Le suivi personnalisé des
élèves
Sommaire
Académie : Grenoble
Département :
Savoie
École : Caffe
à Chambéry
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Pour le cycle I
Jean-Pierre Rosaz, Directeur de lécole
maternelle dapplication Caffe (Chambéry)
Annick Cappoën, enseignante maître-formateur
Sabine Maurel, enseignante maître-formateur |
Pour le cycle II
Martine Rubeaud, Directrice de lécole
élémentaire dapplication Caffe (Chambéry)
Sophie Clavel-Georges, enseignante maître-formateur
Séverine Lyonnaz, enseignante
Amélie Reynal de Saint-Michel, enseignante
Véronique Sid-Ahmed, enseignante maître-formateur |
Pour le cycle III
Jean-Marc Ballaz, enseignant
Isabelle Berclaz, enseignante
Norbert Féaz, enseignant maître-formateur
Patrick Guitton, enseignant
Marie-Françoise Olivier, enseignante
maître-formateur
Dominique Terpant, enseignant |
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Rédacteur général
Michel Grangeat, Enseignant à
lIUFM de Grenoble, Chef de projet académique pour
la recherche confiée à lINRP dans le cadre
de la Charte " Bâtir lécole du XXI°
siècle ", Chargé de mission pour le premier
degré auprès du recteur de lacadémie
de Grenoble. |
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Accompagnement de léquipe enseignante
Michèle Besson, Inspectrice de lÉducation
Nationale, Mireille Guiffrida, Conseillère Pédagogique
adjointe |
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Léquipe pédagogique dont nous allons étudier
le mode de fonctionnement regroupe les enseignants et les intervenants
de deux écoles, une maternelle de trois classes et une
élémentaire de neuf, situées dans un même
bâtiment. Cette bâtisse, caractéristique des
écoles du XIX°, plusieurs fois agrandie et restructurée
à travers le siècle, fait aujourdhui lobjet
dune rénovation densemble. Comme si les espaces
et les murs marquaient aussi la nécessaire évolution
de lécole.
Une école en pleine
diversité
Ces écoles sont caractérisées par une
grande diversité, tant au niveau de la nature du personnel
éducatif que des origines sociales ou culturelles des
élèves. Afin de favoriser la réussite de
tous, cette pluralité nécessite une coordination
autour daxes de travail clairement identifiés. Cest
ce que nous allons étudier ici en focalisant notre analyse
sur les dispositifs dévaluation et de suivi individuels
des élèves dans leurs processus dappropriation
des savoirs scolaires.
Une équipe enseignante multiple
Ces deux écoles, dites " dapplication ",
sont associées à lIUFM de Grenoble et leur
personnel comprend donc plusieurs maîtres-formateurs (3
pour la maternelle et 4 pour lécole élémentaire)
et leurs remplaçants travaillant parfois sur plusieurs
sites (respectivement 3 et 4 pour chacune des écoles)
ainsi que des enseignants qui ne sont pas formateurs (5 pour
lélémentaire). À ce personnel sadjoignent :
celui du Réseau dAide Spécialisé aux
Élèves en Difficulté (RASED) incomplet (1
psychologue et 1 maître G) qui couvre un secteur scolaire
plus vaste que celui des écoles étudiées ;
les 2 postes et demi dAdjoints Territoriaux Spécialisés
des Écoles Maternelles (ATSEM) ; 1 personne bénéficiant
dun contrat emploi solidarité, à mi-temps
à lécole maternelle, et les 2 aides
éducateurs, pour lélémentaire. Si
lon rajoute les responsables du restaurant scolaire, de
la garderie ou des études, les intervenants de langue
vivante et ceux des ateliers de fin daprès-midi,
lon constate aisément que léquipe éducative
est très vaste. Cette multiplicité est dautant
plus cruciale que les deux écoles ne forment pas un groupe
scolaire en tant que tel.
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Un environnement social et culturel très
contrasté
À la pluralité des intervenants de léquipe
pédagogique se rajoute la diversité sociale et
culturelle des familles des élèves. En effet, ces
écoles sont implantées en bordure dun quartier
populaire et dun centre ville ; ce dernier fait coexister
un habitat social préservé et de nombreux logements
valorisés par une récente rénovation. De
ce fait, le recrutement des deux écoles étudiées
seffectue sur deux types de quartier très différents
et dans deux populations très contrastées :
le centre ville apporte une proportion importante délèves
de milieux aisés ; les secteurs dhabitat social,
ceux du centre comme ceux de la périphérie, comprennent
des familles qui ont du mal à sintégrer car,
souvent, elles combinent les difficultés économiques
à léloignement de la culture scolaire. Cette
diversité est encore accrue par le fait que la maternelle
ne recrute que sur le centre ville et que les jeunes enfants
de la périphérie, accueillis dans leur quartier
par une école à une classe, ne rejoignent lécole
élémentaire quaprès leur année
de CP. Pour mieux comprendre cette hétérogénéité,
nous avons réparti les élèves de lécole
élémentaire en fonction de cinq catégories
socioprofessionnelles dorigine (cf. tableau 1).
Lanalyse de ces catégories pour le responsable
de lenfant, tel quil est déclaré dans
les fiches de renseignement de rentrée, montre en fait
trois grands groupes sociaux distincts et deffectifs à
peu près équivalents : lun rassemble
les enfants des familles de cadre, denseignants ou de membres
des professions intermédiaires, tels les éducateurs
ou assistants sociaux, qui peuvent avoir des conceptions de léducation
assez proches de celles de léquipe pédagogique ;
un autre regroupe les artisans et techniciens qui ne sont pas
nécessairement très à laise dans les
interactions avec lécole, même sils
montrent souvent un grand intérêt pour la participation
à la vie scolaire ; le dernier tiers, enfin, comprend
les familles dont le responsable exerce un travail dexécution
ou na pas demploi salarié. Les études
montrent que les pratiques éducatives de ces groupes de
familles sont souvent opposées entre elles et parfois
en contradiction avec les attitudes valorisées à
lécole (Lautrey, 1980 ; Durut-Bellat et Henriot-Van
Zanten, 1992 ; Perrenoud, 1995).
Tableau 1 : Répartition des
élèves de l'école élémentaire
en fonction des catégories sociales des familles.
La même analyse, appliquée aux conjoints, donne
des résultats qui vont dans le sens d'un renforcement
de l'hétérogénéité des familles
: comme les responsables d'élève, un tiers des
conjoints appartient à une catégorie culturellement
proche de l'école ; mais les autres catégories
sont moins représentées, au profit d'un nombre
très important, plus d'un enfant sur quatre, de familles
dont l'appartenance professionnelle d'un des deux membres n'est
pas fournie, ce qui laisse penser que la famille est monoparentale.
Cette situation familiale n'est pas nécessairement une
gêne pour les apprentissages scolaires, sauf que, dans
l'école étudiée, près d'un élève
sur quatre a une famille dont les deux parents appartiennent
à une catégorie sociale et culturelle aisée
(cf. tableau 2). Manifestement, cette particularité renforce
considérablement l'hétérogénéité
culturelle des familles des enfants concernés par notre
étude.
Tableau 2 : L'hétérogénéité
des familles de l'école élémentaire dans
leur distance culturelle à l'école.
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Une action pour la réussite
de chacun.
