Lobjectif de la monographie est double :
Dabord menée dans le cadre dun contrat de ville avec le dispositif A.R.V.E.J., laction " Aménagement du temps de lenfant " à la Chancellerie fait aujourdhui lobjet dun Contrat Educatif Local ( C.E.L.). Les écoles maternelles et primaires Louise Michel, Marcel Plaisant, Merlattes et Grand Meaulnes constituaient jusquau 20/10/99 une partie de léchantillon expérimental de lexpérience " Bâtir lécole du XXIe siècle ". Intitulé " Site pilote daménagement du temps de lenfant, dispositif pour les écoles en Z.E.P. de la Chancellerie à Bourges (18) ". Le dispositif expérimental 1996 1999 Objectifs Les objectifs de laction menée sont :
Cette semaine est organisée sur la base de 24 heures denseignement et de 4 heures dactivités périscolaires. Elle est conçue comme un aménagement global, avec une articulation entre le temps scolaire et périscolaire. Il ne sagit pas de découper le temps de lenfant en différents moments mis côte à côte, mais bien denrichir le temps de lenfant dapports complémentaires et cohérents. Le mercredi après-midi et la journée du samedi restent du temps à la disposition de lenfant. Les dispositifs daccompagnement scolaire trouvent leur place après 16 heures. Ce projet saccompagne dun travail avec les parents, notamment sur une sensibilisation à limportance de la durée du sommeil chez lenfant. Laménagement du temps scolaire se déroule de la façon suivante :
Le choix des après-midi denseignement et dactivités varient selon les groupes scolaires (soit le lundi et le jeudi, soit le mardi et le vendredi), mais doivent être présents tous les deux et satisfaire à une alternance. Par ailleurs, ils restent fixes pour toute une année scolaire. Lorganisation de la journée scolaire La matinée Lallongement de la matinée en maternelle, comme en école primaire, implique deux pauses significatives :
En école primaire, la structuration du temps des matinées sorganise de la manière suivante :
Les deux après-midi denseignement sorganisent différemment selon les cycles.
La pause du déjeuner La pause du déjeuner est limitée à deux heures. Pour les enfants qui déjeunent au restaurant scolaire, des ateliers ont été mis en place avant et après le repas. Ils permettent des temps de restauration plus calmes. Les élèves de maternelle déjeunent systématiquement au premier service de manière à ce quils puissent bénéficier dune sieste dès 13 heures. Elles sont reparties sur deux après-midi dune durée de deux heures chacune et sont partagées en trois périodes sur lannée. Chaque enfant pratique six activités par an, trois culturelles et trois sportives, encadrées par des intervenants qualifiés. Celles-ci sont gratuites et organisées pour accueillir tous les élèves scolarisés de la grande section de maternelle au cours moyen seconde année. Ces activités périscolaires, non obligatoires, ne sont pas "pulvérisées", et sinscrivent dans la durée pour que lenfant puisse réaliser une progression. Les après-midi sont organisés sous la forme dun centre de loisirs sans hébergement (C.L.S.H.) avec un directeur dactivités périscolaires pour chaque centre, engagé par la ville de Bourges. Un coordinateur se charge de ladministration générale (élaboration des conventions, gestion des budgets ) et de la cohérence globale. Il a en charge les relations avec les différents partenaires institutionnels du dispositif. Il est assisté dun groupe opérationnel constitué par un membre de chaque institution partenaire (Education Nationale, Jeunesse et Sports, Ville). Lévolution du dispositif expérimental Les objectifs demeurent identiques. Seules quelques dispositions ont été prises pour mieux respecter le sommeil des enfants les plus jeunes, dispositions qui elles-mêmes génèrent de légères modifications des emplois du temps. En 1999-2000, les élèves entrent en classe à 8 heures 15 (au lieu de 8 heures). De plus, en maternelle, une période daccueil avec une arrivée échelonnée est aménagée entre 8h15 et 8h30. Lentrée retardée de 15 minutes conduit à une extension de neuf jours de lannée scolaire et à supprimer 14 après-midi dactivités périscolaires. Bilans détape Lévaluation a été continue sur les trois années dapplication du dispositif (1996 à 1998). Lors des différents bilans détape réalisés avec les enseignants, les intervenants et les parents, il a été