Objectif : « Il est présumable que la réforme de notre enseignement secondaire va être considérée comme close pour un temps, et que nous sommes entrés dans une période où les décrets et règlements des dernières années seront prouvés par une tranquille expérience. Nous avons besoin de nous arrêter un peu, de nous recueillir et de nous remettre en ordre, car nous sommes en ce moment un peu incertains, troublés et dispersés. Et justement, nous pouvons nous rallier dans une œuvre commune, qui sera bien à nous, une œuvre intérieure à l'accomplissement de laquelle il ne faudra ni décret ni arrêté. Il s'agit de nous guérir d'un mal dont nous souffrons, qui est fort ancien et qui est grave [...]. Le mal dont nous souffrons, c'est donc, de haut en bas, l'individualisme, avec son corollaire, l'incohérence [...]. Heureusement on peut guérir du mal ; les remèdes en sont connus et nous commençons à les appliquer. Il convient d'abord de développer et d'organiser la préparation au professorat. C'est une opinion encore aujourd'hui très répandue que cette préparation est inutile, attendu qu'on naît ou ne naît pas professeur. Admettons cette idée pour un moment. Ne faut-il pas avoir au moins un moyen quelconque d'empêcher de devenir professeurs ceux qui ne sont pas nés pour l'être ? Et quel moyen avons-nous de les reconnaître aujourd'hui ? Encore une fois, les examens ne nous renseignent que très imparfaitement sur l'aptitude à enseigner et pas du tout sur l'aptitude à éduquer. Et nous laissons des jeunes gens s'engager, sans même essayer de les arrêter, dans une voie périlleuse pour eux, douloureuse peut-être ; et nous exposons des générations d'écoliers à perdre leur temps sous de mauvais maîtres ? Quelle condamnation de notre système ! Ne faut-il pas que nous puissions écarter les incapables de naissance ? Mais ceux-ci sont rares. Déjà, le choix même de la carrière suppose chez la plupart des aspirants au professorat une vocation. L'éducation professionnelle, quoi qu'on en dise, saura bien redresser chez eux les défauts et diriger les qualités […]. Disons donc résolument et nettement, sans nous préoccuper pour le moment des voies et des moyens, sur lesquels je me propose de revenir, qu'il est nécessaire d'organiser une institutio au professorat. Le programme en peut être très beau. Le grand problème de l'esprit à instruire, du cœur à élever, sera étudié d'abord sur les données générales de la psychologie, puis dans la succession des temps, des sociétés, des religions et des mœurs, à grands traits précis. Sur le fond immuable de l'esprit humain et du cœur humain passeront les formes changeantes de l'idéal des générations successives. Nous monterons ainsi par les degrés des siècles jusqu'à l'heure présente. Nous analyserons les idées contemporaines sur l'éducation et, avec les idées, les faits, c'est-à-dire les écoles. Nous enverrons l'aspirant professeur dans ces écoles, non pas seulement au collège, mais encore à l'école professionnelle, à l'école primaire populaire, afin qu'il voie bien la place et le rôle de chacun des établissements dans l'ensemble. Et ce n'est pas en France seulement que doit être étudié le problème qui est partout posé. Les idées des étrangers, j'entends les grands étrangers, nos émules, les Anglais et les Allemands doivent être proposés aux jeunes esprits. Et je voudrais que chaque année quelques missionnaires, après avoir bien préparé leur mission, s'en allassent en Angleterre et en Allemagne, et qu'ils fussent écoutés au retour par les maîtres et par les camarades. Ainsi marcheraient d'accord la théorie et l'expérience. Je m'imagine cet enseignement très haut et familier, très philosophique et pratique […]. Une pareille évolution ne s'accomplira certainement pas en un jour. Elle se heurtera contre plus d'un obstacle, mais il faut la vouloir, car elle est notre avenir, tout notre avenir […]. Nous ne sommes point si enfermés dans notre métier que nous ne sentions pas l'air du dehors. Nous vivons de la vie publique. Nous avons le sentiment des transformations politiques et sociales. Nous sommes des citoyens éclairés. Voilà toutes les conditions requises pour bien comprendre notre tâche. S'il est utile, comme je le pense pour ma part, que nous adjoignions à nos conseils de tous degrés des hommes capables de nous conseiller, des laïques qui ramènent nos regards vers le point de vue du dehors, appelons ces laïques dans les conseils de lycée, d'académie, dans le Conseil supérieur de l'instruction publique. Et alors et ainsi, peu à peu, l'université de Napoléon, impériale et monacale, si grandement transformée déjà par le temps, mais qui, ayant cessé d'être ce qu'elle était, ne sait pas au juste ce qu'elle est, s'accommodera aux conditions nouvelles de notre vie nationale » (E. Lavisse, n° 1, janvier 1892).