Dans le contexte que nous venons de décrire, le problème
qui se pose à l'école et qui justifie l'action
consiste à permettre à chacun des élèves
de réussir ses apprentissages scolaires dans de bonnes
conditions pour entrer au collège mais, également,
à une hauteur compatible avec le niveau des attentes des
familles. Les deux projets d'école mettent donc l'accent
à la fois sur la maîtrise de la langue et sur l'ouverture
à d'autres environnements culturels que ceux que l'élève
trouve spontanément dans sa famille (celui des arts et
celui des techniques notamment). Cette ouverture nécessaire
augmente encore la diversité due aux caractéristiques
intrinsèques de l'école, celles de son équipe
éducative et celle de son secteur de recrutement des élèves.
Le problème est alors d'organiser ce foisonnement de manière
à ce qu'un suivi personnalisé des élèves
garantisse ou favorise leurs chances de réussite des apprentissages
scolaires.
Pour nous, il s'agit donc " d'étudier la définition
et la pertinence des modalités retenues pour faciliter
ces apprentissages (leçons, recherches individuelles ou
en groupe, groupes classe, groupes cycle, groupes de besoins,
groupes d'intérêts ou de choix, monitorat entre
élèves, soutien, rééducation, études
dirigées, clubs, ateliers, etc.), ainsi que toutes les
combinaisons possibles de ces différentes modalités
et la manière de les encadrer " et plus particulièrement
" d'observer les modalités précises d'évaluation
utilisées et leurs fonctions. Pour cela, on étudiera
de près les outils employés, la manière
dont ils sont mis en circulation, la façon dont ils sont
reçus par les élèves et les parents. On
s'interrogera sur les principes qui régissent l'évaluation
mise en uvre et, surtout, sur la manière dont cette
évaluation mise au service de l'inventivité pédagogique
permet d'imaginer des dispositifs de remédiation et contribue
à la progression de chaque élève "
(B.O.E.N. Hors série N°13 du 26 novembre 1998).
Prendre en considération les parcours individuels
L'action se propose d'améliorer la cohérence des
diverses interventions pédagogiques notamment en ce qui
concerne les pratiques d'évaluation et la construction
des connaissances de tous les élèves. Il s'agit
de mettre en place un suivi personnalisé prenant en considération
le parcours de chaque élève, avec des outils adéquats.
Ceux-ci doivent permettre l'organisation, au sein de l'école,
des recours nécessaires en cas de grande difficulté
et servir de base au dialogue avec les parents. Ils s'agit donc
de transformer les modalités d'évaluation afin,
d'une part, que les élèves et les familles puissent
les comprendre et, d'autre part, que cette évaluation
permette d'imaginer des dispositifs qui contribuent à
la progression de chacun.
L'origine de cette action se perd dans l'histoire de ces écoles.
Elle tient vraisemblablement à la volonté de quelques
enseignants et parents d'élèves de répondre
au défi posé par la société d'aujourd'hui
qui consiste à respecter la diversité de chaque
individu tout en permettant la réalisation de projets
collectifs. Manifestement, il y avait l'envie de montrer que
l'hétérogénéité des populations
scolaires ne conduit pas nécessairement à l'échec
de l'école. Peut-être existe-t-il l'idée
qu'en coordonnant l'activité de l'équipe pédagogique
on puisse démontrer que l'échec scolaire n'est
pas une fatalité (CRESAS, 1981). Toujours est-il que les
enseignants de ces écoles, dont une grande partie est
très mobile, parviennent, bon an mal an, à s'intégrer
et à nourrir l'action étudiée ici.
Un accompagnement pour l'action
Les modalités de mise en uvre de cette action sont
celles du processus élaboré dans l'académie
de GRENOBLE pour la recherche confiée à l'INRP
dans le cadre de la charte. La démarche générale
consiste à tester la faisabilité de dispositifs
pédagogiques pertinents pour répondre à
un problème donné (Astolfi, 1993). Il s'agit d'une
sorte d'exploration des méthodes permettant d'améliorer
la qualité des apprentissages et du développement
de tous les élèves. Le sérieux de cette
investigation est garanti par un appui sur l'évaluation
et par la diffusion de résultats intermédiaires.
Pour la première année (cf. tableau 3), dans une
première phase, il s'agit de faire le bilan des pratiques
actuelles, de cerner le problème à résoudre
et d'envisager quelques dispositifs qui pourraient être
testés. Cette phase - que l'on pourrait dire de l'ébauche,
en utilisant le vocabulaire des ingénieurs concevant une
nouvelle machine ou celui de la recherche développement
(Van der Maren, 1999) - dure un trimestre. Ensuite, jusqu'en
fin d'année, la seconde phase - que l'on pourrait dire
de la maquette - sert à mettre en uvre les dispositifs
élaborés lors de la phase précédente
; cette étape se termine par la publication d'un document,
par école, présentant les dispositifs testés.
La troisième phase, dans l'année scolaire suivante
- qui serait celle du prototype, pour filer la même métaphore
- servira à observer les dispositifs lorsqu'ils fonctionnent
en vraie grandeur, à l'échelle de l'année
et pour une école ou un groupe scolaire. Il s'agit de
dépasser le stade de la description et de commencer à
approfondir la réflexion. C'est à ce moment que
la coopération entre les écoles, les équipes
locales et les réseaux de recherche est nécessaire.
La quatrième et dernière phase sera celle de la
compréhension des effets des dispositifs et de la publication
des résultats, elle se situera dans la troisième
année du processus. L'école que nous étudions
ici se trouve donc en avance par rapport au processus général
: cette monographie la conduit à passer très rapidement
aux phases avancées de la démarche, celles de la
communication des résultats partiels.
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À réaliser avant : |
Intitulé de laction : |
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le 30 septembre |
- Faire un bilan des pratiques pédagogiques
de lécole.
- De ce bilan, tirer un objet de recherche
prioritaire.
- Définir le problème qui sera
étudié dans lannée.
- Communiquer bilan, objet et problème
aux partenaires de la recherche : équipe de circonscription,
coordonnateur IUFM et chef de projet notamment.
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le 30 octobre |
- Déterminer, cycle par cycle, un dispositif
pédagogique qui devrait permettre de répondre au
problème étudié.
- Décrire les effets, qui sont attendus
de cette nouvelle pratique, sur les apprentissages et le développement
de tous les élèves.
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le 18 décembre |
- Harmoniser au niveau de lécole,
le dispositif pédagogique qui devrait permettre de répondre
au problème étudié.
- Communiquer la description de ce dispositif
et des effets escomptés aux partenaires de la recherche.
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le 31 mars |
- Tester le dispositif choisi dans toute lécole.
- Améliorer, cycle par cycle, les pratiques
imaginées en début dannée et les tester.
- Commencer à évaluer, même
de manière encore très subjective, les effets produits
par le dispositif étudié.
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le 6 mai |
- Rédiger un document, communicable
aux autres écoles, afin dexpliquer lavancée
de linvestigation (attention, il ne sagit pas dun
aboutissement puisque la recherche durera 3 ans).
- Communiquer ce document détape
aux partenaires de la recherche.
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le 30 juin |
- Participer aux rencontres entre écoles
afin de prendre connaissance des avancées réalisées
par chacun.
- Déterminer les modalités de
fonctionnement pour lannée scolaire suivante.
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Tableau 3 : La programmation de la
première année de la recherche.