souligné la très forte participation des enfants à lécole primaire (98 % de leffectif), alors que ces activités ne sont pas obligatoires. Une impression de satisfaction générale se dégage à lissue de ces trois années, notamment en terme dacquisitions nouvelles chez les enfants (amélioration de langage et du vocabulaire). EVALUATION EXTERNE Lévaluation a également fait lobjet dune étude externe menée sur deux ans par léquipe du professeur Testu, dont les conclusions ont été rendues publiques en octobre 1999. Les écoles maternelles et primaires du Val d'Auron à Bourges (les Pijolins, J. Macé, J. Ferry) ont été choisies comme site "témoin" de l'évaluation. Ces écoles, dont le temps scolaire hebdomadaire est réparti sur 4 jours, bénéficient dun aménagement journalier traditionnel. Elles ont servi de référence. L'objectif de l'évaluation était : - De déterminer les niveaux de vigilance, de performance et le degré d'adaptation aux emplois du temps scolaire, des élèves testés dans les différents sites étudiés. - D'établir les fluctuations journalières et hebdomadaires de l'activité intellectuelle et des comportements des élèves. - De comparer les durées de sommeil, les heures de coucher et de lever des élèves. - D'analyser les différentes activités extra scolaires des élèves. L'évaluation sest déroulée pour les deux années scolaires 1997-1998 et 1998-1999, selon le principe dune étude semi-longitudinale. Autrement dit, les mêmes élèves des trois niveaux dâges choisis la première année (1997-1998) de lévaluation (élèves de moyenne section, de cours préparatoire et de cours moyen première année) ont été, de nouveau testés la seconde année (1998-1999) dans le niveau scolaire supérieur. Il est ainsi possible dévaluer les effets à moyen terme de laménagement du temps scolaire mis en place à Bourges. Synthèse des principaux résultats de lévaluation externe Afin danalyser les différents effets, sont étudiés, dune part, chez les mêmes élèves, les modifications, après un an dexpérimentation, des niveaux moyens, des variations journalières de la vigilance et des comportements en classe, et, dautre part, les éventuels faits communs entre les populations (moyenne section - grande section de maternelle, C.P. - C.E.1, C.M.1 - C.M.2). Seuls les effets les plus prégnants sont mentionnés. Etude de la vigilance des enfants La première année dexpérimentation, il est noté, en maternelle, que les niveaux moyens de la vigilance des élèves du site expérimental (Z.E.P. de la Chancellerie) sont inférieurs à ceux des enfants du site témoin (Val dAuron). En primaire, ils sont sensiblement égaux (C.E.1), voire supérieurs (C.M.2) Leffet bénéfique de laménagement du temps scolaire mis en place à la Chancellerie est donc perceptible notamment chez les élèves les plus âgés. Par ailleurs, il est constaté que la rythmicité journalière classique, témoin dune bonne adéquation entre laménagement du temps scolaire et les rythmes de lenfant, se met plus rapidement en place chez les élèves du site expérimental. Elle est nettement présente au C.M.1 et au C.M.2). Il est mentionné, dans un site comme dans lautre, quaucun profil inversé, caractéristique dun mauvais choix daménagement, nest présent. Etude des comportements de détachement par rapport à la situation scolaire Létude semi-longitudinale des indices moyens de détachement permet de noter un processus dinversion entre les moyennes sections et les grandes sections de maternelle, dune part, et entre les cours préparatoires et les cours élémentaires première année, dautre part. En effet, en maternelle comme en primaire (C.P. C.E.1), la première année dévaluation, il est relevé plus de comportements dinadaptation sur le site expérimental alors que, la seconde année dévaluation, les enfants du site témoin sont ceux qui présentent le plus grand nombre de comportements inadaptés. Les élèves des cours moyens seconde année des deux sites présentent, dans la seconde phase expérimentale, des indices comportementaux similaires Les fluctuations journalières des comportements de détachement corroborent celles notées pour la vigilance. Aux moments de haute vigilance, correspondent les comportements de faible détachement, et, inversement, aux moments de faible vigilance, correspondent les comportements de fort détachement. Après un an de mise en place