Préambule
La monographie que nous présentons
a été rédigée à partir dobservations
des élèves en situation de classe, dune enquête
auprès des parents par questionnaire et dun entretien
conduit auprès des membres de léquipe pédagogique.
Nous avons souhaité rédigé la monographie
dune école et privilégier la présentation
dun mode dorganisation de celle-ci. Aussi, les pratiques
spécifiques à chaque classe ne sont-elles pas toujours
présentées avec autant de précision, au
risque, pour les enseignants, de ne pas retrouver, comme ils
auraient pu le souhaiter, si nous avions fait une monographie
de chacune des classes, la spécificité de leurs
pratiques.
Présentation
Le village de Saint Didier sous Riverie (69)
dont la population sélève à environ
mille deux cents habitants comprend deux écoles ;
lune est privée sous contrat et accueille quatre
vingt quatre élèves; lautre école,
publique, accueille quant à elle soixante six élèves
cette année. Ils étaient cinquante il y a cinq
ans.
Quatre enseignants, une aide maternelle (ATSEM)
et une aide éducatrice à temps partiel (il y en
a deux pour huit écoles du secteur géographique)
travaillent dans lécole et composent léquipe
pédagogique.
Tous communiquent et échangent par
le courrier électronique via internet ; cest
un outil très utilisé. Il se substitue souvent
aux réunions jugées moins performantes et réservées
à des travaux spécifiques comme, par exemple, la
préparation dun stage en équipe ou encore
la rédaction darticles du journal de lécole,
"le p'tit crack " pour informer les familles
de larrivée des remplaçants pendant toute
la durée du stage.
Dans lécole, les élèves
sont répartis dans les trois classes de lécole.
La première classe comprend vingt élèves
et accueille le cycle 1 sans la grande section de maternelle.
La deuxième classe accueille les vingt élèves
du cycle 2 (grande section, cours préparatoire et cours
élémentaire première année) ;
enfin, la troisième classe se compose des vingt-six élèves
du cycle 3 (cours élémentaire deuxième année,
cours moyen première année et cours moyen deuxième
année).
Ce qui peut surprendre le visiteur, à
son arrivée dans le village, cest le peu dindication
signalant lécole publique. Il est vrai que dans
les villages de cette zone géographique, on a dailleurs
pris lhabitude de désigner lécole privée,
lorsque lon demande aux habitants le chemin de lécole.
Ici, le petit panneau indicateur à lentrée
de la rue Jules FERRY est dailleurs "bombé"
de peinture bleue, mais les parents qui ont inscrit leurs enfants
ici lont choisi.
Les enseignants ont, au dire des parents et
des autres adultes de lécole, la réputation
de travailler en équipe : "les décisions
concernant lécole sont prises ensemble, après
discussion de tous .
/
Si un membre de léquipe
est confronté à un problème, il peut en
parler et espérer une réflexion ou des réponses
de la part de ses collègues". Chacun dit éprouver
le sentiment dêtre bien intégré au
travail de léquipe. Certains outils de la pédagogie
de type institutionnelle sont utilisés et les élèves
disposent déléments de travail et de réflexion
qui, comme le préciseront les parents au cours de lenquête
que nous avons effectué les rendent plus autonomes en
leur accordant un véritable statut délève.
Cest certainement cet ensemble qui a
poussé léquipe pédagogique de lécole
à entrer dans la démarche proposée par la
charte pour "Bâtir lécole du XXIè
siècle" et à se porter volontaire pour participer
à la recherche confiée à lINRP. Le
directeur dit dailleurs quil souhaite profiter de
cette occasion pour rédiger, avec les enseignants, un
nouveau projet pour les trois années à venir. Ce
sont aussi ces questionnements qui ont guidé cette monographie.
Les points décrits et présentées
dans cette monographie sinscrivent dans la volonté
affichée par léquipe pédagogique de
reconnaître chaque enfant comme un interlocuteur privilégié
et de lui accorder un véritable statut délève.
Cette volonté sinscrit dans le projet pédagogique
et éducatif qui met laccent sur les relations et
la communication à développer entre les élèves
pour favoriser lacquisition de connaissances et leur développement
global.
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Des
activités qui donnent leur places aux élèves
dans la classe
1.1 Le "moment
philo" et ses prolongements possibles, en fonction des
cycles
Ce moment de parole est particulier. Pendant
une dizaine de minutes, chaque semaine, les élèves
se retrouvent confrontés à une énigme comme
par exemple : "pourquoi certaines personnes ont-elles
envie de se moquer ? Peut-il être utile de se mettre
en colère ? Comment faut il faire pour être
sûr de bien connaître quelquun ? Est ce
que comprendre et apprendre cest pareil ? Faut il
toujours réussir la première fois ?",
etc.
Pendant ces dix minutes, lenseignant
nintervient pas. Cela ne signifie pas pour autant que sa
présence nest pas forte et importante, au contraire.
Il doit faciliter la communication entre les élèves,
permettre aux échanges davoir lieu et ainsi à
la pensée collective et individuelle de se construire.
Ce moment est enregistré ou filmé
et les élèves ont la possibilité de se réentendre
ou de visionner la cassette soit immédiatement après
la séance, soit à tout moment libre. Une fois,
lénigme a semblé insurmontable, trop complexe
aux élèves du cycle 3 alors Quil leur était
proposé déchanger à partir de la question
suivante : "quest ce que la beauté ?".
Un sursis dune semaine a été demandé
au maître de la classe. La séance fut interrompue
et reprise la semaine suivante ; les échanges furent
alors plus riches et plus nombreux. Une autre fois, les élèves
se sont plaints car les énigmes présentées
leur semblaient trop difficiles. La question fut débattue
en conseil et une décision votée : les élèves
choisiraient les trois prochaines énigmes pour les trois
prochaines séances. Après réflexion, les
trois énigmes suivantes furent retenues :
- Pourquoi y a-t-il des gens racistes ?
