Objectif : Objectif de l’École en bateau.
« Ses principes reposent tous sur le fait de considérer les enfants comme des êtres autonomes, menant quotidiennement leur existence, et non pas comme des êtres soumis à la discipline et au choix que leur imposent les adultes en vue de leur faire quotidiennement préparer un futur lointain et hypothétique. Cela signifie – ni que les enfants qui arrivent à l’École en bateau sont autonomes et aptes à vivre leur présent, mais qu’on doit les y préparer comme à une finalité dictée par les occasions pratiques et constantes de notre existence itinérante ; – ni que les enfants (ou les adultes) doivent “se laisser-vivre” : leurs habitudes, et en particulier celle qui leur fait séparer leurs activités en deux temps, un de “travail” et un de “loisirs”, les conduiraient à l’inactivité et au parasitisme. Il faut les amener à quitter cette division travail-loisirs et à tendre à ce que leur vie soit, dans le plus grand nombre de moments possibles, créatrice, exploratrice, réalisatrice, etc. […]. L’itinérance est l’autre aspect fondamental de l’École en bateau. – Elle permet le déconditionnement : quitter, au moins pour le temps de la présence dans un groupe, ses habitudes passées, de façon à être le plus possible présent à ce qu’on rencontre ; de façon aussi à laisser éventuellement surgir des tendances de soi qu’on aurait jusqu’alors réprimées (non qu’elles soient forcément bonnes, mais il est important de savoir qu’on les a !). – Elle permet la décentration : sortir de soi, de son monde et découvrir que d’autres peuvent vivre autrement, (que soi-même on peut vivre autrement). Cela entraîne la découverte, la réflexion, la tolérance. – Elle permet les rencontres (bonnes ou mauvaises), l’affrontement aux autres (heureux ou difficile), avec tout ce que cela apporte de connaissance d’autrui et de soi-même. – Elle déroule la grande encyclopédie du monde, géographique, historique, humaine. Elle enseigne par là, intellectuellement et physiquement : la leçon nous rentre par les yeux, les oreilles, la peau, les muscles, les affects. La connaissance, de ce fait, s’intègre à notre vécu, agit sur nous au fur et à mesure, au lieu de se stocker dans un coin en attendant que l’oubli la dissipe » (avril/mai 1980).
« L’École en bateau fonctionne aujourd’hui avec des groupes à terre et en mer, devenant ainsi l’École du voyage. Les groupes sont composés de 2 à 6 enfants et adultes. Ils font de par le monde des randonnées qui durent de 6 mois à un an et parfois plus. À pied, à bicyclette, en caravanes d’ânes, en pirogue, en roulotte, en voilier. Les relations enfants-adultes sont des relations d’individu à individu et non de supérieur à subordonné, d’enseignant à enseigné, de parent à enfant. Tous les membres du groupe participent également aux tâches et à la bonne marche du groupe. Il n’y a pas de cours systématique. C’est le quotidien vécu et assumé réellement qui diffuse des apprentissages. Les parents assurent les frais de fonctionnement, et le travail effectué par les membres du groupe finance l’équipement et le voyage. Certains groupes essayent de devenir financièrement autonomes. Quelques points essentiels à la vie des groupes : – respect de ce qui vit : l’entourage physique, humain, les autres, leurs façons d’être, – intérêt pour ce qu’ils rencontrent, sans préjugé, mais pas forcément sans jugement, – activité effective et volontaire : c’est le moteur du voyage (gagner de l’argent, entretenir le matériel, cuisiner, …), – abandon des schémas traditionnels de l’éducation reçue, des habitudes citadines et de leurs compensations. Il ne s’agit pas d’une communauté avec ses règles et sa philosophie, mais de groupes pratiques dans lesquels on vient passer un certain temps de son existence. Les règles sont établies par l’expérience » (n° 16, 1980).
Et de la revue.
« Le Petit voyageur est fait de récits de groupes enfants-adultes, non familiaux, qui vivent en voyageant. Ce magazine est l’organe de liaison de l’École en bateau. Il est également ouvert à tous les groupes ayant une éthique et une finalité voisines. Afin d’aider ceux qui voudraient se lancer dans une aventure similaire, il donne un aperçu de la vie quotidienne des groupes, de leurs joies, de leurs difficultés, de leurs recherches, de leurs découvertes. Il donne des nouvelles aux parents et amis des personnes en voyage. Il aimerait développer un réseau d’intérêt et de sympathie autour de cette expérience lancée depuis 1969 » (n° 16, 1980).
Contenu.
– Buts de l’association qui propose aussi des voyages pour vivre autrement, loin de la famille pendant un ou deux ans ; il s’agit de donner aux enfants le sens des responsabilités, l’habitude de la débrouillardise. Évocation des problèmes qui peuvent se poser. – Récits de voyages en Italie, Grèce, Égypte, Tunisie, Maroc, Afrique noire, … Récits, dessins, photos et expériences de voyages en bateau, à âne, à bicyclette. Histoire de jeunes de 8 à 16 ans qui voyagent en Grèce en petits groupes de 3 ou 4, sans accompagnateurs, à partir d’un camp de base. Résultats d’enquêtes faites lors de ces voyages (exemple : comment on récolte les olives et on fait de l’huile). – Localisation et nouvelles des groupes. Comptes rendus des réunions, assemblées générales. – Poèmes et dessins d’enfants. Courrier des lecteurs.
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