Thème n°5 : Les parents : consommateurs ou citoyens ? La métaphore du consommateur d’école doit être précisée. Ce mode de comportement de l’usager scolaire (les parents mais aussi les élèves) que l’on voit émerger sur la scène publique au début des années quatre-vingt est vingt ans après, encore plus vivace qu’à ses débuts. Trois composantes constituent cette figure : la fin du rapport d’institution, le désengagement de l’action collective et la mise en œuvre de stratégies scolaires. Le bénéficiaire du service éducatif ne ressent plus l’obligation morale du respect des contraintes collectives, la convenance personnelle est avancée en toute légitimité. L’école cesse d’être une institution, pour devenir une organisation prestataire de services et l’usager laisse la place au " client " qui exige son dû. A la protestation (" voice ") succède la défection (" exit ") ; plutôt qu’œuvrer collectivement à l’amélioration de l’école, l’on s’efforce de tirer individuellement son épingle du jeu. Cette recherche de la maximalisation de l’intérêt privé, s’effectue en mettant en œuvre, dans le champ scolaire, des stratégies : articulation de moyens à des fins visées, en particulier par l’application de ce que Pierre Bourdieu appelle le " sens du placement " : choix d’options, de filières, d’établissements, " zapping d’école " entre public et privé. Robert Ballion Les nombreuses recherches entreprises sur le lien école/famille convergent vers ce constat : la participation des parents a un effet très bénéfique sur l’apprentissage des élèves et contribue à l’efficacité de l’école en général. Toutefois, quels que soient les intentions ou résistances, les malentendus ou écueils, les heurs ou élans, ce lien reste complexe :
Gilbert Cambe |