L'accompagnement de l'action s'intègre également
dans le suivi général des écoles de la "
Charte " : lors des journées de la pré-rentrée,
l'I.E.N. de la circonscription organise une première réflexion
à l'occasion d'une réunion entre toutes les écoles
volontaires et le chef de projet académique ; dès
le premier trimestre, deux jours de stage de formation continue
permettent d'approfondir la réflexion et de tracer les
premières pistes de la mise en uvre pratique ; au
long de l'année, des animations pédagogiques sont
consacrées à la régulation de l'avancée
de l'expérimentation ; le CPAIEN et le correspondant IUFM
participent, si besoin, aux conseils des maîtres consacrés
au suivi de l'innovation ; enfin, les outils d'analyse disponibles
sur le site internet de l'INRP peuvent être utilisés
grâce au matériel TICE.
Des dispositifs pédagogiques harmonisés
L'action s'intitule " construction des connaissances et
suivi personnalisé de tous les élèves ".
Elle consiste à expliciter les objectifs des enseignants
et à créer des espaces de différenciation
afin d'impliquer l'élève et ses parents dans une
démarche de réussite à l'école
Les trois cycles de l'école sont concernés. Au
cycle I, il s'agit de mettre en place un " cahier de progrès
" et des ateliers différenciés ; l'idée
consiste à permettre à l'enfant de constater et
de suivre son évolution au long de ses premières
années d'école, dans les différentes compétences
travaillées en classe. Au cycle II, il s'agit de combiner
l'utilisation d'un " cahier-outil " méthodologique
avec des groupes de niveau temporaires ; le principe est de créer
une ressource commune aux élèves, aux familles
et aux enseignants afin de soutenir de manière cohérente
les progrès dans les apprentissages fondamentaux. Au cycle
III, l'accent est mis sur l'appropriation, par les élèves,
des compétences évaluées et sur l'articulation
entre " ateliers de besoin " et échanges de
service ; l'intention c'est de tendre vers des acquisitions de
connaissances et de stratégies clairement identifiées
par les élèves eux-mêmes. Nous allons préciser
ces dispositifs cycle par cycle.
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Pour le cycle I : soutenir
le projet d'apprendre, avec les élèves
Les enseignants de l'école maternelle se sont réunis
en conseil afin de préciser leur questionnement concernant
le suivi des élèves et les dispositifs qu'ils vont
tester pour résoudre leur problème. Le texte suivant
est essentiellement tiré des conclusions de cette réunion
qui fixe les perspectives de travail pour l'année.
Un dispositif pour constater les progrès de chacun
Le problème qui mobilise les enseignants est celui de
savoir répondre à l'hétérogénéité
de leur classe, tant en ce qui concerne les compétences
acquises que dans la prise de conscience, par les élèves,
de l'évolution de ces acquisitions. Il s'agit donc de
parvenir à imaginer des dispositifs qui amènent
l'enfant à constater ses réussites ou ses progrès
et qui l'aident à comprendre pourquoi telle activité
lui est proposée ou ce qu'elle peut lui apporter. Le principe,
c'est de mettre davantage en valeur les intentions de l'enseignant
: il faudrait que les élèves, et particulièrement
ceux qui sont en difficulté, s'impliquent mieux dans les
activités instaurées par l'enseignant, parce qu'ils
perçoivent qu'elles ne leur sont pas proposées
pour occuper leur temps mais pour leur permettre d'apprendre.
À cette fin, un " cahier de progrès "
est mis en place, pour chaque élève, dans chacune
des classes de l'école. Il permet de répertorier
les réussites de chacun, au cours d'une année scolaire
et aussi au long du cycle I. Ces réussites concernent
les différents domaines d'activité devant être
travaillés dans le cycle (par exemple, l'entrée
dans l'écrit, la connaissance du nombre, le patinage sur
glace, les jeux de la classe, etc.) et des compétences
transversales (acquisition de règles de vie sociale, construction
du concept de temps, autonomie dans l'habillage ou le rangement
de la classe).
Tout au long de cette année de mise en route, au cours
des réunions de cycle, l'équipe enseignante effectue
un travail préparatoire consistant à repérer
certaines des compétences qui seront travaillées
en classe. Ces compétences sont détaillées
et associées à des activités variées,
dans leur complexité et dans la nature des aides fournies
à l'enfant. Cette variété permet à
l'élève de toujours trouver un domaine de réussite
et des perspectives de progression. Des discussions en petits
groupes permettent de faire constater à chacun ce qu'il
a déjà réussi et ce qu'il aura à
maîtriser prochainement .
Le choix de ces compétences est orienté par la
recherche d'une adéquation entre les actions du projet
d'école, le suivi des objectifs fixés par les programmes
et les items correspondants du livret scolaire. Le répertoire
de compétences est donc commun aux trois classes du cycle.
Cependant, afin de mieux prendre en compte la réalité
de sa classe, chaque enseignant peut ajouter des compétences
liées à un projet pédagogique précis
(être capable d'installer les textes et les images d'une
page du journal de la classe, par exemple).
Afin qu'il s'approprie ce livret, l'élève doit
participer à sa conception et à sa réalisation.
Dans cette mesure, l'énoncé des compétences
est expliqué voire modifié avec les enfants ; cette
formulation constitue donc une autre manière d'aborder
la production d'écrit. De même, lors d'ateliers
spécifiques, ils recherchent les illustrations accompagnant
ces énoncés ; ils sélectionnent des illustrations
d'albums, par exemple, ce qui procure un autre accès au
livre (cf. photo1).
Photo 1 : Un atelier pour réaliser
le cahier de progrès.
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Une action continue et régulière.
Au cours de l'année scolaire, chaque enfant, avec l'aide
de l'enseignant, renseigne le cahier de progrès. Une fréquence
bi-mensuelle semble idéale mais celle du trimestre est
réaliste pour cette année de mise en route. En
pratique, cependant, l'enfant est toujours associé à
l'évaluation de ses réussites. Dans la mesure du
possible, en effet, à chaque énoncé de compétence
sont jointes des traces écrites réalisées
par l'enfant (dans le domaine de la maîtrise de l'écrit,
par exemple : fiches individuelles ou histoires réalisées
à l'atelier lecture-écriture ; photocopies de textes,
telles que des recettes ou des affiches, proposés à
l'atelier recherche de sens).
De ce fait, en utilisant un codage simple, au cours d'une réflexion
avec l'enseignant, chaque enfant, seul ou en petit groupe, peut
déterminer ses domaines de réussite et ceux qui
restent à améliorer. Au cours de ces rencontres,
l'enseignant permet à l'enfant de repérer ses progrès,
de tirer des significations de son niveau de réussite
; il lui propose alors de nouvelles situations d'apprentissage,
des activités différenciées (jeux adaptés,
ateliers semi-dirigés, aides spécifiques) destinées
à l'aider à progresser.
Il ne s'agit donc ni de s'arrêter au constat des erreurs
ou des réussites, ni de créer un nouveau livret
scolaire. En fait, par une coopération maître-élèves,
il s'agit de dégager les significations de cette évaluation
formative. Ce qui est recherché, c'est l'établissement
d'un réel contrat avec l'enfant, c'est le moyen d'impliquer
les élèves en difficulté pour les inscrire
dans une démarche de progrès.
Des activités facilitatrices
Parvenir à utiliser le cahier de progrès est une
réelle activité d'apprentissage. Afin de faciliter
cette acquisition, plusieurs activités, moins complexes
sont instaurées.
Certains enseignants mettent en place une affiche, sous forme
d'un tableau double-entrée, qui croise la liste des élèves
et quelques compétences (notamment en matière d'habillage
et de conduite en classe). D'accès facile, cette affiche
permet à l'enseignant d'aider chaque enfant, immédiatement
lorsque le besoin apparaît, à comprendre la notion
de compétence et le codage du niveau de réussite.