Contenu.
La revue a généralement connu les divisions suivantes :
« Études générales ». – Très nombreux articles consacrés à l'enseignement secondaire sous tous ses aspects : enseignement des langues vivantes et des langues anciennes, enseignement dans les lycées de jeunes filles, enseignement des sourds-muets, nouvelles expériences pédagogiques, discipline à l'école, formation des enseignants, réforme des programmes, didactique des disciplines, etc. – Articles sur de nombreux sujets ayant trait à l'enseignement à tous les niveaux (les manuels scolaires, la vie dans les établissements scolaires, les étudiants, le budget de l'enseignement secondaire, l'emploi du temps, etc.). – Articles sur le baccalauréat et les disciplines au programme des épreuves. – Publication des rapports des jurys de l'agrégation et des rapports d'examens tels que le certificat d'aptitude à l'enseignement secondaire des jeunes filles. – Articles sur l'enseignement à l'étranger. – Articles sur des œuvres péri-scolaires. – Comptes rendus de congrès de professeurs, informations sur des associations d'enseignants. – Articles d'histoire de l'éducation.
« Variétés ». – Articles d'histoire, d'archéologie, de géographie, de littérature. – Portraits d'universitaires. – Correspondance.
« Examens et concours ». – Sujets proposés aux différents examens (licence, certificats d'aptitude, …) et concours (agrégation, entrée dans les grandes écoles, …). Les premières années, une bonne copie est reproduite. – Sujets de devoirs pour les classes des lycées et collèges, proposés et traités par les professeurs. – Bibliographie pour les agrégations littéraires.
« Chroniques - Échos – Communications ». – « Échos et nouvelles » : informations diverses intéressant les enseignants, sommaire du Bulletin administratif. – « Chronique du mois » intéressant l’Instruction publique. – « Bulletin de l’enseignement féminin » : nouvelles intéressant spécifiquement l’enseignement secondaire des jeunes filles et son corps professoral. – Mouvement du personnel des lycées et collèges. – Nécrologie.
« Bibliographie ». – Comptes rendus, souvent détaillés, de livres français et étrangers ; revue des revues.
« Correspondance scolaire internationale ». – Articles visant à promouvoir l'apprentissage d'une langue étrangère par l'échange épistolaire entre les élèves. – Listes d'élèves français et étrangers suivies de leurs adresses. Cette rubrique, commence en 1897, devient intermittente pour disparaître lors de la Première Guerre mondiale. De 1914 à 1918, on trouve également des articles concernant la guerre ainsi qu'une rubrique intitulée « Livre d'or de l'université de France » qui contient des noms de morts et de blessés, des citations à l'ordre du jour et des distinctions militaires accordées aux enseignants du secondaire et du supérieur.
Après la Seconde Guerre mondiale la revue s’adresse essentiellement aux professeurs de l’enseignement secondaire pour les tenir informés de l’enseignement des disciplines littéraires en France, tout en leur fournissant les renseignements professionnels qui peuvent les intéresser. On trouve en particulier : – Études de littérature qui, sous des formes diverses, tiennent une place prépondérante dans la revue. Elles sont composées de commentaires sur les sujets donnés à l’agrégation, au concours d’entrée à l’École normale supérieure, au concours général, aux examens du certificat d’études, du baccalauréat, du certificat d’aptitude pédagogique ; de sujets et de devoirs de littérature pour l’enseignement du second degré ; d’études d’œuvres de grands écrivains français, de discours prononcés à l’occasion du concours général, d’une bibliographie et de variétés littéraires. – Études concernant les humanités classiques : la civilisation grecque et romaine, sujets et corrigés d’examens et de concours, plaidoyers pour l’enseignement du grec et du latin dont les rédacteurs pressentent le déclin. – Articles d’histoire, d’histoire de l’éducation, d’enseignement des langues vivantes. – Les réformes de l’enseignement, l’éducation des filles, la pédagogie, les méthodes nouvelles, les sessions du Conseil de l’enseignement supérieur. – Informations corporatives : promotions, distinctions honorifiques, traitements, nominations, recrutement ; législation scolaire. – Bibliographie, revue des revues ; nécrologie ; publicité.
Table des matières.
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