- Lunivers a-t-il une fin ?
- Qui est apparu le premier, de luf
ou de la poule ?
Jacques Lévine a travaillé avec
léquipe des enseignants de Saint Didier sous Riverie.
Il a visionné des enregistrements. A partir de ses observations,
il a pu mettre en évidence le fait que les élèves
du cycle 1 échangent surtout à partir de ce qui
fait référence à ce quils connaissent
et qui fait sens pour eux, sans liens apparents avec ce qui est
dit par les autres élèves mais en sopposant ;
ils utilisent beaucoup : "je suis pas daccord".
Les tautologies sont abondantes ("mon nounours est beau
parce quil est joli"). Ensuite, au cycle
2, les élèves prennent appui sur les différences
et les oppositions pour sexprimer. Au cycle 3, les prises
de parole se font en tentant de prendre appui sur ce qui rassemble
les élèves, comme sils craignaient quune
opposition les séparent.
Nous présentons maintenant, à
titre dillustration, des extraits de la retranscription
de deux moments au cycle deux.
Peut-il être utile de se mettre en
colère ?
"Oui cest possible de se mettre
en colère quand des enfants assez grands font des bêtises,
les parents se mettent en colère.
Cest presque comme Paul, oui cest possible car si
les enfants font des choses pas bien, les gens peuvent se mettre
en colère.
Eh ben si une voiture rentre dans lautre, et si la voiture
blanche est la plus cabossée, la dame pourrait se mettre
en colère.
Jsuis daccord avec toi Paul, Morgane, lautre
jour disait toujours cest quoi çà et Nadia
sest mise en colère car cest quand même
embêtant que quelquun répète toujours
la même chose, quand on se concentre, on pourrait écrire
nimporte quoi.
Cest utile parce que si sur le mur dune maison, on
écrit avec des truc de guerre, ça met en colère.
Si quelquun me dit de faire du calcul quest ce que
ça fait 10+10 et quon écrit un autre nombre,
ça peut fâcher
Cest pas des bombes de guerre, cest comme ce quutilise
la maman dans les toilettes".
Comment faut il faire pour être sûr
de bien connaître quelquun ?
"Il faut surtout bien savoir comment
il sappelle, lui avoir déjà parlé,
lavoir vu
Eh ben il faut le connaître, lavoir vu ou à
sa naissance, des fois on connaît très bien.
Il faut linviter parfois, lui montrer notre chambre.
Tout simplement, on a pas besoin de regarder que les lunettes,
il faut tout regarder, bien regarder les cheveux.
Que quand je suis arrivé dans cette école je connaissais
que Mourad et après Pierre est devenu mon copain, je sais
pas comment, par miracle peut-être.
Moi je sais pas reconnaître des jumelles.
Ben Michel, cest facile de répondre à ta
question si yen à une qui a pas de lunettes et lautre
qui en a, cest facile de les reconnaître.
Eh ben faut demander à sa maman.
Quand on va dans une nouvelle école et quon na
rien, cest sûr quon connaît pas.
Si ya deux surs jumelles carrément pareilles,
on sait pas les repérer.
Cest dur de reconnaître quelquun si on la
pas vu avant.
Jai rien compris".
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Pendant lannée scolaire dernière,
les élèves du cycle 3 ont demandé sils
nexistaient pas des expériences dans dautres
écoles ou entre adultes ; ils auraient aimé
visionner des cassettes pour savoir ce que pensaient dautres
personnes. Ceux du cycle 2 ont demandé à inventer
des énigmes et ont défini celles qui pouvaient
"être philosophiques" : "les questions
philo sont celles où on ne peut pas répondre par
oui ou par non".
En fait, ce temps offert aux élèves
déborde largement du cadre des dix minutes consacrées
à cette activité. Les enseignants constatent que
tous les élèves participent et que le "leadership"
de quelques uns, constaté dans certaines classes, nexiste
plus. Les enfants se reconnaissant comme ayant un profil de " bon
élève " côtoient ceux qui ne se
reconnaissent pas dans cette catégorie et échangent
à égalité. En fait, pour les enseignants
de lécole, "il ny a pas de leadership,
mais seulement des élèves qui sont très
impliqués selon les activités. Ce qui les
préoccupe, ce sont les rares cas denfants à
partir de trois ans qui ne simpliquent dans aucune activité".
Les enseignants, quant à eux, ont une occasion supplémentaire
découter et dobserver leurs élèves.
Cette attention particulière leur fournit une occasion
supplémentaire pour chacun des élèves dêtre
considéré comme un interlocuteur valable aux yeux
de lensemble de la communauté éducative.
Cest une posture qui semble porter ses fruits ; ainsi
nous avons pu constater quen mathématiques, par
exemple, les élèves échangent, argumentent,
réfléchissent et discutent pour aider lun
dentre eux à comprendre le mécanisme dune
soustraction plutôt que de rester à un apprentissage
mal maîtrisé.
1.2 Les rituels de laccueil des élèves
Chaque cycle propose un rituel daccueil
des élèves ; ce moment d'échanges n'a
rien à voir avec les entretiens prévus par les
instructions officielles et pouvant servir de support à
des leçons de vocabulaire ou dinstruction civique.
Il ne s'agit pas, non plus, de parler sur commande. Les élèves
du cycle 1 sont accueillis par une marotte à laquelle
ils peuvent parler, les autres ont un temps commun. Nous présentons
ici le "quoi de neuf" utilisé au cycle
3.
