Objectif : « Monsieur le recteur, Plusieurs publications spécialement destinées aux instituteurs, et représentant des opinions diverses, s’occupent des questions politiques. Le gouvernement doit avoir aussi ses organes avoués auprès des instituteurs. C’est dans ce but que vient d’être fondé un journal qui, à partir du 1er janvier prochain, portera à la connaissance des fonctionnaires chargés de l’instruction primaire, avec les actes officiels de mon administration, les principaux faits politiques accomplis en France et à l’étranger. Je recommande instamment cette publication à votre patronage. Il ne s’agit pas ici d’engager les instituteurs dans de stériles discussions, ni de les appeler à remplir un rôle qu’on ne saurait leur attribuer. Laissons à d’autres époques le triste privilège d’avoir voulu exalter de paisibles esprits. Ce qui nous importe aujourd’hui, c’est de prémunir contre les interprétations passionnées les fonctionnaires à qui le gouvernement impérial, toujours préoccupé des intérêts populaires, a confié le soin d’élever les générations nouvelles : c’est de faire pénétrer dans leur esprit cette vérité, que les intérêts les plus graves du pays sont inséparablement liés au respect d’un gouvernement dont la force est la plus ferme garantie de la sécurité publique […]. Veuillez inviter MM les inspecteurs d’académie et MM les inspecteurs primaires à associer leurs efforts aux vôtres pour propager cette publication. Les instituteurs y trouveront des conseils immédiatement applicables sur la direction des classes, sur l’instruction pratique et l’éducation morale, des notions usuelles sur tout ce que la science découvre chaque jour ; en même temps le journal leur offrira un sommaire exact des événements politiques de la semaine, les instruisant ainsi de la pensée constante qui préside aux actes du gouvernement, les initiant aux efforts de Sa sollicitude en faveur des populations rurales, comme en faveur des maîtres qui se consacrent à répandre parmi elles les bienfaits de l’éducation » (Rouland, ministre de l’Instruction publique et des cultes, prospectus de décembre 1857).
« Monsieur le Préfet, Le Journal des instituteurs […] est chargé de publier officiellement les actes de mon administration. En même temps qu’il entretiendra les instituteurs de toutes les questions pédagogiques, il rendra compte, chaque semaine, des principaux événements politiques. Destiné à répandre les saines doctrines, à propager les bons exemples, à mettre dans leur jour véritable les efforts constants qui signalent la sollicitude du gouvernement impérial en faveur des intérêts populaires, le nouveau journal vous secondera utilement, dans la mission que la loi vous a confiée auprès des instituteurs. Je vous recommande donc spécialement cette publication » (Rouland, ministre de l’Instruction publique et des cultes, prospectus de décembre 1857).
« Jusqu'ici, les recueils qui publiaient, pour le Ministre de l'instruction publique, les actes relatifs à l'instruction primaire, étaient restés exclusivement pédagogiques. Le Journal des instituteurs, qui recevra désormais de l'administration ses communications officielles, sera tout à la fois politique et pédagogique [...]. Nous dirons [aux instituteurs] : « La société vous délègue le soin d'élever les jeunes générations, elle vous confie ses enfants pour que vous en fassiez des hommes amis de l'ordre et du travail ; secondez donc dans son action conservatrice le pouvoir réparateur qui a rassuré la France ; associez vos efforts à ceux des autorités gardiennes de la sécurité et de la prospérité du pays ; leur appui ne vous fera jamais défaut ; inspirez-vous de leur volonté et de leur esprit ; fortifiez, en vous appuyant sur elles, l'instruction par la religion, le savoir par la morale ; préparez les enfants, par le respect de la famille, au respect du gouvernement, de l'Empereur et des lois dont il est le soutien ; en un mot, donnez à la France des hommes laborieux ; donnez-lui de bons citoyens» (Ch. Louandre, prospectus, 1858).
En février 1871 sous la direction d'Émile Chasles, l'esprit du journal est à nouveau précisé : « L'année qui vient de s'écouler a été certainement une des plus difficiles de notre histoire. Commencée par une révolution ministérielle, elle s'est achevée au milieu d'une révolution politique et d'une crise nationale telles que l'on n'en connaît pas dans nos annales […]. Quelles que soient les crises d'un siècle et d'un pays, il demeure vrai que celui-là fait bien qui travaille honnêtement, que celui-là pense bien qui se range du côté de la justice et de la vérité […]. Ainsi, disons-le hautement, qu'on ne cherche pas entre les lignes de nos articles une tendance secrète, un but personnel, un mot d'ordre. Nous obéissons aux résolutions que prend le pays […]. On dit partout, d'un bout à l'autre de la France : une génération nouvelle viendra, qui sera jeune, forte et élevée dans le souvenir de nos épreuves ; elle rétablira la grandeur du pays. Or, cela est vrai, si la génération nouvelle est studieuse et sévère, si elle développe son intelligence, son cœur, sa moralité ; cela est faux, si elle pousse toute seule, sans guides, comme l'arbre dans la plaine. Toute la question est de savoir quel esprit animera cette génération. Il ne suffit pas de dix années pour changer la face des choses, mais il suffit d'un enseignement solide et viril pour former ceux qui alors changeront la face des choses. N'attendons rien du temps, si nous n'attendons rien de nous-mêmes. Avons-nous besoin de dire qui doit travailler à cette formation d'un avenir meilleur ? Nos lecteurs savent qu'ici on n'a pas l'habitude de flatter les instituteurs : on les estime, ce qui vaut mieux. On savait hier que leur profession était une des plus respectables de l'État ; on dira aujourd'hui qu'elle est la première de toutes, dans les circonstances actuelles, si chacun travaille à la grande œuvre qui est la régénération du pays par la jeunesse, par l'intelligence, par la moralité » (février 1871).
