L’aménagement du temps des enfants

Académie : Orléans-Tours

Département : Cher

École : maternelles et primaires Louise Michel, Marcel Plaisant, Merlattes, Grand Meaulnes, Bourges

Rédacteur(s) : René Clarisse, Baptiste Janvier, François Testu

Sommaire

Les caractéristiques de l’action

La semaine de l’enfant

L’organisation de la journée scolaire

Les activités périscolaires

La coordination de l’action des partenaires

L’évolution du dispositif

Les effets de l’action

Conclusion

L’objectif de la monographie est double :

  • Décrire le dispositif expérimental mis en place, dans le cadre d’une nouvelle politique d’aménagement du temps de l’enfant, sur la Z.E.P. de la Chancellerie à Bourges et de mentionner son évolution entre 1996 et 1999.
  • Analyser les effets de l’action. Pour ce second objectif, l’équipe "Chronopsychologie et Psychologie du Temps" (laboratoire de Psychologie Expérimentale de l'Université F. Rabelais, Tours) a été chargée de mesurer les effets à court terme et à moyen terme du dispositif expérimental mentionné précédemment.

D’abord menée dans le cadre d’un contrat de ville avec le dispositif A.R.V.E.J., l’action " Aménagement du temps de l’enfant " à la Chancellerie fait aujourd’hui l’objet d’un Contrat Educatif Local ( C.E.L.). Les écoles maternelles et primaires Louise Michel, Marcel Plaisant, Merlattes et Grand Meaulnes constituaient jusqu’au 20/10/99 une partie de l’échantillon expérimental de l’expérience " Bâtir l’école du XXIe siècle ".

Caractéristiques de l’action

Intitulé 

" Site pilote d’aménagement du temps de l’enfant, dispositif pour les écoles en Z.E.P. de la Chancellerie à Bourges (18) ".

Le dispositif expérimental 1996 – 1999

Objectifs

Les objectifs de l’action menée sont :

  • Une amélioration de la réussite scolaire.
  • Le développement des pratiques sportives et culturelles.
  • Une action sur les rythmes de vie des enfants.
  • Une responsabilisation des élèves afin de devenir un enfant citoyen de sa ville.

La semaine de l’enfant

Cette semaine est organisée sur la base de 24 heures d’enseignement et de 4 heures d’activités périscolaires. Elle est conçue comme un aménagement global, avec une articulation entre le temps scolaire et périscolaire. Il ne s’agit pas de découper le temps de l’enfant en différents moments mis côte à côte, mais bien d’enrichir le temps de l’enfant d’apports complémentaires et cohérents. Le mercredi après-midi et la journée du samedi restent du temps à la disposition de l’enfant. Les dispositifs d’accompagnement scolaire trouvent leur place après 16 heures.

Ce projet s’accompagne d’un travail avec les parents, notamment sur une sensibilisation à l’importance de la durée du sommeil chez l’enfant.

L’aménagement du temps scolaire se déroule de la façon suivante :

  Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi
8 h enseignement enseignement enseignement enseignement enseignement
9 h 20

Goûter (10 minutes)
  enseignement enseignement enseignement enseignement enseignement
10 h 20

Récréation (20 minutes)
  enseignement enseignement enseignement enseignement enseignement
12 h

Pause

Repas
 

Pause

Repas

14h

16h

enseignement

activités

périscolaires
 

enseignement

activités

périscolaires

Le choix des après-midi d’enseignement et d’activités varient selon les groupes scolaires (soit le lundi et le jeudi, soit le mardi et le vendredi), mais doivent être présents tous les deux et satisfaire à une alternance. Par ailleurs, ils restent fixes pour toute une année scolaire.

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L’organisation de la journée scolaire

La matinée

L’allongement de la matinée en maternelle, comme en école primaire, implique deux pauses significatives :

  • L’une est réservée à une collation qui est servie dans la classe. Cette première pause constitue également un moment d’éducation nutritionnelle.
  • L’autre est destinée à être une vraie récréation d’une vingtaine de minutes à l’extérieur de la classe.