Le moment d'accueil en classe devient alors un moment d'apprentissage
qui conduit à constater, par exemple, que " Je sais
boutonner mon manteau mais j'apprends à lacer mes chaussures
" (cf. photo 2). Ici, la coopération des ATSEM, voire
des parents, est essentielle.
Photo 2 : Quelques progrès
plus faciles à identifier.
Au quotidien, tous les enseignants s'attachent, avant une
activité, à être plus explicites sur leurs
intentions. Dans la présentation des ateliers proposés
ils essaient de donner plus de cohérence aux apprentissages
en expliquant, par exemple : " Pour cette activité,
on va faire ceci, afin de pouvoir réaliser cela plus tard,
parce que cela vous sera utile à... " Après
une période d'ateliers, ou en fin de semaine, ils s'efforcent
de prendre le temps de discuter de ce qui a été
fait récemment. Ils essaient de mettre en évidence
des apprentissages effectués en utilisant les traces écrites
des activités - telles que les fiches réalisées
ou des photos d'élèves en train de travailler -
ou un tableau dans lequel chacun avait inscrit l'atelier auquel
il va participer. Ces " conversations sur les tâches
scolaires ", régulières et fréquentes,
permettent de redire les activités pratiquées,
les difficultés rencontrées, les réussites
obtenues et ce que cette activité va apporter (cf. photo
3). Lors de ces conversations, comme lors des mises en commun
après une activité recherche, les enseignants essaient
de conduire les élèves à justifier leurs
choix et à verbaliser la méthode qu'ils ont employée.
Il s'agit de permettre à chacun d'enrichir sa panoplie
de stratégies et, aussi, de déculpabiliser les
enfants qui se trompent : les erreurs apparaissent comme normales
mais seront corrigées collectivement en dégageant
d'autres façons de faire. L'enseignante du RASED, qui
intervient auprès de petits groupes d'élèves
surtout en GS, entretient elle aussi cette réflexion métacognitive.
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Photo 3 : Un moment pour dire ce que
chacun a réalisé.
Enfin, au niveau de l'école, un journal permet de donner
la parole aux enfants. Le contenu est proche du journal d'opinion
afin de créer un autre dispositif amenant l'enfant à
parler de ses activités scolaires, de ses réussites
ou de ses préférences. Cet écrit permet
également à l'enfant d'avoir un regard sur ce qui
se passe dans les autres classes et de communiquer aux autres
des aspects de sa vie à l'école.
Un suivi concernant tous les adultes
Tous les enseignants sont concernés puisque le cahier
de progrès est destiné à suivre les élèves
durant les trois années de l'école maternelle.
Ce suivi permettra à l'enfant de constater qu'il est une
personne qui évolue ; il y a donc intérêt,
au cours des moments d'ateliers en petits groupes centrés
sur le cahier de progrès de prendre le temps de dire ce
qu'il était capable de faire avant et de comparer avec
ce qu'il sait faire maintenant. Dans cette école, depuis
plusieurs années, ce constat des évolutions de
chacun est déjà réalisé avec succès,
dans le domaine de la maîtrise de la langue, grâce
au cahier de production écrite transmis de classe en classe.
Il s'agit donc d'étendre cette action vers d'autres domaines
d'apprentissage et de progrès.
Les familles sont également concernées et les premières
réunions de classe permettent d'expliquer le rôle
et la raison d'être des différents cahiers. Le cahier
de progrès circule, en effet, entre les familles et l'école.
Dans la mesure où il montre un profil des compétences
de l'enfant, il sert de support aux rencontres entre parents
et enseignants.
Les ATSEM sont impliquées, en particulier pour les compétences
transversales. L'emploi d'un aide-éducateur permettrait
de faciliter et de multiplier toutes les activités en
petits groupes.
Des effets positifs à confirmer
À titre individuel, chaque enseignant de l'équipe
a essayé, durant ces dernières années, des
dispositifs partiels allant dans le sens de celui qui est étudié
ici. Il s'agissait de discussions avec les élèves
autour de cahiers d'activités, d'essais de codage des
réussites des tâches scolaires, de cahiers de progrès
dans un domaine très limité. Les effets de ces
dispositifs sont sensiblement positifs : ils permettent une meilleure
connaissance de chaque élève par l'enseignant,
une plus forte motivation de l'élève par rapport
aux activités proposées. En outre, dans ce climat
où la prise de risque pour apprendre est valorisée,
les référents qui gardent trace des activités
réalisées et des progrès effectués
permettent aux élèves en difficulté d'interpeller
les enseignants pour leur demander du secours : " Peux-tu
m'aider ? Dans cet atelier je ne réussis pas bien... "
devient une phrase courante dans ces classes . L'adulte est alors
perçu comme une personne qui a un projet d'apprentissage
pour chaque enfant et qui constitue une ressource en cas de difficulté
(cf. photo 4).
Photo 4 : Le cahier de progrès,
support à l'individualisation.
Ces essais individuels, ces premières pistes partielles
ont convaincu les enseignants de se lancer plus avant dans cette
démarche afin de donner à chaque enfant l'occasion
de prendre du recul par rapport aux activités de classe
et à ses apprentissages. Il s'agit maintenant de mettre
en commun ces essais, leurs réussites ou leurs échecs,
pour instaurer avec une direction commune le dispositif "
cahier de progrès " choisi par l'école maternelle.
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Pour le cycle II : chacun
peut apprendre à son rythme
Comme leurs collègues de l'école maternelle,
ceux du cycle II ont mené plusieurs réunions dont
les comptes rendus ont servi à la rédaction de
ce texte. Certains ont également répondu à
un questionnaire écrit et nous utiliserons souvent les
analyses formulées à cette occasion.
Une forte hétérogénéité de
départ face à l'écrit
Ce qui pose problème, au cycle II, c'est l'extrême
hétérogénéité des élèves
en ce qui concerne leurs niveaux d'acquisition des compétences
dans les apprentissages premiers ; cette difficulté est
cruciale en ce qui concerne les stratégies de prises de
référence dans les écrits et celles de mise
en liaison des différentes activités réalisées
en classe. Cette diversité, liée à la nature
du public scolaire, est encore accentuée par le fait que
les élèves de cycle II proviennent d'écoles
différentes (pour l'année de cette étude,
sur 40 CE1, 12 - soit 30% de l'effectif - arrivent de l'école
à classe enfantine du quartier périphérique).
Dans ce contexte, l'action étudiée dans le cadre
de la charte vise à transformer quatre éléments
de la situation pédagogique :
· La connaissances des compétences attendues en
fin de cycle grâce à la communication aux enfants
et aux familles d'une grille de compétences en mathématiques
et en français. La formulation de ces compétences
est adaptée et, lorsque ceci est possible, un exemple
d'activité est donné en illustration.
· La gestion de l'hétérogénéité
grâce à la constitution de groupes de niveau temporaires.
· L'accès pour tous aux référents
utilisés dans la classe, que cela soit à l'école
ou à la maison, grâce à la réalisation
d'un " cahier-outil ".
· Le réinvestissement des stratégies d'une
activité à l'autre.
Cette action vise donc à impliquer l'élève
et ses parents dans une démarche de réussite.
Un dispositif pédagogique pour trois classes
Le dispositif se déroule sur tout le cycle II puisque
les classes en sont équivalentes. En effet, le principe
délibérément choisi est de constituer trois
groupes de CP-CE1 qui sont suivis par la même enseignante
durant le cycle ; les élèves entrant sont soigneusement
répartis afin de ne pas créer de différences
d'une classe à l'autre. Cette harmonisation concerne également
les contenus enseignés et les procédures de travail
en classe.