- Le "quoi de neuf" est certainement, si lon en juge par ce quen
disent les parents et la participation des élèves,
un moment important de la journée. Cest un temps
nécessaire qui favorise la constitution dun groupe
délève en communauté dont les membres
sécoutent et respectent la parole des uns et des
autres. Cet entretien a le pouvoir de permettre aux "paroles"
d'émerger, il favorise les propos des enfants qui apportent
ainsi en classe un peu de ce qui les passionnent, les intriguent
ou les inquiètent à lextérieur. Le
fait de permettre cette expression participe, pour lélève,
à être reconnu comme interlocuteur valable par lensemble
de la communauté . En pédagogie de type institutionnel,
structuré et cadré, le "quoi de neuf" permet
peu à peu d'apprendre à se situer dans et par rapport
à un groupe (acquisition des notions de distance, de choix,
d'effort sur soi-même, de don aux autres...), et comme
pour "le conseil", à comprendre le fonctionnement
de règles internes pour les suivre, les discuter et les
améliorer. Un président assure un tour de parole, et permet
l'écoute de chacun. L'adulte parle aussi, mais surtout
écoute... Une loi peut venir en appui, pour garanti et
protéger les échanges (elle est discutée
au conseil et indiscutable en dehors) :
- On ne se moque pas,
- Ce qui se dit ici, ne sort pas de la classe.
1.3 le conseil pour organiser et structurer la vie
de la classe et de lécole
De quoi s'agit-il ?
La correspondance quand elle existe, le journal
de lécole (ici le "petit crack"), les
brevets de connaissances sont autant dévénements
qui, comme les autres activités proposées sont
vécus par tous les élèves, de façon
personnelle et distincte. Toute organisation nécessite
dêtre reprise, discutée et négociée,
au besoin, remaniée, pour être mieux comprise et
intégrée : c'est là le rôle essentiel
du conseil de coopérative.
Pour les cycles 2 et 3, une fois par semaine
et à un moment inscrit à lemploi du temps,
attendu par tous, le conseil se tient. Sa durée est définie
en fonction de lordre du jour établi mais, par exemple,
il nexcède pas quarante cinq minutes au cycle trois.
Un président de séance assure lanimation
qui permettra à chacun d'être entendu de tous. Un
secrétaire de séance note les sujets abordés,
et les décisions prises. Nous avons assisté à
celui du cycle 3 et lordre du jour prévoyait lélection
du nouveau bureau, pour le prochain mois. Lactuel, présidé
par le maître de la classe pour lancer lannée
devait être renouvelé, comme cela est prévu
par le règlement.
Très simplement, les enfants et le
maître parlent de la vie scolaire quotidienne et s'efforcent
de l'améliorer. C'est peut-être là l'important
: prendre en charge leur propre administration, leur présent
et leur avenir. Par exemple, ce jour là, deux élèves
ont noté sur lordre du jour quils voulaient
aborder la question du changement de place dans la classe pour
éviter les bavardages parasites. La discussion animée
par le président aboutira à trois propositions
qui seront étudiées, commentées et lune
dentre elle sera retenue, après vote de lensemble
des élèves.
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Quelles sont les fonctions du conseil ?
Le conseil est lil du groupe,
véritable appareil de radioscopie de la classe
Cest pendant le conseil que sont évoqués
et discutés le comportement des élèves,
l'état d'avancement des travaux, des informations jusque-là
ignorées et cependant nécessaires au bon fonctionnement
de la vie en commun.
Le conseil est le cerveau du groupe
Les enseignants le considèrent comme
un instrument d'analyse et de décisions collectives. Il
permet de mieux gérer lorganisation, den détecter
les défauts ; ainsi, la réponse aux incidents
éventuels n'est pas un discours mais une organisation
nouvelle.
Les décisions prises sont votées,
enregistrées et consignées dans le cahier de compte
rendu.
Le conseil est le rein du groupe
Les élèves ne considèrent
nullement le conseil comme un tribunal, et la recherche de la
vérité importe moins que l'élimination des
conflits perturbateurs. L'essentiel est peut-être moins
ce qui est dit que le fait que cela puisse être dit et
entendu.
Ainsi, les élèves parviennent-ils
à critiquer le comportement dun des leurs, voir
leur propre comportement, comme ce fut le cas, par exemple, au
cours du conseil qui aboutit à des changements de places
délèves dans une classe. La discussion remplace
très favorablement les coups de pied. Le souci permanent
étant daméliorer les comportements et le
fonctionnement de la classe.
Le conseil est le cur du groupe
Quand le groupe a pris conscience que l'agité,
le traînard, lopposant, étaient
véritablement des gêneurs, quand chacun est convaincu
que le gêneur, puisqu'il ne peut être éliminé,
doit être "guéri", que les punitions ne
résolvent rien, on enregistre des prises en charge réfléchies
et proposée par la communauté des élèves.
Elles se révèlent être,
par les échanges qu'elles favorisent, parfois extrêmement
efficaces. Par le fait davoir parlé (pas n'importe
comment), pris des décisions, a situé l'importance
des choses, ou bien parce que quelque chose dont on n'est pas
forcément conscient, s'est dit ou s'est passé,
chacun se sent plus fort, plein d'un nouveau dynamisme "ça
devrait mieux gazer".
1.4 Les brevets de connaissances
Chacun des brevets consiste en une tâche
à réaliser, une action à conduire, en suivant
un mode demploi préparé, sous forme dune
fiche, par un ou plusieurs élèves. Les brevets
retenus et validés seront présentés au moment
du marché des connaissances. Il y a donc plusieurs phases
pour un brevet : cette activité permet aux élèves
du cycle 3 de présenter des brevets qui alimenteront,
plus tard, larbre des connaissances de lécole.
Les parents ont aussi la possibilité den présenter,
en suivant la même procédure.