En école primaire, la structuration du temps des matinées s’organise de la manière suivante :

  • Le début de matinée (20 à 40 minutes) est réservé à un " démarrage " en douceur sans apprentissages nouveaux (éducation physique et sportive , musique, poésie, éducation civique, activités en bibliothèques etc...).
  • Dans la matinée, l’alternance des séquences d’apprentissages nouveaux (français, mathématiques, principalement) est entrecoupée par la collation et la récréation.
  • La fin de matinée est consacrée aux arts plastiques, à l’E.P.S., à l’histoire-géographie ou aux sciences, à la technologie ou aux études dirigées. L’alternance de séquences d’apprentissage (français, mathématiques), dans la matinée, est entrecoupée par les deux pauses précédemment décrites.

L’après-midi

Les deux après-midi d’enseignement s’organisent différemment selon les cycles.

  • En cycle 1 (maternelle), les activités proposées aux enfants n’impliquent pas d’apprentissages fondamentaux, contrairement au second et troisième cycle.
  • En cycle 2, l’après-midi débute par une séquence d’éducation physique et sportive ou d’éducation artistique, d’une durée de 55 minutes. Après une pause de 5 minutes dans la classe, deux séquences d’enseignement de 30 minutes sont réservées, d’une part, au français et, d’autre part, aux études dirigées.
  • En cycle 3, l’après-midi se découpe en 3 séquences de 40 minutes consacrées à l’éducation physique et sportive, aux arts plastiques, à la musique, aux activités scientifiques et techniques, à l’histoire géographie. Il est à noter également la possibilité de regrouper deux séquences pour des thèmes d’étude

La pause du déjeuner

La pause du déjeuner est limitée à deux heures. Pour les enfants qui déjeunent au restaurant scolaire, des ateliers ont été mis en place avant et après le repas. Ils permettent des temps de restauration plus calmes. Les élèves de maternelle déjeunent systématiquement au premier service de manière à ce qu’ils puissent bénéficier d’une sieste dès 13 heures.

Les activités périscolaires

Elles sont reparties sur deux après-midi d’une durée de deux heures chacune et sont partagées en trois périodes sur l’année. Chaque enfant pratique six activités par an, trois culturelles et trois sportives, encadrées par des intervenants qualifiés. Celles-ci sont gratuites et organisées pour accueillir tous les élèves scolarisés de la grande section de maternelle au cours moyen seconde année. Ces activités périscolaires, non obligatoires, ne sont pas "pulvérisées", et s’inscrivent dans la durée pour que l’enfant puisse réaliser une progression.

La coordination

Les après-midi sont organisés sous la forme d’un centre de loisirs sans hébergement (C.L.S.H.) avec un directeur d’activités périscolaires pour chaque centre, engagé par la ville de Bourges. Un coordinateur se charge de l’administration générale (élaboration des conventions, gestion des budgets…) et de la cohérence globale. Il a en charge les relations avec les différents partenaires institutionnels du dispositif. Il est assisté d’un groupe opérationnel constitué par un membre de chaque institution partenaire (Education Nationale, Jeunesse et Sports, Ville).

L’évolution du dispositif expérimental

Les objectifs demeurent identiques. Seules quelques dispositions ont été prises pour mieux respecter le sommeil des enfants les plus jeunes, dispositions qui elles-mêmes génèrent de légères modifications des emplois du temps. En 1999-2000, les élèves entrent en classe à 8 heures 15 (au lieu de 8 heures). De plus, en maternelle, une période d’accueil avec une arrivée échelonnée est aménagée entre 8h15 et 8h30. L’entrée retardée de 15 minutes conduit à une extension de neuf jours de l’année scolaire et à supprimer 14 après-midi d’activités périscolaires.

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EFFETS DE L’ACTION

Bilans d’étape

L’évaluation a été continue sur les trois années d’application du dispositif (1996 à 1998). Lors des différents bilans d’étape réalisés avec les enseignants, les intervenants et les parents, il a été souligné la très forte participation des enfants à l’école primaire (98 % de l’effectif), alors que ces activités ne sont pas obligatoires. Une impression de satisfaction générale se dégage à l’issue de ces trois années, notamment en terme d’acquisitions nouvelles chez les enfants (amélioration de langage et du vocabulaire).