Pour chaque période de l'année, des groupes de
niveau sont constitués ; ils sont modulables en fonction
des évaluations sommatives bimestrielles. Le fait de repérer
les enfants qui ne peuvent se passer de l'étayage d'un
adulte permet de les accompagner plus facilement. Ce principe
permet aussi de laisser une marge de liberté aux élèves
qui sont déjà bien débrouillés puisque,
chaque année, à l'entrée au CP, plusieurs
élèves d'une classe savent déjà lire
suffisamment.
Afin de travailler au désétayage, d'anticiper l'effacement
de l'enseignant, les référents principaux de la
classe sont rassemblés dans un cahier-outil. Ainsi, où
qu'il se trouve, l'enfant peut accéder à ces référents,
peut retrouver ce qu'il a appris en classe, tant au niveau des
contenus que des méthodes de travail. L'appropriation
de cet outil de travail permet aux enfants de construire une
démarche autonome d'accès au savoir.
Afin de permettre l'appropriation du cahier-outil, des moments
de réflexion métacognitive sont instaurés.
Il s'agit de mettre à jour les méthodes à
utiliser pour réaliser et réussir les activités
scolaires. Ces moments où l'on travaille le " comment
on fait ? " ou le " comment on va faire ? " sont
clairement étiquetés dans la journée de
classe, afin que les élèves en perçoivent
l'importance.
En plus des responsables des trois classes, les spécialistes
du RASED travaillent de manière concertées avec
les enseignantes.
Des groupes aux effets clairement identifiés
Ce dispositif - couplant une procédure de différenciation
à une réflexion sur ce qui est à apprendre
et sur les stratégies pour réussir - provoque des
effets clairement identifiés par les enseignantes, tant
sur les apprentissages que sur le rapport à l'école.
D'une part, il permet d'atteindre au plus près les compétences
de fin de cycle : en proposant aux enfants des supports adaptés
à leurs compétences, il est possible de les mettre
souvent en situation de découverte et de réussite.
D'autre part, il induit une prise de conscience progressive de
l'utilité des procédures de métacognition
: au début les enfants sont étonnés de la
question " comment faire pour bien faire ? " dont ils
ne perçoivent pas l'utilité ; ensuite, pour peu
que le même genre d'activité leur soit proposé,
ils se souviennent des méthodes qui avaient été
réfléchies et ils les réutilisent consciemment.
Les effets sont alors patents sur la vie quotidienne de la classe.
Les enseignantes ont l'impression d'une meilleure implication
dans le travail scolaire car ce dernier prend du sens. L'école
paraît devenir un lieu de valorisation de l'individu par
la reconnaissance de ses compétences. Il leur semble alors
que l'enfant s'inscrive dans une démarche d'apprentissage
active et elles l'expliquent ainsi :
" Le dispositif mis en place par nos collègues de
maternelle, dans le cycle I de l'école, favorise de plus
en plus, nous l'avons constaté ces dernières années,
l'éclosion précoce du déclic de lecteur.
La discrimination auditive travaillée de plus en plus
finement, le développement de la prise d'indices pour
construire le sens du texte, le travail sur l'objet livre dès
la petite section conduisent certains enfants à maîtriser
des comportements de lecteur, parfois dès la fin de la
grande section. Même si tous les sons ne sont pas connus,
si les capacités d'identification de mots se mettent en
place, certains enfants ont suffisamment de recul par rapport
à la langue écrite pour en saisir la double nature
: donner du sens et traduire du son.
D'autres enfants, arrivant d'écoles différentes,
sont parfois insuffisamment préparés et montrent
de gros écarts dans les compétences de départ
(lettres non encore reconnues, etc..). La mise en place des groupes
de niveau et leur appellation permet la gestion valorisante de
telles différences. Ces enfants aux compétences
moins élaborées ne sont pas catalogués comme
enfants en difficulté : ils sont appelés "non-autonomes".
Ce qui signifie qu'ils ne peuvent gérer seuls leur travail,
qu'ils ont besoin d'apprendre certaines choses pour pouvoir lire,
comprendre le texte dans son entier.
Eux-mêmes perçoivent cette notion de besoin et comprennent
mieux que certains autres, qui sont plus avancés, aient
besoin de supports ou de questionnaires plus longs ou plus complexes.
L'important est de garder un thème commun à la
classe sur lequel chacun travaille à son rythme. De fait,
aucune marginalisation n'est possible dans ce dispositif et les
enfants des groupes "non-autonomes" (il y en a parfois
dans les deux niveaux, CP et CE1) finissent toujours par intégrer,
dans leur très grande majorité, les groupes de
lecteurs autonomes.
Depuis quatre années de ce système, seules trois
orientations vers un dispositif A.I.S. ont été
effectuées après une année de maintien dans
le cycle II ; et deux de ces orientations concernaient des enfants
ayant fait un CP dans une autre école. Ce dispositif permet
aux enfants de prendre conscience de leurs compétences
réelles et donc de leurs besoins, sans dévalorisation
aucune mais avec un fort sentiment d'appartenance à un
groupe dont les différences sont prises en compte. "
Cependant, l'appellation " groupe de niveau ", très
décriée, laisse craindre un effet d'étiquetage
et une relégation des enfants en difficulté. Pour
appuyer leurs conceptions, les enseignants du cycle II peuvent
donner des exemples, des cas d'enfants, qui justifient leur dispositif
parce que, manifestement, il a eu des effets sur leurs apprentissages
ou sur leur développement.
" L'année dernière, un enfant, venant d'une
classe de CP non intégrée au dispositif, avait
été repéré par l'enseignante comme
"étant en grande difficulté" et arrive
dans la classe de CP-CE1. Après les évaluations
de la première période, à la fin octobre,
ses résultats étaient effectivement très
insuffisants. Il accepte d'intégrer le groupe des CP-CE1
"non-autonomes", reprend goût à la lecture
et poursuit son apprentissage. Tout au long de l'année
il n'a cessé de progresser et maintenant, il continue
son cycle en étant à l'aise en lecture. Il n'a
pas vécu l'année passée comme un échec
mais comme une chance qu'il a pu utiliser. À l'inverse,
une enfant de CP a commencé l'année dernière
avec des CP-CE1 "non-autonomes" et l'a terminée
avec les CE1 "autonomes". De ce fait, dès cette
année, elle est passée au cycle III. "
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de page
Un cahier-outil pour construire l'autonomie
L'exemple de l'évolution du cahier-outil permet de comprendre
en quoi ce que les adultes savent des élèves et
des apprentissage a été modifié grâce
au dispositif qu'ils ont mis en place.
" Ce cahier pourrait être compris comme à un
"cahier de leçons" dont l'appellation serait
modernisée et, d'ailleurs, il était initialement
appelé ainsi ! Mais la mise en uvre de notre dispositif
l'a progressivement fait évoluer.
Nous nous sommes aperçues que l'appropriation des savoirs
par l'élève passe par la construction d'une certaine
autonomie. La compréhension de notions indispensables
à l'apprentissage de certains contenus s'effectue au travers
d'une réflexion commune à l'issue de laquelle une
règle émerge ou s'élabore en commun. Le
cahier-outil sert, bien sûr, à garder trace de cette
règle ; en cela il est proche du traditionnel cahier de
leçons. La grande différence réside dans
son utilisation : l'enfant l'utilise en classe lorsqu'il en a
besoin, ce qui justifie l'appellation d'outil !