- Proposer une idée de brevet et la
faire accepter par lenseignant, en fonction de lintérêt
suscité par la tache à réaliser et laide
quelle peut apporter aux élèves,
- Remplir la fiche technique à compléter
par les candidats qui déposent le brevet,
- La présentation de la fiche devant
la classe réunie en jury pour validation ,
- Le passage du brevet au moment du marché
des connaissances
Une fiche technique est fournie aux candidats
et guide leur travail. Elle comprend le titre du brevet, sa fonction,
le domaine dactivité, la validation retenue pour
réussir, le matériel nécessaire pour passer
lépreuve. Ensuite, la fiche définit ce quil
convient de faire (tu dois) et propose différentes possibilités
pour y parvenir (tu peux). Les deux brevets présentés
ce lundi matin sintitulent : "savoir téléphoner"
et "trouver cinq mots dans le dictionnaire". Préparés
chaque fois par deux élèves, les brevets, au moment
de leur présentation sont discutés et critiqués
par lensemble des élèves du cycle. Par exemple,
les élèves découvrent très rapidement
que le premier brevet a été insuffisamment préparé
et quil ne peut être accepté en létat.
Les deux candidats devront retravailler, seuls ou en demandant
de laide à lun des élèves volontaires.
Pour le second, la consigne "il faut trouver cinq mots
en dix minutes" est passé au crible de la critique
et des propositions apparaissent : "trouver cinq
mots ne suffit pas", dit Jean ; "sinon
je les ai les cinq mots : maman, papa, je, tu , nous".
Les candidats proposent alors : "tu dois trouver
cinq mots que nous te dictons en dix minutes". Tous
sont daccord pour ne pas retenir la critique de Sébastien
et qui concerne le temps imparti à la recherche. Il est
inutile de préciser que cest dix minutes en tout.
La fonction de ce brevet est "se distraire", le domaine :
"le français", cest une épreuve
"enfant" et il convient davoir un dictionnaire.
Enfin, il faut connaître lalphabet. Le brevet est
accepté à lunanimité. Jean Paul profite
de linformation sur la suite des présentation pour
annoncer que sa mère propose un brevet, le premier venant
de parent délève : "construire
un gobelet en papier". Il sera présenté et
sa validation sera étudiée lors de la prochaine
séance de présentation.
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2. Les relations entre lécole et les
familles
2.1 Le journal de lécole : "le
ptit crack" : un outil au service de linformation
des familles :
Initialement, "le ptit crack"
était le bulletin de liaison du cycle trois. Ce nest
que trois ans après sa création quil est
devenu, en 1993, le journal de lécole. Cet aménagement
a été opéré avec le double souci
"dinformer les familles" et de "
motiver les enfants pour écrire". Les élèves
du cycle 3 volontaires ont la possibilité de sengager
dans un tutorat, pour aider les élèves des autres
cycles à écrire des textes, pendant le temps de
décloisonnement quotidien réservé aux cycles
2 et 3, de 13 heures 30 à 14 heures.
Sa parution se fait de manière "irrégulière
mais le plus souvent possible". Le journal est disponible
uniquement sur abonnement, adressé à tous les élèves
et depuis octobre 1999 une version en ligne existe ; elle
est adressée aux abonnés qui le souhaitent. Quatre
vingt trois numéros ont été publiés.
Un numéro devait paraître en octobre, juste avant
le stage de formation continue effectué par lensemble
des enseignants de lécole dans le but dinformer
les familles sur lorganisation retenue pendant cette période
avec léquipe des remplaçants.
2.2 Une enquête auprès des familles pour
mieux connaître leurs représentations par rapport
à lécole et léquipe pédagogique
Une étude sous forme de questionnaires
adressés aux quarante et une familles des élèves
scolarisés à lécole a été
réalisée entre le 22 et le 28 octobre 1999. Six
questions étaient posées aux parents :
- Les enfants ont tous, à lextérieur
de lécole, des activités qui les passionnent
ou les attirent plus que les autres, dans lesquelles ils réussissent.
- Avez vous le sentiment que les enfants peuvent
dire ce quils font à lextérieur de
lécole et quils sont entendus par les enseignants ?
- Avez vous le sentiment que ce quils
apprennent à lextérieur les aide à
réussir à lécole ?
- Avez vous le sentiment que laccueil
qui vous est réservé dans lécole par
léquipe des enseignants vous permet daider
vos enfants dans leurs apprentissages scolaires ?
- Avez vous eu connaissance des "moments
philo" pratiqués dans lécole ?
Si oui, qui vous en a parlé ?
- Si vous deviez conseiller cette école
à des parents délèves, vous avanceriez
les trois arguments suivants :
- Si vous deviez déconseiller cette
école à des parents délèves,
vous avanceriez les trois arguments suivants :
Vingt trois questionnaires ont été
renseignés et ont pu être traités sur les
quarante cinq familles représentées dans lécole ;
soit un score important de plus de 51% de retour.
Nous présentons sous forme de tableau
les résultats des quatre premières questions
|
Oui |
Non |
partiellement |
Question 1 |
87% |
0% |
13% |
Question 2 |
73% |
4% |
13% |
Question 3 |
87% |
4% |
9% |
Question 4 |
91% |
0% |
9% |
Haut de page
Pour chacune des trois premières questions,
nous avions demandé de donner un exemple si les parents
répondaient oui. Nous avons retenu :
Première question :
Les enfants ont tous, à lextérieur
de lécole, des activités qui les passionnent
ou les attirent plus que les autres, dans lesquelles ils réussissent.
Avez vous le sentiment que les enfants peuvent dire ce quils
font à lextérieur de lécole
et quils sont entendus par les enseignants ?
Le journal de lécole accueille tous les sujets ; le quoi de neuf
est un temps de parole et les enfants savent quils peuvent
raconter ou apporter ce quils ont fait, découvert,
vu, etc. en dehors de lécole ; le cahier de vie
(en cycle 1) les aide à exprimer ce quils font à
lextérieur de lécole, les parents peuvent
raconter un fait marquant ;
Deuxième question :
Avez vous le sentiment que ce quils
apprennent à lextérieur les aide à
réussir à lécole ?
