Le maître et le suivi individualisé des élèves : quel accompagnement pour la réussite scolaire de tous?

Il semble possible de dégager cinq grands arguments qui permettent de soutenir la thèse d’une pédagogie individualisée :

- le refus d’une approche homogène du groupe-classe. C’est ici la reconnaissance de l’hétérogénéité des publics,

- la prise en compte des caractéristiques individuelles des élèves : cela suppose au préalable une évaluation de l’apprenant et la conclusion avec lui d’un contrat d’objectifs d’apprentissage,

- l’articulation nécessaire entre objet d’apprentissage, apprenant et enseignant. Cela rend indispensable la lisibilité de l’objet d’apprentissage,

- l’articulation entre groupe et individu. Le groupe est porteur d’apprentissage. Le groupe est porteur des valeurs, d’échange, de parité, de mutualité et de réciprocité, conditions d’une démocratisation de la réussite scolaire,

- un nouveau mode d’évaluation permettant de prendre en compte les projets individuels d’apprentissage, les démarches personnelles de réalisation des tâches, et les espaces-temps individuels d’analyse des stratégies cognitives mises en œuvre.

 

Quelles sont les conditions d’émergence de la problématique de l’individualisation de l’enseignement dans et hors l’École ? Comment l’acte d’apprendre est-il au cœur de l’individualisation de l’enseignement ? Quel est le rôle du groupe dans le suivi individualisé des élèves ? Quelles transformations des pratiques pédagogiques des éducateurs ?

Il convient donc de questionner l’individualisation de l’enseignement dans une perspective multi-référentielle. Ni pédagogie de la compensation, ni pédagogie du renoncement, la réussite du pari de l’individualisation de l’enseignement passe par une redéfinition des valeurs d’une école de la réussite.

Philippe Maubant

 

(…) Il faut rêver et créer un temps nouveau qui permette à l’élève de faire exister son vécu pour le transformer en expérience. C’est à dire lui offrir un espace de réflexion sur son action, ses difficultés, ses ressources. Grâce à des pauses structurantes où rien de nouveau ne sera proposé, il apprendra à mettre en perspective ce qu’il a déjà fait, à prendre le temps de le verbaliser à un adulte médiateur qui l’écoutera sans interprétation mais qui organisera ainsi la rencontre de l’enfant avec lui-même.

Au delà des dispositifs concrets que nous pourrions envisager ultérieurement le maître dispose pour cela d’un outil d’accompagnement naturel qu’il sait si peu utiliser à savoir le questionnement.

En effet si on regarde la place accordée au questionnement de l’élève à l’école on réalise qu’il se réduit souvent à la mise en œuvre de procédures de contrôle et d’évaluation normative.

"  Dis-moi ce que tu sais pour que je puisse t’évaluer ". (…) Le langage est la manifestation de l’intelligence de l’enfant et l’explicitation nous semble aujourd’hui être la modalité la plus pertinente pour donner à la parole l’occasion de développer son pouvoir structurant.

Monique Pré