de laménagement expérimental de la Chancellerie, la rythmicité comportementale journalière des élèves témoigne dune bonne adaptation à lemploi du temps proposé, rythmicité qui se met progressivement en place entre la grande section de maternelle et le cours moyen seconde année. Pour les enfants de 10 11 ans de la Chancellerie, non seulement le niveau découte est supérieur à celui du site témoin, mais, en plus, le profil " classique", témoin dune adéquation entre laménagement du temps et les rythmes de vie de lenfant est présent. Le même constat ne peut pas être effectué pour les élèves du même âge du site témoin. Là encore, avec un nouvel indicateur, les conséquences positives de laménagement choisi pour la Z.E.P. de la Chancellerie sont perçues. Laménagement du temps scolaire mis en place à la Chancellerie a donc un effet positif sur le comportement des élèves, effet qui se fait ressentir à partir du cours élémentaire, et qui se traduit, au C.M.2, par une similitude des attitudes découte et dattention ; ce qui nétait pas du tout le cas en moyenne section et en C.P., la première année dexpérimentation. Etude des durées moyennes de sommeil Cette étude permet de constater quil existe, entre les deux sites, des différences des durées de sommeil nocturne des élèves. Les élèves du site témoin dorment, en moyenne, plus longtemps. Les écarts sont plus ou moins marqués selon lâge. Ils sont de 29 minutes (C.M.2), 35 minutes au C.M.1 et de 22 minutes en grande section de maternelle Lévaluation externe a été conduite pour déterminer si le choix de l aménagement des temps scolaire et périscolaire dans le quartier de la Chancellerie favorisait un développement physique et psychique harmonieux des enfants, sil facilitait les apprentissages, sil contribuait à une meilleure intégration dans la cité. La démarche expérimentale dévaluation permet de répondre positivement aux questions précédentes. Laménagement mis en place à la Chancellerie est adapté aux rythmes de vie des enfants et favorise leur développement psychologique et physique. La rythmicité journalière "classique " de lactivité intellectuelle et de la vigilance se met progressivement en place, elle témoigne dune adéquation entre les emplois du temps journalier et hebdomadaire et les rythmes de vie de lenfant. Il nexiste pas, ou peu, de phénomène de désynchronisation rythmique, suite au congé de fin de semaine, comme cela est encore trop souvent observé chez des élèves de Z.E.P. dautres villes. Les fluctuations journalières observées des comportements dadaptation à la situation scolaire corroborent celles dégagées à laide des tests de vigilance. Aux moments de forte attention et découte en classe, correspondent les meilleurs scores de barrage. Par ailleurs, il est à noter quaprès un an dapplication de lemploi du temps expérimental, les plus jeunes enfants de la Chancellerie ont sensiblement comblé leur handicap de vigilance par rapport à ceux du Val dAuron et les élèves plus âgés égalisent, voire dépassent, ceux du Val dAuron.
Dans les classes de la Chancellerie, les enfants de maternelle et du premier cycle du premier cycle du primaire présentent des comportements plus stables que ceux du Val dAuron, après un an seulement dapplication de lemploi du temps expérimental. On constate alors, malgré les âges différents des grandes sections de maternelle, du C.E.1 et du C.M.2, une très grande constance de lindice comportemental. Il semblerait donc que laménagement du type "chancellerie " ait un effet régulateur sur les comportements scolaire, sur les attitudes découte et dattention soutenue, effet qui se traduirait par une plus grande efficacité dans les apprentissages.
Il est constaté quaprès une première année dexpérimentation où les taux découte audiovisuelle étaient plus élevés chez les enfants de la Chancellerie, quel que soit leur âge, la deuxième année, les activités autres que la télévision, prennent de plus en plus de place, ce qui conduit à une meilleure intégration. Il apparaît que le type daménagement du temps choisi les écoles du quartier de la Chancellerie favorise lépanouissement physique et psychique des enfants de 3 à 11 ans. Cet effet bénéfique pourrait être renforcé en modulant, en fonction de lâge, lheure de rentrée en classe le matin, ce qui est prévu pour lannée scolaire 1999-2000. |