EVALUATION EXTERNE

L’évaluation a également fait l’objet d’une étude externe menée sur deux ans par l’équipe du professeur Testu, dont les conclusions ont été rendues publiques en octobre 1999.

Les écoles maternelles et primaires du Val d'Auron à Bourges (les Pijolins, J. Macé, J. Ferry) ont été choisies comme site "témoin" de l'évaluation. Ces écoles, dont le temps scolaire hebdomadaire est réparti sur 4 jours, bénéficient d’un aménagement journalier traditionnel. Elles ont servi de référence. L'objectif de l'évaluation était :

- De déterminer les niveaux de vigilance, de performance et le degré d'adaptation aux emplois du temps scolaire, des élèves testés dans les différents sites étudiés.

- D'établir les fluctuations journalières et hebdomadaires de l'activité intellectuelle et des comportements des élèves.

- De comparer les durées de sommeil, les heures de coucher et de lever des élèves.

- D'analyser les différentes activités extra scolaires des élèves.

L'évaluation s’est déroulée pour les deux années scolaires 1997-1998 et 1998-1999, selon le principe d’une étude semi-longitudinale. Autrement dit, les mêmes élèves des trois niveaux d’âges choisis la première année (1997-1998) de l’évaluation (élèves de moyenne section, de cours préparatoire et de cours moyen première année) ont été, de nouveau testés la seconde année (1998-1999) dans le niveau scolaire supérieur. Il est ainsi possible d’évaluer les effets à moyen terme de l’aménagement du temps scolaire mis en place à Bourges.

Synthèse des principaux résultats de l’évaluation externe

Afin d’analyser les différents effets, sont étudiés, d’une part, chez les mêmes élèves, les modifications, après un an d’expérimentation, des niveaux moyens, des variations journalières de la vigilance et des comportements en classe, et, d’autre part, les éventuels faits communs entre les populations (moyenne section - grande section de maternelle, C.P. - C.E.1, C.M.1 - C.M.2). Seuls les effets les plus prégnants sont mentionnés.

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Etude de la vigilance des enfants

La première année d’expérimentation, il est noté, en maternelle, que les niveaux moyens de la vigilance des élèves du site expérimental (Z.E.P. de la Chancellerie) sont inférieurs à ceux des enfants du site témoin (Val d’Auron). En primaire, ils sont sensiblement égaux (C.E.1), voire supérieurs (C.M.2)

L’effet bénéfique de l’aménagement du temps scolaire mis en place à la Chancellerie est donc perceptible notamment chez les élèves les plus âgés.

Par ailleurs, il est constaté que la rythmicité journalière classique, témoin d’une bonne adéquation entre l’aménagement du temps scolaire et les rythmes de l’enfant, se met plus rapidement en place chez les élèves du site expérimental. Elle est nettement présente au C.M.1 et au C.M.2). Il est mentionné, dans un site comme dans l’autre, qu’aucun profil inversé, caractéristique d’un mauvais choix d’aménagement, n’est présent.

Etude des comportements de détachement par rapport à la situation scolaire

L’étude semi-longitudinale des indices moyens de détachement permet de noter un processus d’inversion entre les moyennes sections et les grandes sections de maternelle, d’une part, et entre les cours préparatoires et les cours élémentaires première année, d’autre part.

En effet, en maternelle comme en primaire (C.P. C.E.1), la première année d’évaluation, il est relevé plus de comportements d’inadaptation sur le site expérimental alors que, la seconde année d’évaluation, les enfants du site témoin sont ceux qui présentent le plus grand nombre de comportements inadaptés. Les élèves des cours moyens seconde année des deux sites présentent, dans la seconde phase expérimentale, des indices comportementaux similaires

Les fluctuations journalières des comportements de détachement corroborent celles notées pour la vigilance. Aux moments de haute vigilance, correspondent les comportements de faible détachement, et, inversement, aux moments de faible vigilance, correspondent les comportements de fort détachement.

