir.
  • Moi, je me sens plus détendu, plus bienveillant.
  • Maintenant, je considère les élèves plus en tant qu’individu à part entière que comme des enfants de 3 ou 4 ans. Du coup, ils sont plus acteurs de la situation.

Comment procédez-vous lorsque vous constatez que quelque chose ne va pas ? De quels moyens de régulation disposez-vous ? Quelles sont vos ressources ?

  • D’abord on peut en parler pendant les récréations, pendant des temps informels.
  • Il y a le groupe de discussion sur Internet. quand on a un problème on lance un SOS.
  • On ne garde pas le problème pour soi. On l’expose aux autres, on peut exprimer ce que l’on ressent.
  • On participe tous au groupe Balint.
  • Comme ressources, on a Internet et tous les groupes de réflexion auxquels on participe : les moments philo, les marchés de connaissances, la réalisation de la fresque avec le conseiller pédagogique, le travail avec une troupe de comédiens, les stagiaires intervenants en musique. On a aussi nos lectures, la revue "Je est un autre".
  • Chacun est aussi une ressource pour les autres, la dynamique même de l’école est une ressource quand le groupe existe en tant que tel et est reconnu par les autres.

Combien de temps consacrez-vous aux diverses réunions de travail ?

  cycle 1 cycle 2 cycle 3
Avec l’équipe pédagogique

2 fois 1 heure /semaine

+ ½ h/semaine

2 fois 1 heure /semaine

+ ½ h/semaine

2 fois 1 heure /semaine

+ Réunion restaurant quotidienne

Conseil d’école

9 heures / an
Groupe Philo

3 journées par an
Groupe Balint

4 demies journées par an
Suivi des élèves

½ journée pendant les vacances d’été
Groupes réalisation projets

9 à 12 heures par an
Avec le Sou de l’école

de 20h à 40h par an.
 
Avec les familles environ 10 h par an environ 30 h par an environ 60 h par an

Citez une chose que vous aimeriez changer dans l’école ?

  • A l’unanimité : changer de locaux afin d’avoir plus d’espace.

Citez une chose que vous souhaiteriez améliorer ?

  • Maintenant nous aimerions nous outiller pour être en mesure d’analyser ce qui se passe :

Quels sont les effets attribuables à notre pédagogie sur l’évolution des élèves ? Quels sont nos manques ? Nous souhaiterions avoir des moyens d’évaluer précisément l’effet de nos actions.

  • Nous souhaiterions bénéficier d’éclairages théoriques et d’une formation à l’entretien d’explicitation
  • Il nous faut aussi être plus au clair avec la question de la distance dans la relation pédagogique : Quand se mettre plus ou moins en retrait ? Quelle attitude adopter ?
  • il faudrait aussi mieux gérer l’accueil des 2 ans.

Quelle est votre intime conviction en ce qui concerne l’avenir de votre école ?

  • S’il n’y a pas d’événements extérieurs destructeurs, alors on aura l’école que l’on veut. On doit réussir à continuer à travailler en cycle même avec plus de trois classes.

Sinon, tout peut basculer.

  • Il y aura des changements, pas de statu quo.
  • Je pense qu’on ne peut que s’améliorer.

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S’il fallait conclure

Les entretiens conduits auprès des adultes et des enfants de l’école comme les réponses données par les parents d’élèves confirment la volonté de chacun des membres de l’équipe pédagogique de considérer tous les élèves comme des interlocuteurs valables. Le mode d’organisation de cette école accorde une place et un statut particuliers à tous les élèves.

La place accordée à tous les enfants et le temps de parole qui leur est réservé

A tous les niveaux, ce qui surprend, c’est l’apparente facilité avec laquelle les élèves discutent, s’interpellent, échangent abondamment et parviennent à fabriquer, ensemble de la vie en commun au sein d’une véritable "communauté de chercheurs", mais aussi de la connaissance. Cela apparaît de façon très marquée au cycle 3 ; les élèves ayant eu la possibilité de s’y préparer, au moins au cours d’un des deux autres cycles.

La place tenue par les adultes

Sans doute, en corollaire de cette place accordée aux élèves, les adultes ont-ils pris le parti d’écouter, de renvoyer des questions, de faire circuler la parole et la pensée, et ainsi, en apparence seulement, de s’effacer.

A cet égard, les modalités d’organisation rappellent les proposition émises par Jacques Lévine quand il défend "l’école des quatre langages" et souhaitant que l’on prenne en compte, à égalité, les évaluations dans les domaines cognitif, relationnel, réalisationnel mais aussi dans le domaine des passions des élèves.

Les enseignants de cette école acceptent de créer ainsi un environnement pédagogique et éducatif particulier qui questionne et suscite la réflexion des élèves sans pour autant leur apporter des réponses et décréter pour eux ce qu’ils doivent faire.

Ils font le pari que, tout en restant les garants des processus d’apprentissages, ils se positionnent " en retrait " afin que les élèves, acteurs, accèdent aux apprentissages et découvrent que toute leçon est une réponse à des questions qu’ils se posent.

Leur démarche, en s’inscrivant dans la recherche confiée à l’INRP dans le cadre de la charte, montre leur volonté de confirmer que cette posture et ce mode d’organisation pédagogiques favorisent aussi les apprentissages de tous leurs élèves.

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