Dans son cahier-outil, chaque enfant de chaque niveau trouve
les référents de la classe et de ce qui a été
travaillé dans son groupe de niveau. Depuis l'année
dernière, il trouve également les traces des séances
de métacognition, séances où ont été
travaillées les méthodes pour " bien faire".
Ce cahier est utilisé par les enfants au moment où
ils en ont besoin pour réaliser un travail individuel
ou en groupe. Si un enfant ne se souvient pas d'un contenu, d'une
règle ou d'une méthode, il peut utiliser son cahier-outil.
Mais ce cahier est aussi utilisé à la maison et
il permet aux familles d'avoir à leur disposition les
référents de la classe et de pouvoir les utiliser
si besoin.
Ce cahier fait donc partie de la panoplie de l'élève
qui apprend, comme une clé à molette fait partie
de la trousse à outils du plombier. Il a le même
statut. Son utilisation permet à l'élève
en difficulté de prendre en charge ses apprentissages
et d'avoir une certaine autonomie dans son travail. Il lui permet
de ne pas avoir recours systématiquement à l'adulte
ou à un "expert" de la classe pour mener à
bien son travail. "
Un dispositif qui a évolué au cours de l'action
Jusqu'à cette année, le dispositif n'avait été
expérimenté que de manière limitée.
Il concernait, d'une part, l'harmonisation des contenus travaillés
en français et en mathématiques et, d'autre part,
la mise en place des répertoires de compétences
et des évaluations communes permettant aux trois classes
de réguler leur avancée. Le fonctionnement en groupes
différenciés ne concernait que la lecture. Les
moments d'appropriation des référents, de réflexion
sur les méthodes pour apprendre n'étaient pas clairement
repérés. Cette année, dans le cadre de la
charte, le dispositif s'étend au français et aux
mathématiques.
" À l'origine, la structure du cycle 2 était
"classique" ; à savoir un CP, un CE1 et un CP-CE1
qui absorbait les excédents des deux classes à
cours unique. Des affinités entre enseignantes nous conduisirent
à établir une sorte d'échange de compétences
: l'une travaillait les mathématiques pour les deux niveaux
et l'autre la lecture. Les évaluations étaient
communes ; les progressions, dans leurs grandes lignes, s'harmonisaient
; le tout restant toutefois assez informel dans son organisation.
L'hétérogénéité de plus en
plus grande, en lecture notamment, nous a conduites à
envisager une structure double pour les trois classes. Cette
organisation permettait une organisation plus aisée de
groupes de lecture s'interpénétrant à la
fois en CP et en CE1, tout en conservant, dans les autres matières,
une progression classique.
Au cours de ces dernières années, la modification
du dispositif ne s'est faite que dans le sens d'une extension.
À l'occasion de la charte, la différenciation se
construit progressivement en mathématiques, les modalités
d'évaluation s'affinent et l'harmonisation des programmations
s'étend à tous les domaines. Chacune conserve néanmoins
une liberté quant au choix des contenus (en lecture et
découverte du monde notamment). Les évaluations
sont adaptées aux contenus abordés dans chaque
classe mais leur structure reste identique et cible toujours
les compétences communes définies préalablement.
"
Une forte implication humaine qui modifie le métier d'enseignant
Ce sont les évaluations bimestrielles et celle d'entrée
au CE2 qui permettent d'avoir des informations sur la pertinence
du dispositif. Mais la régulation en cours de route se
fait à l'occasion des réunions des conseils des
maîtres, du cycle ou de l'école. De ce fait, comme
dans les autres cycles, le temps de concertation dépasse
largement les temps officiellement prévus à cet
effet.
" Un tel travail ne peut être entrepris et mené
à bien qu'avec un investissement volontaire, un intérêt
commun pour de telles pratiques. En plus de la participation
aux réunions, il est parfois difficile d'accepter de mettre
en uvre, dans sa classe, le travail conçu par une
autre personne car l'appropriation d'une démarche différente
de la sienne nécessite souvent un temps d'adaptation.
Et puis, tout simplement aussi, parce que le partage de certaines
tâches n'est pas nécessairement facile. Lorsque
l'on prépare un nouveau thème de lecture, par exemple,
chacune en construit une partie précise : adaptation au
niveau des différents groupes de lecteurs, référents
orthographiques des CP, lexiques des mots et des images, etc.
Ce partage nécessite une bonne connaissance les unes des
autres, une appréhension commune des enfants dans leurs
difficultés ou leurs avancées, et donc, inévitablement
une multiplication des temps de concertation.
De fait, il y a trois ans, une collègue n'a jamais voulu,
pour des raisons qui lui étaient propres, s'intégrer
au dispositif commun. Cette fracture dans l'enseignement pratiqué
sur le cycle mit deux années à être résorbée,
au niveau des contenus et des habitudes de travail instaurés
chez les enfants de cette classe. Depuis, deux autres collègues
ont été confrontées à ce choix. L'une
venait d'une Z.E.P., elle travaillait sur un poste de CLAD où
la communication avec les autres collègues de l'école
était importante. L'autre avait passée deux années
dans de petites écoles de campagne, souffrant de la solitude
et de l'étroitesse des échanges. Toutes deux souhaitaient
donc une intégration à un travail de groupe. Elles
ont vécu de façon positive la première étape
de cette intégration qui consiste à se laisser
porter par les plus anciennes : les contenus donnés, les
fiches de préparation échangées, le cursus
des élèves connu, les activités partagées
(notamment en E.P.S.). Il faut bien percevoir cependant que cet
aspect n'est pas nécessairement facile : il faut faire
confiance aux collègues, utiliser un travail qui n'est
pas encore le sien, livrer ses pratiques aux autres sans les
connaître encore. Autant de situations qui nécessitent
un certain recul par rapport à sa pratique. "
Un dispositif à consolider
Avec une situation de départ difficile, les enseignantes
du cycle II tentent de conduire le plus d'élèves
possible vers les apprentissages attendus pour entrer au cycle
des approfondissements dans de bonnes conditions. Parmi ces conditions,
le fait pour l'élève, de se sentir compris comme
une personne dont l'école respecte les particularités,
et notamment le rythme d'apprentissage, leur apparaît comme
essentiel. Dans ce contexte qui fait obstacle aux modes de fonctionnement
pédagogiques classiques, elles ont mis au point un dispositif
qui produit des effets positifs sur les apprentissages et le
développement des élèves. Reste que cette
organisation n'est pas pleinement satisfaisante puisque, d'année
en année, elles cherchent à l'améliorer.
Il revient donc au lecteur, d'une part, et à la recherche
dans le cadre de la charte, d'autre part, de participer à
cette interrogation, à cet effort d'adaptation des activités
scolaires à la réalité des processus d'apprentissage
des élèves d'aujourd'hui.
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Pour le cycle III : impliquer
l'élève dans une démarche de réussite
Comme leurs collègues, les enseignants du cycle III
ont rédigé des comptes rendus de réunion
de cycle et ont répondu à un questionnaire que
nous utiliserons ici. Ils ont également demandé
à leurs élèves de donner leur avis sur les
aspects du fonctionnement pédagogique qui touchent à
l'action que nous étudions ; nous observerons donc comment
les élèves s'impliquent dans le dispositif destiné
à favoriser la réussite de leurs apprentissages.