« À 130 ans, le J.D.I. fait peau neuve. Est-ce raisonnable, alors que les autres publications jouant un rôle identique au sien ont, tour à tour, disparu ? Certes, ce journal, après avoir répondu à un besoin pressant il y a presque un siècle et demi, a toujours fait preuve d’une belle vitalité. Il s’est adapté à une révolution politique profonde (l’avènement de la République), il a contribué à installer des changements sociologiques radicaux (la mise en place de l’enseignement public), il a aidé à l’épanouissement de la solidarité corporative (l’organisation des amicales puis du premier syndicat des instituteurs), il a résisté à des crises nationales violentes (comme la mainmise sur l’édition par le gouvernement de Vichy). Mais, aujourd’hui, il se trouve confronté, dans le domaine de l’information pédagogique, à une concurrence technologique à la fois multiforme et d’une puissance d’impact à première vue disproportionnée à la sienne. Pourtant, si l’on regarde de plus près, le J.D.I. possède un atout maître qui réside dans le parti pris, jamais démenti, de diffuser une information pédagogique directement utilisable dans la pratique quotidienne du métier. La tâche de l’instituteur est lourde, on le sait, et lui proposer des éléments directement utilisables au prix d’adaptations mineures, lui a toujours fait gagner un temps précieux. Ce temps peut être utilisé à concerter des objectifs plus fins, à mettre en place des stratégies nouvelles. Nous sommes donc résolus à poursuivre dans le sens de ce qui a fait de tout temps l’originalité et la force du J.D.I. Mais la manière nouvelle dont nous voulons faire exister cette vocation traditionnelle représente un changement qui a son importance. Ce changement - et, nous l’espérons, ce progrès - consiste en la recherche d’une cohérence accrue, à la fois pour ce qui est de la pédagogie mise en œuvre et de la relation entre les diverses fiches d’un même niveau. Nous comptons ainsi mettre à la disposition des maîtres un ensemble plus fiable, plus clair et d’utilisation plus aisée. À titre anecdotique, constatons que, pour l’exercice des responsabilités pédagogiques dans la revue, il s’est produit un retour à une tradition ancienne. Comme c’était autrefois l’usage, on a fait appel à des personnes de l’Éducation nationale pour veiller aux orientations et assurer la coordination. Et chacun des responsables actuels peut faire référence à l’un des “anciens” qui l’a précédé au journal il y a 70, voire 100 ans » (F. Marchand, directeur de l’École normale d’instituteurs de Paris-Auteuil, septembre/octobre 1983).
Contenu.
De sa fondation jusqu’à la Seconde Guerre mondiale : – Articles et informations sur le monde scolaire : réformes de l'enseignement, actualité pédagogique, écoles normales, inspection, bibliothèques scolaires ; notes et conseils empruntés souvent aux Bulletins départementaux de l'instruction publique ; situation des cours d'adultes, nouvelles de l'instruction à l'étranger. – Études de pédagogie générale et pratique concernant l'enseignement primaire. – Exposés pour la préparation de la classe : langue et grammaire française, arithmétique, géométrie, sciences physiques et naturelles, histoire et géographie, morale, éducation civique, dessin, musique ; exercices divers pour les écoles maternelles. De 1885 à 1895, ces cours sont publiés à part dans un supplément, intitulé Nouveau cours d'études « conforme à l'organisation pédagogique, au plan d'études et au programme des études primaires du 27 juillet 1882 » qui est adressé en prime à l'abonnement au Journal des instituteurs. – Préparation aux examens et concours (à partir à de 1871) : problèmes et solutions, sujets développés, lectures pour le CEP, les bourses, le brevet élémentaire, le CAP. – Actes et documents officiels (jusqu'en 1914), distinctions honorifiques, actes de dévouement. – Problèmes corporatifs puis informations sur le syndicalisme enseignant. – Nouvelles de l'enseignement agricole et du monde agricole. – Chronique scientifique ; revue de presse, bibliographie ; correspondance. Pendant la guerre de 1914-1918, la revue publie des récits à lire aux élèves, diverses informations sur les faits de guerre et l'effort des écoles en faveur de la guerre (confection de vêtements, etc.), des listes de tués et de blessés.
Après la Seconde Guerre mondiale : – Leçons pour toutes les matières au programme de l’enseignement primaire et classées par niveau : éducation morale et civique, calcul, histoire, géographie, français, sciences, éducation physique, chant et dessin. – Préparation aux examens du certificat d’études primaires, d’entrée en 6ème, de bourses nationales. – Conseils d’enseignement, en fonction de la discipline et du niveau, pédagogie pratique et théorique, les méthodes actives dans l’enseignement. – Guide administratif, organisation de l’enseignement primaire, législation scolaire, emplois du temps, renseignements corporatifs, retraites. – Actualité pédagogique et scolaire, conférences pédagogiques ; débats qui agitent la société dans son approche scolaire : les différences culturelles, sociales, les attitudes des parents, la violence à l’école, le racisme. – Réflexions sur le comportement des enseignants, leur activité professionnelle, leurs pratiques, leur vécu scolaire. – Page médicale, l’enfance inadaptée. – Information culturelle, scientifique, chronique littéraire, filmographie, discographie, lectures et variétés, bibliographie. – Chronique de la télévision scolaire, moyens audiovisuels. – Histoire de l’éducation ; la littérature enfantine. – Actualité française et internationale. – Publicité pour les publications de la librairie Nathan ; iconographie.
Dans les années 1980, la revue propose surtout, aux enseignants du primaire, des idées pour faire leurs cours et non pas simplement des leçons toutes prêtes.
Table des matières.
|