Lapprentissage de la pratique dun
instrument de musique ; les visites en famille de sites
culturelles pendant les vacances ; lorsquils lisent
ou regardent la télévision et en discutent avec
les parents ; un sport collectif pour mieux intégrer
les règles et à sentir mieux dans son corps et
dans sa tête, le sport inculque le respect de lautre,
cest un complément avec ce qui se pratique à
lécole ; tout apprentissage à lécole
ou en dehors sert à la réussite de lenfant
dans sa vie ; dans la famille, ils apprennent à se
situer et à respecter lautre, cest la base
de toute éducation ; toutes les connaissances acquises
à lextérieur de lécole peuvent
être exprimées à lécole et contribuer
à développer des compétences. Les jeux éducatifs
permettant la réflexion et le développement de
certaines disciplines en sont un exemple. Les règles de
vie sont les mêmes à lextérieur quà
lécole ; lautonomie est certainement
plus respectée à lécole car à
la maison les parents ont tendance à trop materner les
enfants ;
Troisième question
Avez vous le sentiment que laccueil
qui vous est réservé dans lécole par
léquipe des enseignants vous permet daider
vos enfants dans leurs apprentissages scolaires ?
Les enseignants sont à lécoute
des parents comme des enfants ; laccueil est toujours
agréable et nous donne envie daider nos enfants ;
les enseignants passent un contrat avec lenfant quand il
y a un problème ; les entretiens réguliers
permettent de mieux comprendre la démarche pédagogique ;
nous avions rencontré un important problème avec
notre enfant lan dernier et la maître a cherché
à le résoudre, avec nous et notre enfant ;
quand je suis en difficulté avec mon fils, je peux en
discuter facilement avec lenseignant ; le partenariat
et les contrats nous ont beaucoup aidés et rassurés,
les dialogues, échanges et réunions nous ont redonné
confiance en notre enfant ; il nous est toujours possible
de rencontrer lenseignant de notre enfant ; la bonne
ambiance et le travail déquipe des enseignants permet
un suivi évident et lenfant sen rend compte ;
les enseignants nous informent objectivement des capacités
et des faiblesses de nos enfants ; les enseignants sont
à notre disposition si lon veut une explication
sur un sujet particulier pour aider nos enfants.
Quatrième question
Avez vous eu connaissance des "moments
philo" pratiqués dans lécole ?
Les enseignants en ont parlé au
cours de réunions ; les enfants nous lont dit ;
dans le "ptit crack".
Cinquième question
Si vous deviez conseiller cette école
à des parents délèves, vous avanceriez
les trois arguments suivants :
23 questionnaires ont été traités
et 65 arguments avancés sur 69 possibilités. Nous
ne les reprendrons pas tous. Sil fallait nen retenir
que trois, nous pourrions écrire :
- Les enfants trouvent une motivation et la
possibilité dapprendre à leur rythme grâce
à un suivi personnalisé
- Les enseignants, toujours en recherche, sont
très disponibles pour écouter et conseiller les
parents
- Les méthodes pédagogiques facilitent
les apprentissages et un comportement citoyen et solidaire tous
les élèves.
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Sixième question
Si vous deviez déconseiller cette école
à des parents délèves, vous avanceriez
les trois arguments suivants :
23 questionnaires ont été traités
et 39 arguments avancés sur 51 possibilités. Nous
ne les reprendrons pas tous. Sil fallait nen retenir
que trois, nous pourrions écrire :
- Ne compter pas sur cette école si
vous voulez que votre enfant vous obéisse sans discuter
et apprennent à seulement lire, écrire et compter
- Ce nest pas une école de tout
repos, elle nécessite une mobilisation constante de chacun
et il faut une grande disponibilité familiale
- Le manque dharmonie avec les méthodes
utilisées, ensuite, au collège et la difficulté
des les parents pour repérer les résultats scolaires
de leurs enfants.
3. Un entretien avec lensemble des membres de
léquipe pédagogique pour faire le point sur
leur travail dans lécole
Les questions
- Quel est votre devise en tant quenseignant?
- Quest-ce qui vous réunit ? Quelles
volontés communes vous engagent ensemble dans laction
?
- Quest-ce qui, de votre point de vue,
caractérise un élève en situation de réussite
scolaire ?
- Que diriez-vous des qualités dont
il fait preuve ?
- Quest-ce qui, de votre point de vue
, caractérise un élève en difficulté
?
- Que pouvez-vous dire de ses besoins spécifiques
?
- Que faîtes-vous pour répondre
à ces besoins ?
- Quels dispositifs mettez-vous en place pour
évaluer les progrès des élèves ?
- Quest-ce qui, pour vous, est le plus
facile quand vous êtes en classe ?
- Quest-ce qui, au contraire, vous semble
le plus difficile ?
- Quest-ce qui, pour vous, facilite le
travail en équipe ?
- Quest-ce qui, au contraire, fait obstacle
au travail déquipe ?
- Quels sont vos principaux objets de satisfaction
:
- avec les élèves ?
- avec vos collègues ?
- avec les familles ?
- personnelle ?
- En quoi votre situation professionnelle est-elle
différente aujourdhui de ce quelle était
il y a 3 ans ?
- Comment procédez-vous lorsque vous
constatez que quelque chose ne va pas ? De quels moyens de régulation
disposez-vous ? Quelles sont vos ressources ?
- Combien de temps consacrez-vous aux diverses
réunions de travail ?
- Citez une chose que vous aimeriez changer
dans lécole ?
- Citez une chose que vous souhaiteriez améliorer
?