Améliorer un dispositif ancien
Le manque d'implication des élèves dans leur démarche
de réussite à l'école dépend très
certainement d'une faiblesse du dispositif mis en uvre
au cycle III depuis plusieurs années. Ce dispositif est
fondé sur la communication explicite aux élèves
des objectifs à atteindre dans un avenir proche.
En début de chaque période, les enfants ont à
leur disposition des grilles comportant les compétences
qui seront travaillées durant ces six ou sept semaines.
Cette période est séquencée en quatre phases
principales : trois ou quatre semaines d'apprentissage, une semaine
de groupes de besoin dans chaque classe, une semaine d'évaluation
et une semaine de remédiation. Les grilles de compétences
sont remplies une première fois par les enfants afin de
permettre la constitution des groupes de besoin ; il leur est
demandé d'estimer leur niveau de maîtrise vis-à-vis
de chaque compétence. Après les évaluations,
elles sont utilisées, une deuxième fois, au regard
des résultats des évaluations.
Après quelques années de fonctionnement, les enseignants
se heurtent à trois constations :
· Pour de nombreux enfants, les couleurs utilisées
dans les grilles fonctionnent en fait comme des notes. Et ceci
d'autant plus que ces listes sont souvent utilisées en
fin de période, en compléments d'évaluations
notées.
· Chaque énoncé de compétence correspond
à un exercice mais, il semble difficile de considérer
que la compétence est acquise si l'exercice est réussi
et l'inverse lorsque l'exercice ne l'est pas.
· Les formulations des compétences ne sont pas
toujours " comprises " par les enfants. Lorsque ceux-ci
sont interrogés à ce propos, on se rend compte
que le sens donné par l'enseignant à la compétence
ne correspond pas toujours à ce que l'enfant a compris.
Il s'agit donc d'améliorer ce dispositif afin de mieux
impliquer l'élève dans une démarche de réussite.
Il faudrait prendre le temps d'installer, tout au long de la
séquence, un langage commun aux élèves et
aux enseignants, à propos des compétences qui sont
travaillées afin de les rendre compréhensibles
par tous. Il faudrait permettre à chacun de prendre conscience
de sa progression et d'utiliser, d'une façon plus rationnelle,
plus active et plus réfléchie, les outils qui sont
à sa disposition (grilles de compétences, évaluations,
manuels
).
Un dispositif qui coordonne plusieurs classes
Afin de conduire l'enfant à être acteur de ses apprentissages,
ou du moins de faire en sorte qu'il utilise les outils d'évaluation
et de progression d'une façon autonome et personnelle,
les enseignants proposent le dispositif suivant :
· Organisation, au niveau du cycle III, d'ateliers de
besoin (autour des compétences de base). Ce dispositif
de différenciation va donc au delà du groupe classe.
· Instauration de grilles de compétences accessibles
à chaque enfant grâce à un travail de réécriture
fait par les élèves.
· Renforcement de l'utilisation des grilles de compétences
en regard d'évaluations critériées afin
d'impliquer l'élève dans son évaluation.
Cette action - qui concerne tous les enseignants du cycle et
ponctuellement les aides-éducateurs -se déroule
tout au long de l'année scolaire, période par période.
Mais au fil de cette avancée, on peut envisager une modification
du dispositif, au regard des résultats et surtout du comportement
et des réactions des enfants. Ils sont donc interrogés
régulièrement à cet effet sur la manière
dont ils perçoivent le dispositif mis en place par leurs
enseignants.
Des effets à confirmer
Comme l'action se met en place, il est encore difficile de l'évaluer.
Au bout de quelques mois, on peut néanmoins faire certaines
remarques :
· Le terme compétence semble prendre un sens. Certaines
compétences ont été reformulées par
les enfants, ils se les sont appropriées et sont en mesure
maintenant de trouver des exercices de leurs manuels correspondant
à chacune de ces formulations.
· Une certaine entraide " métacognitive "
s'est instaurée, permettant à ceux qui ne maîtrisent
pas le vocabulaire de trouver une explication par le biais des
pairs qui vont faire ressortir plus " une démarche
" qu'une explication terme à terme.
· L'apprentissage n'est plus quelque chose de figé,
les enfants commencent à sentir la notion de durée
et d'évolution (certains ont apporté des cahiers
de GS et de CP pour montrer leur progression en lecture).
Ces effets de l'action, sur les apprentissages et le rapport
au savoir scolaire, peuvent être repérés
dans les écrits des élèves. Manifestement,
ils ont bien compris en quoi le répertoire des compétences
peut-être utile pour mieux apprendre, à condition
que les enseignants acceptent leurs reformulations enfantines
(cf. tableau 3). Les élèves l'écrivent ainsi
:
" Ce matin, nous avons transformé les phrases des
grilles de compétences écrites par la maîtresse
en phrases qui ont le même sens mais avec nos mots à
nous, les enfants. Je pense que c'est intéressant car
certains enfants ne comprennent pas avec des mots et comprennent
avec d'autres. Les enfants expliquent parfois plus simplement
que les adultes car ils sont habitués à parler
comme ça. " (Claude)
" Moi particulièrement ça m'aide énormément
dans mes évaluations. Pour certaines compétences,
je peux me débrouiller tout seul mais pour certaines compétences
je m'aide de la grille. Mais, par contre, des fois je ne comprends
pas des compétences car c'est avec les mots des grandes
personnes. " (Amid)
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|
Formulation des enseignants |
Formulation des enfants |
|
Mettre en uvre la technique écrite
de laddition. |
Savoir poser une addition et la calculer. |
|
Mettre en uvre une technique pour la soustraction. |
Avoir une technique à soi qui réussisse
à chaque fois pour la soustraction. |
Tableau 3 : Exemples de transformation
de la formulation des objectifs.
" La grille de compétences, je trouve que c'est
intéressant parce que l'on marque si on sait faire ou
si on ne sait pas faire. Si on ne sait pas faire, on peut nous
aider ; ensuite, comme nous aurons fait des progrès, on
saura faire les évaluations et on obtiendra de bonnes
notes. " (Caroline)
Les élèves savent également apprécier
les ateliers de besoin, tout en trouvant des limites à
cette pratique, nouvelle pour eux.
" Oui, les groupes de besoin m'ont bien aidé car
dans les soustractions je ne comprenais pas les retenues et bien
maintenant je comprends. Et aussi pour les consignes car, dans
un exercice, les consignes, je prends pas le temps de les lire
alors je fais plein de fautes ; dans le groupe de besoin des
consignes j'ai compris qu'il faut pas aller trop vite. "
(Amin)
" Les "tables de 1 à 12" ça m'a
fait réviser les tables ; ça m'a plu car je ne
connaissais plus mes tables. Je souhaite faire du français
parce que je ne suis pas bonne. " (Nour-Hen)
" Je n'aime pas lire à haute voix dans la classe,
mais dans l'atelier j'ai lu. J'ai aimé faire ça.
Je crois que c'est bien pour moi. " (Ruth)
" En "numération", oui (l'atelier de besoin
a été utile) parce que j'avais des problèmes
pour savoir si c'était des millions ou des milliards.
En "reconnaître une consigne", oui parce que
quelques fois, je lis mal une consigne et après j'ai faux
à l'exercice. J'aurais eu besoin aussi des "types
de phrase". Je pense qu'il faut refaire le groupe de besoin.
