Responsable(s) : Administrateur : Mme I. Audoye, institutrice, puis Jean Angelini ; secrétaire de la rédaction : A. Bezot, instituteur puis Lafosse puis Jean Salducci. Pendant longtemps, avant 1940, la responsabilité de la rédaction fut assumée par Gabrielle et Louis Bouët. Le journal est essentiellement rédigé par des instituteurs. On note parmi les rédacteurs : Maurice Dommanget, Josette et Jean Cornec, Célestin Freinet, Ludovic Zoretti, Georges Lapierre, Marie Guillot, Hélène Brion, Édouard Rothen, A. Quélavoine, J. Rollo, R. Lacoste, Nègre, F. Guilloux, Marie et Françoise Mayoux, Pierrette Rouquet, L. Roth. Directeurs successifs de publication à la reprise de 1946 : H. Sarda, Louis Bocquet, Desachy, Michel Chauvet ; responsable pédagogique de la revue : Hélène Bernard. Elle est publiée avec le concours des professeurs et des instituteurs syndicalistes adhérents à la FEN et à la CGT.
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Objectif : «Aux institutrices, aux instituteurs Chers camarades, En créant cette revue, nous n'avons pas voulu mettre en circulation une publication de plus dans le but d'en retirer un bénéfice personnel. Après de longues années de lutte, nous avons amélioré notre condition matérielle. Mais l'État - patron s'est réclamé des satisfactions accordées par lui pour essayer de nous tenir dans une étroite dépendance. La lutte pour la vie était à peine close qu'il fallait en commencer une nouvelle pour la liberté. Nous sommes en pleine bataille. Elle sera d'autant plus courte que nous nous y jetterons avec plus de vaillance, que nous serons mieux instruits et mieux armés. Ce n'est pas le courage qui nous fera défaut. Instruisons-nous et armons-nous. Ce sera le but de cette revue. Ce sera aussi sa devise. Comment s’instruire. Il n'y a de véritable et solide instruction pour l'individu que celle qui résulte de ses observations et de ses réflexions personnelles. Ne demandons aux penseurs, aux savants les résultats de leurs travaux, de leurs expériences, de leurs raisonnements que pour corroborer les nôtres, éclaircir nos doutes, redresser nos erreurs, soutenir nos défaillances, guider nos recherches. Mettons nous directement à l'étude sincère et raisonnée des faits de tout ordre et puisons-y la notion claire de nos devoirs et de nos droits d'hommes, de citoyens, de fonctionnaires, d'éducateurs. Comment s'armer. La meilleure des armes n'est pas la plus formidable d'apparence : c'est celle qui est la mieux adaptée à la fin poursuivie et qu'on a le mieux en main, celle dont on peut frapper, à point nommé, des coups décisifs. Dans les batailles d'idées, les luttes corporatives pour la conquête d'améliorations souhaitées, l'arme par excellence c'est le journal ; mais le journal libre de toute attache, indépendant vis-à-vis de toutes les puissances, appartenant en propre à ceux qui ont mis en lui leurs espérances. Ce journal, n'existe pas encore. Créons-le » (n° 1, octobre 1910).
« L’École émancipée renaît [...]. L’équipe des Bouches-du-Rhône [...] se propose de maintenir notre revue dans l’esprit et dans la voie tracée par nos amis […]. Le dernier congrès du Syndicat national des instituteurs vient de montrer encore la force qu’y conserve le syndicalisme révolutionnaire [...]. Loin d’être une survivance - ou de n’être que cela - L’École émancipée participe à cette renaissance, à cette nouvelle jeunesse de la révolution […]. Mais pour nous en tenir à notre domaine propre, c’est aux jeunes instituteurs et institutrices que nous en appelons. En nous suivant, ils verront bientôt que nous ne sommes pas sur les chemins du passé. Certes, nous ne renions pas le passé, ni la tradition du mouvement syndical. Mais appuyés sur eux, nous nous attaquons aux problèmes du présent. D’abord à celui de la revendication corporative. C’est encore un signe de la réaction d’aujourd’hui que la régression constante de la situation de l’instituteur. Nos porte-parole au congrès ont montré encore une fois les voies et moyens pour échapper à la malédiction qui pèse sur elle. Ils se sont opposés au vieux réformisme sans réforme qui préside depuis si longtemps à nos destinées syndicales et qui, par conséquent, nous a amenés là où nous en sommes » (R. Guilloré, n° 1, septembre 1946).
« Définir notre partie pédagogique, c’est définir aussi l’idéal vers lequel nous tendons. Disons d’abord qu’elle n’est qu’une part de notre revue, avec ses caractéristiques propres puisqu’elle s’occupe de la pratique du métier, mais surtout inséparable de l’autre part : celle qui aborde les problèmes généraux, corporatifs, sociaux, syndicaux... Les deux parties, générale et pédagogique, relèvent du même esprit, défini à plusieurs reprises dans la revue, et qui découle des principes généraux du syndicalisme révolutionnaire, pour la réalisation d’une société socialiste sans classes sociales, pour la promotion de l’homme libre […]. Pour nous, il s’agit de former des esprits libres, résolus, susceptibles un jour, parce qu’ils seront éclairés et conscients de leur force, de briser leurs chaînes [...]. Notre partie pédagogique est le reflet de notre préoccupation essentielle » (H. Bernard, septembre 1966).
