Objectif : « Rassurez-vous, jeunes oisons, ces pages ne furent pas écrites à votre intention ; nous vous laissons à vos cigares, à vos scapulaires, à vos cravates, à vos missels, à vos seringues. L'acte sexuel qui vous engendra fut commis sans transport ; le suc vital qui vous contint, tristes embryons, fut le résidu visqueux de quatorze siècles d'abrutissante paresse et d'exécrable férocité ; le composé hétérogène qui vous sustenta, durant vos primes années, vous fut fourni par votre sainte mégère l'Église, elle infusa dans vos veines son venin anémiant et son émolliente tisane. Vous vivrez toujours sans ardeurs, sans enthousiasmes, sans dévouement, sans amour.
Ne lisez pas ces pages, vous ne sauriez les comprendre.
Mais c'est vers vous que nous venons, vous nos frères de misère, serfs de la terre, forçats de la mine, ouvriers de la main et du cerveau. Vous dont les belles années sont déflorées par le surmenage. Vous que l'égoïsme des maîtres du jour condamne à une mort prématurée, qualifiée ironiquement de glorieuse, ou à un avilissant esclavage. Vous dont l'existence lamentable s'épuise en efforts stériles vers le bonheur. Vous, les éternels sacrifiés d'une société illogique et criminelle.
Vous comprendrez nos audaces, vous partagerez nos haines et nos amours.
En nous lisant, vos âmes vibreront à l'unisson des nôtres. Nos pensées se pénètreront pour se compléter. Lisez-nous, amis ! » (R. Vitrac- Darsac, n° 1, octobre 1903).
Contenu.
– Outre un article sur la liberté du travail et une page d'Anatole France sur le service militaire, l'unique numéro conservé contient une critique des livres de l'école laïque, qui glissent « traîtreusement » les dogmes et préjugés de la « mentalité cléricale et nationaliste » dans les jeunes esprits, un plaidoyer pour l'orthographe simplifiée et des comptes rendus de livres et revues.
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