- Quelle est votre intime conviction en ce
qui concerne lavenir de votre école ?
Les réponses des enseignants
Quel est votre devise en tant quenseignant
?
- Chaque enfant est un individu à
part entière.
- Chaque enfant peut progresser et faire
sa place dans la classe.
- Chaque
enfant est capable dapprendre.
- Chaque élève sera un travailleur
et un citoyen.
Quest-ce qui vous réunit ?
Quelles volontés communes vous engagent
ensemble dans laction ?
- Notre participation commune à un groupe
danalyse de la pratique.
- Les marchés de connaissances (cycles
2 et3)et les ateliers de décloisonnement de laprès-midi
(cycles 1 et 2).
- La publication de " Ptit
Crack " , le journal décole.
- Les moments de philosophie.
- La volonté de permettre aux enfants
de grandir à lécole dans un certain bonheur.
- La volonté de les conduire à
leur niveau dexcellence.
Haut de page
Quest-ce qui, de votre point de vue,
caractérise un élève en situation de réussite
scolaire ?
- sociable.
- entreprenant.
- créatif.
- joyeux.
- que lon voit grandir.
- qui fait sa place.
- qui est autonome. |
- qui
est en train dapprendre et qui sait faire quelque chose
de plus.
- qui achève ce quil a entrepris.
- qui sadapte aux situations.
- qui sait quand il réussit ou non.
- qui sait où il en est dans sa relation au monde,
dans ses relations avec les autres.
- qui prend des initiatives. |
Que diriez-vous des qualités dont
il fait preuve ?
- Cest un élève qui
fait preuve de persévérance, de solidarité
avec les autres, de curiosité, douverture desprit.
- Cest un élève qui
a un certaine conscience de soi, des autres et de ce quil
fait.
|
Quest-ce qui, de votre point de vue
, caractérise un élève qui a des difficultés? |
Que pouvez-vous dire de ses besoins spécifiques
? |
Au cycle1 |
Cest par exemple, un enfant qui manque
de repères spatio-temporels. En classe, il a besoin de
construire un cadre pour savoir où il est et pourquoi. |
En parler au groupe Balint.
- Parler avec lenfant.
- Mettre en place un travail en classe sur les repères,
par exemple pour quils sachent dans quelle activité
on est, quon la nomme et savoir quand on change. |
Au cycle 2 |
Cest par exemple, un enfant qui a besoin
de se reconstruire une identité de personne en "bon
état". Il a besoin davoir une autre image de
soi. |
En encourageant verbalement lenfant.
En lui parlant de ses progrès.
En lui donnant un travail personnel approprié et
en différenciant les activités.
En ayant plus de disponibilité pour lui que pour
les autres.
En instaurant une relation personnelle avec lui. |
Au cycle 3 |
Cest par exemple, un enfant qui a
besoin davoir confiance en lui, davoir une meilleure
estime de soi, dêtre rassuré.
|
En faisant usage dautorité
afin dexiger quil respecte du cadre de travail défini.
En lui permettant davoir des modalités de
travail différentes au sein de la classe pour quil
ne sexpose pas inutilement devant les autres.
En négociant un contrat avec lui et sa famille. |
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Quels dispositifs mettez-vous en place
pour évaluer les progrès des élèves
?
Au cycle 1
- Il sagit avant tout de co-évaluation
entre élèves. Ce qui est important cest que
les élèves connaissent les critères de réussite
avant de sengager dans un travail et quil soit capable,
à la fin, de dire s'ils ont réussi ou non.
- Le but, cest quils apprennent
à mieux se connaître et quils sachent ce quils
sont capables de faire.
Au cycle 2
- Lévaluation permet aux élèves
de se situer à un moment donné par rapport à
un apprentissage.
- Lévaluation doit leur permet
de faire le lien entre le travail quil effectue au quotidien
et les résultats de ce travail, ce quil leur permet
de réussir.
- Il sagit, à travers le choix
et la passation dépreuves, de nommer, mesurer et
codifier ce que lon sait faire.
- Au début, les compétences
citées pour chacune des épreuves ne signifient
rien pour les enfants. Cest beaucoup trop abstrait pour
eux. Ils doivent dabord faire lexpérience
des épreuves, pouvoir demander des explications, sentraîner
et chercher à comprendre avant de pouvoir les réussir
seul.
- Le but des épreuves est de les
aider à passer de lenvie de savoir à la volonté
dapprendre.
Au cycle 3
- On utilise le système des ceintures.
Les élèves passent des épreuves pour savoir
où ils en sont dans leurs apprentissages.
- Les ceintures permettent aux élèves
de se mettre en projet dapprentissage.
- Le travail avec les arbres de connaissances,
les amène également à passer où à
déposer des brevets. Les élèves effectuent
là aussi un important travail sur lidentification
des critères de réussite.
Quest-ce qui, pour vous, est le plus
facile quand vous êtes en classe ?
Silence, on cherche
- Quand je me mets en retrait, que les élèves
travaillent en autonomie et que je les observe.
- Quand je me suis bien préparé
mentalement, que toute lorganisation est prête, je
peux alors anticiper sur les problèmes et mieux gérer
les imprévus.
- Quand on fait les marchés de connaissances.
- Au moment de laccueil, pendant les
rituels, quand je suis Petit Pitchou !
Quest-ce qui, au contraire, vous
semble le plus difficile ?
- LAnglais : les élèves
ne travaillent en groupe autonome.
- Le moment où il faut lancer des
activités différentes en simultané avec
plusieurs groupe délèves.
- Le travail sur les fichiers dopérations.
- Réussir à aider les enfants
sans leur donner la réponse et sans les décourager
dans leurs recherches de solutions.
- De donner de bonnes consignes en sport.
- Faire acquérir certaines compétences
grammaticales à des élèves de cycle 2.