" (Juliette)
" Les groupes de besoin ont été utiles mais
je n'ai pas pu faire le groupe où il y a toutes mes difficultés
parce qu'il n'y avait pas ce groupe où j'avais le plus
de besoin. Mais je veux refaire les groupes de besoin. "
(Lucas)
" Les "différents types de consignes" m'ont
servi à apprendre tout ce qu'il y avait comme consigne
; ça m'a plu. Les différentes opérations,
ça m'a déplu parce que ça m'a servi à
rien. Je souhaite y refaire parce que c'était cool. "
(Quentin)
" Les ateliers de besoin m'ont plu parce qu'on m'a aidé
à faire les soustractions et les multiplications. Et j'ai
aimé de faire des opérations. Mais je n'ai plus
envie de refaire ces ateliers de besoin parce qu'ils n'arrêtaient
pas de parler. " (Malika)
" L'atelier d'opérations m'a plu parce qu'on m'a
aidé à faire des soustractions à retenues.
Et j'ai plus envie de retourner aux ateliers parce que je n'ai
pas envie de faire l'atelier de grammaire. " (Farida)
Malgré ces désaccords partiels, le dispositif est
donc prometteur, en terme de gains qualitatifs sur l'efficacité
des activités de classe. Ces bénéfices tiendront
vraisemblablement à son aspect toujours provisoire : on
peut penser que si les enfants perçoivent que les adultes
cherchent sans cesse à améliorer leur propre travail,
alors il est normal qu'eux aussi aient toujours des progrès
à faire. À condition d'être assumée
par l'équipe éducative et comprise par les enfants
et leur famille, alors il est fort probable que cette sorte de
légèreté du dispositif soit un gage d'efficacité
de l'action mise en place.
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Entrer dans un processus de changement des pratiques
Comme l'équipe pédagogique de ce cycle comprend
plusieurs enseignants nouvellement arrivés dans l'école,
nous leur avons demandé comment ils s'étaient intégrés
dans la mise en place du dispositif. Leur réponses permettent
de mieux comprendre ce qui conduit des enseignants à modifier
leurs pratiques de classe et quelles sont les difficultés
induites par ce changement. Ils l'expriment ainsi, grâce
au travail de l'équipe de cycle :
" La grille de compétences a pu être mise en
place dès qu'il m'est apparu qu'en évaluation la
note masquait des lacunes ou, au contraire, des savoirs faire
à développer. Une fois la notion de compétence,
bien assimilée par le maître, les élèves
et les parents, il est possible d'en sérier quelques unes,
de les mettre en évidence, de les évaluer et de
les travailler. J'utilisais déjà auparavant, de
façon restrictive, les compétences en math et en
français, afin de rédiger les critères d'évaluation
(évaluation de fin de période). Cette utilisation
restait "réservée" aux maîtres
et aux parents et aidait à renseigner les différentes
compétences du livret scolaire. Cette année, l'échange
avec les collègues de même niveau de classe, afin
de définir les compétences à mettre en uvre,
oblige à accepter le regard des autres sur ses pratiques,
à prendre en compte aussi les expériences de chacun.
C'est riche et cela amène parfois à aller "plus
au fond des choses", à remettre en question des certitudes
et des "allant de soi".
Cependant, malgré la conviction que j'ai, quant à
la validité de travailler à partir des compétences,
je suis en train de prendre conscience que "tout est imbriqué"
et que notre réflexion a, pour l'instant, soulevé
plus de problèmes qu'elle n'a permis d'esquisser de réponses.
C'est un peu comme si "en tirant un coin de la nappe, on
renversait toute la table !" Après une leçon,
par exemple, je demande aux élèves de dire ce qu'ils
ont fait, ce qu'ils ont découvert, à quoi ça
sert ou à quoi ça leur servira, pour en arriver
à la formulation de la compétence visée.
C'est difficile à mener car les élèves ont
une vision utilitariste et immédiate de ce qu'ils font.
Pour eux, ces moments d'échange et de réflexion
sur ce qu'ils ont fait ne sont pas du "travail scolaire"
; l'un d'eux a même dit : "c'est super, on n'a rien
fait !" Dans les séances ultérieures, j'aide
les élèves à reconnaître les compétences
mises en jeu dans l'activité. "
Ils expliquent alors comment ils comprennent les limites constatées,
par leurs collègues, au dispositif initial en ce qui concerne
les grilles de compétences ou les groupes de besoin.
" Lors de l'auto-évaluation de l'acquisition des
compétences, les élèves affectent aux critères
une échelle de valeur comparable à celle que pourraient
avoir des notes. La grille de compétences n'est pas forcément
comprise par eux comme un outil de construction de savoir. Ils
la voient plutôt comme un outil d'évaluation terminale
et sommative. Peut-être y a-t-il à creuser vers
une utilisation de ces grilles pendant l'apprentissage ? Cela
remet en question le sens de l'évaluation, le rôle
de la validité des notes... "
" Pour certains, la grille de compétences n'est pas
assez parlante lorsqu'il s'agit de "brosser" le profil
de l'élève et encore moins lorsqu'il s'agit d'avoir
une vue synthétique du déplacement d'un élève
sur une "matière". C'est là un argument
qu'il serait intéressant de prendre en compte pour construire
de futures grilles plus parlantes.
Concernant la différenciation, en fonction des différents
besoins exprimés, il n'est pas toujours possible, faute
de temps et de personnes compétentes, de mettre en place
des ateliers qui répondent à tous les besoins.
Il faut souvent faire des choix ; les fichiers autocorrectifs
ne remplacent pas le plaisir évident d'apprendre qu'éprouvent
les enfants lorsqu'ils "se sont inscrits" dans un groupe
avec un enseignant. "
Interroger les procédures d'évaluation.
Le dispositif étudié ici remet donc en cause les
procédures traditionnelles de l'évaluation à
l'école primaire. La véritable question étant
bien de savoir comment mettre en uvre une évaluation
au service des apprentissages de chaque élève.
Manifestement, une réponse existe dans l'articulation
entre l'explicitation des compétences travaillées,
l'organisation régulière de groupes de besoin et
l'instauration d'une réflexion sur les méthodes
pour apprendre. Reste à concrétiser cette hypothèse
dans des dispositifs pratiques qui s'avèrent réellement
efficaces à l'échelle des enfants du cycle des
approfondissements.
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Conclusion : un défi
qui reste à relever
Cette étude s'avère bien incomplète pour
comprendre le fonctionnement de ces deux écoles. Il aurait
fallu questionner les parents d'élèves afin de
connaître leur point de vue, de mieux comprendre en quoi
le dispositif étudié ici paraît lutter contre
la tendance au consumérisme scolaire, semble conduire
à trouver profitable le mélange des conditions
sociales et des origines culturelles. Dans cette ouverture vers
la différence, il faudrait également analyser le
rôle des ateliers du soir, menés en partenariat
avec l'une des maisons de l'enfance du quartier, avec une très
forte fréquentation des élèves. Il serait
tout aussi important de réfléchir aux effets des
échanges de service, qui sont systématiques au
cycle III en ce qui concerne les disciplines scientifiques. Il
aurait été tout autant utile d'interroger le rôle
des classes transplantées et des nombreux projets qui,
tout au long de l'année, cherchent à donner à
l'enfant le goût de découvrir son environnement.
Nous avons simplement voulu expliquer, pour permettre à
d'autres de s'en emparer, une part de l'organisation pédagogique
des trois cycles de ces écoles. La part qui, de notre
point de vue, représente l'un des noyaux durs de l'école
: l'acquisition, par tous les élèves quelle que
soit leur origine sociale ou culturelle, des savoirs nécessaires
pour comprendre le monde et vivre avec autrui, dans le respect
et la solidarité.
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