Après un an de mise en place de l’aménagement expérimental de la Chancellerie, la rythmicité comportementale journalière des élèves témoigne d’une bonne adaptation à l’emploi du temps proposé, rythmicité qui se met progressivement en place entre la grande section de maternelle et le cours moyen seconde année. Pour les enfants de 10 – 11 ans de la Chancellerie, non seulement le niveau d’écoute est supérieur à celui du site témoin, mais, en plus, le profil " classique", témoin d’une adéquation entre l’aménagement du temps et les rythmes de vie de l’enfant est présent. Le même constat ne peut pas être effectué pour les élèves du même âge du site témoin. Là encore, avec un nouvel indicateur, les conséquences positives de l’aménagement choisi pour la Z.E.P. de la Chancellerie sont perçues.

L’aménagement du temps scolaire mis en place à la Chancellerie a donc un effet positif sur le comportement des élèves, effet qui se fait ressentir à partir du cours élémentaire, et qui se traduit, au C.M.2, par une similitude des attitudes d’écoute et d’attention ; ce qui n’était pas du tout le cas en moyenne section et en C.P., la première année d’expérimentation.

Etude des durées moyennes de sommeil

Cette étude permet de constater qu’il existe, entre les deux sites, des différences des durées de sommeil nocturne des élèves. Les élèves du site témoin dorment, en moyenne, plus longtemps. Les écarts sont plus ou moins marqués selon l’âge. Ils sont de 29 minutes (C.M.2), 35 minutes au C.M.1 et de 22 minutes en grande section de maternelle

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Conclusion

L’évaluation externe a été conduite pour déterminer si le choix de l ‘aménagement des temps scolaire et périscolaire dans le quartier de la Chancellerie favorisait un développement physique et psychique harmonieux des enfants, s’il facilitait les apprentissages, s’il contribuait à une meilleure intégration dans la cité.

La démarche expérimentale d’évaluation permet de répondre positivement aux questions précédentes.

L’aménagement mis en place à la Chancellerie est adapté aux rythmes de vie des enfants et favorise leur développement psychologique et physique.

La rythmicité journalière "classique " de l’activité intellectuelle et de la vigilance se met progressivement en place, elle témoigne d’une adéquation entre les emplois du temps journalier et hebdomadaire et les rythmes de vie de l’enfant. Il n’existe pas, ou peu, de phénomène de désynchronisation rythmique, suite au congé de fin de semaine, comme cela est encore trop souvent observé chez des élèves de Z.E.P. d’autres villes. Les fluctuations journalières observées des comportements d’adaptation à la situation scolaire corroborent celles dégagées à l’aide des tests de vigilance.

Aux moments de forte attention et d’écoute en classe, correspondent les meilleurs scores de barrage. Par ailleurs, il est à noter qu’après un an d’application de l’emploi du temps expérimental, les plus jeunes enfants de la Chancellerie ont sensiblement comblé leur handicap de vigilance par rapport à ceux du Val d’Auron et les élèves plus âgés égalisent, voire dépassent, ceux du Val d’Auron.

  • L’aménagement mis en place à la Chancellerie favorise les apprentissages.

Dans les classes de la Chancellerie, les enfants de maternelle et du premier cycle du premier cycle du primaire présentent des comportements plus stables que ceux du Val d’Auron, après un an seulement d’application de l’emploi du temps expérimental. On constate alors, malgré les âges différents des grandes sections de maternelle, du C.E.1 et du C.M.2, une très grande constance de l’indice comportemental. Il semblerait donc que l’aménagement du type "chancellerie " ait un effet régulateur sur les comportements scolaire, sur les attitudes d’écoute et d’attention soutenue, effet qui se traduirait par une plus grande efficacité dans les apprentissages.

  • L’aménagement mis en place favorise l’intégration.

Il est constaté qu’après une première année d’expérimentation où les taux d’écoute audiovisuelle étaient plus élevés chez les enfants de la Chancellerie, quel que soit leur âge, la deuxième année, les activités autres que la télévision, prennent de plus en plus de place, ce qui conduit à une meilleure intégration.

Il apparaît que le type d’aménagement du temps choisi les écoles du quartier de la Chancellerie favorise l’épanouissement physique et psychique des enfants de 3 à 11 ans. Cet effet bénéfique pourrait être renforcé en modulant, en fonction de l’âge, l’heure de rentrée en classe le matin, ce qui est prévu pour l’année scolaire 1999-2000.

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