- Le sport en général, à
cause des mauvaises conditions matérielles dans lesquelles
nous travaillons.
- Être vraiment disponible pour un
groupe délève et que les autres travaillent
en autonomie.
- La musique, cest difficile car je
ne suis pas à laise.
- De devoir (en tant que remplaçante
de maître formateur) sadapter à un système
complexe que je nai pas élaboré.
Quest-ce qui, pour vous, facilite
le travail en équipe ?
- Dès le départ on partageait
les mêmes idées.
- Les échanges sur internet. Cela
fait gagner du temps et de lénergie.
- Le fait que nous soyons tous motivés.
- Nous sommes une petite équipe :
linformation circule plus vite, le consensus est plus facile
à obtenir, les prises de décisions sont plus aisées,
on est plus efficace.
- La bonne volonté de chacun.
- La générosité de
mes collègues pour partager, par exemple, les tâches
de direction.
- Le sérieux de chacun.
- La capacité de travail.
- Le fait que chacun tienne ses engagements
et aille jusquau bout des tâches quil doit
effectuer. On na pas à répéter plusieurs
fois la même chose. On peut avoir confiance.
- Quand on voit le résultat du travail
: on sait que lon a été efficace
- La capacité du directeur à
déléguer les responsabilités.
- On a le sentiment de grandir ensemble.
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Quest-ce qui, au contraire, fait
obstacle au travail déquipe ?
- Je ne vois pas trop
- Je cherche
On a atteint notre niveau
dexcellence pour le travail déquipe !
- Le manque de temps .
- Mais on a Internet pour y pallier.
- Ce qui serait décourageant, ce
serait de ne pas mesurer les effets de notre travail en commun.
Quels sont vos principaux objets de satisfaction
:
- avec les élèves ?
- Les élèves semblent heureux
à lécole.
- Ils sont fiers de leur école. Ils
en parlent à la maison.
- Ils connaissent le cadre quils ont
co-élaboré. Même au cycle 1, ils revendiquent
ce cadre et le défendent. Le cadre existe au sein de chaque
classe mais aussi au niveau de lécole.
- Tout le monde connaît la loi de la
classe. Les parents aussi sont avec nous. les enfants sentent
cette cohérence entre les adultes.
- Ils sexpriment beaucoup et facilement
à lécole. Tous osent prendre la parole.
- Leur parole est libre. Ils osent la critique
et sont bienveillants dans leurs remarques.
- Ils sont à laise, autonomes,
"grands". Par exemple, en voyage, il ny a jamais
aucun problème de discipline. Ils sont calmes, détendus,
attentifs et bien attentionnés les uns envers les autres.
Ils savent partager et sont capables dautorégulation.
- Il existe un sentiment de solidarité,
une complicité entre les élèves.
- On a du plaisir à travailler avec
eux.
- Jai limpression que je nai
que des satisfactions avec eux : ils sont exactement ce que je
voudrais quils soient.
- avec vos collègues ?
- Cest difficile de faire une école
qui soit satisfaisante, de lutter contre le système. Ici,
jai le sentiment dappartenir à un groupe de
combat contre la résignation et la routine, qui me rend
plus fort.
- Moi, je nai pas du tout le sentiment
dappartenir à un groupe de combat. Ce qui me satisfait
cest de voir des effets concrets de notre travail, davoir
le sentiment dinnover.
- Moi, jai le sentiment davoir
enfin trouver mon école, une école comme celle
où jétais quand jétais petite.
je ne lai jamais trouvée ailleurs.
Pour tous :
- Le sentiment dappartenir à
un collectif, une équipe.
- Jacques Lévine a accepté
de travailler avec nous. Pour moi cela signifie que nous sommes
reconnus en tant que groupe.
- Le fait de pouvoir parler sans réserve,
en toute franchise, sans crainte de sexposer.
- avec les familles ?
- Elles nous font confiance.
- Les parents sont impliqués dans lécole.
Quand on fait appel à eux, il y a toujours des volontaires.
Ils se rendent disponibles pour lécole.
- Ils entrent spontanément dans lécole.
- Au cycle 1, les parents nhésite
pas à venir regarder un livre avec les enfants au moment
de laccueil.
- Ptit crack est devenu une référence
pour les familles. Les parents lisent le journal, nous font des
retours sur les articles ou en discutent entre eux. Ils publient
également des articles.
- personnelle ?
- Jai le sentiment de vivre quelque
chose dextraordinaire.
- Nous partageons le sentiment dapprendre,
dévoluer, davoir changé de pratique.
- Jai le sentiment de faire le mieux
possible, de navoir rien à me reprocher.
- Jai le sentiment de mêtre
humanisé, dêtre plus bienveillant.
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En quoi votre situation professionnelle
est-elle différente aujourdhui de ce quelle
était il y a 3 ans ?
- On nest plus chacun dans notre classe,
on travaille en équipe.
- On a le sentiment de faire quelque chose
de nouveau.
- On a acquis une culture commune. Cest
ce qui nous permet de progresser, on sait que lon va dans
le même sens.
- Moi, je suis passé dune classe
différente, à une école différente.
- Avec les familles on est passé à
un climat de confiance.
- Parents et enseignants tiennent le même
discours face aux enfants. On a gagné en cohérence.
- Lécole est reconnue dans le
village.
Au niveau des élèves,
- Au cycle 1, Les enfants savent choisir
lactivité qui leur permettra de réussir.
- Au cycle 2, quand les élèves
ne savent pas faire quelque chose, ils nattendent plus
sans chercher de solution. Ils demandent à leur voisin.
Ils savent ce quils peuvent faire pour réussir.
- Au cycle 3, maintenant, il y a plus déchanges
de point de vue entre les élèves. Ils prennent
plus facilement la parole pour sexprimer. Ils connaissent
les critères de réussite, aussi bien pour les autres
que pour eux- mêmes. ils travaillent plus, et de plus en
plus volontiers.
