Thème n°4 : Les aides éducateurs : substitution ou véritable nouveau métier nécessaire ?

Une approche descriptive, menée à partir de l’analyse des activités des aides éducateurs permet de montrer que ces nouveaux agents sont poly-fonctionnels : ils ont été positionnés sur des tâches assez hétérogènes, en fonction des réalités contextuelles. On repère une centration les activités éducatives et péri-pédagogiques à l’école primaire. Cette approche permet de comprendre comment les aides éducateurs se sont rendus indispensables en si peu de temps : ils répondent à un réel besoin de création de liens dans les écoles : liens entre les acteurs de l’école (élèves, enseignants, administration, parents), liens entre les espaces (classe et hors classe ; animation d’espaces dédiés telles les salles informatiques ou les BCD) ; liens entre les moments pédagogiques et éducatifs, les temps scolaires et périscolaires ; liens à l’intérieur de la classe en permettant à des dispositifs de pédagogie différenciée d’exister : ces liens permettent des relations plus personnalisées entre les savoirs et l’élèves qui construit ses apprentissages.

Une première analyse permet de repérer une double transaction qui renvoie aux dynamiques d'identité/altérité :

- d’une part les écoles transforment les aides éducateurs qui ont l’occasion, à travers une démarche d’analyse expérientielle qui n’est pas formalisée par l’institution, de construire une identité professionnelle propre : reconnaissance sociale et émergence de compétences spécifiques en sont deux éléments. Une partie des acteurs, essentiellement des enseignants paraissent plus mobilisés et plus impliqués par ce travail de formation non institutionnalisé, en accord avec leur manière " d’être au métier ".

- d’autre part les aides éducateurs participent à transformer les écoles : ils suscitent, nolens volens, la redéfinition, parfois conflictuelle, par les acteurs des champs et des spécificités pédagogiques et éducatifs admises entre autre, par un habitus : quels juxtaposition, contact ou concurrence ? Ils amènent notamment à s’interroger sur le travail en équipe éducative, au bénéfice de réponses adaptées et renouvelées faites par l’école aux élèves, notamment aux élèves en difficultés.

Les variables personnelles et contextuelles pèsent lourd, plus semble-t-il que les variables institutionnelles et conditionnent souvent la possibilité ou l’intensité de cette double transaction. De plus, le caractère transitoire des agents dans le dispositif " aide éducateur " et le peu d’éléments actuellement disponibles sur leur insertion professionnelle au sortir de ce dispositif apparaissent aussi comme des sources d’inquiétudes. Pour autant, les aides éducateurs se posent de fait comme un élément qui permet de rendre plus lisibles les transformations des identités, des cultures et peut-être des modes de faire pédagogiques au niveau des écoles, qui ne se laissent pas aisément repérer, et dont l’évolution dessinera l’école du XXIè siècle.

Thierry Piot