Objectif : « Nous voulons la synthèse dans l'espace, c'est-à-dire que nous pensons que la vérité n'appartient pas en propre à un peuple, mais qu'elle est répandue par fragments sur tous les points du globe, partout mélangée à l'erreur ; nous pensons aussi qu'il y a de la vérité dans toutes les doctrines. Nous voulons la synthèse dans le temps, c'est-à-dire que nous pensons que la vérité n'est pas le propre d'une époque, mais qu'elle est disséminée tout au long de l'histoire, dont il faut la dégager ; c'est pourquoi nous nous insurgeons surtout contre la tendance actuelle à croire que la vérité est de ce siècle, et prétendre substituer à des doctrines, même intuitives, éprouvées par le temps, des idées nouvelles, d'apparence scientifique, souvent superficielles et fausses. Cette synthèse doit être pédagogique, c'est-à-dire que nous voulons la réaliser dans l'école, qui est la base de la vie, pour la poursuivre au cours de toute l'existence de l'individu ; nous pensons que la pédagogie, sans laquelle rien d'humain n'est possible, doit dominer la vie des sociétés, même au point de vue économique : c'est le principe de la souveraineté de la pédagogie. Il faut répandre cette idée, illustrée par l'histoire, que le niveau social d'un peuple n'est pas d'ordre économique, mais d'ordre pédagogique, et qu'il a pour condition le respect des élites. Mais pour réaliser cette synthèse, nous n'avons pas confiance en l'État, tant qu'il se contentera d'être la résultante, abstraite et irresponsable, de forces économiques ou empiriques ou de contingences passagères non soumises à la pédagogie, ce qui le conduit à se faire le champion d'une idéologie fractionnelle variable d'un État à l'autre et d'une époque à l'autre ; nous voulons remettre la compétence pédagogique à la famille d'abord, parce que cela est conforme au droit naturel ainsi qu'au devoir le plus élémentaire, à la cité ensuite, parce que celle-ci est une unité assez concrète pour être directement intéressée au travail pédagogique et à ses résultats, et assez restreinte pour pouvoir agir, contrôler et coordonner. Enfin, nous faisons de cette idée de synthèse un procédé d'éducation et d'enseignement, c'est-à-dire que nous voulons que l'éducation, primant l'instruction, développe et équilibre d'abord toutes les facultés morales, mentales et corporelles de l'individu, et qu'ensuite l'instruction elle-même, partant de notions reconnues simples par une analyse dominée par l'esprit de synthèse, et construisant sur ces notions en les coordonnant, marche vers une réalisation d'ensemble, sociale et esthétique, exempte de tout scepticisme comme de tout empirisme ; c'est pourquoi nous réprouvons tout enseignement exclusivement utilitaire, ou prématurément spécialisé, ou autonome, ainsi que toute différence de formation » (n° 1, juillet 1927).
Contenu.
– Articles généraux sur la vie morale, scientifique, sociale et économique, sportive et artistique, avec le thème dominant d'une critique des effets de la culture primaire, « expression mentale du bourgeois ». – Articles spécifiquement tournés vers des préoccupations scolaires (propositions pour l'éducation morale, scientifique, sociale, esthétique).
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