Contenu.
– Articles sur la société et la politique françaises ; sur le rôle primordial de l'école dans la lutte des classes. – Études de psychologie de l'enfant et de pédagogie, analyse de l'œuvre des grands pédagogues étrangers et des expériences menées dans l'enseignement. – Articles d'éducation syndicaliste, d'histoire du travail et du monde ouvrier, tribune féministe. – Documents officiels relatifs à l'enseignement primaire et aux instituteurs ; défense de leurs droits, comptes rendus des luttes corporatives enseignantes ; comptes rendus des activités de la Fédération et des sections régionales, notes polémiques contre les autres syndicats enseignants. – Documentation pour les instituteurs, comportant des conseils pédagogiques généraux et une partie pratique : plans de conduite de la classe, devoirs et leçons modèles. – Courts articles de vulgarisation scientifique ; textes et nouvelles littéraires, bibliographie, revue de presse, correspondance, annonces. – Iconographie ; publicité.
À la reprise de 1946 : Partie pédagogique : – Articles et récits d’expériences dont l’objectif est de fournir des éléments qui permettent aux enseignants d’imaginer, d’adapter et de perfectionner leurs pratiques. Ils indiquent comment préparer des exercices et des travaux pour l’enseignement, principalement dans les classes primaires et maternelles. Les textes proposés passent en revue toutes les matières et les méthodes d’apprentissage comme l’enseignement de la lecture en classe unique, les techniques d’éveil, d’observation, les travaux pratiques et manuels, les travaux coopératifs, l’exercice physique, la danse rythmique, etc. – Exposés sur les différentes formes de pédagogie susceptibles de permettre au mouvement d’atteindre ses objectifs de formation des élèves : les méthodes d’éducation active, les techniques de l’École moderne Freinet, la coopération à l’école, la correspondance interscolaire, les méthodes audiovisuelles. – Réflexions sur l’encadrement pédagogique des instituteurs ; les conférences pédagogiques, les conseils aux nouveaux, les réformes de l’enseignement des disciplines ou de leur contenu comme la réforme de l’orthographe, la morale, les mathématiques modernes, l’enseignement des sciences, de l’histoire ; rubrique « démythifier démystifier ». – Informations d’ordre corporatiste sur les conditions de vie et d’exercice du métier d’enseignant ainsi que sur la formation des maîtres. Renseignements sur les traitements, l’indemnité de résidence, les retraites, le barème des mutations, les nominations, le problème des statuts, les remplaçants, les maîtres auxiliaires, le recrutement et la formation des maîtres, les écoles normales et leur réforme, le statut des normaliens, … – Textes sur l’évolution de l’organisation scolaire et de la vie scolaire : les classes de perfectionnement, le problème des classes de transition, l’examen d’entrée en sixième, le nombre d’élèves par classe, … – Documentation constituée à partir de travaux coopératifs (documents d’histoire et géographie, textes de français, …). Partie générale et syndicale : – Importante production sur le syndicalisme et tous ses aspects : le syndicalisme en général, puisque la tendance milite pour un syndicalisme unifié, les rapports du syndicalisme avec l’État, l’investissement politique des syndicats et le syndicalisme enseignant. En 1953, la revue édite trois brochures sur l’histoire de la FEN et sur le syndicalisme enseignant. – Histoire de la tendance « École émancipée » et des principes idéologiques qui la guident, exposés émaillés de nombreuses références historiques et culturelles, nouvelle publication commentée d’articles d’anciens numéros, mise en perspective historique et sociale des positions du mouvement révolutionnaire qui espère l’établissement d’un monde socialiste grâce à la lutte des classes. L’École émancipée est aux côtés des « exploités », contre la hiérarchie et le militarisme ; défense de la laïcité et de l’instruction pour tous. – Prises de position anticolonialistes et tiers-mondistes dans la chronique internationale. – Renseignements sur la vie du syndicalisme enseignant et surtout d’École émancipée, tendance représentée au sein des autres syndicats d’enseignants de la FEN (SNI, SNES, SNETA). Redéfinitions incessantes des positions de la tendance par rapport aux actions menées. Critiques argumentées des décisions de la tendance majoritaire réformiste qui dicte les actions et refus pratiquement constant du rapport moral de la FEN. Réflexions et positions sur la politique d’éducation du gouvernement : les réformes et réorganisations de l’enseignement, les problèmes de budget, de rentrée, de manque d’enseignants, les lois concernant l’enseignement privé (les lois Marie, Barangé, Debré, Guermeur puis Savary), le droit de grève des fonctionnaires, l’échec scolaire, sa médicalisation, les rapports sur l’enseignement parmi lesquels le rapport Schwartz. – Articles sur des sujets d’actualité politique, économique et sociale : le statut de la fonction publique, la réforme de l’enseignement, les politiques éducatives, le chômage, le planning familial et l’éducation sexuelle, la condition féminine, le gaullisme, les grèves et les conflits sociaux, le programme commun de la gauche, l’aggravation des conditions de travail, les inégalités croissantes… – Rubrique littéraire, informations sur les publications de la tendance, bibliographie, iconographie.
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