Personnellement,
- Je suis moins inquiet quant à avenir
des élèves. Je sais que je ne suis pas celui qui
doit avoir réponse à tout. maintenant, je suis
convaincu que lessentiel est de croire à la réussite
de chaque enfant et de lui laisser le temps de grandir.
- Moi, je me sens plus détendu,
plus bienveillant.
- Maintenant, je considère les élèves
plus en tant quindividu à part entière que
comme des enfants de 3 ou 4 ans. Du coup, ils sont plus acteurs
de la situation.
Comment procédez-vous lorsque vous
constatez que quelque chose ne va pas ? De quels moyens de régulation
disposez-vous ? Quelles sont vos ressources ?
- Dabord on peut en parler pendant
les récréations, pendant des temps informels.
- Il y a le groupe de discussion sur Internet.
quand on a un problème on lance un SOS.
- On ne garde pas le problème pour
soi. On lexpose aux autres, on peut exprimer ce que lon
ressent.
- On participe tous au groupe Balint.
- Comme ressources, on a Internet et tous
les groupes de réflexion auxquels on participe : les moments
philo, les marchés de connaissances, la réalisation
de la fresque avec le conseiller pédagogique, le travail
avec une troupe de comédiens, les stagiaires intervenants
en musique. On a aussi nos lectures, la revue "Je est un
autre".
- Chacun est aussi une ressource pour les
autres, la dynamique même de lécole est une
ressource quand le groupe existe en tant que tel et est reconnu
par les autres.
Combien de temps consacrez-vous
aux diverses réunions de travail ?
|
cycle 1 |
cycle 2 |
cycle 3 |
Avec léquipe pédagogique |
2 fois 1 heure /semaine
+ ½ h/semaine |
2 fois 1 heure /semaine
+ ½ h/semaine |
2 fois 1 heure /semaine
+ Réunion restaurant quotidienne |
Conseil décole |
9 heures / an |
Groupe Philo |
3 journées par an |
Groupe Balint |
4 demies journées par an |
Suivi des élèves |
½ journée pendant
les vacances dété |
Groupes réalisation projets |
9 à 12 heures par an |
Avec le Sou de lécole |
de 20h à 40h par an. |
|
Avec les familles |
environ 10 h par an |
environ 30 h par an |
environ 60 h par an |
Citez une chose que vous aimeriez changer
dans lécole ?
- A lunanimité : changer de
locaux afin davoir plus despace.
Citez une chose que vous souhaiteriez améliorer
?
- Maintenant nous aimerions nous outiller pour
être en mesure danalyser ce qui se passe :
Quels sont les effets attribuables à
notre pédagogie sur lévolution des élèves
? Quels sont nos manques ? Nous souhaiterions avoir des moyens
dévaluer précisément leffet
de nos actions.
- Nous souhaiterions bénéficier
déclairages théoriques et dune formation
à lentretien dexplicitation
- Il nous faut aussi être plus au
clair avec la question de la distance dans la relation pédagogique
: Quand se mettre plus ou moins en retrait ? Quelle attitude
adopter ?
- il faudrait aussi mieux gérer laccueil
des 2 ans.
Quelle est votre intime conviction en ce
qui concerne lavenir de votre école ?
- Sil ny a pas dévénements
extérieurs destructeurs, alors on aura lécole
que lon veut. On doit réussir à continuer
à travailler en cycle même avec plus de trois classes.
Sinon, tout peut basculer.
- Il y aura des changements, pas de statu
quo.
- Je pense quon ne peut que saméliorer.
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Sil fallait conclure
Les entretiens conduits auprès des
adultes et des enfants de lécole comme les réponses
données par les parents délèves confirment
la volonté de chacun des membres de léquipe
pédagogique de considérer tous les élèves
comme des interlocuteurs valables. Le mode dorganisation
de cette école accorde une place et un statut particuliers
à tous les élèves.
La place accordée à tous
les enfants et le temps de parole qui leur est réservé
A tous les niveaux, ce qui surprend, cest
lapparente facilité avec laquelle les élèves
discutent, sinterpellent, échangent abondamment
et parviennent à fabriquer, ensemble de la vie en commun
au sein dune véritable "communauté de
chercheurs", mais aussi de la connaissance. Cela apparaît
de façon très marquée au cycle 3 ;
les élèves ayant eu la possibilité de sy
préparer, au moins au cours dun des deux autres
cycles.
La place tenue par les adultes
Sans doute, en corollaire de cette place accordée
aux élèves, les adultes ont-ils pris le parti découter,
de renvoyer des questions, de faire circuler la parole et la
pensée, et ainsi, en apparence seulement, de seffacer.
A cet égard, les modalités dorganisation
rappellent les proposition émises par Jacques Lévine
quand il défend "lécole des quatre
langages" et souhaitant que lon prenne en compte,
à égalité, les évaluations dans les
domaines cognitif, relationnel, réalisationnel mais aussi
dans le domaine des passions des élèves.
Les enseignants de cette école acceptent
de créer ainsi un environnement pédagogique et
éducatif particulier qui questionne et suscite la réflexion
des élèves sans pour autant leur apporter des réponses
et décréter pour eux ce quils doivent faire.
Ils font le pari que, tout en restant les
garants des processus dapprentissages, ils se positionnent
" en retrait " afin que les élèves,
acteurs, accèdent aux apprentissages et découvrent
que toute leçon est une réponse à des questions
quils se posent.
Leur démarche, en sinscrivant
dans la recherche confiée à lINRP dans le
cadre de la charte, montre leur volonté de confirmer que
cette posture et ce mode dorganisation pédagogiques
favorisent aussi les apprentissages de tous leurs élèves.
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